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réputation. On ne l'appelait que le Gentil Bernard. En 1771, victime du dieu qu'il avoit chanté, il perdit la mémoire, et tomba bientot apres dans la démence c'est dans cet état qu'il traina pendant cinq ans une ombre de vie pire que la

mort...

BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, voyez SAINT-PIERRE.

BERNIS (François-Joachim de Pierre de) ministre des affaires étrangères, archevêque d'Alby, cardinal, de l'académie Françoise né en Languedoc en 1715 et mort à Rome, où il étoit ambassadeur, en 1791. Les poésies de M. le cardinal de Bernis sont des productions de sa jeunesse et se ressentent de l'âge où elles ont été composées. Du feu, de l'élégance et de la facilité, voilà l'éloge qu'elles méritent; trop d'abon dance, la répétition des mêmes idées jusqu'à Tépuisement, et quelquefois un style incorrect et trop maniéré, en voilà les défauts. Son épitre sur la paresse a tout le charme, toute la mollesse des poésies de Chaulieu, et ses odes anacréontiques, ont l'aimable aisance qui caractérise ce genre. H ya dans ses épitres, dans ses quatre saisons et dans ses quatre parties du jour des tableaux charmans, mais le ton n'en est pas toujours soutenu. Il est inutile d'observer qu'il y a quelquefois des choses trop libres, et une morale trop épicurienne. Mais personne 'ignore que M. le cardinal de Bernis a souvent gémi d'une faute que les grands services qu'il a readus à l'état et à la religion ont bien effacée. Son poëme sur la religion prouve d'ailleurs que ces poésies n'étoient qu'un jeu d'esprit, auquel le cœur n'eut jamais part.

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BERQUIN (——————— -) né à Bordeaux en 17**, et mort à Paris en 1792. On a de cet auteur des idyles publiées en 1794, qui eurent une espèce de succès dans leur nouveauté, mais dont on ne parle plus de puis long-temps. Ses romances se sont mieux soutenues; en effet il y règne un ton de sensibilité qui les fait lire une fois avec plaisir; mais la versification, qui en est foible, monotone et prosaïque, engage peu à en recommencer la lecture. Son ami des enfans, quoique foible d'expression et de pensées, est plus connu, et mérite de l'être à quelques égards. On en a publié chez M.M. Dulau et Co, un choix en un volume qui a été très bien accueilli. Il est fàcheux que Berquin ait cessé de travailler pour la jeunesse dans un âge où il eut pu être véritablement utile: mais le fanatisme révolutionnaire le porta vers d'autres objets. Cet homme, que, d'après la lecture de ses ou vrages, on auroit cru si doux, changea tout à coup; il devint fanatique. La rédaction du moniteur, tâche au-dessus de ses forces, le conduisit bientôt au tombeau.

BILLAUT (Adams), né à Nevers en ***

et mort dans la même ville en 1662. Billaut, appelé par ses contemporains le poète au Rabot, parce qu'il étoit menuisier, n'avoit point fait ses études: mais né avec du talent pour la poésie, il publia, quelques pièces de vers qui eurent de la vogue dans le temps, mais qui sont à présent entièrement oubliées. On trouvera dans la bibliothèque portative les deux seules qu'on voie avec plaisir dans un recueil. Billaut mérita par ses qualités personnelles d'avoir des proLe cardinal de tecteurs et des amis, Richelieu et le duc d'Orléans lui firent des pensions et voulurent l'attirer à la Cour: mais il préféra sa patrie et son état à toutes les espérances de fortune. Maignard disoit que les muses ne devroient être assises que sur des tabourets faits de la main de ce poete menuisier. Le duc de Saint-Aignan l'honors d'un quatrain dont les deux derniers vers sont obd 0871276 zaprzioa sb

