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CHARRAS (JEAN-BAPTISTE-ADOLPHE)

Représentant du peuple aux Assemblées constituante et législative de 1848 1849,

Ministre intérimaire de la Guerre,

Né à Phalsbourg (Meurthe), le 7 janvier 1810,
Décédé à Bâle (Suisse), le 23 janvier 1865.

des ailes devait pouvoir se replier au besoin, sans jamais risquer d'être coupée.

Ce fut Charras qui fournit à Cavaignac les forces militaires dont il eut à disposer et ce fut lui qui, après le refus de Baraguey-d'Hilliers d'accepter un commandement dans ces tristes journées, désigna à sa place au chef du pouvoir exécutif le général Négrier qui arrivait de Versailles : Négrier accepta avec empressement et fut

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tué quelques heures après.

En janvier 1849, il fut nommé membre d'une Commission chargée d'élaborer les lois organiques de l'armée.

Réélu le 13 mai 1849 par le Puy-de-Dôme, représentant à la Législative, le 9e sur 13 par 48,956 voix (168,305 inscrits), il siégea dans la minorité républicaine et prit une part active aux délibérations, combattant la politique du Président, repoussant l'expédition romaine, la mise en état de siège de Paris au 13 juin et toutes les mesures de compression arrêtées par le Gouvernement d'accord, jusqu'en 1851, avec la majorité conservatrice de l'Assemblée. Charras avait plusieurs fois signalé à ses collègues ce qu'on appelait alors la conspiration de l'Elysée; il avait insisté vainement auprès de la gauche pour la décider à voter la proposition des questeurs, qui eût mis la force armée aux mains de l'Assemblée.

Lui-même au surplus semblait avoir repris quelque confiance à la veille du coup d'Etat : « Le 1er décembre, a dit Victor Hugo, Charras haussa les épaules et déchargea ses pistolets. »

Le lendemain il était arrêté à son domicile, 14, rue Saint-Honoré, par un commissaire de police nommé Courtille.

Les pistolets vides du colonel étaient sur sa table; le commissaire se jeta dessus.

<< Imbécile! lui dit Charras; s'ils avaient été chargés, tu serais mort! »

Ces pistolets avaient été donnés à Charras lors de la

prise de Mascara par le général Renaud, « lequel, »> ajoute Victor Hugo, qui a donné ce détail, « au moment où le coup d'Etat arrêtait Charras, était à cheval dans la rue pour le service du coup d'Etat. »>

Charras fut d'abord conduit à Mazas, puis transféré á Ham.

Dans la nuit du 7 au 8 janvier, M. Léopold Lehon, chef du cabinet du ministre de l'Intérieur M. de Morny, vint l'y trouver et lui signifia qu'il allait être conduit à la frontière ayant été compris dans le décret d'expulsion.

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<< Colonel, lui dit-il, vous serez accompagné de deux agents qui ont des instructions spéciales et je dois vous prévenir que vous voyagerez par ordre avec un faux passeport et sous le nom de Vincent. »>

« Ah! pardieu! s'écria Charras, voilà qui est fort! >> Qui est-ce qui s'imagine qu'on me fera voyager par ordre avec un faux passeport et sous un faux nom?

» Et, regardant fixement M. Lehon :

>> Sachez, Monsieur, que je m'appelle Charras et non Vincent, et que je suis d'une famille où l'on a toujours porté le nom de son père... »

A la gare de Creil, Charras se rencontra avec Changarnier que l'on faisait voyager sous le nom de Leblanc. «Ils auraient dû, au moins, m'appeler Lerouge, s'écria Charras en éclatant de rire. » (Histoire d'un crime.)

Les agents de police français escortèrent le colonel jusqu'à Bruxelles; il fut rayé des contrôles de l'armée le 23 janvier 1852, refusa publiquement par une lettre énergique, le serment que lui avait demandé le Préfet du Puyde-Dôme (Charras était conseiller général du département) et dut quitter la Belgique en 1854, le gouvernement impérial ayant obtenu son éloignement; il passa en Hollande, puis de lå en Suisse où il s'installa à Båle. C'est là qu'il mourut le 23 janvier 1865. Ses funérailles eurent lieu avec une grande solennité; Edgard Quinet, Etienne Arago, etc., prononcèrent des discours sur sa tombe. Il avait épousé

dans l'exil Me Kestner, fille de l'ancien représentant du Haut-Rhin.

Il a publié une histoire de la campagne de 1815 qui a eu quatre éditions (1864, in-8° et atlas); il avait aussi préparé les matériaux d'un autre ouvrage non moins considérable L'Histoire de la guerre de 1813 en Alle

magne.

Portrait: D'après une lithographie de la collection des Députés de 1848, dont je possède un exemplaire.

DE ROSAMEL

(CLAUDE-CHARLES-MARIE DU CAMPE)

Député de 1834 à 1839,

Ministre de la Marine et Pair de France.

L'amiral Claude-Charles-Marie DU CAMPE DE ROSAMEL est né le 25 juin 1774, à Rosamel, dans les environs de Boulogne.

Il se voua de bonne heure à la pratique de la mer. De treize å seize ans, il navigua comme pilotin sur le paquebot l'Orléans, qui faisait le cabotage de la Manche. Il étudia ensuite la théorie de son métier pour entrer au service de la République et obtint au concours ouvert par Monge, au mois de janvier 1792, le grade d'aspirant provisoire.

Au mois de mars il partait pour Saint-Domingue sur le vaisseau le Chameau, qui fit naufrage sur la côte de Jérémie, où de cent seize hommes, cinquante-six périrent. Blessé en gagnant le rivage, le jeune marin y fut bientôt atteint de la fièvre jaune, et il fallut que son goût pour la mer fût bien prononcé pour qu'un tel début ne le décourageât point.

Aspirant de deuxième classe au mois de janvier 1793, et de première le 21 décembre, il avait passé de l'hôpital à bord de l'Eole, que montait le contre-amiral de Sercey, et il assista aux tristes événements de la révolte des noirs au cap Français, qui présageait tant de malheurs. L'Eole

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