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un grand traité de droit commercial qui a été publié par M. Demangeat.

Portrait Lithographié d'après nature, par MarinLavigne, imprimé par Lemercier, in-4° (1848).

BARON DE BARANTE PÈRE

(AMABLE-GUILLAUME-PROSPER BRUGIÈRE)

Député de 1815 à 1816 et Pair de France.

M. Amable-Guillaume-Prosper BRUGIÈRE, Baron DE BARANTE père, est né à Rioru (Puy-de-Dôme), le 10 juin 1782.

Il fut d'abord placé au collège d'Effiat, qui était dirigé par les Oratoriens. Lorsque cet établissement fut supprimé par l'Administration révolutionnaire, Prosper de Barante revint dans sa famille, et son père, dont l'esprit était cultivé et sérieux, s'occupa de son instruction; mais, quelques mois après, il fut emprisonné comme suspect. A l'époque du 9 thermidor, il fut mis en liberté. Quelque temps après, il plaça son fils à Paris, dans une pension où il passa deux ans. En 1799, il fut reçu à l'Ecole polytechnique et en sortit en 1800. Son père avait été nommé préfet de l'Aude après le 18 brumaire; il souhaita que son fils suivit la carrière de l'administration. En 1802, il fut placé comme surnuméraire au Ministère de l'Intérieur; il était depuis plusieurs années en rapport de société avec des hommes de lettres et se trouvait dans le même bureau que M. Auger, qui depuis devint secrétaire perpétuel de l'Académie française; M. de Barante écrivit la notice sur Mile Aissé. Il fit aussi quelques articles dans la Décade philosophique, mais il n'y mettait point son nom. Chaque année il passait quelque temps chez son père, qui était préfet de Genève. Il fut présenté à M. Necker et à Mme de Staël, qui l'accueillirent avec bonté. Il fit aussi connaissance

avec M. Benjamin Constant, et ils devinrent liés d'amitié. et de confiance.

Le 12 mars 1806, il fut nommé auditeur au Conseil d'Etat il eut d'abord, le 9 août 1806, une mission en Espagne; puis il fut, ainsi qu'un grand nombre d'auditeurs, appelé en Allemagne, pour être chargé de l'administration des provinces conquises. Il passa six mois à Breslau, en Silésie.

Après la paix de Tilsit, le 8 juillet 1807, M. de Barante fut nommé sous-préfet de Bressuire et s'y rendit à la fin de décembre 1807. Avant de se rendre à ce poste, il avait présenté au concours ouvert par l'Académie française, un Tableau de la littérature pendant le dix-huitième siècle. Non-seulement il n'obtint pas le prix, ainsi qu'il le prévoyait, mais ses opinions et ses jugements furent sévèrement censurés par le rapporteur, M. Garat. L'auteur ne se découragea point et, acceptant ce jugement, il recommença son œuvre; sans présenter au concours un tout autre livre, il obtint un succès qu'il n'espérait pas. Le Tableau de la littérature au dix-huitième siècle a eu depuis plusieurs éditions.

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M. de Barante fut nommé préfet de la Vendée le 1er février 1809. C'est à cette époque qu'il publia les Mémoires de Mme la marquise de la Rochejaquelein, qui ne furent imprimés qu'après la Restauration, mais qui avaient eu auparavant une certaine publicité par les lectures qu'il en avait faites, et dont on lui attribua longtemps à tort la rédaction, ces mémoires lui ayant été communiqués par Mme de la Rochejaquelein.

Il s'était chargé d'écrire plusieurs articles de la Biographie universelle Saint-Augustin, Bossuet, Froissard, Philippe de Comines, Pasquier, Brantôme, Vertot et tous les chefs vendéens.

Il avait épousé, le 26 novembre 1809, Mle d'Houdetot, petite-fille de la célèbre Mme d'Houdetot, amie de J.-J. Rousseau et de Saint-Lambert.