Que pour les vers et pour le nomi Il étoit le premier des hommes, is ab 12190 211, 678 BLETTERIE (Jean-Philippe-René de Lay né à Rennes en 16** et mort à Paris en 1772, dans un âge très-avancé. Ce lifte rateur estimable fut d'abord, professeur: d'éloquence au college royal de Paris.up commença assez jeune donner des ouvrages qui lui frrent honneur: les plus estimés sont l'histoire de l'empereur Julien, celle de l'empereur Jovien, et la traduction des mœurs des Germains et de la vied 487 cola La vie de Tacile mise à la tête de ce dernier ouvrage, est remarquable par force des pensées et la fermeté du style Son attachement pour la religion qui ne se dementit jamais lui attira des sarcasmes de la part de Voltaire: mais il se consola de cette injustice par la pratique des overlus chrétiennes. Bon esprit plutôt que de bel esprit, doué de plus de jugement que d'ima gination, il eut le mérite de savoir choisir ses amis et de les conserverTacite étoit son auteur favori: je dois tout à Tapite disoit-il, il est bien juste que je consacre à sa gloire le reste de mes jours. La Bletterie étoit de l'académie des belles-lettres. 24353

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BOCAGE (Marie-Anne le Page du) motle depuis peu dans un âge très-avancé dans sa maison de campagne en Normandie où elle vivoit depuis long-temps. Mde, du Bocage se fit connoître de bonne heure par des productions en vers et en prose qui font hop neur à ses talens: ses œuvres recueillies en trois volumes in So, eurent du succès: mais on en attribua une grande partie à M. du Bocage. Ce qui paroît autoriser ce bruit, c'est qu'elle n'a rien publié depuis, 176 Quoiqu'il en soit, elle a été une des fem mes les plus aimables de son temps, et c'est ainsi qu'on en a jugé à Londres, à Rome et à Paris. Voltaire, qui ne prodiguoit

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pas les louanges, a rendu hommage à sa beauté, à ses grâces et à son esprit.

BOISGELIN (Jean de Dien Raymond de), né à Rennes en 1732, évêque de Lavaur en 1765, archevêque d'Aix en 1770, reçu à l'académie Françoise en 1776, de l'assemblée constituante en 1789, émigré en 1791, et après onze ans d'émigration avec ses illustres confrères, rentré en France en 1802 où il a été nommé à l'archevêché de Tours, et quelques mois après promu au cardinalat. Le discours pour le sacre de Pinfortuné Louis XVI, Poraison fanèbre du roi Stanislas, et celle de la Dauphine le firent mettre au nombre des brateurs François. Le style en est pur, les pensées fines, mais on y désireroit quelquefois plus de naturel et de feu.

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BOISMONT (Nicolas Thirel de) de l'académie Françoise, prédicateur du roi, mort à Paris en 1786. On n'a publié de l'abbé de Boismont que le panégyrique de SaintLouis et trois oraisons funèbres, où il y a de l'esprit et de l'élégance, mais peu de ces grands traits qui caractérisent ce genre. Ses sermons, qui lui avoient d'abord donné de la célébrité, n'ont point été imprimés: mais on croit en général qu'ils n'eussent point ajouté à la réputation de leur auteur. sb Tayor sysilos besosupotel

BOSSUET (Jacques Benigne) ne à Dijon en 1727, et mort en 1704 à l'âge de 77 ans, Bossuet annonça dès l'enfance les grands talens qu'il devoit déployer par la suite. Présenté à l'âge de 16 ans à l'hotel de Rambouillet, il prononça sans être préparé, sur un sujet qu'on lui donna, un discours qui le fit Tegarder comme un prodige par tous les beaux esprits qui s'y rassembloient.Ayant été chargé de prêcher l'avent de la cour en 1661, et le carême en 1662. il plut si fort au roi, que sa Majesté fit écrire en son nom, à son b père, intendant de Soissons, pour le féliciter d'avoir un fils qui l'immor taliseroit. Quelques années après il fut nommé a l'évêché de Comdom, dont il se démit pour se livrer tout entier à l'éducation de Mgr. le Dauphin. C'est pour son illustre élève qu'il composa le célèbre discours sur l'histoire universelle, et sa politique sacrée: ses oraisons funèbres, aux quelles on ne peut rien comparer, furent prononcées à différens temps. On peut voir ce qu'a été Bossuet et comme orateur et comme historien dans les § 225, 226 et 253 du second livre de cette collection. M. le cardinal Maury qui a retrouvé ses sermons, en a été l'éditeur, et dans un discours trèsbien fait, a donné à ce grand homme la première place dans l'éloquence de la chaire. (Voyez le § 234. ibid.) Ses excellens ouvrages de controverse lui firent donner de son vivant le nom de père de l'église zélé pour la foi, il eût voulu l'étendre partout; et, pour y réussir, il avoit formé un

