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mais qu'il ne travailloit pas assez ses vers. De l'un et de l'autre, ajoutoit-il, on auroit pu faire un bon poëte.

MESENGUY (François-Philippe) né à Beauvais en 1677 et mort a Paris en 1763, à 86 ans. Après avoir professé pendant phsieurs années les humanités et la rhétorique dans sa ville, il fut appelé à Paris où il fut placé au collège de Beauvais; chargé d'en seigner le catechisme aux pensionnaires, il écrivit son exposition de la doctrine chrétienne. Il quiita ce collège pour vivre dans une plus grande retraite, et y composer différens ouvrages qu'il avoit en vue. Ceux qui lui font le plus d'honneur sont l'abrégé de l'histoire et de la morale de l'ancien testament, et l'abrégé de l'ancien testament, avec des éclaircissemens et des réflexions en 10 vol. in-12. Ce dernier ouvrage qui n'est que le développement du premier est un des plus utiles que puissent lire les personnes qui ne cherchent dans l'écriture que des leçons de morale et de religion. En lisant cet auteur, on ne peut que l'aimer. Ses ennemis même le respectèrent, et rendirent toujours hommage à ses vertus.

MIERRE (➖➖➖➖le) on a de lui des tragédies mé liocres en vers encore plus médiocres. Le seul ouvrage où l'on trouve de temps en temps du talent est son poëme sur la peinture, qui n'est presque, quoi qu'en dise Fauteur, qu'une traduction de celui de l'abbé de Marsy sur le même sujet. Les morceaux cités dans la bibliothèque portative sont à-peu-près tout ce qu'il y a de meilleur, le poëme des fastes du même auteur, n'est qu'un amas de mauvais vers, divisé en 16 chants.

MILLOT (Claude-François-Xavier) né à Besançon en 1726 et mort à Paris en 1785. L'abbé Millot fut successivement jésuite, prédicateur du roi, grand vicaire de Lyon, professeur d'histoire à Parme, enfin précepteur de M. le duc d'Enghien. Il remplit ces différentes fonctions avec le succès d'un homme à talent, et le zèle d'un homme attaché à ses devoirs. Il n'en composa pas moins plusieurs ouvrages, rédigés avec soin, et écrits d'un style pur, naturel et élégant, ils roulent presque tous sur l'histoire. On l'a accusé de scepticisme dans ceux qui ont rapport à l'histoire générale, et d'une teinte de philosophisme dans les histoires particulières. Sans examiner jusqu'à quel point cette inculpation peut être vraie, on se bornera à observer que ses élémens d'histoire sont ce qu'il y a de mieux fait en François dans ce genre et de plus propre à être mis entre les mains de la jeunesse, par l'art avec lequel les faits les plus curieux et les plus importans sont amenés. Il a eu sans doute tort d'apporter plus d'exemples de vices que de vertus; mais il est toujours aisé à un instituteur de prévenir le mal qui pourroit en résulter.

MOLIERE (Jean-Baptiste Pocquelin de)

né à Paris en 1620 et mort dans la même ville en 1673. Molière commença ses études à 14 ans chez les jésuites, et fit des progrès rapides sous ces habiles maitres. Les belles lettres ornèrent son esprit, et les préceptes du philosophe Gassendi, maître de Cha pelle, de Bernier et de Cyrano, formèrent sa raison. Entraîné par un goût irrésistible vers le théâtre, il s'unit avec quelques jeunes gens, et parcourut avec eux les provinces en jouant la comédie. Il donna sa premiere pièce à Lyon. C'étoit l'Etourdi. Quoique cette pièce ne soit pas bonne, elle donna l'idée d'un nouveau genre, et fut très-applaudie. Elle ne fut pas moins bien reçue à Beziers où le prince de Conti tenoit les états du Languedoc. C'est dans cette ville qu'il donna le Dépit amoureux et les précieuses ridicules. Ces comédies y furent admirées. Molière quitta la province pour la capitale. Louis XIV fut si satisfait des spectacles que lui donna la troupe de Molière, qu'il en fit ses comédiens ordinaires et accorda à leur chef une pension de mille livres. C'est depuis cette époque qu'il a donné ces belles comédies qui l'ont fait regarder comme le premier auteur comique qni ait existé. On peut regarder les ouvrages de Molière comme l'histoire des mœurs, des modes et du goût, et comme le tableau le plus fidèle de la vie humaine. Né avec un esprit de réflexion, prompt à remarquer les expressions extérieures des passions et leurs mouvemens dans les différens états; il saisit les hommes tels qu'ils étoient, et exposa en habile peintre les plus secrets replis de leur cœur, et le ton, le geste, le langage de leurs sentimens divers. On a dit qu'il y avoit beaucoup de fautes de langage dans Molière: il y en a sans doute trop, et M. Bret les a relevées avec soia: mais, si l'on passe sur celles qui tenoient à son siècle, on en diminuera beaucoup le nombre. Quant à ce qu'on a dit que sa prose valoit mieux que ses vers, on n'a qu'à lire, pour se convaincre du contraire, ses belles scènes du Misanthrope, du Tartuffe et des Femmes Savantes.

