Page images
PDF
EPUB

dinal Command n, et des lettres. Il étoit de l'academie Francoise.

FLEURY (Clawi) né à Paris en 1610, et mert dans la même ville en 1725, à l'age de 83 ans. Fleury annonça de bonne heure un grand amour de la retraite et de l'étude. Entré dans Fetit ecclésiastique, il s'y distingua kentôt par ses vertus et par ses Jumières. Tous ceux qui le connoissoient, Pannoient autant qu's l'estimoient. Sa réputation se répandit dans la capitale et à la cour. On lui confia l'éducation du prince de Conti et ensuite celle du comte de Vermandois. Ses soms auprès de son élève lui valurent la place de sous-précepteur des aucs de Bourgogne, d'Anjou et de Berri. Associé de Fénelon dans ce noble emploi, il eat comme lui l'art de faire aimer la vertu à ses élèves par des leçons plenes de douceur et d'agrémens, et par des exem ples, plus persuasifs encore que ses leçons. ly plut à Louis XIV, 1 juste appréciateur du merite, et obtint même les suffrages des courtisans les plus corrompus par un cœur plein de droiture, par des mœurs pures, par sa vie simple, laborieuse, édifiante et par une mode tie qui ne se démentit jamais, Les ouvrages de cet écrivain qui a mérité le nom de sage, sont 1. Phistoire ecclésiastique, dont on tresvera le vrai caractère dans cette collection § 255 dusecond livre. 2. les mœurs des Israelites, qu'on doit regarder comme le tableau le plus fidèle de la vie des saints de l'ancien testament. 3. les mœurs des chrétiens, ouvrage plein d'onction, de candeur, et de vérité, qui ne plaît pas moins au chrétien qu'au savant et au philosophe, 4. institution an droit ecclésiastique, ouvrage plein de sagesse, etc.

FLORIAN (Jean-Pierre Claris de) né à Florian en Languedoc, et mort à Sceaux en 1795, ágé de 39 ans. Né avec beaucoup d'esprit naturel, de fen et d'imagination, Florian a donné dans presque tous les genres, et, quoiqu'il ne soit dans aucun du premier ordre il mérite une place distinguée parmi les littérateurs de ce siècle. Ses comédies ont de jolies scènes, et ses fables de la finesse et de la légèreté. Ses autres poésies, quoiqu'en géneral prosaïques, ont des traits heureux. Son Numa Pompilius qui eut d'abord beaucoup de réputation, est actuellement à son véritable rang, celui d'une production assez médiocre. Son Gonsalve de Cordoue, quoique moins répandu, est infiniment supérieur. Ce qui caractérise cet écrivain est la pureté et la simplicité du style. On sent en le lisant, que s'il s'étoit moins pressé de produire, et que, surtout s'il ne s'étoit pas laissé emporter à sa facilité, il auroit pu mieux faire. Au reste ses mœurs douces et décentes, son amabilité, la solidité de son caractère lui firent beaucoup d'amis. Il a été de l'académie Françoise.

FONTAINE (Jean de la) né à ChâteauThiersy en 1621 et mort à Paris en 1695, a

74 ans. La Fontaire ignoroit encore à 29 ans ses grands talens pour la poésie. Il se reconnut poëte, en entendant lire une ode de Malherbe. Un de ses parens ayant vu ses premiers essais, lui fit lire les meilleurs auteurs anciens et modernes, François et étrangers. Rabelais, Marot et d'Urfé tirent ses delices. L'esprit de simplicité, de candeur, de naïveté, qui lui plaiscit tant dans ces écrivains, caractérisa bientôt ses onvrages, et le caractérisoit lui-même. "Jama's auteur ne s'est mieux peint dans ses livres, Doux, ingénu, naturel, sincere, crédule, facile, timide, sans ambition, sans fiel, prenant tout en bonne part; il étoit, dit un homme d'esprit, aussi simple que les héros de ses fables. C'étoit un véritable enfant, mais un enfant sans malice. I parloit peu et parloit mal, à moins qu'il ne se trouvat avec des amis intimes, ou que la conversa tion ne roulât sur quelque sujet qui put échauffer son génie. Quant au caractere général de ses ouvrages, on doit fire les

174 et 176 du second livre de cette collection. La Fontaine a été de l'académie Françoise.