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plan propre à réunir toutes les communions chrétiennes. On connoît sa réponse Louis XIV a l'occasion de sa dispute avec Fénelon qu'auriez-vous fait, si favois pro tégé M. de Cambrai? lui demanda le roi Sire, répondit-il, J'aurois crié vingt fors plus haut: quand on défend la vérité on est assuré de triompher tot ei tards a C'est ce grand homme qui défendit des libertés de Peglise Gallicane contre les prétentions de la cour de Rome, et qui fut l'anteur de la célèbre déclaration du clergé de France en 1682. Ses mœurs ne furent pas moins pures que sa foi. L'académie Françoise le compte parmi les membres qui l'ont le plus illustrée. betoolibong 25

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BOUFFLERS (N. chevalier de) émigré à Berlin, où il avoit trouvé un asile chez le prince Henri, et rentré en France. a de lui un petit recueil de vers et de prose. Ses vers, où il y a de la légéreté, de la grâce, de l'esprit, sont, en général, trop libres, pour qu'il ait eté possible d'en insérer beaucoup dans ce recueil. Des saillies ou des équivoques indécentes n'auroient jamais dû voir le jour. Sa reine de Golconde, et ses lettres sur la Suisse sont écrites avec toute la légèreté, et tout l'agré ment que répandent sur les objets les personnes élevées dans le grand monde.

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BOUHOURS (Dominique) né à Paris en 1628, et mort dans la même ville en 1709. Entré à l'âge de 16 ans chez les jésuites, professa avec distinction les humanités; et fut chargé ensuite de veiller à l'éducation des jeunes princes de Longueville Quoique le père Bouhours ne soit pas au nombre des génies et des beaux esprits qui ont lustré le siècle de Louis le grand, on ne peut disconvenir que quelques-uns de ses ouvrages n'aient contribué à la perfection de la langue et du goût. On fira toujours avec instruction ses entretiens d'Aristeet d'Eugène, quoiqu'il y ait trop de recherche dans le style. Sa manière de bien penser sur les ouvrages d'esprit, est un bon guide pour les jeunes gens qui veulent avon des idées saines et un goût sûr en littérature. Malgré l'inutilité et les minuties de quelques observations, ses remarques et doutes sur la langue Françoise méritent les suffrages de tous ceux qui tiennent à la pureté du langage, et c'est pour cet ouvrage que Voltaire a mis Bouhours dans le temple du goût.

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BOURDALOUE (Louis) né à Bourges en 1632 et mort à Paris en 1704. Bourdaloue entra à 16 ans chez les jésuites de sa province. Ses grands talens qui se dévelop pèrent bientôt dans cette société éclairée, engagèrent ses supérieurs à l'envoyer à Paris, où il ne tarda pas à se montrer avec eclat. ses sermons attirèrent une foule d'auditeurs. Louis XIV. qui en entendit parler, le désigna lui-même pour prêcher

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devant lui, et ce grand roi, si juste apprécialeur du mérite, voulut, apres l'avoir entendu, l'avoir tous les deux ans pour prédicateur. J'aime mieux ses redites, disoit ce grand roi, que les choses nouvelles a'un autre., Ce qui distingue principalement ses sermons, c'est la force du raisonnement; et véritablement les idées sont si bien liées les unés avec les autres, qu'elles forment un tout dont il est très difficile de détacher des morceaux. Despréaux et Voltaire l'ont regardé comme un des hommes qui font le plus d'honneur à la France. M. le cardinal Maury lui préfère Bossuet: mais tous les hittérateurs actuels s'accordent tous à mettre

Massillon au-dessus de lui.

