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barquement des corsaires, l'invasion de Méthymniens, tout cela ne peut avoir lieu aux portes de Mitylène.

Par ce détail des fautes d'Amyot, dans les deux premières pages seulement, on peut se faire une idée de sa façon de traduire. Il entend souvent mal son texte, et le rend toujours par des gloses et des paraphrases sans fin. On dirait qu'il explique Longus à des écoliers dans une classe. Amyot, d'abord régent de collége, puis, abbé, puis évêque, puis précepteur du roi, et grand aumônier de France, resta toujours homme de collége, ainsi qu'avait fait avant lui le cardinal Bessarion, bien plus savant.

Ibid., 1. 29. Une plage étendue de sable fin.

Lisez dans le grec : προσέκλυζεν ηϊόνος ἐκτεταμένης ψάμμῳ μαλθακῆ. Br .

P. 79, 1. 3. Et voici la manière comment.

Amyot ajoute cela, fort bien; car, encore que cette phrase ne soit pas dans le texte, elle est grecque et antique : úde πws éyéveto.

Cent Nouvelles nouvelles Il lui dit la raison pourquoi. Ailleurs Nouvelle d'un curé... et de la manière comment ledit curé s'échappa. Arrêts d'amours: Et raconterai la manière comme le président parlait. Chronique du petit Jean de Saintré: Et sçais bien la façon comment.

Ibid., 1. 15. Peur de lui faire mal.

Il faut bien se garder d'ajouter au grec rò Bpépos, qui est exprimé plus haut. Br.

Ibid., 1. 24. Si fut entre deux d'emporter...

Expression d'Amyot qu'il emploie souvent. Dans la vie de Galba: Encore dit-on qu'il fut entre deux de déposer les consuls. Et dans celle de Caton d'Utique : De quoi Caton fort courroucé fut entre deux de l'en poursuivre par justice.

Ibid., 1. 25. Comme il l'avait trouvé gisant et la chèvre le nourrissant.

On garde ici les consonnances qui sont dans le grec et la coupe même de la phrase; et, autant qu'il se peut, partout on en use ainsi.

P. 80. 1. 3. Comme il l'avait trouvé....

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On a bien fait de mettre dans le texte de Rome, μενον, πῶς εἶδε τρεφόμενον. Mais il y a erreur dans les variantes, au bas de la page. Cette leçon est celle du manuscrit de Florence, et la seule bonne. Celui de Rome porte, πῶς εὗρεν, ἐκκείμενον πώς εὗρε τρ.

Ibid., 1. 5. Elle fut bien d'avis que vraiment il ne l'avait pas dúfaire. Et tous deux d'accord de

l'élever...

Paraphrase de ces deux mots δόξαν δὴ κἀκείνῃ. La tournure esl belle; c'est pourquoi on l'a conservée d'Amyot: et d'ailleurs cette explication sert à la clarté du récit.

Ibid., 1. 8. Quant et lui.

C'est-à-dire avec lui. Amyot emploie souvent cette expression. La Fontaine :

Comme elle sait persuader et plaire,

Inspire un charme à tout ce qu'elle dit.
Touche toujours le cœur quant à l'esprit,

Je suis certain, etc.

Ainsi sont imprimés ces vers dans la nouvelle Vie de La Fontaine; mais il faut lire assurément le cœur quant et l'esprit : autrement cela n'a point de sens. La Fontaine s'est souvent plaint de la sottise de ses imprimeurs. Dans la fable de l'Alouette:

Nos amis ont grand tort, et tort qui se repose
Sur de tels paresseux à servir ainsi lents:

lisez et sot qui se repose.

Remarquez qu'Amyot a écrit quant et lui, quant et elle, quant et eux, non pas, comme l'ont corrigé fort mal ses éditeurs, quand et lui, quand et elle : de même il écrit quant et quant, non pas quand et quand, qui se lit dans toutes les réimpressions.

Ibid., l. 22. Du milieu de la roche et du plus creux de l'antre sourdait une fontaine.