FONTANES ( — de ) né en 1761. M. de Fontanes a annoncé de bonne heure de grands talens pour la poésie par de petites pièces insérées dans les journaux du temps Les espérances qu'il avoit données n'ont point été trompeuses. Gutre sa traduction en vers de l'essai sur l'homme de Pope, on connoît de lui la forêt de Navarre, le jardin des plantes, le jour des morts et la chartrewo de Paris. Ces deux derniers ouvrages surtout renferment des beautés du premier ordre, et doivent le mettre au rang des grands poëtes François. On les trouvera dans cette collection, avec son jardin des plantes. Ceux qui ont entendu la lecture d'un grand poënie héroïque auquel il tra vaille, en font le plus grand éloge. M. de Fontanes est actuellement un des principaux rédacteurs du miercure de France, et l'on peut dire que les articles qu'il y fournit sont remarquables par un goût pur, et par une critique aussi judicieuse qu'impartiale.

FONTENELLE (Bernard le Bouvier de) né à Rouen en 1657, et mort à Paris 1757, à cent ans, moins un mois et deux jours. Sa mère étoit sœur du grand Coneille. Il annonça de bonne heure ce qu'l devoit être. Entré dans le barreau, il plaida une cause, la perdit, et se retira. [ se livra à la littérature et à la philosophie De toutes ses poésies, il en est très-peu qu'on lise encore. Ses trois meilleures sont l'églogue intitulée Ismène, le portrait de Clarice, et son sonnet sur Apollon et Daphné, On les trouve toutes les trois dans cette col lection. Ce qui a fait la grande réputation de Fontenelle, ce sont ses entretiens sur la pluralité des mondes, ouvrage unique en son genre, et qui a mérité à son auteur une place dans le temple du goût; et ses éloge

des académiciens de l'académie des sciences,
ouvrage auquel on peut reprocher is
doute trop de négligence, trop de cétails
puérils, trop de rafinement dans les idées,
et trop de recherches dans les ornemens,
mais dont le style est élégant, précis et
Humineux, et où l'on trouve des beautés
réelles. Néanmoins Fontenelle à contribué
à la corruption du goût, par l'abus de
l'esprit. Peu d'auteurs ont joui d'un bon-
heur aussi constant et d'une réputation aussi
brillante. I devoit ce bonheur à la dou-
ceur de son caractère, à la décence de ses
mœurs, à la sagesse de sa conduite et aux
agrémens de son esprit facile et conciliant.
Il s'étoit dit de bonne heure, les hommes
sont søts et méchans, mais tels qu'ils sont, j'ai
à vivre avec eux. On lui demandoit un jour
par quel art il s'étoit fait tant d'amis et pas
un ennemi, par ces deux axiomes, répondit-
il: tout est possible, et tout le monde a raison.
JUSTICE et JUSTESSE étoit sa devise. I
a été de l'académie Françoise.

FREDERIC II. (Roi de Prusse) né en 1710 et mort en 1796. Frédéric a été nonseulement un grand roi, mais un grand écrivain; et c'est sous ce dernier rapport qu'il a sa place dans ces notices. Passionné de bonne heure pour la langue Françoise, il lui donna la préférence sur toutes celles de l'Europe, même sur la sienne, et, après l'avoir étudiée, il s'en servit pour réunir sur sa tête les lauriers d'Apollon et ceux de Mars. Il nous reste de ce grand roi des poésies où l'on trouve l'empreinte d'un génie vigoureux, mais des inégalités sensibles. D'ailleurs étoit-ce à un roi, à professer ouvertement le matérialisme. Ses Ouvrages en prose sont plus estimés, et renferment des choses précieuses, où peuvent puiser avec utilité les historiens, les guerriers, les publicistes et même les littérateurs. Frédéric aimoit, accueilloit et protégeoit les gens de lettres. Il recherchoit leut société, et, dans les soupers qu'il leur donnoit, il vouloit qu'on ne vit en lui que le littérateur éclairé et aimable, et non le roi. Tout le monde connoît ses liaisons avec Voltaire, Maupertuis, etc. Infecté lui-même du philosophisme, il eut encore le malheur plus grand de le répandre, en accueillant avec distinction des écrivains qui, dans des productions hardies, sappoient les fondemens du trône et de l'autel, et qui, pour se soustraire à la sévérité des lois, cherchoient un asile dans ses états. Il est vrai qu'en les protégeant, il savoit les apprécier. Si j'avois, dit-il un jour, une province que je voulusse bien punir, je la ferois gouverner par mes philosophes. L'accueil qu'il leur fit n'en étoit pas moins un tort dans ce prince, et un tort d'autant plus grand que son influence sur son siècle étoit plus marquée; si cette fautet n'eut pas sur ses états l'influence qu'elle pouvoit avoir, c'est

