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adossé aux déclivités de la colline de même nom. Audessus du hameau, sur une petite plateforme de 400 mètres carrés à peine, sont les ruines d'un châtelet. Ces vestiges, qui se composent d'un reste de petite tour, de quelques murs de soutènement et d'une citerne comblée, accusent un modeste manoir, sans tradition locale. C'est ici que M. Michel Bertrand croit apercevoir Avitacum. Il a visité, dit-il, plusieurs fois les lacs d'Aydat et de Chambon, et conféré avec les lieux les descriptions de Sidoine.

Après avoir concédé au lac d'Aydat son courant de l'ouest à l'est et sa situation en montagne, il lui conteste son ile et sa longueur de 17 stades. « Il faut, dit-il, une » petite île au milieu du lac, formée par de grosses » pierres entassées. Si cette ile a existé à Aydat, qu'on » ne l'y cherche plus. On la voit au milieu du lac Cham» bon. >>>

Cette façon d'escamoter une île exposée à tous les regards est bien extraordinaire; mais ce qui ne l'est pas moins, c'est que quarante-quatre ans plus tard, M. l'abbé Chaix commettait une bévue identique, en écrivant à propos du lac de Chambon où il y a quatre îlots couverts de beaux arbres : « On n'y découvre les vestiges d'aucune » ile. » (Sid. Apoll. et son siècle. T. 1, p. 158.)

M. Bertrand continue: « Le lac avait environ une lieue » de circonférence. Malgré les atterrissements, tel est en» core à peu près le circuit du lac Chambon, beaucoup plus » grand que celui d'Aydat ». Trois erreurs en trois lignes: 1° Où prend-il que Sidoine évalue son lac par le circuit? Le terme procedit ne permet pas le change et signifie forcément une étendue en longueur. Et c'est ainsi que l'interprètent les traducteurs Baret, Grégoire et Collombet; 2o de quel droit remplace-t-il 17 stades par environ une lieue? Legrand d'Aussy avait déjà dit une lieue en parlant de la longueur; mais toutes ces mesures ne signifient rien si, auparavant, on ne précise de quelle lieue, de quel

stade on entend parler; 3° il n'est pas vrai que le lac Chambon soit plus grand que celui d'Aydat: d'après le cadastre, ce dernier a onze hectares de plus que le premier. Quant aux atterrissements, ils ont toujours bon dos.

A propos du ruisseau dont les eaux se brisent contre les écueils qui encombrent son passage, M. Bertrand traduit comme suit la phrase 54: « Avant de péné>>trer dans le lac, le ruisseau qui le forme se précipite en » écumant à travers des roches élevées qui en gènent le » cours. » Il ajoute ensuite : « A Aydat rien de sembla»ble. Au Chambon, le ruisseau, avant de se jeter dans le » lac, traverse une gorge profondément creusée. »

Malheureusement ce commentaire est en contradiction avec l'état des lieux. La gorge dont parle M. Bertrand est à trois kilomètres du lac Chambon; à Aydat, les écueils en question ne sont qu'à 400 mètres du lac et, au cinquième siècle, la distance n'était pas de 200 mètres.

Nous pourrions analyser de même les autres allégations de M. le docteur Bertrand, et en faire ressortir l'inexactitude, mais nous craindrions d'abuser de la patience du lecteur, sans profit pour la réfutation. En voulant installer Avitacum à Varennes, M. Bertrand s'est fourvoyé. Quoi qu'il en ait dit, il n'avait pas suffisamment approfondi son thème ; il est plus probable que, absorbé par ses graves et multiples occupations du Mont-Dore, il a traité à la légère sa thèse d'Avitacum.

En résumé, toutes ses raisons tombent devant les considérations suivantes :

1o Il reste parmi les ruines du château de Varennes, une citerne presque comblée, preuve qu'il était alimenté d'eau, non par une source, mais par l'eau de pluie (1); 2o il n'y a dans les environs aucune source capable de remplir les conditions d'abondance requises pour l'alimentation de la natatoire (2); 3° les ruines en question, situées

(1) V. Sid., phr. 41. (2) V. Sid., phr. 30.

à 300 mètres du rivage et à 40 mètres d'élévation audessus du niveau des eaux du lac ne sauraient être atteintes par les flots (1); 4° l'étendue en superficie de l'assiette du château atteint à peine 400 mètres carrés ; elle ne contiendrait pas la dixième partie des mapalia de Sidoine; 5o la plateforme en saillie qui le porte n'est entourée que par le vide, sauf du côté est, par lequel elle s'appuie sur le puy de Varennes.

