Autre incident. Tandis qu'au procès on travaille, Du foin que peut manger une poule en un jour; Je ne suis pas rendu, mais vous, comme je voi, LA COMTESSE.. Deux bottes de foin cinq à six mille livres ! Monsieur, tous mes procès alloient être finis : Ni tout ce qu'ils ont fait; mais on leur a donné De plaider? LA COMTESSE. Comment lier les mains aux gens de votre sorte ? LA COMTESSE. Je n'en vivrois, monsieur, que trop honnêtement; Des chicaneurs viendront nous manger jusqu'à l'âme, LA COMTESSE. Depuis trente ans au plus. Il ne m'en souvient pas; CHICANEAU. Ce n'est pas trop. LA COMTESSE. CHICANEAU. Et quel âge avez-vous? vous avez bon visage. Hélas! Comment c'est le bel âge 10 LA COMTESSE. Laissez faire, ils ne sont pas au bout; J'y vendrai ma chemise, et je veux rien, ou tout. Madame, écoutez-moi, voici comme il faut faire. Oui, monsieur, je vous crois comme mon propre père J'irois trouver mon juge . . Me jeter à ses pieds. Je l'ai bien résolu. LA COMTESSE. Oh, oui, monsieur, j'irai. LA COMTESSE. Oui, je m'y jetterai; CHICANEAU. Mais daignez donc m'entendre. Oui, vous prenez la chose ainsi qu'il la faut prendre. CHICANEAU. LA COMTESSE. Hélas! que ce monsieur est bon! CHICANEAU. Si vous parlez toujours, il faut que je me taise, LA COMTESSE. LA COMTESSE. Mais je ne veux point, monsieur, que l'on me lie. Enfin quand une femme en tête a sa folie . . . LA COMTESSE. Le sot. CHICANEAU. Que n'ai-je des témoins? Voyez le beau sabbat qu'ils font à notre porte. CHICANEAU. Monsieur, soyez témoin. . . LA COMTESSE. Que monsieur est un sot. CHICANEAU. Monsieur, vous l'entendez, retenez bien ce mot. Ah! vous ne deviez pas lâcher cette parole. Vraiment, c'est bien à lui de me traiter de folle, Folle. Vous avez tort; pourquoi l'injurier? CHICANEAU. Que t'importe cela? Qu'est-ce qui t'en revient, faussaire abominable, Brouillon, voleur ! CHICANEAU. Et bon, et bon, de par le diable. Un sergent, un sergent. LA COMTESSE. Un huissier, un huissier. PETIT JEAN, seul. Ma foi, juge et plaideurs, il faudroit tout lier. § 46. Scène du Mercure galant. Racine. SANGSUE procureur au parlement, et BRIGANDEAU procureur au châtelet viennent prier ORONTE auteur du Mercure d'avertir le public qu'une satire contre les procureurs ne regardoit pas ceux de leurs corps. SANGSUE. Monsieur, votre très-humble et très-obéissant, ORONTE. Je vous rends sur ce point grâces du tout mon cœur. SANGSUE. Savez-vous quel dessein en ce lieu me fait rendre? En trois mots je m'en vais vous l'apprendre ; Voici le fait. En l'an six cent quatre-vingt-deux, BRIGANDEAU. Maître Sangsue, ou bien.., Tout beau SANGSUE. Quoi, maître Brigandeau! Sans doubte. SANGSUE. Prétendez-vous nier ce que je dis? BRIGANDEAU, Et moi devant Monsieur qui tous deux nous écoute, ORONTE. Tout doux. Si vous voulez parler, point d'aigreur, je vous prie, Entrons dans le détail de la friponnerie. Combien au parlement, et des plus renommés, Et quand dans cette pièce on voit un procureur Dis-moi qui de nous deux on prétend contrefaire: Et quand un scélérat, qui l'est avec excès, Lorsque d'un chapelier on attrape un chapeau, C'est à toi le premier à me faire un aveu, Ce que tu fais bâtir au faubourg Saint Antoine Et les quatre maisons du quartier Quinquempoix Au mois de juin dernier, un mémoire de frais Et l'hiver précédent, toi qui fais l'entendu, ORONTE. Eh, messieurs, il sied mal, lorsque vous disputez, |