BOURSAULT (Edme) né à Mussi-l'évêque en Bourgogne en 1638 et mort à Montluçon en 1701, à l'âge de 63 ans.. Boursault ne fit point d'études, et ne sut jamais les lanques savantes. A son arrivée à Paris en 1651, il ne parloit que le patois Bourguignon: mais la lecture des bons livres François suppléa à ce qui lui manquoit du côté de l'éducation. Le premier ouvrage qu'il publia eut pour titre, de la véritable étude des suverains. Cet ouvrage, quoique médiocre fut si bien accueilli, que le roi l'auroit nommé sous-précepteur de mgr. le Dauphin, s'il avoit su la langue Latine. Il publia ensuite tous les huit jours une gazette en vers, qui amusa la cour et la ville, et qui Qui valut une pension de 2000 livres; mais s'y étant imprudempient égayé aux dépens des cordeliers et des capucins, on supprima Ja gazette et il perdit sa pension. Les seuls Ouvrages qu'on lit à présent de Boursault sont Esope à la ville, Esope à la cour, et le Mercure gulant, comédies estimées, mais du second ordre. Thomas Corneille qui aimoit et estimoit Boursault, vouloit qu'il demandát à être de l'académie Françoise: mais il lui dit avec une modestie d'autant plus estimable qu'elle est plus rate, que feroit l'académie d'un sujet igare et nou detiré, qui ne sait ni Grec ni Latinas

BRET (Antoine) né en 1717 et mort depuis peu. Il se fit d'abord connoître par les articles qu'il fournit aux journaux, et ensuite par la rédaction de la gazette de France: mais ces occupations lui laissèrent assez rle temps pour donner quelques pièces de théâtre et un recueil de poésies fugitives. Le rédacteur de ces notices n'ayant pas pa trouver ces ouvrages, ne peut les juger, Quant à ses notes et à ses remarques sur Molière, il joindra bien volontiers son suffrage à celui de toutes les personnes de goût qui s'accordent à les regarder comme très utiles et fort justes: mais il observera néau moins que l'amour pour cet immortel comiqre a quelquefois porté cet habile com mentateur à excuser ou du moins à pallier des fautes réelles.

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BROSSETTE (Claude) né à Lyon en 1671 et mort dans la même ville en 1747. Bros

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sette entra d'abord chez les jésuites, qu'il quitta quelques années après. Il se fit recevoir avocat et fut bibliothécaire de la belle bibliothèque de Lyon Les deux ouvrages qui lui ont fait un nom dans la république des lettres sont ses éclaircissemens histo riques sur les satyres et autres œuvres de Boileau-Despréaux, et son commentaire sur les satyres et autres œuvres de Regnier: mais parmi beaucoup de notes utiles et d'anecdotes intéressantes, on en trouve trop souvent de minutieuses et de futiles. Bros sette étoit en correspondance suivie avec un grand nombre de gens de lettres, surtout avec Despréaux, J. B. Rousseau et Voltaire...

BRUEYS (David-Augustin) né à Aix en 1640 et mort à Montpellier en 1723, à 83 ans. Les premiers essais de Brueys dans Part d'écrire furent des ouvrages de controverse. Ce début n'annonçoit pas qu'il seroit un jour un de nos plus agréables poëtes comiques. Mais le désir d'avoir l'entrée gratis au spectacle lui fit essayer la carrière du théâtre. Palaprat, son intime ami, et lui travaillèrent de concert, et publièrent différentes pièces qui eurent différens succès. Palaprat néanmoins y eut la moindre part. De toutes leurs pièces recueillies en 5 volumes in 12, il n'y en a que trois de restées au théâtre; le Must, dont le fonds, est imité de l'Eunuque de Térence, où l'on trouve des situations heureuses, mais dont la conduite est défectueuse; l'Avocat Patelin, pièce ancienne du temps de Charles VII, et qui n'a rien perdu de sa naïveté, lorsqu'elle a été rajeunie dans la langue du siècle de Louis XIV. elle est pleine de traits naïfs et plaisans, qu'on a retenus et qui sont passés en proverbe et le Grondeur qui est bien audessus de l'Avocat Patelin. Le caractère de M. Grichard est parfaitement dessiné, C'est une de nos petites pièces, qui a le plus de mérite et d'agrément. Une chose digne de remarque, c'est que l'association de Brueys et de Palaprat ne produisit jamais entre eux de jalousie.