Il avait été nommé, le 12 mars 1813, préfet de Nantes,

où il demeura jusqu'au 20 mars 1815 et donna alors sa démission, par respect pour son serment. En 1815, lors de la seconde Restauration, il fut conseiler d'Etat et secrétaire général du Ministère de l'Intérieur, où il remplit le poste de Ministre de l'Intérieur par intérim. Les départements de la Loire-Inférieure et du Puy-deDôme le choisirent pour député le 22 août 1815; il obtint dans ce dernier département 145 voix sur 226 votants et 287 inscrits. Il fut directeur général des contributions indirectes; il eut à défendre la législation de cette administration; ami de M. Pasquier, de M. Royer-Collard, de M. de Serre, il s'opposa constamment au parti réactionnaire. Devenu inéligible par suite de l'ordonnance royale du 5 septembre, qui fixait à quarante ans l'âge d'éligibilité, M. de Barante siégea à la Chambre comme commissaire du Gouvernement, prit la parole dans la discussion de la loi Gouvion-Saint-Cyr, sur le recrutement et fit voter le monopole des tabacs. Le 5 mars 1819, il fut nommé pair de France et y professa constamment les mêmes opinions. L'année suivante, sous le Ministère du duc de Cazes (17 février 1820), il cessa d'être directeur général. On lui offrit en échange l'ambassade de Danemark, qu'il refusa; il se livra entièrement à ses travaux historiques, tout en s'associant, à la Chambre haute, à l'opposition ferme et modérée que la minorité fit aux Ministères de la Restauration, sauf à M. de Martignac.

En 1821, il publia un livre intitulé: Des Communes et de l'Aristocratie, qui eut un succès non contesté et qui eut deux éditions. L'année d'après, il fit paraitre la traduction du Théâtre de Schiller; elle était précédée d'une notice qui fut très remarquée. Il commença ensuite l'Histoire des ducs de Bourgogne, qui obtint un très grand succès; elle a eu plusieurs éditions en France et en Belgique. Cet ouvrage a, plus qu'un autre, contribué à sa réputation.

Ses occupations littéraires ne le détournaient pas de ses devoirs politiques. Il prit part aux discussions de la Chambre des pairs. Pendant le Ministère de M. de Villèle, ses discours sur la loi électorale, sur le droit d'ainesse, sur la loi du sacrilège, furent remarqués.

Après avoir achevé l'Histoire des ducs de Bourgogne, il prit part à la rédaction de la Revue française, où M. le duc de Broglie et M. Guizot inseraient aussi des articles. Depuis, ils ont été réimprimés dans les œuvres de leurs

auteurs.

En 1828, M. de Barante fut élu à l'Académie française. Il succédait à M. de Sèze. Le discours de réception ne pouvait être littéraire. M. de Sèze avait été appelé à l'Académie comme le défenseur du roi. Son successeur avait à parler de Louis XVI et de la Révolution. Le discours de M. de Barante eut un grand succès.

Après la révolution de 1830, en octobre, M. de Barante fut ambassadeur à Turin, puis à Saint-Pétersbourg en 1835. A son retour à Paris en 1844, il ajouta à la « Correspondance de Louis XVIII avec le comte de Saint-Priest » une notice, ou plutôt une histoire de la diplomatie sous les règnes de Louis XV, de Louis XVI et même de Louis XVIII émigré. Membre du Conseil général du Puy-de-Dôme depuis 1834, il en devint le président élu chaque année à l'unanimité des suffrages, malgré la diversité des opinions. représentées dans cette assemblée. La révolution de 1848 l'éloigna de la vie publique.

Après la révolution de 1848, M. de Barante publia les Questions constitutionnelles, puis l'Histoire de la Convention (6 vol. 1851-1853), l'Histoire du Directoire (3 vol. 1855), la Vie de Mathieu Molé ou le Parlement et la Fronde, suivie d'une notice sur le comte de Molé.

Il avait publié, en 1835, deux volumes contenant les articles qu'il avait insérés dans la Biographie universelle ou dans divers journaux. Il en donna une nouvelle édition, en y ajoutant de nouvelles biographies et des ré

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BARON DE BARANTE PÈRE

(AMABLE-GUILLAUME PROSPER BRUGIÈRE)

Grand'croix de la Légion d'honneur,
Député de 1815 à 1816 et Pair de France,
Né à Riom, le 10 juin 1782,

Décédé en son château de Barante, le 21 novembre 1866.

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