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Il honore à la fois par sa vertu sublime,

Le malheur, la vieillesse, et le trône et l'autel.

Le même.

§ 262. QUATRAINS 1. Sur la violétte,

Modeste en ma couleur, modeste en mon séjour,
Libre d'ambition, je me cache sous l'herbe :
Mais si sur votre front je puis me voir un jour,
La plus humble des fleurs, sera la plus superbe.

Desmarets.

Pour la guirlande de Julie.

§ 263. 2. Sur des œillets arrosés par le grand Condé.

En voyant ces willets qu'un illustre guerrier
Arrosa d'une main qui gagna des batailles,
Souviens-toi qu'Apollon bátissoit des murailles;
Et ne t'étonne pas que Mars soit jardinier.

Melle. de Scuderg.

§ 264. 3. Sur la nature de Dieu.

Loin de rien décider sur cet Etre suprême,
Gardons, en l'adorant, un silence profond:
Sa nature est immense, et l'esprit s'y confond.
Pour savoir ce qu'il est il faut être lui-même.

Attribué à Voltaire.

§ 265. 4. Sur l'incertitude de la vie, fait à 80 ans.

Chaque jour est un bien que du ciel je reçoi;
Je jouis aujourd'hui de celui qu'il me donne:
Il n'appartient pas plus aux jeunes gens qu'à moi;
Et celui de demain n'appartient à personne.

Maucroix.

§ 266. 5. A M. le Comte de ***, au sujet de l'impé

ratrice reine.

Marc-Aurèle autrefois des princes le modèle,

Sur le devoir des rois instruisit nos aïeux,

Et Thérèse fait à nos yeux

Tout ce qu'écrivoit Marc-Aurèle.

Voltaire.

§ 267. 6. AM. de ***

**, sur l'impératrice de Russie.

Tu cherches sur la terre un vrai héros, un sage,
Qui méprise les sots et leur fasse du bien,
Qui parle avec esprit, qui pense avec courage:
Va trouver Catherine et ne cherche plus rien.

268. 7. Au roi Stanislas.

Le ciel, comme Henri, voulut vous éprouver
La bonté, la valeur, à tous deux fut commune;

Voltaire.

Mais mon héros fit changer la fortune
Que votre vertu sait braver.

Le même.

§ 269. 8.

Sur les Barmecides.

Mortel, foible mortel, à qui le sort prospère
Fait goûter de ses dons les charmes dangereux,
Connois quelle est des rois la faveur passagère,
Conte:mple Barmécide et tremble d'être heureux.

Le même.

§ 270. 9. Suite de quatrains pour tenir lieu de ceux de Pibrac dont le style a vieilli.

Tout annonce d'un Dieu l'éternelle existence;

On ne peut le comprendre, on ne peut l'ignorer:
La voix de l'univers annonce sa puissance

Et la voix de nos cœurs dit qu'il faut l'adorer.

Mortels, tout est pour votre usage,
Dieu vous comble de ses présens.
Ah! si vous êtes son image,
Soyez comme lui bienfaisans.

Pères, de vos enfans guidez le premier âge,
Ne forcez point leur goût, mais dirigez leurs pas.
Etudiez leurs mœurs, leurs talens, leur courage.
On conduit la nature, on ne la change pas.

Enfant, crains d'être ingrat, sois soumis, doux, sincère;
Obéis, si tu veux qu'on t'obéisse un jour :

Vois ton Dieu dans ton père, or Dieu veut ton amour;
Que celui qui t'instruit te soit un nouveau père.

Qui s'élève trop s'avilit;

De la vanité naît la honte.

C'est par l'orgueil qu'on est petit:
On est grand quand on le surmonte.

Fuyez l'indolente paresse ;

C'est la rouille attachée aux plus brillans métaux :
L'honneur, le plaisir même est le fils des travaux,
Le mépris et l'ennui sont fils de la mollesse.

Ayez de l'ordre en tout; la carrière est aisée,
Quand la règle conduit Thémis, Phébus et Mars;
La règle austère et sûre, est le fil de Thésée
Qui dirige l'esprit au dédale des arts.

L'esprit fut en tout temps le fils de la nature;
Il faut dans ses atours de la simplicité:
Ne lui donnez jamais de trop grande parure;
Quand on veut trop l'orner on cache sa beauté.

Soyez vrai, mais discret; soyez ouvert, mais sage,
Et sans la prodiguer, aimez la vérité.

Cachez-la sans duplicité;

Osez la dire avec courage.

Réprimez tout emportement ;
On se nuit alors qu'on offense;
Et l'on hâte son châtiment
Quand on croit hater sa vengeance.

La politesse est a Pesprit

Ce que la grâce est au visage:

De la bonté du cœur elle est la douce image,
Et c'est la bonté qu'on chérit.

Le premier des plaisirs, et la plus belle gloire
C'est de prodiguer les bienfaits;
Si vous en répandez, perdez-en la mémoire;
Si vous en recevez, publiez-le à jamais.

La dispute est souvent funeste, autant que vaine:
A ces combats d'esprit craignez de vous livrer.
Que le flambeau divin qui doit vous éclairer,
Ne soit pas en vos mains le flambeau de la haine.

De l'émulation distinguez bien l'envie;
L'une mène à la gloire, et l'autre au déshonneur.
L'une est l'aliment du génie

Et l'autre est le poison du cœur.

Par un humble maintien qu'on estime et qu'on aime,
Adoucissez l'aigreur de vos rivaux jaloux.

Devant eux rentrez en vous-même,
Et ne parlez jamais de vous.

Toutes les passions s'éteignent avec l'âge :
L'amour-propre ne meurt jamais.
Ce flatteur est tyran, redoutez ses attraits
Et vivez avec lui sans être en esclavage.