MOLINIER (Jean-Baptiste) né à Arles en 1675 et mort à Paris en 1745. Molinier entra dans la congrégation de l'oratoire et s'y adonna au ministère de la chaire. I prêcha avec applaudissement à Aix, à Tou louse, à Lyon, à Orléans et à Paris. Massillon l'ayant entendu, fut frappé des traits vifs et saillans de son éloquence, et surpris de ce qu'avec un talent si décidé, il étoit si inégal; il lui dit alors: il ne tient qu'à vous d'étre le prédicateur du peuple ou des grands, En effet il y a dans ses discours beaucoup d'énergie, de dignité et de naturel; mais en général peu de goût, et peu de choix dans l'expression, qui est souvent défigurée par des termes communs.

MONCRIF (François-Augustin Paradis de) né à Paris en 1687 et mort dans la

même ville en 1770. Beaucoup d'esprit naturel, une figure prévenante, un désir constant de plaire, une humeur égale, douce et complaisante lui firent de bonne heure un grand nombre d'amis. Personne n'obligeoit avec plus de zèle; personne ne donnoit avec plus de plaisir. Au milieu de la cour il conserva sa modestie. Ce qui a fait la réputation littéraire de Moncrif, ce sont les Amés rivales, petit roman, assaisonné d'une critique ingénieuse de nos mœurs; et des Romances, pleines de délicatesse, de naturel et de grâce. Moncrif étoit de l'académie Françoise.

MONGAULT (Nicolas-Hubert de) né à Paris en 1674 et mort dans la même ville en 1746. Il entra d'abord dans la congrégation de l'oratoite: la délicatesse de sa santé l'obligea d'en sortir, et après avoir été quelque temps dans le monde, il fut nommé précepteur du duc de Chartres, fils du duc d'Orléans, Mongault sut se concilier, dans cette place importante et délicate, l'amitié et l'estime de son élève. On recompensa ses soins par des abbayes et des places qui lui assuroient une fortune considérable: mais son ambition n'étant pas satisfaite, il tomba dans une humeur sombre qui fit le malheur du reste de sa vie. Il reste de lui l'histoire d'Hérodien traduction faite avec soin et élégamment écrite; et la traduction des lettres de Cicéron à Atticus, aussi estimée que la précédente: on la lira toujours avec utilité, non-seulement à cause de son exactitude, mais encore à cause des notes qui l'accompagnent. Il étoit de l'académie Françoise.

MONNIER (

le) mort depuis peu. On connoît de lui des fables, où il y a de la facilité et du naturel, mais des longueurs qui fatiguent ses contes ont les mêmes qualités et le même défaut. Sa traduction de Térence est plus estimée et mérite de l'être sous tous les rapports.

MONNOIE (Bernard de la) né à Dijon en 1641 et mort à Paris en 1727. La Monnoie fit paroître dès l'enfance de grandes dispositions pour les belles-lettres. On vouloit l'engager à se consacrer au barreau: mais son inclination l'entraînoît vers la lit térature légère et la poésie. Il remporta cinq prix à l'académie Françoise. La poésie n'avoit pas fait la principale occupation de la Monnoie. Il avoit su joindre dès sa jeunesse le savant au poëte. C'étoit un homme d'une érudition unique. Il étoit très-habile dans les langues Grecque, Latine, Italienne et Espagnole, et dans la connoissance des livres tant anciens que modernes. Les qualités de son cœur égaloient celles de son esprit. Son caractère étoit doux, égal et officieux; il aimoit la joie et savoit l'inspirer. Ses poésies ne sont guères lues à présent que par ceux qui pensent qu'il y a du mérite à tout lire. Le style en est prosaïque et manque absolument de cha

leur: quelques vers heureux ne compensent point l'ennui qu'elles causent. On estime beaucoup ses notes sur différens auteurs.

