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culte, une autre pour faire face aux besoins de la république. MAINE, il est imprescriptible et inaliénable. »

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- Voilà le sol tout ́entier appartenant à la propriété collective : dès que les besoins de la république l'exigeraient.

« Le surplus, continue M. Vidal, fut partagé en trente lots, et un lot fut assigné à chaque curie. C'est donc la curie qui possède et non l'individu.

<< Rémus voulut rendre la propriété individuelle. Il lui en coûta la vie. Mais l'aristocratie qui commençait déjà à se constituer ne tarda point à venger la mort de son chef; elle assassina Romulus en plein sénat, comme plus tard ses descendants assassinèrent César, le champion de la démocratie victorieuse; puis, pour apaiser la colère du peuple, elle mit sa victime au rang des Dieux. On connaît la fable ingénieuse qui nous a été transmise par les historiens du patriciat.

« Sous Numa, dit-il encore, la propriété, qui avait jusque-là appartenu indistinctement à la curie, fut partagée entre les citoyens. De son règne date la propriété individuelle.

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- Après cela, M. Vidal cite leş autorités américaines suivantes : - « Je demande, dit M. W. Lions Mackensie, de quel droit on a mis en vente les terres publiques; de quel droit on a ravi au peuple son héritage? Certes, ce n'est pas an nom des lois divines et de la religion, car « la terre est à Dieu (Cor. X. 26). »« Le produit de la terre est à tous (Ecciés. V, 9). <La terre a été donnée à tous les enfants des hommes (Psalm. XV). >> << Le Dieu vivant qui nous donne toutes choses pour notre jouissance (I Timot. VI). Le pauvre a droit à la terre (Ps. XXXVII), »

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<< La terre ne sera point aliénée à perpétuité (Moïse). » «Donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien (Math. VI). » Comment donc un homme religieux ose-t-il invoquer les bénédictions du ciel, tandis qu'il a abandonné deux milliards d'acres aux spéculateurs, au préjudice de ses pauvres compatriotes?.... L'iniquité de nos lois, la folie de nos législateurs dépassent ma compréhension..... Ce n'est pas non plus au nom des lois naturelles. » (L'auteur cite Blakstone et les grands jurisconsultes de tous les pays et de tous les temps).

Puis M. Vidal cite M. de Wyr, rapporteur d'une Commission, disant :

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Voulez-vous savoir ce qui arrivera si vous autorisez le monopole de la terre dans cette république ? Allez en Europe, étudiez l'état de misère, d'épuisement et de dégradation des populations ouvrières à côté du faste opulent d'une aristocratie oisive et débauchée... Et n'oubliez pas que le même sort vous est réservé si vous laissez l'aristocratie territoriale prendre racine dans ce pays. «Le temps approche où les terres qui sont encore à notre disposition, seront devenues à tout jamais des propriétés privées. Nos descendants s'efforceront en vain de se soustraire au salariat, à la triste condition de mercenaires. Il n'y aura point de champ qu'un capitaliste n'aura marqué de son sceau, où il n'ait planté

sa borne; et le sort des générations futures ira toujours EMPIRANT. Nos neveux liront l'histoire de leur patrie; ils apprendront qu'il fut un temps où leurs ancêtres auraient pu empêcher le monopole de la terre, SAUVER LE PATRIMOINE DE LEURS ENFANTS, ET LE TRANSMETTRE A LEUR postérité. QUE DIRONT NOS HÉRITIERS EN VOYANT QUE NOUS NE LEUR AVONS TRANSMIS QUE LA MISÈRE ET LA SERVITUDE? Si, au contraire, nous savons par nos efforts prévenir une telle calamité, nos fils, A TOUT JAMAIS, pourront vivre heureux, libres et riches sur la terre de leurs pères.:

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- Ainsi, voilà le danger de l'aliénation du sol, qui déjà se fait sentir aux États-Unis d'Amérique; où, cependant, il suffit généralement de faire quelques lieues, pour trouver du sol vierge à la disposition, pour ainsi dire, du premier occupant.

Mais, laissons continuer M. de Wyr, parlant des États-Unis :

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Quand, dit-il, le gouvernement se constitua, la classe riche se défiait de la classe pauvre et la méprisait la classe pauvre, d'un autre côté, était trop ignorante pour avoir conscience de ses droits. Que de modifications, en cela, se sont opérées avec le temps et le progrès de la civilisation! Mais une erreur fondamentale, empruntée au système monarchique et basée sur le principe de l'usurpation, a persisté jusqu'à ce jour, et elle est encore la base de notre constitution sociale : cette erreur, c'est LE MONOPOLE DE LA TERRE. »

- Ici, Colins dirait que, cette prétendue erreur est une vérité relative à l'ignorance sociale; que, cette prétendue erreur est même, la seule base matérielle que la société puisse avoir, tant que l'examen reste compressible; que, c'est seulement quand l'examen est devenu incompressible, que l'aliénation du sol devient source d'anarchie; et, que cette source d'anarchie peut seulement se trouver tarie, au profit de l'ordre, lorsque l'ignorance sociale, sur la réalité du droit, se trouve scientifiquement anéantie. Cette explication, qui rend providentielles les différentes situations sociales, en les liant toutes à la justice éternelle, mérite d'être examinée.