Amyot: Le dessus, ou, pour mieux dire, la voûte de cette caverne étoit le milieu de la roche, au fond de laquelle sourdoit une fontaine. On ne sait ce qu'il veut dire. Le texte est parfaitement clair. Il ajoute après cela : L'humeur de la fontaine nourrissait la belle herbe. Humeur, en ce sens, est italien, mais nullement français, et fort désagréable ici, comme dans Régnier :

Mes yeux toujours mouillés d'ene humeur continue.

Ibid., 1. 28. Offrandes des anciens pasteurs.

Version d'Amyot. Ce n'est pas là tout-à-fait le sens. Le texte dit,

mais en trois mots : Offrandes de quelques vieux pasteurs qui, en quittant leur profession, pour se reposer, avaient consacré leurs outils aux Nymphes, coutume ancienne. Voyez ci-dessous, p. 197. Lucien dans le Timon; et Horace, Vejanius armis.

P. 81, 1. 4. Afin qu'elle demeurát, comme devant, au troupeau à paître avec les autres.

Amyot ajoute: sans plus s'écarter ni égarer, comme elle faisoit ordinairement. Quatre lignes de français pour quatre mots de gree! Il est souvent bien plus prolixe, et même insère volontiers des commentaires dans sa version. Son Plutarque est trois fois plus long que l'original. C'est à lui que Plutarque doit l'épithète de bon, ́qui ne l'eût pas flatté de son vivant. Aucun auteur n'a eu plus de soin de bien écrire. Il ferait gagner à Pompée la bataille de Pharsale, si cela pouvait arrondir tant soit peu sa phrase.

Ibid., 1. 5. Il coupe un scion..., dont il fit... et

s'envenait...

Amyot Il coupa... il fit... il s'approcha...

:

Le grand défaut de cette version, c'est que les temps n'y sont point variés comme dans le grec. L'auteur anime son récit, en parlant tantôt au présent, tantôt au passé, et à tous les temps du passé, dans une même phrase, ce qu'Amyot n'observe jamais, non plus que le Caro. Cela ne fait rien au sens; mais, faute de ces nuances, la peinture est toute plate. Dans Tite-Live, par exemple: ut primo statim concursu increpuere arma, micantesque fulsere gladii, horror ingens spectantes perstringit, et neutro inclinatá spe, torpebat vox spiritusque. Qui écrirait là perstrin.xit et torpuit, glacerait tout ce récit.

Ibid., 1. 20. Dryas estimant cette rencontre...

Amyot: Aussi le berger estimant cette rencontre. Que fait là cet adverbe aussi? c'est peut-être une faute de l'imprimeur. La traduction d'Amyot ne fut point imprimée sous ses yeux. Presque tous les noms grecs y sont estropiés. Il s'y trouve souvent des phrases tellement brouillées, qu'on n'en peut tirer aucun sens, même en consultant le texte grec.

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Amyot emploie souvent ce mot et d'autres pareils, souvenance, accoutumance, signifiance, oubliance.

P. 82, 1. 10. Ces deux enfans en peu de temps...

Amyot traduit: Ces deux enfants en peu de temps devinrent grands, et montroient bien à leur gentillesse et beauté qu'ils n'étoient point issus de gens de village ni de paysans. Il découvre ainsi ce que l'auteur laisse seulement entrevoir pour préparer le dénouement.

Ibid., 1. 15. Il leur fut avis que les Nymphes...

Le texte de Colombani porte : εἶναι ἐδόκουν τὰς Νύμφας. Brunck veut qu'on supprime eiva, qui manque en effet dans le manuscrit de Florence. Mais celui de Rome mérite bien plus de confiance, et on trouve, à la place du mot siva, un blanc, qui veut dire que le copiste n'a pu lire en cet endroit son original.

Ibid., 1. 26. Aussi destinés à garder les bétes.

Ce passage est bien rétabli dans l'édition de Rome. Celle de Co

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