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MONTAUSIER (Charles de Sainte-Maure duc de) né en 1610 et mort à Paris en 1690. le duc de Montausier donna dès son enfance des preuves de cette vertu sévère, de cette loyauté et de cette franchise qui le caractérisèrent pendant tout le cours d'une longue vie. Nommé gouverneur du Dau phin, il s'acquitta de cette fonction difficile avec tout le succès qu'on devoit attendre de son zèle et de ses lumières. Il parla toujours à la cour en philosophe et en homme vertueux, qui sacrifie tout à la vérité et à la raison, et cette véracité ne déplut jamais à Louis XIV. On sait que les ennemis de Molière voulurent lui persuader que c'étoit lui que cet auteur jouoit dans le Misanthrope. Le duc alla voir la pièce, et dit en sortant qu'il auroit bien voulu ressembler au Misanthrope de Molière.

MONTAZET (Antoine de Maloin de) archevèque et comte de Lyon, mort à Paris en 1738. Quand ce grand prélat n'auroit publié que sa fameuse instruction pastorale contre l'incrédulité, il auroit des droits aux hommages de la postérité et comme évêque et comme littérateur. Jamais la raison embellie de tout ce que l'éloquence peut lui préter de force et de charmes n'a parlé un langage plus propre à convaincre l'esprit et à toucher le cœur. Ordre et enchaînement de preuves, sentimens nobles et élevés, traits pathétiques et touchans, pensées profondes, idées sublimes, images vraies, style enchanteur et toujours soutenu, tout se trouve réuni dans cet ouvrage pour en faire une des meilleures productions de la fin du XVIII siècle. Les incrédules l'admirèrent, et Voltaire lui-même, quoique l'ouvrage fût principalement dirigé contre lui, ne donna plus à ce prélat que le nom d'éloquent Montazet. M. de Montazet à été de l'académie Françoise non en qualité de grand seigneur, mais comme homme de lettres.

MONTESQUIEU (Charles de Secondat, baron de la Bréde et de) né au château de la Brède, près de Bordeaux en 1689 et mort à Paris en 1755. Montesquieu fut philosophe au sortir de l'enfance. Dès l'âge de 20 ans, il préparoit les matériaux de l'esprit des lois, par un extrait raisonné des immenses volumes qui composent le corps du droit civil. Son premier ouvrage fut les lettres persanes, ce livre, profond sous un air de fégéreté, annonçoit à la France et à l'Europe un écrivain supérieur à ses ouvrages. C'est le tableau le plus animé et le plus vrai des mœurs Françoises; son pinceau est léger et hardi; il donne à tout ce qu'il touche un caractère original. Toutes les lettres n'en sont pas egalement bonnes, et la critique en est quelquefois trop amère sur Louis XIV et sur son règne. Un autre défaut des lettres persanes est la hardiesse avec

tancés en 1693 et mort à Saint-Germain-en laye en 1774, dans sa 81 année. Entré dans la société des jésuites, le père de Neuville s'y distingua bientôt par ses grands talens pour la chaire. Pendant trente ans, il prêcha avec le plus grand succès à la cour et dans la capitale. Après la destruction de son corps il obtint la permission de rester en France, quoiqu'il n'eût pas rempli les conditions imposées par le parlement de Paris. I dut cette grâce autant à ses vertus qu'à ses talens. Les sermons du Père de Neuville doivent être distingués de la foule des écrits de ce genre, par la beauté des plans, la vivacité des idées, l'heureuse application de l'écriture sainte, par l'abon dance d'un style pittoresque et original et par la chaleur du sentiment. Il n'a manqué au père de Neuville, que d'avoir su resserrer son éloquence dans de justes bornes, d'avoir évité les écueils du bel-esprit et l'affectation de l'antithèse. C'est néanmoins un des meilleurs prédicateurs du second ordre.