BRUN (Denis le) ancien secrétaire des commandemens de ingr. le prince de Conti. la publié des odes et quelques autres poésies qui ont de la chaleur, de l'imaginas tion et même de l'enthousiasme mais on lui reproche avec raison de n'avoir pas assez respecté la langue. Ses partisans l'ont comparé à Rousseau, mais il est infiniment audessous: son ton est rarement soutenu, et ses images ne sont pas toujours heureuses. On ne doit pas confondre ce poëte avec Antoine-Louis le Brun né à Paris en 1680 et mort dans la même ville en 1743. On a de celui-ci des Odes galantes et bacchiques, des Fables et des Eprigrammes au-dessous du médiocre.

BRUYERE (Jean de la) né en 1644 dans un village proche Dourdan, dans l'ile de France, et mort à Paris en 1896. Bossuet, qui avoit

en lui un homme supérieur, le près de M. le duc, pour lui enhistoire. Ses Caractères de Théoaduits du Grec avec les mœurs de nt porté son nom dans toute l'Eulolière et lui ont corrigé plus de et mis plus de bienséances dans -, que tous les moralistes anciens et s.On trouvera le vrai caractère vrages au numéro 236 du second ette collection, La Bruyère étoit émie Françoise.

N (George-Louis le Clerc, comte Bourgogne en 1707, mort à Paris de l'académie Françoise, directeur du roi. Buffon est un des meilivains dont da France s'honore. ire naturelle, générale et particuin des plus beaux monumens littéexistent chez aucune nation. Que se, d'élévation, de pureté et d'élés le style! quel brillant, quel feu, stesse dans les images! quelle quelle vérité, quel naturel dans ses ! sous sa plume tout s'embellit, et spirer. Il ne décrit pas la nature, , et tous ses traits ont le coloris S'il s'est quelquefois égaré dans ons, il reçut avec tranquillité les is qu'on en fit, quoique souvent nt amères. Jamais il ne répondit ique, même injuster Sans cabale, gue, attaché à ses devoirs, à ses ses amis, il fut estimé de ses en mes l'envie, em attaquant ses ouespecta ses vertus. Pendant une ernières maladies, Louis XV, qui estimoit Buffon, envoya plusieurs ir de ses nouvelles, attention qui pas moins ce bon prince que le he qui en fut l'objet.

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(Roger, comte de Bussi-Rabutin) yen Nivernois l'an 1618, et mort en 1693. Le comte de Bussy se de bonne heure dans le monde râces de son esprit: mais le mauge qu'il en fit lui attira une détenmois à la bastille, et un exil de 17 n histoire amoureuse des Gaules, où = des portraits peints avec autant de vérité, et qui étoit l'histoire e mesdames d'Olonne et de Châs volta tous les honnêtes gens, et ontre lui tout le monde... Dans ce cle un ton de dépravation n'étoit our réussir. Ce fut la source de nalheurs de sa vie. Forcé de vivre Cour, le comte de Bussi continua rles lettres, et on dut à sa retraite Ouvrages qui eurent du succès dans Le seul qu'on lise encore, quoitrien de bien saillant, est son dis es enfans sur le bon usage des adverir les divers événemens de sa vie. este est oublié; même jusqu'à ses P. 4.

lettres, quoiqu'elles aient en beaucoup de vogue. Dans ce genre Mde. de Sévigné, sa cousine, et Voltaire ont tout éclipsé. It étoit de l'académie Françoise, et l'on remarqua que son discours de réception étoit aussi plein d'esprit que de fanfaronades. CÉPÈDE (

) M. de la Cépède a déjà publié l'histoire des serpens, celle des ovipares, et celle d'une partie des pois? sons. Ces ouvrages qui lui font honneur, prouvent qu'il étoit digne de succéder à Buffon, et d'être après lui l'interprète de la nature. On ne peut qu'être affligé qu'un littérateur qui pouvoit se renfermer dans sa partie, ait préféré les orages de la révolution à la jouissance de son cabinet et qu'il ait sacrifié à de longues séances révolutionnaires un temps qu'il dépendoit de lui de rendre si utile à l'instruction des hommes.

