Je confens de bon cœur, pour punir ma folie, Que tous les vins pour moi deviennent vins de Brie, 235 Qu'à Paris le gibier manque tous les hivers, Et qu'à peine au mois d'Août l'on CHANG. Vers 233. Je confens de bon cœur.) Il y avoit, d'un bon cœur, dans les éditions de 1674. & de 1675. mais c'étoit une faute. L'Auteur a toûjours mis, de bon cœur, dans les autres éditions. VERS 234. Deviennent vins de Brie.) Les vins de la Province de des mange pois verds. Brie font fi mauvais qu'ils ont paffé en proverbe: Auffi a-t-on dit en chanson: Mais tout vin eft vin de Brie, Quand on boit avec un Fat. D A M. L'ABBÉ LE VAYER. 61 'où vient, cher LE VAYER, que l'Homme le moins fage Croit toûjours feul avoir la Sageffe en partage: Et qu'il n'eft point de Fou, qui par belles aifons Ne loge fon voifin aux Petites-Maifons; s Un Pédant enivré de fa vaine science, Tout hériffé de Grec, tout bouffi d' arrogance, Et qui de mille Auteurs retenus mot pour mot, Dans fa tête entaffés, n'a fouvent fait qu'un Sot, Croit qu'un Livre fait tout, & que fans Ariftote 10 La Raifon ne voit goute, & le Bon Sens radote. D'autre part un Galant, de qui tout le métier Eft de courir le jour de quartier en quartier, Et d'aller, à l'abri d'une perruque blonde, De fes froides douceurs fatiguer tout le monde, 15 Condamne la Science, & blâmant tout Ecrit, Croit qu'en lui l'Ignorance eft un titre d'efprit: Que c'eft des gens de Cour le plus beau privilège, Et renvoie un Savant dans le fond d'un Collège. Un Bigot orgueilleux, qui dans fa vanité 20 Croit duper jusqu'à Dieu par fon zèle affecté, Couvrant tous fes défauts d'une fainte apparence, Damne tous les Humains, de fa pleine puiffance. Un Libertin d'ailleurs, qui, fans ame & fans foi, Se fait de fon plaifir une fuprême loi, 25 Tient que ces vieux propos, de Démons & de flammes, En un mot, qui voudroit épuifer ces matières, 35 Mais, fans errer en vain dans ces vagues propos, GUENAUD, Medecin de la Reine, étoit à la tête de ceux qui en approuvoient l'ufage; & le célèbre Gui Patin étoit un de plus grands ennemis de ce mineral. Voyez le 23. Journal des Savans 1666. Guenaud mourut le 16. de Mai 1667. Pendant fa vie on déguifa fon nom dans les premières éditions, fous celui de Desnand, Apoticaire, VERS 33. Et combien la Neven, devant fon mariage.) LA NEVE U, fameufe Courtifane, extrémement décriée par les débauches éclatantes & fcandaleufes que quelquesuns des principaux Seigneurs de la Cour faifoient chez elle. Elle étoit Tous morte avant la compofition de cette Satire. Avant, font deux Prépofitions que Devant fon mariage.) Devant & l'on emploïoit autre fois indifferemment: mais l'ufage en a déterminé plus particuliérement le fens : Devant, fert à marquer le lieu : & Avant, défigne le tems. Ainfi il auroit été plus regulier de mettre ici: Avant fon mariage; & l'Auteur l'auroit fait, fi le mot précedant n'avoit pas fini par une voïelle. Il pouvoit aifément mettre quelque autre nom; que celui de la Neveu, fans rompre la mesure du Vers: & ce n'eft pas la difette des noms, qui l'a empêché de faire changement. CHAN Tous les hommes font fous, & malgré tous leurs foins, 40 Ne different entre eux que du plus ou du moins. Comme on voit qu'en un bois, que cent routes féparent, Les voïageurs fans guide affez fouvent s'égarent, L'un à droit, l'autre à gauche, & courant vainement, 45 Chacun fuit dans le monde une route incertaine, 50 Chacun veut en fageffe ériger fa folie, Et fe laiffant regler à fon efprit tortu, |