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§ 109.

§ 105. 10. A Madame du Chatelet, en lui envoyant l'Histoire de Charles XII.

Le voici ce héros, si fameux tour à tour

Par sa défaite et sa victoire.

S'il eût pu vous entendre, et vous voir à sa cour,
Il n'auroit jamais joint, et vous pouvez m'en croire,
A toutes les vertus qui l'ont comblé de gloire,

§ 106.

Le défaut d'ignorer l'amour.

Foltairs.

11. A Madame de Pompadour, après une maladie.

Lachésis tournoit son fuseau,

Filant avec plaisir les beaux jours d'Isabelle :
J'aperçus Atropos qui, d'une main cruelle,
Vouloit couper le fil et la mettre au tombeau.
J'en avertis l'amour; mais il veilloit pour elle
Et du mouvement de son aile,
Il étourdit la parque, et brisa son fuseau.

107. 12. A Madame de **

Vous êtes belle, et votre sœur est belle,
Entre vous deux tout choix seroit bien doux,
L'amour étoit blond comine vous,

Mais il aimoit une brune comme elle,

§ 108. 13. A Madame de * * *.

Je veux chanter en vers la beauté qui m'engage,
J'y pense, j'y repense et le tout sans effet:

Mon cœur s'occuppe du sujet
Et l'esprit laisse là l'ouvrage.

14. A Madame de * * * *

Le nouveau Trajan des Lorrains,
Comme roi n'a pas mon hommage;
Vos yeux seroient plus souverains,
Mais ce n'est pas ce qui m'engage.
Je crains les belles et les rois:
Ils abusent trop de leurs droits,
Ils exigent trop d'esclavage.
Amoureux de ma liberté
Pourquoi donc me vois-je arrêté
Dans les chaînes qui m'ont su plaire?
Votre esprit, votre caractère,
Font sur moi ce que n'ont pu
faire
Ni la grandeur, ni la beauté.

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Voltaire.

110. 15. A Madame de Pompadour dessinant une tête.

Pompadour, ton crayon divin
Devoit dessiner ton visage:

Poltaire,

Bernis;

Fontenelle.

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L'arc de l'amour est celui du bonheur.
Vous le portez. Par vous ce dieu vainqueur
Est devenu le maître de la terre.
Trois rois puissans, trois rivaux aujourd'hui

Osent prétendre à l'honneur de vous plair
Je ne sais pas qui votre cœur préfère;
Mais l'univers sera jaloux de lui.

§ 113. 18. Sur Madame de ***

Iris s'est rendue à ma foi.
Qu'eut-elle fait pour sa défense?

Nous n'étions que nous trois, elle, l'amour et moi,
Et l'amour fut d'intelligence.

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Cotin.

Le même.

§ 115. 20. A la même.

De votre esprit la force est si puissante,
Que vous pourriez vous passer de beauté;
De vos attraits la trace est si piquante
Que sans esprit vous m'auriez enchanté.
Si votre cœur ne sait pas comme on aime,
Ces dons charmans sont des dons superflus:
Un sentiment est cent fois au-dessus
Et de l'esprit et de la beauté même.

§ 116. 21. A Mde. de ***. Les deux amours.

Certain enfant qu'avec crainte on caresse,
Et qu'on connoît à son malin souris,
Court en tous lieux précédé par les ris,
Mais trop souvent suivi de la tristesse.
Dans le cœur des humains il entre avec souplesse,
Habite avec fierté, s'envole avec mépris.

Il est un autre amour, fils craintif de l'estime,
Soumis dans ses chagrins, constant dans ses désirs,
Que la vertu soutient, que la candeur anime,
Qui résiste aux rigueurs, et croît par les plaisirs.
De cet amour le flambeau peut paroître
Moins éclatant: mais ses feux sont plus doux.
Voilà le dieu que mon cœur veut pour maître.
Et je ne veux le servir que par vous.

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Voltaire.

Le même.

Passa pour femme, et ce fut son seul art;
Dès qu'il fut homme, il perdit son mérite:
Vous n'êtes point, et je m'y connois bien
Cette Corinne et jalouse et bizarre,
Qui par ses vers, où l'on n'entendoit rien,
En déraison l'emportoit sur Pindare.
Sapho plus sage, en vers doux et charmans
Chante l'amour; elle est votre modèle :
Vous possédez son esprit, ses talens ;
Chantez, aimez: Phaön sera fidèle.
Le même.