Continuons la citation de M. de Wyr:

— « Dans le principe, dit-il, ce monopole n'offrait point de grands inconvénients; aujourd'hui il prive, en réalité, le pauvre des droits politiques conférés par la Constitution.

« Comme ce monopole a crû en intensité à mesure que la société prospérait et se développait, il n'a point été considéré, tout d'abord, comme un mal. Les funestes effets qu'il produisait ont été attribués à d'autres causes; et la société s'enfonçait de plus en plus dans l'erreur; et le mal allait toujours empirant,›

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- Ici, encore, Colins dirait que, la progression continuelle du mal, due à l'incompressibilité de l'examen, est nécessaire, est providentielle, afin de rendre nécessaire l'anéantissement de l'ignorance sociale.

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Richesse et pauvreté, continue M. de Wyr; dettes et intérêts rongeurs; procès et frais de justice; spéculation et monopole; dépôts de mendicité pour les travailleurs qui ont produit en leur vie cent fois plus qu'ils n'ont consommé ; tandis que ceux qui n'ont jamais mis la main à l'œuvre habitent des hôtels somptueux, des résidences princières; geôles et potences pour ceux que la nécessité inexorable a poussés au mal, tandis que tant d'ignobles fripons comptent parmi les grands propriétaires honorés et respectés..... Le riche devenant chaque jour plus riche, tandis que le pauvre devient toujours plus pauvre.. Voilà les conséquences nécessaires du monopole.

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C'est vrai, dirait Colins. Mais, ce monopole est indestructible, tant que l'ignorance sociale n'est point anéantie; et, en présence de la justice éternelle, cette ignorance peut seulement se trouver anéantie: lorsque l'expiation humanitaire se trouvera complète. Or, c'est exclusivement au sein de l'anarchie qu'elle peut se compléter. Passons à un autre économiste.

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Ricardo, dit M. Dupont-White, par lès raisons qu'on vient de déduire, s'est abstenu de qualifier ce qu'il voyait, d'apprécier ce qu'il exposait; d'autres, avec autant de pénétration, ont eu plus de hardiesse et de franchise.

Un économiste qui n'a jamais passé pour frondeur, un publiciste des moins alarmants, a vertement appelé les choses par leurs noms.

« Il est évident, dit M. Rossi, que la possession de la terre, des mines, des carrières, constitue un monopole. Il n'y a pas là de concurrence possible au delà de certaines limites facilement appréciables.... L'influence de ce monopole se retrouve plus ou moins dans presque toutes les productions possibles... Quant au cultivateur qui a obtenu du blé dans la terre la plus fertile, pourquoi ne profiterait-il pas de la hausse du prix du blé produit le plus chèrement ? Il n'a pas à craindre, comme le marchand de bas ou de chapeaux, qu'on établisse des machines à côté de la sienne pour multiplier les produits. Il sait très-bien qu'il jouit d'un monopole; qu'on n'improvise pas des terres; que ces produits ne s'obtiennent qu'à une certaine époque de l'année....

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« Ces aperçus lumineux, négligés par Ricardo, Adam Smith les avait indiqués très-expressément :

« Le fermage de la terre, dit-il, considéré comme le prix payé pour l'usage de la terre, est naturellement un prix de monopole. »

« On ne s'arrêtera pas sans doute à nous observer que la qualification de monopole, s'applique uniquement ici au prix exigé du fermier. Si l'usage d'une machine productive se paye à un prix de monopole, comment ses produits en auraient-ils un autre? »

C'est incontestable, dirait Colins; et, le monopole peut seulement disparaître par l'entrée du sol à la propriété collective.

« Il y a, dit encore M. Dupont-White, une puissance, une domination inhérente à la richesse. Si la nature fait le plus fort, maître du plus faible, toute société fait celui qui a maitre de celui qui n'a pas. »

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- C'est vrai, dirait Colins. Mais, une proposition, aussi peu développée, pourrait faire croire qu'il n'y a de possible, en société, que des maîtres et des esclaves. La société, au contraire, peut faire: que, tous aient, que, personne n'ait pas; et, que tous aient proportionnellement à leur mérite. Alors, il n'y a ni maîtres, ni esclaves, mais hiérarchie rationnelle. Il eût été bien de dire : quand et comment cette société est possible.

