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tanum Trojanæ imitari.

superstitionis machies que la superstition troyenne avait établies à Drepano.

61. Jam vero ager ipse, quanquam hoc supra debitum, diffusus in silvis, pictus in pratis, pecorosus in pascuis, in pastoribus peculiosus.

62. Sed non amplius moror, ne, si longior stylo terminus, relegentem te automnus inveniat. Proinde mihi tribue veniendi celeritatem, nam redeundi moram tibi ipse præstabis.

63. Daturus hinc veniam quod brevitatem sibi debitam paulo scrupulosior epistola excessit, dum totum ruris situm sollicita rimatur; quæ tamen summovendi fastidii studio nec cuncta perstrinxit.

64. Quapropter bonus arbiter et artifex lector non paginam quæ spatia describit, sed villam quæ spatiosa describitur, grandem pronuntiabunt. Vale.

61. Pour ce qui concerne la campagne, quoique je ne me sois pas engagé à te la décrire, elle est couverte de bois, dispersés çà et là; elle a des prairies émaillées de fleurs, des pâturages où abondent les troupeaux, des bergers riches de leurs épargnes.

62. Mais je ne te retiens plus, car si je ne mettais fin à ma lettre, je craindrais que l'automne ne te trouvat encore occupé à la lire; par conséquent hate-toi de venir, et tu te ménageras ainsi le moyen de t'en retourner plus tard.

63. Pardonne-moi si ma lettre, trop minutieuse, a dépassé les justes bornes, jalouse qu'elle était de n'épargner aucun détail; toutefois dans la crainte de t'ennuyer, je n'ai pas voulu tout dire.

64. Un bon juge, et un lecteur ingénieux appelleront grande, non pas la page qui décrit une campagne, mais cette campagne

elle-même. Adieu.

Dans quelle contrée était A vitacum? -- Dès le commencement de sa lettre, Sidoine dit à Domitius: «Toi, cloué au fond d'une chaire, dans le municipe de Camerino, tu expliques, etc. » (Phrase 5.) Pris au sens propre, le municipe de Camerino est une ville de l'Ombrie, installée sur un contrefort à l'orient des Apennins. Or l'invitation de Sidoine implique la proximité d'Avitacum. Cette dernière localité aurait donc été en Ombrie, ou au moins en Italie.

Réfutation.

Avitacum, patrimoine de la famille arverne des Avitus, pouvait-il être en Ombrie ou en Italie? Evidemment il ne pouvait être qu'en Auvergne.

Sidoine Apollinaire était de Lyon; les deux familles étaient déjà liées de parenté quand il épousa la fille de Flavius Avitus. Son active correspondance ne rayonne que

de l'Auvergne, qu'il exalte sans cesse dans ses écrits, et ses nombreux correspondants sont tous ou des GalloRomains ses amis, ou des membres des deux familles. Plus tard, il est nommé évêque par le choix des chrétiens arvernes, défend l'Arvernie avec énergie et dévouement, et paye son patriotisme de sa liberté.

Ces faits, qui ne peuvent être contestés, prouvent que Sidoine regardait l'Auvergne comme sa patrie et que Avitacum, sa demeure, ne pouvait être qu'en Auvergne.

Nulle autre contrée d'ailleurs n'élève des prétentions contraires sérieuses.

Camerino, situé sur une montagne près de l'arète dorsale des Apennins, loin de tout lac analogue à celui d'Avitacum, avantagé d'un climat presque froid, ne saurait intervenir dans le débat.

Sidoine était évêque lorsqu'il se décida à publier ses lettres et ses poésies. A cette occasion, il composa le Propempticon, ou discours d'adieu à son livre (poésie no 24). C'était comme l'itinéraire que ce livre était censé de suivre, et qui devait lui servir d'introduction auprès des amis du poète. En voici quelques extraits qui suffiront á prouver que Domitius avait sa résidence non loin d'Avitacum. «En sortant de chez moi, ô mon livre, souviens» toi, je t'en prie, de suivre la route qui mène chez mes » amis, dont je t'indique soigneusement les noms. Ne » prends pas l'ancien chemin, le long duquel se voit le » nom de César sur d'antiques colonnes.... Tu te pré» senteras d'abord chez le sévère Domitius. Les muses » tremblent devant lui, et il n'est pas moins à redouter » que ce censeur austère qui, dit-on, ne rit qu'une seule >> fois en sa vie................ Tu dirigeras ensuite tes pas vers >> le bienveillant Brivas (Brioude), où reposent les osse>>ments de sanctus Julianus..... Puis, franchissant les >> plaines qui sont à droite, tu graviras la montagne en un >> seul jour, et le lendemain tu découvriras le jaune Trio» bris et la terre des Gabales (Gévaudan). »

Sidoine continue ainsi de nommer ses amis ou parents et leurs demeures. Par ce passage, on voit que Domitius habitait l'Auvergne, entre Avitacum et Brioude. L'expression municipi Camerini, sous la plume de Sidoine, ne pouvait être qu'une métaphore désignant peut-être la direction de l'Ecole du rhéteur Domitius, dans une salle plafonnée et d'une étendue restreinte (1).

Le climat de notre région. A travers une traduction, si bonne soit-elle, la lettre de Sidoine n'est pas d'une clarté complètement irréprochable. Dès le début, elle offre des passages dont la saine interprétation demande une grande attention et plusieurs lectures.