Jaquelle il fait parler son Persan sur quelques dogmes de la religion chrétienne. L'apparition de ce livre est la première époque de ce déluge d'écrits qui ont paru depuis contre le christianisme et le gouvernement. Aux lettres persanes succéda son ouvrage sur la cause de la grandeur et de la décadence des Romains, ouvrage qui ne sauroit être trop édité par les hommes d'état et les philosophes. Enfin l'esprit des lois parut. Le siècle dernier n'a pas produit d'ouvrage où Il y ait plus d'idées profondes et de pensées neuves. La partie la plus intéressante de l'histoire de tous les temps et de tous les lieux, y est répandue adroitement, pour éclaircir les principes, et en être éclaircie à son tour; le style, sans être toujours exact, en est nerveux. Images frappantes; saillies d'esprit; faits peu connus, curieux et agréables; tout concourt à charmer le travail d'une longue lecture. On peut appeler cet Ouvrage le code du droit des nations, et son ,auteur, le legislateur du genre humain. Il n'appartenoit qu'aux révolutionnaires François de dire que Montesquieu étoit un en- NICOLE (Pierre) né à Chartres en 1625 fant en législation. Ce grand ouvrage et mort à Paris en 1695. La nature lui acn'empêcha pas Montesquieu de travailler corda un esprit pénétrant et une mémoire en même temps au temple de Guide, roman heureuse. Avec de telles dispositions ses où l'on trouve toute la légèreté de la prose progrès ne purent qu'être rapides. Envoyé et toutes les grâces de la poésie; à la vie de à Paris pour faire son cours de philoLouis XI qu'il brûla par mégarde; à Arsace, sophie et de théologie, il s'adonna à ces roman politique et moral. Ses qualités deux sciences avec d'autant plus de fruit, personnelles égaloient son génie. Il étoit que son esprit avoit la maturité, la profonaussi aimable dans la société que grand deur et la justesse qu'elles demandent, Ce dans ses ouvrages. Sa douceur, sa gaieté fut alors qu'il se lia avec les cénobites de sa politesse étoient toujours égales. 11 Port-Royal. Il s'unit d'une étroite amitié étoit naturellement distrait; mais ses dis- avec le grand Arnauld, et composa de contractions n'avoient rien d'affecté. Dans cert avec lui plusieurs excellens ouvrages. toute sa conduite le grand homme se ca- Les querelles du jansénisme lui firent souchoit sous l'homme simple et uni. Il étoit vent des affaires et l'obligèrent même à de l'académie Françoise. On trouvera son quitter son pays pendant quelque temps. discours de réception dans ce recueil § 61 De retour à Paris, il continua d'écrire sur du 3 livre de prose. différens sujets, tous relatifs à la religion. Les ouvrages de lui qu'on relit avec le plus d'utilité sont ses essais de morale et șes instrucions théologiques. On y reconnoît partout un écrivain sage, éclairé et judicieux, au soin d'approfondir les matières et de les édiger dans un bel ordre, à la précision des idées, à la justesse des conclusions tirées des principes, à un grande connoissance du cœur humain, et à une expression toujours

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MURAT (Henriette-Julie de Castelnau, comtesse de) morte en 1716, à 45 ans. Cette dame se fit connoître de bonne heure par les grâces de son esprit; les journaux et les recueils s'enrichirent de ses jolies chansons, et de ses pièces légères. Son roman intitulé, les Lulins de Kernosi, est un ouvrage plein d'esprit et degrâce; etses contes de fées sont aussi ingénieux que peuvent l'être ce sortes de productions.

NEUFCHATEAU (Nicholas François de) né en 1752. Il bégaya des vers dès le berceau. A l'âge de dix ans, il en publia qui donnèrent de lui les plus grandes espérances et qui lui attirèrent les éloges de Voltaire. Un de ses meilleurs poëmes est son discours sur l'art de lire des vers. Il s'est exercé dans différens genres, et eût peut-être réussi à se faire un nom, si l'esprit révolutionnaire, en l'arrachant aux muses, ne l'eût pas entraîné dans toutes les fureurs de la démagogie.

