Page images
PDF
EPUB
[graphic]

BARON RAMOND DE CARBONNIÈRES

(LOUIS-FRANÇOIS-ELISABETH)

Commandeur de la Légion d'honneur,

Préfet du Puy-de-Dôme (1806-1814),

Né à Strasbourg, le 4 janvier 1755; décédé à Paris, le 14 mai 1827.

donnant son nom à l'une de ses rues, apportant ainsi un démenti public à cette affirmation de Sainte-Beuve dans ses Causeries du lundi, tome X, qui prétendait que le baron Ramond avait été oublié par l'Auvergne.

Cette province eût été bien ingrate d'ailleurs de laisser le baron Ramond dans l'oubli, car ce dernier avait, après l'avoir quittée, gardé dans son cœur une place à l'Auvergne. La preuve en est dans les écrits qu'il a laissés sur cette province.

Il la connaissait bien pour l'avoir habitée à deux reprises et à vingt ans d'intervalle. Strasbourgeois d'origine, il était attaché au cardinal de Rohan en qualité de conseiller intime et il accompagna ce prince à La ChaiseDieu quand il y fut exilé après la trop éclatante affaire du collier. Ce premier séjour fut de courte durée, et c'est de 1806 à 1814, alors qu'il administrait, comme préfet, le département du Puy-de-Dôme, que Ramond perfectionna, dans le pays même où Pascal avait fait confirmer la théorie du baromètre par une ascension célèbre, la mesure des hauteurs au moyen de cet instrument. Il reconnut, au cours de ses expériences pour le nivellement barométrique des monts Dores et des monts Dômes que les laves de différents âges étaient aussi de différente composition, et que chacun des sols qu'elles avaient formés avait sa végétation propre. Le résultat de ces observations est consigné dans trois mémoires. Le premier fut imprimé à Clermont, en 1811; les deux autres, lus à l'Académie des Sciences en juillet et août 1813, ont été publiés dans le volume de 1815 des Comptes-rendus de cette classe de l'Institut. Le dernier, qui a pour titre: Application des nivellements exécutés dans le département du Puy-deDóme à la géographie physique de cette partie de la France, a été réédité en 1841 dans les Annales scientifiques, littéraires et industrielles de l'Auvergne.

UN CHANT DE QUÊTE DU BRIVADOIS "")

Ce chant me fut dicté dans une veillée de l'hiver de l'année 1854, par une jeune fille, Catonnet (2) Saquet, couturière du village de Frugières-le-Pin, près de la ville de Brioude (Haute-Loire). J'ai le regret de n'en avoir point noté l'air, sorte de psalmodie d'une tonalité lente et rêveuse, qui donnait à ce morceau une saveur et un relief tout particulier. Aujourd'hui, il serait bien difficile de retrouver cet air, car depuis longtemps la pauvre Catonnet n'est plus, et personne, pas plus à Frugières qu'ailleurs, ne se souvient plus de ce chant. Il rentre dans la catégorie des complaintes de quêtes que chantaient d'une voix plaintive, à la porte des maisons du village, les pauvres pour demander l'aumône à certains jours de l'année. Chaque saison en avait de spéciales. Aujourd'hui ces chants sont oubliés; mais disons-le à sa louange, le paysan auvergnat n'en a pas moins conservé la généreuse habitude d'aumôner largement les malheureux qui implorent son assistance. Le regretté Victor Smith avait recueilli sur les frontières du Velay et du Forez et publié, en 1874, dans le recueil Romania un chant, en français, qui offre une certaine analogie avec le nôtre : comme nous, il avait constaté la disparition des chants de quêtes. Au reste ce ne sont pas les seuls chants qui aient disparu et qui disparaissent de jour en jour depuis déjà plus d'un quart de siècle. Nos paysans ne chantent plus. Le monde est devenu trop jaloux et trop

(1) Extrait de la Mélusine, numéro de septembre-octobre 1894.
(2) Catonnet, diminutif de Caton qui est déjà un diminutif de Catherine.

avaricieux, me disait hier encore l'une de mes anciennes chanteuses, une brave femme que j'ai trouvé gardant ses brebis, au coin d'un bois, pour avoir le temps de chanter.

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small]

Le dzour de sant Antouena,

Que zi l'ami de Dieu,

Para nous de l'imorna

Et de sa tantachi,

De sou pe, de sa onlha,

De sa leida fagu.

La bonna Vierdza z’ei setada
Soubr'oun tableau d'ardzen,
Que n'en ploura et n'en sousploura,
Saous paures moront de fam.

Plourascha pas tant ma maïre,
Que lous paures ourant prou;
Envoya vè la ritzarda

Que l'ei dunara tiquant.

Me faya vous pas l'imorna

A le num de Jesus-Christ?

D'aque voueï que yeï te donne,
Quant yeï n'eï ni pau ni vi.

Quand dounayas ma leis coustas,
Que beilas à vostrous tschis ?

Ma mous tschis vant à la tsaassa

Et lous paures me fant re.

Quand dounayas ma leis brezas
Que beilas à leïs pouleïs?

Meis pouleïs me cacaredzont
Et lous paures me fant re.

Quand dounayas ma l'aigueta

Que n'en lavas vostréis deis?

« PreviousContinue »