Voltaire.

§ 271. 10. Sur l'inconséquence des

hommes.

Nous tromper dans nos entreprises,
C'est à quoi nous sommes sujets.

Le matin je fais des projets
Et le long du jour des sottises.

§ 272. 11. Sur la légèreté des résolutions. Imité de

l'Anthologie.

Hier au soir Philis me chassa de chez elle:

Dans le juste dépit dont mon cœur étoit plein,

Je jurai de ne plus revoir cette infidelle.

J'y suis retourné ce matin.

Le même

§ 273. 12. Sur l'utilité des censeurs. Imité de l' Anthologie,

Du vil adulateur, mortels, fuyez l'approche;

Il est plus dangereux que vos propres rivaux.
Préférez à l'ami qui cache vos défauts
Le censeur qui vous les reproche.

Le même.

Le même.

§ 274. 13. Sur Léandre. Imité de l'An
thologie.

Léandre conduit par l'amour,
En nageant disoit aux orages:
Laissez-moi gagner les rivages;
Ne me poyez qu'à mon retour,

Voltaire.

§ 275. 14. A Mde. de
Un tendre aveu semble vous offenser:
Je me tairai, puisqu'il faut y souscrire,
Et ce qu'on dit souvent sans y penser,
Je le penserai sans le dire.

M. Saint Perapi:

$278.

§ 272. 15. Sur un bavard.

Il faudroit penser pour

écrire ;

Il vaut encor mieux effacer.

Les auteurs quelquefois ont écrit sans penser,
Comine on parle souvent sans avoir rien à dire.

§ 277. 16. Sur le magasin de porcelaines de Versailles,

Fragiles monumens de l'industrie humaine,
Hélas! tout vous ressemble en ce brillant séjour:
L'amitié, la faveur, la fortune et l'amour.
Sont des vases de porcelaine.

17. Sur l'ingratitude des hommes.

On ne se souvient que du mal;
On ne voit qu'ingrats dans le monde;
L'injure se grave en métal,

Et le bienfait s'écrit sur l'onde.

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Le Chevalier de Boufflers.

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§ 282. 21. A M. de la Harpe, qui avoit prononcé un
compliment en vers sur le théâtre de Ferney, avant une re-
présentation d'Alzire.

Des plaisirs et des arts vous honorez l'asile.

Il s'embellit de vos talens.

C'est Sophocle dans son printemps

Qui couronne de fleurs la vieillesse d'Eschile.

283 SONNETS. 1. Contre le Cardinal de Richelieu.

Par votre humeur le monde est gouverné;

Vos volontés font le calme et l'orage,

Et vous riez de me voir confiné,

Loin de la cour, dans mon petit village.

Cléomédon, mes désirs sont contens;
Je trouve beau le désert où j'habite,
Et connois bien qu'il faut céder au temps,
Fuir l'éclat et devenir hermite.

Je suis heureux de vieillir sans emploi,
De me cacher, de vivre tout à moi,
D'avoir dompté la crainte et l'espérance;

Et si le ciel qui me traite si bien
Avoit pitié de vous et de la France,
Votre bonheur seroit égal au mien.

Maynard.

.§ 284. 2. La belle matineuse.

Le silence régnoit sur la terre et sur l'onde,
L'air devenoit serein et l'Olympe vermeil;
Et l'amoureux zéphire, affranchi du sommeil,
Ressuscitoit les fleurs, d'une haleine féconde.

L'aurore déployoit l'or de sa tresse blonde,
Et semoit de rubis le chemin du soleil;
Enfin ce dieu venoit au plus grand appareil,
Qu'il soit jamais venu pour éclairer le monde.

Quand la jeune Philis au visage riant;
Sortant de son palais plus clair que l'orient,
Fit voir une lumière et plus vive et plus belle.

Sacré flambeau du jour, n'en soyez point jaloux;
Vous parûtes alors aussi peu devant elle,

Que les feux de la nuit avoient fait devant vous.

Malleville.

§ 285. 3. Contre Colbert.

Ministre avare et lâche, esclave malheureux,
Qui gamis sous le poids des affaires publiques,-
Victime dévouée aux chagrins politiques,
Fantôme révéré sous un titre onéreux !

Vois combien des grandeurs le comble est dangereux.
Contemple de Fouquet les funestes reliques,
Et tandis qu'à sa perte en secret tu t'appliques,
Crains qu'on ne te prépare un destin plus affreux.

Il part plus d'un revers des mains de la fortune.
La chute, comme à lui, te peut être commune.
Nul ne tombe innocent d'où l'on te voit monté.

Cesse donc d'animer ton prince à son supplice,
Et près d'avoir besoin de toute sa bonté,
Ne le fais pas user de toute sa justice.

§ 286.

Haynault.

4. Sur une des parentes de l'auteur qui mourut toule jeune entre les mains d'un charlatan.

lié,

Nourri dès le berceau près de la jeune Orante,
Et non moins par le cœur que par le sang
A ses jeux innocens enfant associé,
Je goûtois les douceurs d'une amitié charmante:

Quand un faux Esculape, à cervelle ignorante,
A la fin d'un long mal vainement pallié,
Rompant de ses beaux jours le fil trop délié,
Pour jamais me ravit mon aimable parente.

Oh! qu'un si rude coup me fit verser de pleurs!
Bientôt, la plume en main, signalant mes douleurs,
Je demandai raison d'un acte si perfide.

Oui, j'en fis des quinze ans ma plainte à l'univers;
Et l'ardeur de venger ce barbare homicide
Fut le premier démon qui m'inspira des vers.

Boileau.

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