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Les barbares, continue M. Dupont-White, les barbares qui se partagèrent le sol de l'Europe conquise, n'avaient pas besoin de lois pour instituer des seigneurs et des vassaux : le possesseur du sol était le souverain nécessaire de ses habitants, qui devaient subir ses lois en mangeant son pain. Tout l'appareil des institutions féodales ne fit que régulariser ce fait primitif de la conquête.

« Le jour où ces institutions périrent, la richesse n'y perdit que des titres, des apparences oiseuses, des distinctions honorifiques; il lui resta cet ascendant inné qui réside en elle, et qui peut se passer de sanction légale.

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Alors, dirait Colins, le moins riche serait l'esclave nécessaire du plus riche. Je nie cette proposition. Quand, par l'anéantissement de l'ignorance sociale, le sol peut entrer à la propriété collective, il y a toujours des plus ou moins riches, mais il n'y a plus d'esclaves. Cette doctrine de Colins me paraît devoir être examinée.

-« C'est chose ancienne comme le monde, continue M. Dupont-White, que la prépondérance du riche, que la sujétion du pauvre. »

- Erreur, dirait Colins: il n'y a d'esclaves nés que, du moment que le sol est complétement aliéné aux individus.

« Le riche, continue M. Dupont-White, qui achète à l'artisan le produit de son travail, ou qui achète au serviteur son travail même, ne se propose pas, comme but essentiel de ce marché, un bénéfice d'argent. Or, tel est l'objet unique et le fond même de la transaction qui intervient entre le producteur et l'ouvrier; quand la richesse d'une part, quand la pauvreté de l'autre se transforment en agents de la production et traitent ensemble pour concourir à cette œuvre, la domination du capital apparaît dans toute sa rigueur, dans toute sa crudité. »

- Colins dirait : qu'une pareille théorie, donnée comme absolue, aurait pour conclusion: que, le paupérisme est inhérent à l'humanité. Selon lui, cette théorie est seulement vraie, lorsque, par l'aliénation du sol, le capital est dominateur. Quand le sol est entré à la propriété collective, c'est le travail qui est dominateur. Alors, c'est le travailleur qui domine, et le capitaliste qui est le suppliant.

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C'est, continue M. Dupont-White, le triomphe de ces grandes agglomé rations où le maître et l'ouvrier sont étrangers l'un à l'autre, où le capital et le

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travail représentent deux forces abstraites et simples dont rien n'altère et ne complique les rapports nécessaires. >>

Colins dirait encore

le capital et le travail représentent deux forces; et, qui plus est, de nature essentiellement opposée : le capital celle de la matière; le travail celle de l'intelligence. Mais, le possesseur du capital, domine seulement le travailleur : lorsque le sol est aliéné.

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Le pauvre, continue M. Dupont-White, y perd son caractère d'homme pour celui de machine à produire, de matière à spéculation, et pour se classer parmi ces frais généraux que le génie industriel s'évertue sans cesse à réduire et à limiter. »

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C'est nécessairement vrai, dirait encore Colins, tant qu'il y a des pauvres; et cela même devient incompatible avec l'existence de l'ordre en présence de l'incompressibilité de l'examen. Mais, nécessairement il n'y a plus de pauvres, quand le sol PEUT appartenir à la propriété collective. Cela se peut-il? et, quand cela se peut-il? Voilà ce qu'il fallait dire.

Il paraît que Colins s'offre de démontrer que cela se peut, quand, et comment. Il me paraîtrait convenable de lui demander sa démonstration.

« Telle est, continue M. Dupont-White, la tendance de la richesse tournée vers la production, tendance qui se convertit en fait, partout où la production est abandonnée à ses instincts et délivrée de la surveillance de l'État.

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- S'il en était ainsi, dirait encore Colins, il n'y aurait de compatible avec l'ordre que le despotisme du pacha d'Égypte. Ét, comme la durée d'un despotisme quelconque est devenue impossible, en présence de l'incompressibilité de l'examen; il en résulterait : que, désormais il n'y aurait de possible que l'anarchie. Il n'en est rien. Cette tendance de la richesse tournée vers la production est seulement réelle lorsque le sol est aliéné. Dès, qu'il peut entrer à la propriété collective; la tendance de la richesse tournée vers la production, sans aucune surveillance de l'État et mise en pleine liberté, est d'être l'esclave des hommes, tous ouvriers, et ayant la raison seule pour maître. C'est seulement alors, que le caractère d'homme se trouve développé; c'est seulement alors, que la matière est seule machine à produire; et, que les frais généraux lui sont exclusivement relatifs.

Il faut convenir : que, Colins parle avec beaucoup d'aplomb. Peutêtre serait-il bon d'examiner: s'il est fou; ou s'il ne l'est pas.

Je remarque que la tendance de la doctrine Colins est vers une catholicité rationnelle, rendue nécessaire : par le contact devenu inévitable des fractions humanitaires; et, par l'anarchie résul

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