CAILLY (le chevalier Jacques de) né à Orléans et mort vers l'an 1674. La Monnoie a inséré dans un recueil en deux volumes les petites pièces échappées à la gaîté de Cailly. Ce sont des épigrammes dont quelques-unes ont de la finesse, et une versification aisée; mais qui pour la plupart ne sont qu'un jeu de mots. Le style en général en est incorrect.

CERUTI (Jean-Antoine) pé en Piémont en 1738 et mort en 1792. Il étoit jésuite dans le temps de la dissolution de la société en France, Il fut chargé par ses confrères de rédiger l'apologie de leur institut sous la direction des pères Menou et Bertier, qui lui en fournirent le plan et le fonds, et qui la corrigèrent avant de la livrer à l'impression. La péroraison en est éloquente. Les pères Menou et Bertier en laissèrent tonte la gloire au jeune Ceruti, qui, étant venu à Paris où les philosophes triomphant de la chute d'un corps qu'ils craignoient, cherchoient à faire des proselytes, et à répandre leurs principes destructifs de toute société. Caressé par eux Ceruți ne s'en défia pas et pompant insensiblement le poison de l'incrédulité, donna dans tous leurs travers. II eut le malheur de vivre et de mourir dans ces sentimens.

CHAMFORT (Sébastien-Rock-Nicolas) né en 1741 et mort en 1794. Les éloges de Molière et de la Fontaine, sa jeune Indienne et quelques pièces en vers où il y a de l'esprit et de l'élégance firent de bonne heure sa réputation à laquelle ses autres ouvrages ont ajouté peu de chose. Malheureusement imbu des principes philosophiques du temps, il donna dans la révolution, et au lieu des avantages qu'il s'en étoit promis, il y trouva une mort prématurée.

CHAPELAIN (Charles-Jean-Baptiste ley né en 1710 et mort en 1780, entra chez les jésuites, il s'y forma à l'éloquence de la chaire, et ne tarda pas à mériter les applaudissemens de Paris et de la cour. Ses ser mons recueillis en 6 volumes sont peu lus

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présent, quoique le style en soit clair, le raisonnement serré et les péroraisons pathé tiques.

CHATELET (Gabrielle Emilie de Breteuil, marquise du) née à Paris en 1706 et morte d'une suite de couches en 1749 au palais de Luneville. Dès la plus tendre enfance, Emilie de Breteuil, donna des preuves de la justesse, de la vivacité et de la pénétration de son esprit. Dès qu'elle fut en age d'être mariée, elle fut recherchée par plusieurs grands seigneurs ; le marquis du Chatelet fut celui qu'elle préféra. Le mariage ne l'éloigna pas de létude, ni l'étude du monde. Elle sut trouver du temps pour tout. Son premier ouvrage fut l'explication de la philosophie de Leibnitz. C'est après la publication de cet ouvrage que Voltaire lui fit connoître le grand Newton: elle le lut avec avidité et frappée de la sublimité et de -la vérité de son systéme, elle entreprit la traduction de ses principes et les commenta. Mde. du Châtelet aimoit et recherchoit la société des gens de lettres: personne n'ignore ses liaisons avec Voltaire. Née avec une éloquence forte et persuasive, elle n'en faisoit usage que lorsqu'elle avoit des objets dignes d'elle. Le mot propre, la précision, la justesse et la force étoient le caractère de son style; mais cette fermeté sévère et cette trempe vigoureuse de son esprit ne la rendoient pas inaccessible aux beautés du sentiment. Les charmes de la poésie et de la vraie éloquence la transportoient, et son oreille étoit extrêmement sensible aux beautés de l'harmonie. L'étude de sa langue fut une de ses principales occupations. En un mot, madame du Châtelet à fait hon neur par la variété de ses talens à son siècle et à son pays et a mérité ies éloges que Voltaire en a faits.