T. III. p. 4.

qu'il avoit sur ses peuples l'ascendant d'un grand homme.

FRERON (Elie-Catherine) né à Quimper en 1719, et mort à Paris en 1776. Fréron entra chez les jésuites, où les pères Brumoî et Bougeant qui reconnurent en lui de grandes dispositions, lui inspirèrent le goût de la belle littérature. Quelques mécontentemens l'avant obligé de sortir des je suites, il aida l'abbé Desfontaines dans la composition de ses feuilles. Il publia luimême un petit journal sous le nom de Lettres à la Comtesse, qui fut bientôt supprimé. Ces lettres reparurent quelque temps après, mais furent souvent interronipues par le crédit des personnes qu'il critiquoit sans ménagement. Ce ne fut qu'en 1754 qu'il commença son année littéraire qu'il continua jusqu'à sa mort. Beaucoup d'esprit naturel, de gaîté un goût sûr, un tact fin, le talent de présenter les défauts avec agrément; l'attachement aux anciens principes; le zele contre la philosophie, l'affectation et le néologisme, caractérisent ce journal toutes les fois qu'il est exempt d'esprit de parti. Mais trop souvent on y trouve des jugemens faux, une malignité qui indispose, et une partialité qui révolte. Le désir de rabaisser Voltaire le rendit injuste. Il exagéra ses fautes, et passa sous silence ou affoiblit ses beautés. Voltaire s'en vengea, en le produisant sur le théâtre dans l'Ecossaise, où il le peignit sous les traits les plus affreux. Cependant Voltaire regardoit Fréron comme un homme de goút. Un seigneur de la cour de Turin, l'ayant prié de lui indiquer quelqu'un à Paris, avec lequel il put prendre une idée de tous les écrits qui paroissoient en France: adressezvous, lui dit Voltaire, à ce coquin de Fréron, il n'y a que lui qui puisse faire ce que vous demandez, Ce seigneur témoigna beaucoup d'étonnement. Ma foi, oui, reprit Voltaire; c'est le seul homme qui ait du goût; je suis forcé d'en convenir, quoique je ne l'aime pas, et que j'aie de bonnes raisons pour le détester. Fréron a publié des opuscules où il y a d'excellentes choses. L'ode sur la bataille de Fontenoi en est tirée.

GILBERT (-) né a Fontenoi-leChâteau près de Nanci en 1751 et mort à Paris en 1780. Gilbert étoit né avec le plus grand talent pour la poésie: plein de feu et de verve, il a peint avec force, mais non pas toujours avec correction. Sa satire du dix-huitième siècle a des beautés qui annoncent une imagination ardente, un génie élevé, une haine sentie contre la dépravation des mœurs, et un vrai zèle pour la religion; mais on est fâché d'y voir quelquefois les emportemens de la passion et les ins justices de l'esprit de parti: sa tirade contre la Harpe prouve combien la prévention pouvoit égarer son jugement. D'ailleurs quand on se permet d'attaquer des hommes

46.

distingués par un vrai talent, il faut être soi-même exempt de défauts; et personne n'ignore que Gilbert dans ses meilleures pieces a des passages défigurés par des vers durs et gigante ques, par l'incorrection du style et par l'impropriété des termes. La chaleur de l'imagination de ce jeune poëte tourna en délire quelques mois avant sa mort. i s'imaginoit que tout le monde lui en vouloit, et dans un accès de fureur il avala une clef d'un volume énorme. Dans ses derniers jours il eut toujours à la bouche les paroles consolantes que fournit la religion, et ferma les yeux à la lumière avec toute la résignation d'un vrai chrétien.