NEUVILLE (Charles-Frey de) né a Cou

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pure.

NIVERNOIS (Jules-Bardou Mancini, duc de) né en 1716 et mort à Paris en 1792. M. le duc de Nivernois a joui pendant toute sa vie, comme bel esprit, d'une répu tation qui ne s'est pas soutenue à sa mort. Ses fables, qui avoient été applaudies dans les séances publiques de l'académie, perdirent beaucoup à l'impression. Ses autres poésies valent mieux, il y a de la grâce et de la facilité; mais peu de chaleur. Son essai sur Horace, écrit avec finesse et beaucoup de goût est plus estimé. Voltaire dit que l'esprit et les talens du duc de Nevers

s'étoient perfectionnés dans le duc de Niver nois son petit-fils 4 étoit de l'académie Françoise et de celle des inscriptions. zub NOAILLES (Adrien-Maurice duc de) né en 1678 et mort à Paris en 1766, âgé de près de 88 ans. Le duc de Noailles commença sa carrière militaire en Espagne où il servit sous le duc son père et ensuite sous le duc de Vendôme. Pendant la guerre de la succession, il rendit les plus grands services à Philippe V, qui l'honora du titre de grand d'Espagne de la première classe. Louis XIV non moins sensible à son mérite que son petit-fils, l'éleva successivement au grade de lieutenant-général, et Louis XV enfin à celui de Maréchal de France. Après 'avoir eu de grands succès dans différentes campagnes, il eut le malheur de perdre la bataille d'Ettinghem en Allemagne, non par sa faute, mais par un événement malheureux. Quand l'âge ne lui permit plus de servir l'état a la tête d'une armée ou dans des négociations, il entra dans le ministère, et se rendit utile par son expérience et par ses conseils. Le duc de Noailles aimoit et cultivoit les lettres: il étoit en correspondance avec plusieurs savans et beauxesprits.

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y acquit de la réputation. ¦ Sés sermons, qui n'ont rien de bien saillant, ont néanmoins un mérite réel, celui d'une noble simplicité

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PALÁPRAT (Jean) né à Toulouse en 1650 et mort en 1721. Palaprat après avoir fini ses études dans l'université de sa ville, remporta plusieurs prix aux Jeux-Floraux, Après avoir rempli les fonctions de capitoul et de chef de consistoire, il quitta sa patrie, fit un voyage à Paris, ensuite à Rome où la reine Christine tâcha vainement de le fixer auprès d'elle; enfin il retourna à Paris et s'y établit par la protection du duc de Vendome qui se l'attacha en qualité de secrétaire des commandemens du grand prieur. Dès les premières années de son séjour a Paris, il travailla pour le théâtre; et son goût pour le genre dramatique augmenta, lorsqu'il eut fait connoissance avec Brueys. Ils donnèrent de concert plusieurs pièces (voyez Brueys). La seule des pièces auxquelles il a travaillé sans Brueys qui soit restée au théâtre est le ballet extravagant. Palaprat à une imagination vive et plaisante, joignit une candeur de mœurs, une simplicité de caractère singulière. Il réunissoit à la fois les saillies d'un bel-esprit et OLIVET (Joseph Thoulier d'y né à Salins Ja naïveté d'un enfant. Ses ouvrages respien 1682 et mort à Paris en 4768. L'abbé rent la gaieté et la légèreté d'un esprit vif d'Olivet entra très-jeune chez les jésuites, yet fécond, mais on y désiteroit plus de jusdéveloppa des talens qui le firent aimer et tesse et de précision. Bestimer de ses confrères. Ayant quitté cette compagnie célèbre à l'âge de 33 ans, il vint à Paris, où il se fit, en peu d'années une telle réputation, que l'académie Françoise le choisit, quoiqu'il fût absent, par la seule considération de son mérite. Il n'eut besoin que d'un aini pour répondre à cette compagnie de son désir. L'étude de la Jangue Françoise devint alors son amour de préférence, sa pensée habituelle. L'abbé d'Olivet avoit eu dès sa jeunesse les liaisons littéraires les plus étendues et les plus illustres. Il compta au nombre de ses amis, l'évêque de Soissons, le savant Huet, le pére Hardouin, le père Tournemine, Despréaux, Rousseau, le président Bouhier etc. Newton et Pope le traitèrent à Londres, comme Clément XI P'avoit traité à Rome, avec une distinction qui supposoit une haute estime. Ses principaux ouvrages sont sa magnifique édition des ouvrages de Cicéron; différentes traductions de cet orateur philosophe, excellentes pour la fidélité, mais dépourvues de chaleur; ses remarques sur Racine, ouvrage digne d'un grammairien homme de goût; un traité de la prosodie Françoise, aussi utile qu'intéressant; et des essais de grammaire, qui ont beaucoup contribué à dégager notre langue des chaînes da grécisme et du latinisme.