L'opinion de M. Bertrand sur cette situation n'a guère été partagée que par MM. Em. Thibaud et Henri Lecoq. Et encore ce dernier s'était-il rallié plus tard à Aydat, quoique avec réserve ou hésitation (2).

Le lac d'Aydat. - Le lac d'Aydat est-il le même que celui décrit par Sidoine? Après avoir reconnu l'instabilité des Avitacum hypothétiquement édifiés sur les bords des lacs de Genève, de Sarliève et de Chambon, nous continuons notre exploration par celui d'Aydat, auquel de nombreux partisans se sont depuis longtemps ralliés, attirés beaucoup plus par le nom d'Aydat que par la concordance des lieux et des interprétations.

La réponse à la question ci-dessus ne peut être qu'une conclusion de l'examen de tous les textes sidoniens qui s'y rapportent.

Sidoine dit de son lac beaucoup de choses, dont les unes conviennent incontestablement à celui d'Aydat, comme la présence d'un ilot, la direction du cours de l'eau; nous ne nous y arrêterons pas, pour ne nous occuper que des passages qui n'ont pas été tirés au clair.

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LONGUEUR DU LAC. Le lac a de longueur dix-sept stades nautiques (phr. 53).

Pour mesurer une ligne sur le terrain, il faut d'abord en fixer les points extrêmes. Partons de la tête du lac. Sidoine dit (phr. 50): « L'endroit où le lac prend sa

(1) Phr. 49.

(2) L'eau sur le Plateau central, p. 328.

source, présente un sol marécageux, rempli de précipices et tout à fait inaccessible; il s'y amasse une quantité de limon que l'eau rend extrêmement gras; de tous côtés jaillissent des sources d'eau froide, et les bords sont tout couverts d'algues. »

Cette phrase nous indique d'une façon assez précise le point où commençait le lac, à l'endroit où il y avait des sources froides. Or de sources froides autour de la prairie, il n'y en a qu'une, celle dite de Lourneix, à 155 mètres environ à l'est du pont inférieur d'Aydat. Suivant le témoignage de Sidoine, elle émergeait au ve siècle par plusieurs griffons, parce qu'alors elle n'avait subi aucune tentative de captage. Cette source est très froide (+8ȧ9o). très abondante; c'est l'issue des eaux reçues et filtrées par le còne de projections du puy de la Rodde, et drainées par le relief imperméable qui supporte ces projections.

(A suivre.)

DUMAS-DAMON.

MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION Publique, des beaux-arts et des cultes.

PROGRAMME

DU

CONGRÈS DES SOCIÉTÉS SAVANTES

A LA SORBONNE EN 1896.

SECTION D'HISTOIRE ET DE philologie.

1o Transformations successives et disparition du servage. 2o Anciens livres de raison et de compte. Journaux de famille. 3o Signaler, dans les archives et bibliothèques, les pièces manuscrites ou les imprimés rares qui contiennent des textes inédits ou peu connus de chartes de communes ou de coutumes.

Communiquer, autant que possible, les originaux.
Adresser, dans tous les cas, au Comité :

Une copie du document, collationnée et toute préparée pour l'impression selon les règles qui ont été prescrites aux correspondants; Une courte note indiquant la date certaine ou probable du document, les circonstances dans lesquelles il a été rédigé, celles de ses dispositions qui s'écartent du droit consigné dans les textes analogues de la même région, les noms modernes et la situation des localités mentionnées, etc.

4o Rechercher à quelle époque, selon les lieux, les idiomes vulgaires se sont substitués au latin dans la rédaction des documents administratifs.

Dépouiller systématiquement les fonds d'archives appartenant à une localité ou à une circonscription nettement limitée, dans lesquels on peut constater la substitution de la langue vulgaire au latin, comme comptes administratifs, actes et sentences judiciaires, délibérations municipales, minutes notariales ou autres documents officiels. Établir à quelle date la substitution s'est opérée dans ces diverses catégories de pièces. Distinguer aussi entre l'emploi de l'idiome local et celui du français, et fixer à quelle date le second a remplacé le premier. Dans les territoires qui ont appartenu successivement à des États différents, indiquer la corrélation ou l'absence de corrélation entre les idiomes employés et les régimes politiques.

50 Divertissements publics ayant un caractère de périodicité régulière et se rattachant à des coutumes anciennes, religieuses ou profanes; rechercher de préférence ceux qui sont particuliers à une

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