16 ans, en sortit a 26 à cause de l'éclat que fit dans le monde son Vert-Vert, ce badinage si supérieur et si original, qui n'a pas eu d'imitateurs comme il n'avoit pas eu de modèles. En effet il est difficile de trouver dans un ouvrage plus de délicatesse, de grâce et de finesse; un meilleur ton de plaisanterie; plus de sel et d'urbanité; `enfin une broderie plus riche et plus brillante sur un plus chétif canevas. La Chartreuse qui lui succéda, à quelques longueurs près, est un vrai chef-d'œuvre. Il est d'un ordre de poésie et de talent bien supérieur à VertVert. Le Lutrin vivant et le Carème-impromptu sont des badinages ingénieux, où l'on retrouve tout l'art de narrer et d'écrire de l'auteur. Parmi ses autres poésies il n'y a plus que l'épitre à ma sœur qui soit digne de lui. Les ombres et l'épitre au père Bougeant sont des productions bien inférieures à ces chefs-d'œuvre. Lepméchant est une de nos meilleures comédies par la facilité, la variété et les agrémens de la con

GIRARD (Gabriel) né en 1678 et mort à Paris en 1748. l'abbé Girard étoit interprête du roi pour les langues Esclavonne et Russe: il s'étoit adonné de bonne heure à Tétude de la grammaire. Il est le premier qui ait publié en France des ouvrages propres à faire connoître le génie de notre Jangue, et qui l'ait tirée de l'espèce de dégradation où elle étoit avant lui. Le flam-versation, par la vivacité et l'abondance dés beau de la philosophie à la main, il en montra les vrais principes, dans ses discours, qui, quoique écrits avec trop de subtilité, et de recherche dans l'expression, doivent être lus et médités par tous les grammairiens. Mais l'ouvrage qui lui a fait le plus d'honneur, est celui qui est intitulé: Synonymes François, leurs différentes significations, et le choix qu'il en faut faire pour parler avec justesse. Ce livre, plein de goût, de finesse et de précision, subsistera autant que la langue, et servira même à la faire subsister. Voltaire l'avoit toujours sur son bureau.

GRAFFIGNY (Françoise d'Issembourg d'Happoncourt de) née à Nanci en 1692 et morte à Paris en 1758. Mde. de Graffigny après la mort d'un mari dont elle avoit supporté les emportemens et les violences avec une fermeté et une patience héroïques, vint à Paris où bientôt elle se fit connoître par les grâces de son esprit. Ses Lettres Péruviennes eurent le plus grand succès. On y trouva de beaux détails, des images vives, tendres, ingénieuses, riches, fortes, légères; des sentimens délicats, naïfs, passionnés mais néanmoins on y remarqua des défauts essentiels, dont les principaux sont un style souvent alambiqué, et d'autrefois trop peigné, et surtout un ton métaphysique essentiellement froid en amour. Sá Cénie a les mêmes défauts et les mêmes beautés. Ce qui distinguoit mde. de Graffigny et qui la faisoit rechercher dans la société, c'étoit un jugement sain, un esprit modeste et docile, un cœur sensible et bienfaisant, un commerce doux, égal et sûr. On ne pouvoit la voir sans désirer d'être au nombre de ses amis.

GRESSET (Jean-Baptiste Louis) né à Amiens en 1709 et mort dans la même ville en 1777. Gresset entré chez les jésuites à

'saillies, par la vérité des portraits, et par la
peinture des mœurs du siècle. Voilà les
titres de Gresset à l'immortalité. On sera
peut-être surpris qu'il n'ait pas été à couvert
des sarcasmes de Voltaire: mais ce dernier
poëte ne put jamais lai pardonner d'avoir
renoncé au théâtre par principe de religion.
Gresset a été membre de l'académie Fran-
"çoise. Ce fut lui, qui au nom de cette
compagnie, eut l'honneur de haranguer le
malheureux Louis XVI, à son avénement
au trône.

GRIFFET (Henri) né à Moulins dans le Bourbonnois en 1698 et mort à Bruxelles en 1775. Griffet étoit encore chez les jésuites à l'époque de leur destruction. Une mémoire heureuse, un esprit facile, joints à beaucoup d'amour pour le travail, le firent réussir dans plusieurs genres de littérature. Son traité des différentes sortes de preuves qui servent à établir la vérité de l'histoire est un ouvrage judicieux et solide. Ses sermons offrent des plans bien présentés et des preuves solides; ils ont de la clarté et du naturel; mais ils sont dépourvus de chaleur et de coloris.

