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santeries froides. La contrainte y règne, et l'on sent qu'elles sont le fruit d'un long travail. Le rédacteur de cet article avoue de bonne foi qu'il n'a jamais pu en achever la lecture: et comment pouvoir lire un auteur qui, selon l'expression de la Harpe, ressemble à ces plaisans de profession, à ces bouffons de société, qui se croyant toujours obligés de faire rire, pour deux ou trois traits heureux qu'ils rencontrent, se permettent cent sottises. A l'égard de sa versification, elle est lâche, diffuse et incorrecte, et souvent prosaïque jusqu'à la platitude. L'académie Françoise dont il étoit membre, prit le deuil à sa mort: honneur qu'elle n'a plus accordé depuis.

VOLTAIRE (Marie-François Arouet de) né à Paris en 1694 et mort dans la même ville en 1778. Voltaire annonça dès ses premières années, la flexibilité de son génie et l'activité de son imagination. Il fit ses études au collège de Louis le grand, sous le père Porée, et elles furent brillantes. On a conservé de lui des morceaux écrits à l'age de 12 à 14 ans, qui ne se sentent point de Penfance. Admis presqu'au sortir du college dans la société de Chaulieu, de la Fare, du duc de Sully, du Grand-prieur de Vendôme, du maréchal de Villars, etc. i y puisa ce goût naturel et cette plaisanterie fine qui distinguoient la cour de Louis XIV. Cette société ne le corrigea point du pe chant à la satire qui lui causa par la suite bien des désagrémens, des disgraces et des chagrins. On l'accusa d'être l'auteur des Philippiques; il fut enfermé à la Bastille près d'un an. Il avoit déjà donné (Edipe: le régent fut si charmé de cette tragédie qu'il lui rendit la liberté Ce fut vers l'an 1720 qu'il fit un voyage à Bruxelles; il y vit Rousseau et se brouilla avec lui. De retour à Paris, il donna deux tragédies qui tonibèrent. Ces mortifications jointes à celles que son génie indépendant, sa façon de penser sur la religion et son caractère bouillant et caustique lui occasionnoient, Pobligèrent de passer en Angleterre, où il fit imprimer la Henriade. Le roi George I et surtout la princesse de Galles, lui accordèrent des gratifications et lui procurèrent beaucoup de souscriptions. Ce fut l'origine de sa fortune. I revint à Paris, qu'il fut bientôt obligé de quitter: Ses Lettres philosophiques furent brûlées par la main du bourreau, et lui-même décrété de prise de corps. Il se retira pendant plusieurs années à Cirey, chez la marquise du Chatelet: c'est du fond de cette retraite qu'il fit connoître à la France la philosophie de Newton; et qu'il donna Alzire, un de ses chefsd'œuvre tragiques, qui fut bientôt suivi de Mahomet, et deux ans après de Mérope. C'est après cette pièce qu'il obtint les faveurs de la cour. Il fut comblé de grâces: il pouvoit vivre heureux, mais l'inquiétude

de son esprit lui fit perdre tous ces avantages. Il se retira en Prusse où le roi l'appeloit depuis long-temps. Il en reçut une pension considérable, la clef de Chambellan, et la croix de son ordre. Son amour pour l'argent, et sa vanité étoient satisfaits: mais son penchant à l'indépendance ne l'étoit pas, et encore moins son esprit de domination. Il se brouilla avec Mauper tuis, et cette brouillerie fut suivie de celle avec le roi. Il quitta Berlin, et après avoir passé près d'un an à Colmar, il acheta une maison de campagne près de Génève: il lui donna le nom de Délices. Il y auroit vécu tranquille: mais ayant eu l'imprudence d'exciter la fureur des deux partis qui divisoient cette république, il se vit encore privé de cet asile. Il se fixa enfin dans une terre à une lieue de Génève, dans le pays de Gex. C'étoit un désert presque sauvage; il le peupla, P'enrichit et le fertilisa. Il répandit le bonheur autour de lui, sans en jouir lui-même. Toutes les passions qui avoient agité sa vie l'y suivirent. C'est là qu'il s'érigea un tribunal, où il jugea presque tout le genre humain, jusqu'au moment où ayant enfin obtenu la permission de revenir à Paris, il alla y chercher des honneurs inconnus jusqu'à lui, et la mort, Peu de personnes ont eu plus de souplesse dans le caractère: il changeoit de forme selon les circonstances. Il avoit été frondeur à Londres, courtisan à Versailles, chrétien à Nancy, et incrédule à Berlin. Dans la société, il jouoit tour à tour les roles d'Aristipe et de Diogène. Il recherchoit les plaisirs, les goûtoit et les célébroit, s'en lassoit et les frondoit. Par une suite de ce caractère, il passoit de la morale à la plaisanterie, de la philosophie à l'enthou siasme, de la douceur à l'emportement, de la flatterie à la satire, de l'amour de l'argent à l'amour du luxe, de la modestie d'un sage à la vanité d'un grand seigneur. C'est à cette mobilité qu'on doit attribuer et les grands traits de morale qui embellissent quelquefois ses ouvrages, et le cynisme qui les déshonore si souvent. Ce qui assurera à Voltaire un des premiers rangs parmi les génies qui ont illustré la France, c'est lo. la Henriade, qui, quoique défectueuse danske planet dans l'ensemble, est pleine de beautés de détail; 2°. une dizaine de tragédies, dans lesquelles il a porté le pathétique au plus haut point, et qui le placent à côté de Corneille et de Racine; 3°. un grand nombre de poésies fugitives, supérieures à tout ce qu'on connoît dans ce genre par la tournure ingénieuse, la finesse, la légèreté, la grâce qu'il donne à la louange et à la satire. Toutes ses autres poésies ne seront plus recherchées dans peu de temps. On distinguera dans ses ouvrages en prose, Memnon, Zadig, Babouc, l'histoire de Charles XII, le siècle de Louis XIV,

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