PACAUD (Pierre) né en Bretagne et mort en 1760 dans un âge avancé. Formé dans la congrégation de l'oratoire, il s'adonna au ministère de la parole évangélique et

PALLISOT DE MONTENOY (Charles) hé en 1739. M. Palissot est un des meil leurs littérateurs qu'il y ait actuellement en France: les différens ouvrages qu'il a pu bliés font honneur à ses talens; quoique sa haine contre les philosophes l'ait quelquefois rendu injuste, ses jugemens sont en général sûrs et dictés par le goût. 11 a pu blié depuis peu une édition de Voltaire bien supérieure pour l'exactitude à celle de Beaumarchais. Il prépare actuellement, à ce qu'on dit, un cours complet de littérature. Il faut espérer que M. Pallissot y rendra plus de justice à quelques auteurs qu'il a trop maltraités dans ses premiers écrits.

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PANARD (Charles-Francois) né à Couville, près de Chartres, et mort à Paris en 1765, à 74 ans. Marmontel a surnommé Panardle la Fontaine du Vaudeville, dont il a été le père. Il ressembloit plus à ce poëte par son caractère. C'étoit le même désintéressement, la même probité, la même douceur de meurs. Cet homme qui savoit si bien aiguiser les traits de l'épigramme, ne s'en servit jamais contre personne; il chansonna le vice et non les vicieux. On a recueilli ses œuvres, où l'on trouve beaucoup de facilité, de naturel, de sentiment, d'esprit, et de bon sens, mais trop de négli gences, de longueurs, et de fautes contre la langue et la poésie. Cet auteur n'avoit pas fait les études ordinaires; il dut tout à la nature, et rien à l'art.

PARISIÈRE (Jean-César Rousseau de la)

né à Poitiers en 1667 et mort en 1737 à Nimes dont il étoit eveque. Les belles-lettres avoient occupé la Parisière dans sa jeunesse; et elles adoucireut les maux dont il fut affligé sur la fin de ses jours. Ses premieres productions avoient été des poesies ingénieuses, si l'on en juge par la fable allégorique sur le bonheur et l'imagination que Mide. Bernard nous a conservée. La modestie ou l'amour-propre de ce prélat le porta à les brûler dans un age avance. On a publié depuis sa mort des harangues, panégy riques, sermons de morale et mandemens qu'on a pu rassembler. Le style en est serré et concis ; mais cette concision est quelque fois une source d'obscurité, et d'autrestois d'une grande force.

pondit Boileau, lisons les lettres provinciales et croyez-moi, ne lisons pas d'autre livre. Bossuet interrogé lequel de tous les ouvrages écrits en François, il aimeroit mieux avoir fait, répondit: les provinciales. Le célè bre chancelier d'Aguesseau pensoit de même. Ce grand homme avoit destiné les dernières années de sa vie à travailler à la défense de la religion contre les athées, les libertins et les juifs: il avoit jeté sur le papier quel ques idées sur l'ouvrage qu'il méditoit. Ce sont ces fragmens qu'on a rassemblés sous le nom de pensées et dans lesquells on reconnoit cette force, cette sublimité de génie, cette précision qui le distinguoient. (rayez ce qui est dit de Pascal § 234 du second livre de cette collection.