HAMILTON (Antoine comte d') de l'ancienne maison de ce nom en Ecosse, né en Irlande, et mort en France en 1720. Attaché à la maison de Stuart, il suivit Jacques II en France, où il se fixa. Le comte d'Hamilton fit les délices des personnes du premier rang par les agrémens de son caractère, et celles du public par les charmes de ses vers et de sa prose. Il avoit l'esprit aisé et délicat, l'imagination vive et brillante, un jugement sûr et beaucoup de goût; et, ce qui est supérieur à tous les talens de l'esprit, il étoit doué des qualités du cœur les plus estimables. Comme poëte, le comte d'Hamilton n'a de véritablement bon que sa jolie lettre au comte de

Grammont, mêlée de prose et de vers, le
commencement du Belier et celui des
quatre Facardins.
Tout le reste est mé-
diocre. Ses contes de Fées qu'il fit pour
les dames de la cour qui Pen sollicitèrent
sont ce qu'il y a de mieux dans ce genre.
La bizarrerie des fictions y est poussée
jusqu'à la folie; mais cette folie est si gaie,
si piquante, si bien assaisonnée de plaisan-
téries, relevée par des saillies si heureuses
et si imprévues, que l'on y reconnoît à tout
moment un homme très-supérieur aux ba-
gatelles dont il s'amuse. Fleur d'épine est
plein de traits d'une vérité charmante, et
d'un intérêt attachant dans les caractères et
les situations. Le Belier et les quatre Fa-
cardins ont des beautés originales. Les mé
Roires du comte de Grammout est de tous
les livres frivoles le plus agréable et le plus
ingenieux; c'est l'ouvrage d'un esprit léger
et fin, accoutumé, dans la corruption des
cours, à ne connoître d'autre vice que le
ridicule. L'art de raconter les petites
choses de manière à les faire valoir beau-
coup, y est dans sa perfection.

HARPE (Jean-François de la) né à Paris en 17** et mort dans la même ville en 1803. La Harpe commença à se faire un nom dans les lettres par les différens prix qu'il remporta à l'académie Françoise. Un style pur et élégant, un goût sûr, une crifique judicieuse, un jugement sain, une grande connoissance des principes des différens genres, caractérisèrent ses premiers Ouvrages qui ne tardèrent pas à lui ouvrir la porte de l'académie Françoise. Son attachement au parti philosophique lui suscita beaucoup d'ennemis qui le déchirèrent sans pitié et souvent très-injustement. Il s'en vengea quelquefois dans le Mercure qu'il rédigeoit en partie, et poursuivit tranquille ment sa carrière littéraire. Les nombreux articles de lui insérés dans cette collection le feront assez connoître : nous ajouterons seulement que vers la fin de ses jours on lui a donné le nom de Quintilien François, que, selon toutes les apparences, la posté rité confirmera. En effet son lycée est le cours de littérature le plus complet qui existe dans notre langue et peut-être dans aucune langue moderne, et où les jugemens sur les écrivains anciens et modernes sont les plus justes. Il y a sans doute des longueurs et trop de digressions étrangères au sujet, mais ces longueurs et ces digressions sont des monumens précieux qui attestent les changemens que la plus affreuse des révolutions a faits dans son esprit. Elles prouvent que le philosophisme, en égarant son imagination, n'avoit pas corrompu son cœur, qui étoit naturellement droit et honnête, et la postérité ne verra dans les dernières années de sa vie et dans sa mort chrétienne qu'un exemple de plus du triomphe de la grâce sur les illusions et les égaremens de la raison humaine.