Quand il écrit, phrase 3: Que dire du climat de notre région? il semble bien qu'il entende parler de la région où il est, la région d'Avitacum. Il fait ensuite, des chaleurs du solstice d'été, une longue exposition, qui ne saurait convenir à Aydat, et conclut en engageant Domitius ȧ y aller respirer l'air pur et frais.

Comment accorder ces contradictions? En lisant un peu entre les lignes. La première phrase de la lettre nous montre Sidoine et Domice comme deux amis intimes, deux voisins qui vivent habituellement rapprochés, à qui pèse la séparation, et qui cherchent, chacun à sa manière, à la faire cesser. C'est que Sidoine, en villégiature d'été près de son lac, habitait bien davantage la Ville, où il avait sa principale résidence, ses nombreuses relations, son train de maison de grand seigneur gallo-romain. C'était là sa région, celle de la Ville située en plaine, et quand il compose ses phrases 3, 4, 5, 6, il se croit en esprit auprès de son ami, et écrit, comme s'il lui parlait de vive voix, du climat de leur région commune regionis nostræ climate n'est donc pas le climat d'Avitacum, mais celui de la Ville, de l'Urbs

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gine, n'aurait pas manqué de revendiquer Avitacum pour sa patrie, s'il avait pu invoquer un semblant de raison. N'en ayant pas, il décida qu'Avitacum serait sur les bords du lac de Genève. Mais le lac de Sidoine avait son cours de l'ouest à l'est et dix-sept stades de long, tandis que celui de Genève court de l'est à l'ouest et mesure quarante fois plus de longueur. L'autorité d'un savant, quel qu'il soit, ne saurait couvrir une telle contradiction. Scaliger resta seul de son opinion.

Aubière et le lac de Sarliève. - Après l'insuccès de Scaliger, il fallait voir ailleurs. Les documents puisés dans la vie et les oeuvres de Sidoine indiquaient clairement l'Auvergne.

A cette époque, c'est-à-dire vers la fin du seizième siècle, existait encore près de Clermont le lac de Sarliève. Quoique décoré du nom de lac, ce n'était qu'une mare d'environ 200 hectares, profonde de 5 à 6 mètres vers le milieu, presque en entier couverte de plantes palustres, alimentée par les suintements et les rigoles du contour, sans autre décharge que l'infiltration, l'évaporation, et en hiver un vague écoulement au nord à travers des marécages couverts de roseaux.

Par ses émanations pestifères, cette mare était un grave sujet de malédictions de la part des habitants du Cendre et de Cournon. Pour cause d'utilité publique, en vertu d'édits royaux, l'emplacement fut concédé, en 1611, par les quatre propriétaires à l'ingénieur Octavio II de Strada, ȧ condition qu'il en opérerait le dessèchement et livrerait le sol à la culture. Cette opération se termina en 1629, après avoir été traversée et retardée par un grand nombre de difficultés et de procès. Mais avant de disparaître, cette lagune devait être un sujet d'erreur pour quelques savants clermontois de l'époque.

Jean Savaron, président de la Cour des Aides de Montferrand, auteur de deux éditions estimées des œuvres de Sidoine, Jean Papire-Masson, prieur de Saint-André-lez

Clermont, et plusieurs autres érudits auvergnats prétendirent qu'Aubière devait être Avitacum et Sarliève son lac.

Cette prétention manquait évidemment de logique, attendu que Aubière, trop éloigné, trop élevé au-dessus du niveau des eaux, n'avait jamais pu être sur les bords du lac, et que Sarliève n'avait ni le ruisseau coulant de l'ouest à l'est, ni l'île, ni le civicum fricus, ni beaucoup d'autres choses dont parle Sidoine Apollinaire. Malgré la notoriété des parrains, cette conception sans appui fut peu abandonnée.

peu

Varennes et le lac Chambon. M. le docteur Michel Bertrand, médecin-inspecteur des Eaux thermales du Mont-Dore de 1805 à 1857, promoteur des établissements balnéaires de la station, publia, en 1823, ses Recherches sur les propriétés physiques, chimiques et médicales des Eaux du Mont-Dore, auxquelles il ajouta une dissertation sur l'emplacement d'Avitacum.

Il aurait bien voulu rattacher à ces établissements toutes les gloires de l'Auvergne. Trouvant devant lui une célébrité de premier ordre, ballottée d'un lac à un autre, il tenta de la fixer sur les bords du lac Chambon, un des sites les plus séduisants du massif mont-dorien. Sa prétention, après tout, était moins illogique que celle des partisans de Sarliève; sa dialectique, qui s'avouait impuissante à résoudre toutes les difficultés, ne laissait à sa thèse que la valeur d'une solution provisoire, et sous ce rapport les partisans d'Aydat n'étaient pas en meilleure situation.

Il est généralement reconnu aujourd'hui que le lac Chambon ne répond aucunement aux conditions topographiques de celui d'Avitacum. Cela nous dispense de reproduire en entier la thèse de M. Bertrand, dont nous ne présenterons qu'une brève analyse.

Dans une profonde coupure des berges qui bordent au nord le lac de Chambon, s'abrite le hameau de Varennes,

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