PASSERAT (Jean) né a Troyes en Champagne en 1534 et mort à Paris en 1602. Après avoir étudié le droit à Bourges, il se rendit à Paris, où il enseigna les belles-lettres dans les colléges de l'université, et où il obtint la place de professeur royal en éloquence. Ses leçons furent très-suiries; et Henri III et Charles IX lui donnèrent des marques d'estime. Son ardeur pour l'étude étoit extrême; il passoit souvent des journées entière: sans prendre aucun repos. Cette opiniâtreté au travail le conduisit au tombeau. Cet écrivain s'est principalement distingué par des poésies Latines et Françoises: quoique le langage de ces dernières ait vieilli, on les lit encore avec plaisir pour les traits ingénieux et les grâces naïves qu'elles offrent: on y trouve d'ailleurs la plus grande facilité, de la gaieté, point de recherche pour l'expression, ni pour la pensée, et toujours le ton le plus aimable. la composé avec Rapin les vers de la satire Ménippée.

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PASCAL (Blaise) né à Clermont en Auvergne l'an 1623 et mort à Paris en 1662 à 39 ans, Pascal fut un grand homme dès son enfance. Son père fut son précepteur. Les mathématiques eurent pour lui un attrait singulier: mais son père lui en cacha avec soin les principes, de peur qu'elles ne le dégoutassent de l'étude des langues. Le jeune Pascal, gêné dans son goût pour la géométrie, ne devint que plus ardent à l'apprendre. Sur la simple définition de cette science, il devina, par la seule force de son génie, jusqu'à la 32 proposition d'Euclide. Son père, cédant à la nature, mit entre ses mains les élémens du philosophe Grec. I en saisit si bien toutes les difficultés qu'a l'âge de 16 ans il publia un traité des sections coniques qui fut admiré des hommes consommés dans cette science; Descartes ne voulut pas croire qu'il fût de lui. De la géométrie, Pascal passa aux autres branches des mathématiques, et s'y montra supérieur. A 19 ans il inventa la machine d'arithmétique; à 23 il découvri tla pesanteur PATIN (Gm) né en 1601 à Houdan, péde l'air etc. Ce génie supérieur pour les tite ville du Beauvoisis, et mort à Paris en sciences ne l'empecha pas de s'occuper des 1672. Patin avoit pris le bonnet de docteur vérités de la religion: il résolut mème d'en en médecine. Ce fut à Paris qu'il exerça son faire son étude particulière, et pour s'y art, et il y fut moins connu par son habileté, livrer avec plus de fruit, il se retira à Port- que par l'enjouement de sa conversation et Royal des champs. Ces célèbres solitaires par son caractère satirique. Les querelles étoient alors dans Pardeur de leurs disputes de l'Antimoine, qui s'élevèrent de son temps avec les jésuites. C'est alors qu'il composa dans la faculté de medecine de Paris, donles fameuses lettres provinciales, ouvrage nèrent beaucoup d'exercice à la bile de Paunique en son genre et qui est la première tin. Il a publié quelques ouvrages, et entre époque de la fixation de la langue. Il n'y autres 5 volumes de lettres qu'on doit lire a qu'un seul mot qui depuis 150 ans, se soit avec défiance. La plupart de ses anecdotes ressenti du changement qui altère souvent - politiques ou littéraires sont fausses ou mal les langues vivantes. Les meilleures conté- rendues; et d'ailleurs il y déchire impitodies de Molière n'ont pas plus de sel, et yablement ses amis et ses ennemis. Bossuet n'a rien de plus éloquent : aussi Boileau les regardoit avec raison comme le plus parfait ouvrage en prose qui fût dans notre langue, et il le disoit meine aux jésuites. Un jour qu'il s'entretenoit avec Bouhours sur la difficulté de bien écrire en François, il rejetoit tous les auteurs que celui-ci lui citoit comme modèles. Quel est "donc, selon vous, lui dit Bouhours, l'écrivain parfait ? que lirons-nous?....Mon père, ré

PATRIX (Pierre) né à Caen en 1585, et mort à Paris en 1672, à 88 ans. Patrix se livra de bonne heure à la poésie, et composa des pièces licencieuses qu'il supprima ensuite autant qu'il put. Entré chez Gaston d'Orléans, il suivit constamment ce prince dans la bonne et dans la mauvaise fortune, et après sa mort, il fut attaché à Marguerite de Lorraine, sa veuve. I fit les délices de cette cour par son esprit et par son enjoue

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