[ocr errors]

HENAULT ( − ) né à Paris et mort dans la même ville en 1682. Hénault après avoir fini son cours d'études, voyagea dans les Pays-bas, en Hollande et en Angleterre, De retour dans sa patrie, il se fit connoître du sur-intendant Fouquet par ses poésies. Son protecteur ayant été disgracié et Colbert mis à sa place, le poëte lança contre celui-ci un sonnet qui offre de très-bons vers, Hénault est non-seulement connu comme poëte, mais encore comme Epicurieu. Ille fut et en fit parade. C'étoit un homme de plaisir, qui cherchoit à calmer les remords de sa conscience par les délires de son esprit: néanmoins il changea de principes et fit une mort chrétienne. Son sonnet de l'Avorton et celui contre Colbert, et la traduction en vers du commencement du poëme de Lucrèce sont ce qu'il a fait de mieux.

HENAULT (Charles-Jean-François) né à Paris en 1685 et mort dans la même ville en 1770. Hénault entra d'abord dans la congrégation de l'oratoire, où il forma son gout, et où il prit une grande connoissance de la littérature. Rentré dans le monde, il continua à suivre son inclination pour le travail, et remporta le prix de l'académie Françoise en 1707. Ses talens et ses connoissances étoient soutenus et embellis par des qualités plus précieuses encore: la douceur des mœurs, la sûreté du commerce, la solidité de l'amitié. Il conserva jusqu'au dernier âge, tout ce qui fait aimer, tout ce qui fait rechercher. Son mérite personnel l'avoit fait nommer président honoraire à la chambre des enquêtes, et sur-intendant des finances de la maison de la reine. Son principal ouvrage est l'Abrégé chronologique de l'histoire de France, ouvrage qui a servi de modèle à ceux qu'on a faits depuis, et quia produit tant de mauvaises imitations: on a encore de lui un théâtre en prose où l'on doit distinguer le réveil d'Epiménide, et des poésies, pleines de grâces, dont très-peu sont imprimées, et qui mériteroient bien qu'on les recueillit. Ses liaisons avec mde. du Châtelet et avec Voltaire prouvent que le président Hénault n'étoit pas un homme ordinaire.

Son

HENRIETTE-MARIE de FRANCE, REINE d'ANGLETERRE, fille de Henri IV et de Marie de Médicis, née en 1609, et morte à la visitation de Chaillôt en 1669. Mariée en 1625 au malheureux Charles I, roi d'Angleterre, elle se montra digne du trône sur lequel la providence l'avoit élevée. caractère ressembloit beaucoup à celui de Henri IV son père. Son cœur étoit noble, ferme, tendre, compatissant; son esprit vif, doux et agréable. On peut voir dans l'oraison funèbre de Bossuet § 26 du 3ẻ. livre de cette collection le grand caractère qu'elle déploya dans les malheurs de sa famille. Sa lettre à Louis XIV est un m�dèle de délicatesse et de dignité.

HOUDARD DE LA MOTTE (Antoine) né à Paris en 1672 et mort dans là même ville en 731. La Motte se fit un nom de bonne heure dans la république des lettres avec beaucoup d'esprit, et un goût vit pour la déclamation et pour les spectacles, il suivit d'abord la carrière du théâtre, et en embrassa tous les genres: sa tragédie d'Inès de Castro eut un grand succes par une scene heureuse et attachante: sa comédie du magnifique, où il y a de l'esprit, de la vérité el des graces, eut aussi danssa nouveauté un grand succès et ce succès s'est toujours soutenu. ses opéras sont sans contredit ce qu'il a de meilleur: son Issé est pleine de Leautés. Depuis Quinault personne n'a porté plus loin l'intelligence de ce théâtre. Ses Odes sont plus philosophiques que poétiques: elles ont des pensées dignes de Socrate, mais rien de ce beau feu qui enlève daus Pindare, Horace et Rousseau. Farmi ses Odes anacréontiques il y en a de trèsjolies. Ses Eglogues n'ont point le caractère du genre: il y a des descriptions de mœurs champêtres bien faites, mais ses bergers sont trop ingénieux. Ses Fables n'ont d'autre mérite qu'un fonds et des dessins bien présentés. En général la versification de la Motte est dure, et sans harmonie. Sa traduction d'Homère le couvrit de ridicule: d'un corps plein d'embonpoint et de vie, il ne fit qu'un squelette aride et désagréable. Sa prose qu'on préfère à ses vers est précieuse, épigrammatique et quelquefois forcée: mais on y reconnoît toujours le philosophe et l'homme d'esprit. Dans aucun genre la Motte n'est au premier rang: dans tous il occupe une place distinguée parmi les écrivains François soit en vers soit en prose. Ami de Fontenelle, il a contribué avec lui à la corruption du goût.