§ 119. 24. A Mde. la marquise du Chá-
telet jouant à Sceaux le rôle d'Issé.

Etre Phebus aujourd'hui je désire,
Non pour régner sur la prose et les vers,
Car à du Maine il remit son empire;
Non pour courir autour de l'univers,
Car vivre à Sceaux est le but où j'aspire;

Non pour tirer des accords de sa lyre,
De plus doux chants font retentir ces lieux;
Mais seulement pour voir et pour entendre
La belle Issé qui pour lui fut si tendre,
Et qui le fit le plus heureux des dieux.

Le même.

§ 120. 25. Sur un baiser que la Dauphine donna à Alain Chartier, fameux auteur du temps de Charles VI.

Vous connoissez ce poëte fameux

Qui s'endormit au palais de sa reine;;
Il en reçut un baiser amoureux;
Mais il dormoit et la faveur fut vaine.
Vous me pourriez donner un prix plus
doux;

Et si jamais votre bouche vermeille,
Vouloit payer ce que j'ai fait pour vous,
N'attendez pas du moins que je sommeille.

§ 121. 26. A Mde. de ***, qui se plaignoit d'être âgée de

80 ans.

Avec les qualités à tant d'esprit unies,
Pouvez-vous regretter, Doris, vos premiers jours?
Vous êtes aujourd'hui la reine des génies,

Et vous la fûtes des amours.

Songez qu'il est bien peu d'hivers comme le vôtre.
En vous laissant l'esprit qu'a-t-il pu dérober?
Doris, c'est proprement passer d'un trône à l'autre;
Appelle-t-on cela tomber?

Bernis.

Le même.

§ 122. 27. A Mde. de ***.

La sagesse est sublime: on le dit; mais, hélas !
Tous ses admirateurs souvent ne l'aiment guère,
Et sans vous nous ne saurions pas
Combien la sagesse peut plaire.

Il falloit qu'à nos yeux elle eût tous vos appas.
L'amour pleure en rendant les armes :
Il eût vaincu par vous, par vous il est vaincu ;
Jamais il n'aura tous les charmes

Que vous prêtez à la vertu.

On la voit dans vos yeux, et qu'on l'y trouve belle!
Lorsque vous nous parlez c'est elle qu'on entend,
Vous lui donnez toujours une forme nouvelle:
Tantôt c'est de l'esprit, tantôt du sentiment;
Enfin, elle est si naturelle,

Elle a si bien vos traits, que nous ignorons tous,
Si c'est vous que l'on aime en elle,

Ou bien elle qu'on aime en vous.

Le chevalier de Boufflers,

§ 123. PORTRAITS. 1. De Mde. de ***.

Elle est vive, elle est charmante,

Elle est pleine d'enjoûment;

Elle a l'humeur bienfaisante,

Elle pense finement:

Ses yeux depuis peu font naître

Une tendre passion.

Nous n'osons dire son nom;
Mais, chers amis, pourroit-on

A tous ces agrémens ne la pas reconnoître ?

Chaulieu.

§ 124. 2.

De Mde. la Duchesse de la Et bien parler sans le vouloir;

Vallière.

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N'être haute ni familière,
N'avoir point d'inégalité,
C'est le portrait de la Vallière,

Il n'est ni fini ni flatté.

Voltaire.

125. 3. De l'Amitié.

J'ai le visage long et la mine naïve,

Je suis sans finesse et sans art.

Mon teint est fort uni, ma couleur assez vive,
Et je ne mets jamais de fard.

Mon abord est civil; j'ai la bouche riante;
Et mes yeux ont mille douceurs;

Mais quoique je sois belle, agréable et charmante,
Je règne sur bien peu de cœurs,

On me proteste assez, et presque tous les hommes
Se vantent de suivre mes lois.

Mais que j'en connois peu dans le siècle où nous sommes,
Dont le cœur réponde à la voix !

Ceux que je fais aimer d'une fiamme fidèle,

Me font l'objet de tous leurs soins.

Quoique vieille, à leurs yeux je parois toujours belle;
Ils ne m'en estiment pas moins.

On m'accuse souvent, d'aimer trop à paroître
Où l'on voit la prospérité.

Cependant il est vrai qu'on ne me peut connoître
Qu'au milieu de l'adversité.

Perrault,

§ 126. 4. De Clarice.