CHAULIEU (Guillaume Amfrye de) né à Fontenai dans le Vexin Normand en 1639, et mort à Paris en 1720, à l'âge de 81 ans. Elève de Chapelle, l'abbé de Chaulieu en eut l'enjouement, les grâces et le goût pour le plaisir ses vers, qui n'étoient qu'un inspiration du sentiment, et qui respiroient la volupté, lui firent donner le nom d'Anacréon du Temple. Voltaire l'a appelé avec raison le premier des poëtes négligés, et c'est sous ce rapport qu'il l'a placé dans le temple du goût. En effet, jusque dans ses meilleures pièces il y a des négligences qu'on ne pardonneroit de nos jours à aucun écrivain. On verra par les pièces de Chaulieu insérées dans cette collection que ses vers éxpriment avec feu les sentimens du cœur, et que son imagination est tour à tour simple, naïve, enjouée, originale, et même brillante. Horace et Anacréon sont les deux poëtes de l'antiquité avec lesquels il a le plus de ressemblance; il en a l'heu reux abandon. Néanmoins on y trouve quelquefois des longueurs. On sera peutêtre étonné qu'on ait inséré un si petit

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nombre de pièces de ce poëte agréable; mais l'Epicurisme qui en fait le fond, et des négligences trop fréquentes en ont fait rejeter beaucoup.

CHATEAUBRIANT (N~~) né en Bretagne. M. de Châteaubriant dans le temps de son émigration à Londres a publié des ouvrages qui annonçoient beaucoup de connoissances en histoire, et une imagination forte et ardente. Rentré en France, il a publié a Paris le Génie du christianisme, qui est une espèce d'apologétique de la religion chrétienne contre les attaques et les inculpations du philosophisme. On peut dire de cet ouvrage, qui fait honneur à son auteur, qu'il a mérité les critiques et les éloges qu'on en a faits: les critiques par des écarts d'imagination, quelquefois par trop d'enflure, et souvent par de grandes inégalites de style; et les éloges, par un fonds d'idées sublines, neuves ou intéressantes, par un style énergique et plein de feu, et par des tableaux à grands traits, dessinés avec hardiesse et peints avec force...

COLARDEAU (Charles-Pierre) né à Janville dans l'Orléanois en 1735 et mort à Paris en 1776, dans le moment où il venoit d'être nommé à l'académie Françoise. Peu de poëtes sont comparables à Colardeau pour le méchanisme du vers. Quant au jugement qu'ou doit porter de ses ouvrages, on le trouvera dans le discours de reception de M. de la Harpe, inséré § 62 du troisième livre de cette collection, dans lequel cet habile critique examine les ouvrages de son prédécesseur, et en fait voir les grandes beautés, et les défauts. Des mœurs douces, un caractère uni, une belle âme lui firent beaucoup d'amis. La délicatesse de ses procédés étoit extrême. Ayant appris que M. Watelet traduisoit la Jérusalem délivrée du Tasse, il discontinua la traduction qu'il en avoit commencée: il fit même plus: avant sa mort, il brûla les chants qu'il en avoit déjà traduits.

COLLIN d'HARLEVILLE (—) auteur de quelques pièces de théâtre qui lui ont acquis la réputation de bon comique. En effet dans ses châteaux en Espagne dans son optimiste et dans l'inconstant il y a des scènes où l'on trouve des vers heureux, des situations théâtrales, un dialogue naturel, de la gaieté, en un mot le ton de la bonne comédie. Il a aussi donné aux journaux différens morceaux de poésie, dont les vers sont de beaucoup inférieurs à ceux de ses comédies.

CONDAMINE (Charles Marie de la) né à Paris en 1701 et mort dans la même ville en 1774. Livré dans sa jeunesse au plaisir, il y renonça bientôt pour satisfaire sa passion pour les sciences. Il entreprit par goût différens voyages qui les avoient pour objets. Choisi par Louis XV. pour faire avec M. M. Gobin et Bouguer le voyage de l'équateur, afin de déterminer la figure de la terre, il

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