HOULIERES (Antoinette du Ligier de Lagarde, Veuve de Guillaume de Lason seigneur des) née à Paris en 1638 et morte dans la même ville en 1694. La nature avoit rassemblé en elle les talens de l'esprit et les grâces de la figure. Hénauit lui donna les premières leçons de l'art des vers: J'élève surpassa bientôt le maître. Les poésies de mde. des Houlières ont beaucoup perdu de la réputation dont elles ont joui: les vers en sont aisés, mais extrêmement prosaïques. D'ailleurs elles ont toutes la même couleur. C'est partout le même fonds de mélancolie et de sentimens. Ses trois meilleures idylles sont les oiseaux, les moutons et l'hiver. Les autres sont médiocres. Son églogue intitulée Climène lui fait honneur. Dans ses autres poésies on 'doit distinguer les vers adressés à ses enfans, ceux à M. Caze et le rondeau qui commence par ces mots entre deux draps. Mde. des Houlières a été une des plus belles et des plus aimables femmes de son temps: elie ent une foule d'adorateurs, et de ce nombr

étoit le grand Condé: mais en recevant leurs hommages, elle conserva sa vertu.

HOUTEVILLE (Claude François) né à Paris en 1688 et mort dans la même ville en 1742. Après avoir demeuré dix-huit ans dans la congrégation de l'oratoire, il en sortit et fut secrétaire du cardinal Dubois. Le principal ouvrage de Douteville est la vérité de ta religion chrétienne prouvée par les faits. La première édition de cet ouvrage préta beaucoup à ta critique: l'auteur le refondit et en fit un ouvrage très-utile. Quoique bien des incrédules aient écrit depuis tui, ils n'ont point fait d'objection importante à laquelle il n'eût déjà répondu. Il étoit de l'académie Françoi e, et en fut nommé secrétaire perpetuel quelques mois avant sa mort.

JAMIN (Nicolas) né en Bretagne et mort à Paris en 1782. Jamin entra de bonne heure chez les Bénédictins, où il satisfit son amour pour les sciences. Il a publié plusicurs ouvrages estimés, parmi lesquels on distingue ses pensées théologiques. Son dessein y etoit de combattre les incrédules qu'il a eu la maladresse de confondre avec les jansenistes. Cet ouvrage fut supprimé.

aux

JAUCOURT (le chevalier Louis de) mort à Compiègne en 1780. Le chevalier de Jaucourt s'adonna de bonne heure sciences, et s'y distingua. lembrassa tout ce qui regarde la médecine, les antiquités, les mœurs des peuples, la morale et la litté rature. Il a fourni sur ces différens objets des articles à l'encyclopédie dont quelquesuns sont très-bien faits, quoiqu'ils n'aient rien de saillant ni de neuf, Îl trace assez bien les progrès des arts, et le caractère des ar tistes; mais il n'y a jamais une opinion à lui; c'est toujours celle de l'auteur qu'il copie. Aussi y trouve-t-on beaucoup d'inegalité dans le style. Il avoit étudié la médecine sous le célèbre Boerhave, et avoit pris à Leyde le degré de docteur dans la seule vue de pouvoir secourir de pauvres malheureux. il avoit compilé un lexicon medicum universale en 6 volumes in-folio: mais cet ouvrage périt avec le vaisseau qui le portoit à Amsterdam, où il devoit être imprimé. Véritablement philosophe dans sa conduite, le chevalier de Jaucourt préféra la retraite, l'étude et le travail à tous les avantages que pouvoit lui procurer sa naissance.

LACOMBE DE PRESEL (Honoré) né à Paris en 1725. Il a donne un grand nombre de compilations. utiles, parmi lesquelles on distingue le Dictionnaire des portraits des hommes célèbres.

LA FARE (Charles-Auguste, marquis de) né au château de Valgorge dans le Vivarais, en 1644 et mort à Paris en 1712. Le talent de la Fare pour la poésie ne se développa qu'à l'âge de près de 60 ans. Ce fut pour mde. de Caylus qu'il fit ses premiers vers. Ses poésies en général respirent cette liberté,

« PreviousContinue »