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ayant désarmé au retour, il monta à Brest sur le vaisseau de la Convention.

Embarqué alors sous les ordres de Villaret-Joyeuse, il prit part aux combats du 29 mai, du 1er et du 2 juin 1794 contre les vaisseaux de l'amiral Howe..

Nommé enseigne de vaisseau en 1797, il continua de servir activement à la mer et, sur le vaisseau le Hoche, tomba au pouvoir des Anglais dans le combat soutenu, en octobre 1798, par l'escadre de Bompard contre la flotte de l'amiral Warren.

Renvoyé en France, mais prisonnier sur parole, Rosamel resta deux ans sans pouvoir profiter d'un échange. Il devint libre enfin en 1800, reprit la mer sur les vaisseaux l'Indivisible et l'Alliance, et fut employé comme adjudant du chef militaire de la marine, à Brest.

Au mois de novembre 1801, il passa, en qualité de second, à bord de la corvette la Diligente, qui partit pour Saint-Domingue, et y reçut, le 24 avril 1802, sa nomination au grade de lieutenant de vaisseau. Son capitaine étant tombé malade dans cette campagne si bien nommée par La Touche-Tréville « un filtre d'hommes et d'argent », il commanda la corvette pendant une année.

Revenu à Brest en 1803 il fut envoyé à Boulogne et attaché comme adjudant à l'état-major de Bruix, qui commandait en chef la flotte sur laquelle Napoléon avait mis tant d'espérances.

En 1804, il passa au port de Toulon et y prit le commandement de la corvette la Tactique, qui convoyait les petits bâtiments sur la côte et servait aux communications avec la Corse et l'Italie. Après trois ans de service, il alla aux îles Ioniennes, cédées récemment à la France, faire station sur la Victorieuse. Ganteaume le ramena, en 1808, à Toulon, lors de sa croisière dans la Méditerranée, destinée principalement au ravitaillement de Corfou.

Il était dans le port de Livourne lorsqu'il fut nommé

capitaine de frégate, le 12 juillet. En 1809 il quitta Livourne et rentra une fois encore à Toulon avec sa corvette.

Ganteaume avait pour Rosamel une vive sympathie. Il l'attacha à son état-major, et voyant qu'il n'y avait pas moyen de commencer une nouvelle grande croisière, mais. désirant satisfaire l'ardeur de son protégé, il demanda la permission de lui confier la frégate la Pomone, qui allait partir pour l'Adriatique. La permission ne fut pas difficile à obtenir, car, tandis que l'amiral demandait le commandement, le ministre l'accordait de lui-même, Rosamel s'en montra bientôt digne.

Le 29 novembre 1811, la Pomone, commandée par Rosamel, croisait avec la division française à laquelle elle appartenait, et qui comprenait, en outre, la frégate la Pauline et la gabare la Persane. Tout à coup cette division est heurtée, à la hauteur de l'île Pelagosa, par les trois frégates anglaises l'Unité, l'Alceste et l'Active. La Pauline ne se mit pas à portée de combattre, mais la gabare ayant entraîné l'Unité au large à sa poursuite, le capitaine de la Pomone accepta une lutte inégale avec les deux frégates, et pendant deux heures il la soutint avec autant de bonheur que de courage. Les deux bâtiments anglais reçurent des coups terribles. L'Alceste fut même un moment mise hors de combat; mais la Pomone devait à la fin succomber. Elle fut si fort éprouvée qu'il devint impossible à Rosamel de gouverner. Déjà la cale contenait sept pieds d'eau, lorsque ayant réuni ses officiers et ses premiers maîtres, sur leur avis unanime, il se résigna à faire cesser le feu.

Tous les mâts des navires étaient coupés; soixante-neuf hommes avaient été tués ou blessés, et le commandant était lui-même frappé à la joue par un biscaïen. Rosamel fut conduit à Malte où on prit soin de sa blessure, on le transporta ensuite en Angleterre où il resta trois années prisonnier sur parole. C'était la seconde fois qu'il était réduit à l'inaction, et cette fois sur le sol ennemi.

Rentré en France à la paix seulement, au mois de mai 1814, Rosamel demanda à être jugé pour la perte de sa frégate: un conseil de guerre fut réuni qui l'acquitta honorablement; mais le Gouvernement n'avait pas attendu cet arrêt pour le nommer capitaine de vaisseau. Sa promotion est du 14 juillet 1814.

Les commandements de mer allaient devenir de plus en plus rares. Rosamel fut d'abord envoyé à Toulon, puis à Cherbourg, pour être employé au port.

En 1815, il y commanda un des régiments de marins qui eussent fait campagne sur terre si l'Empire ne s'était pas écroulé encore une fois.

En 1816 et 1817 il fut major de la marine à Cherbourg. Après avoir, à la fin de 1817, veillé à Dunkerque à l'embarquement des troupes russes qui commençaient de quitter la France, il alla à Toulon commander la frégate la Galatée, puis le vaisseau le Colosse, sur lequel il fit, comme capitaine de pavillon du contre-amiral Jurien, une campagne de trente mois dans les mers du Sud, en dou-blant le cap Horn et en remontant au retour jusqu'à NewYork et Terre-Neuve.

En 1822 il fut envoyé sur la côte d'Espagne, commander la frégate la Junon, puis la Marie-Thérèse qu'il conduisit de Barcelone à Cadix pour bloquer et réduire la ville sous les ordres du contre-amiral Duperré.

Le grade de contre-amiral lui fut accordé le 28 octobre 1823, à la fin de la campagne, par le ministre, M. de Clermont-Tonnerre; et presque aussitôt, avec ce nouveau titre, une mission délicate lui fut donnée, celle d'aller dans l'Amérique du Sud continuer l'oeuvre du contre-amiral Jurien, en protégeant nos nationaux et en persuadant les nouveaux gouvernements du Chili et du Pérou que, si la France avait fait la guerre d'Espagne pour soutenir Ferdinand VII, il n'entrait pas dans sa pensée de détruire les Républiques qui s'étaient formées dans les anciennes colonies espagnoles. Rosamel mit à la voile à Toulon le 22

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DE ROSAMEL (CLAUDE-CHARLES-MARIE DU CAMPE)

Grand'croix de la Légion d'honneur,

Député de 1834 à 1839,

Ministre de la Marine et Pair de France,

Né à Rosamel, le 25 juin 1774,

Décédé en 1848.

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