J'espère que Vénus ne s'en fâchera pas:
Assez peu de beautés m'ont paru redoutables,
Je ne suis pas des plus aimables;
Mais je suis des plus délicats.

J'étois dans l'âge où régne la tendresse,
Et mon cœur n'étoit point touché.
Quelle honte il falloit justifier sans cesse

Ce cœur oisif qui m'étoit reproché.

Je disois quelquefois: qu'on me trouve un visage,
Par la simple nature uniquement paré,

Dont la douceur soit vive et dont l'air vif soit sage,
Qui ne promette rien, et qui pourtant engage:
Qu'on me le trouve et j'aimerai.

Ce qui seroit encor bien nécessaire,
Ce seroit un esprit qui pensât finement
Et qui crût être un esprit ordinaire,
Timide sans sujet, et par là plus charmant,
Qui ne put se montrer ni se cacher sans plaire;
Qu'on me le trouve et je deviens amant.
On n'est pas obligé de garder de mesure

Dans les souhaits qu'on peut former.
Comme en aimant je prétends estimer,
Je voudrois bien encore un cœur plein de droiture,
Vertueux sans rien réprimer,
Qui n'eût pas besoin de s'armer
D'une sagesse austère et dure,
Et qui de l'ardeur la plus pure
Se pût une fois enflammer.

Qu'on me le trouve et je promets d'aimer.
Par ces conditions j'effrayois tout le monde:
Chacun me promettoit une paix si profonde,

Que j'en serois moi-même embarrassé.
Je ne voyois point de bergère,
Qui d'un air un peu courroucé,
Ne m'envoyât à ma chimère.

Je ne sais cependant comment l'amour a fait:
Il faut qu'il ait long-temps médité son projet:
Mais enfin il est sûr qu'il m'a trouvé Clarice,
Semblable à mon idée, ayant les mêmes traits;
Je crois pour moi qu'il me l'a faite exprès.
O que l'amour a de malice!

Fontenelle.

$127. BOUQUETS 1. A M. Caze, pour le jour de sa fête On dit que je ne suis pas bête :

Cependant, n'en déplaise aux donneurs de renom,
Quand il faut chanter votre fête,
Je ne saurois tirer un seul vers de ma tête.
Jean! que dire sur Jean? C'est un terrible nom,
Que jamais n'accompagne une épithète honnête.
Jean des Vignes, Jean Logne....Où vais-je? Trouvez bon
Qu'en si beau chemin je m'arrête;

Et que, pour comparer vous et votre patron,
Je prenne sur un autre ton

Ce que la légende me prête.

M'y voilà. Commençons par le saint qu'aujourd'hui
Notre mère la Sainte Eglise

Ordonne que l'on solennise;
Et voyons quel rapport vous avez avec lui.
Ou je m'y connois mal, ou vous n'en avez guère,
Point du tout même, à parler franc.
L'évangéliste et vous, plus je vous considère,
Et plus je vais du noir au blanc.

Avoir pu de Satan éviter tous les piéges;

Avoir été d'un Dieu le disciple chéri;

Jusqu'à la fin des temps voir les glaçons, les neiges,
Faire place au printemps fleuri ;

Privilége, qui seul vaut tous les priviléges,
N'est pas, selon moi, ce qui fait

De l'apôtre et de vous toute la différence:.
Et l'apocalypse est un trait

Qui, fussiez-vous un saint parfait,
Gâteroit trop la ressemblance.
O qu'heureuses auroient été

Quantité de doctes cervelles,

Si Saint Jean eût écrit avec la netteté

Qui, jointe au tour charmant, aux grâces naturelles,
Rend vos chansons si belles !

Mais que fais-je! où m'emporte un enjoûment outré ?
Comparer un livre sacré

A de profanes bagatelles!

De telles libertés trouvent plus d'un censeur,
Qui charitablement en fait un mauvais conte.
Evitons un danger qui n'est jamais sans honte.
Peut-être chez le précurseur

Trouverons-nous mieux notre compte.
Essayons. Ah! c'est encor pis.

Vous n'êtes en rien parallèles.

Il prêchoit au désert, et vous dans les ruelles;
Une peau de chameau faisoit tous ses habits,
Vous donnez volontiers dans les modes nouvelles ;
Il se désaltéroit dans un coulant ruisseau,
Se nourrissoit de sauterelles :

Vous ne quitteriez pas les ortolans pour elles ;

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