qu'elle eft canonnée à boullets rouges. Décrété que la miniftre de la guerre rendra compte, féance tenante des mesures prifes pour donner des fecours à la ville de Lille. Un membre de la commiffion des vingt-quatre nommés pour faire l'examen des pièces qui conftatent les dénonciations faites par les membres du comité de furveillance de la commune, pièces auffi qui doivent démontrer les crimes de Louis le dernier, & les complots des fcélérats qui l'environnoient, annonce que telle est l'immenfité de ce travail, à caufe du grand nombre de pièces qu'il faut inventorier & examiner, que leur rapport ne peut être prêt que dans quatre mois, & il a demandé que toutes ces pièces, recueillies dans des cartons fcellés, fuffent apportées dans un des comités de l'affemblée, qui fera indiqué par les commiffaires de la falle, & que la commiffion des vingt-quatre fût autorifée à y continuer fon travail. Une longue & bruyante difcuffion a fuivi cette propofition: enfin les deux articles ont été adoptés ainfi qu'il fuit: «La convention nationale décrète, 1°. que les pièces. examinées & non-examinées, fcellées & non - fcellées, qui fe trouvent au comité de furveillance de la ville de Paris, feront tranfportées, en préfence de deux officiers municipaux & de deux membres du comité de furveillance, dans une des falles voifines de la convention pour que fa commiffion des vingt-quatre y continue fes `travaux. » 2°. Il eft enjoint au comité de furveillance & à la municipalité, d'indiquer les pièces qu'ils croiront propres à juftifier la dénonciation que le comité de furveillance a fait à la barre de la convention ». La féance s'eft terminée par la lecture d'une lettre du général Cuftine au général Biron, que la prife de Spire &que trois mille quatre cents prifonniers ont été faits. Le miniftre de la guerre a annoncé que le général Labourdonnay marchoit pour faire lever le fiége de Lilie. La convention a décrété enfuite d'accufation les fieurs Lanoue & Duhoux, foupçonnés d'intelligence avec les ennemis. On a lu une lettre des commiffaires de la convention, envoyés aux armies réunies. Nous l'avons fait connoître. On a procédé enfuite, par appel nominal, à la no mination d'un préfident & de trois fecrétaires. Lacroix a été élu préfident; Buzot, Guadet & Syeyes, fecrétaires, Un d'eux a fait lecture d'une lettre de la majorité des fections de Paris, qui demandent à nommer le maire' & les officiers municipaux par appel nominal. On a paffé à l'ordre du jour. Vendredi 5. Un grand nombre d'adhéfions des départemens au décret qui abolit la royauté, a été lu. Rewbella onfervé que plufieurs et ons de Paris avoient déjà arrêté de déroger à la loi qui ordonne la nomination des officiers municipaux au fcrutin fecre La convention décrète qu le miniftre rendra compte, féance tenante, de l'exécution de la loi. Peu après Roland eft venu dire qu'il avoit fait paffer à la commune la loi relative aux élections, avec injonction d'y obéir. Letourneur, au nom du comité militaire, a fait décréter qu'il fera envoyé au fecours de Lille un corps de gendarmerie à cheval; il a fait enfuite un rapport fur la police à établir dans les travaux du camp fous Paris." Plufieurs membres fe font oppofés à ce qu'on continuât dy travailler, vu que l'ennemi recule au lieu d'avancer. Il s'a-' giffoit de prendre des précautions pour affurer la retraite ou de l'ouvrage aux nombreux ouvriers qui travailloient à ce camp. L'affemblée a renvoyé au comité des fix, réuni à ce-“ lui de la guerre, pour préfenter un projet. Décrété que le miniftre de la guerre pourra acheter pour trois millions de viande falée en Hollande, en Irlande & à Hambourg. Le miniftre des affaires étrangères eft chargé, par interim, du département de la guerre, en attendant l'at-" rivée de Pache. Une voiture chargée de cartouches étant fortie des Inva lides fans un laiffez paffer, & ayant été arrêtée par les volontaires du bataillon de la Croix-Rouge," qui fe font plains! d'avoir été injuriés par le citoyen Labarre, qui s'eft dit commiffaire du pouvoir exécutif, la convention a décrété qu'il paroîtroit à la barre. Le ministre des contributions publiques a mis fous les yeux de la convention nationale le tableau de fon département. L'impreffion en a été votée au milieu des applaudiffe mens. Ce travail fera envoyé au 83 départemens. Ce 6 octobre 1792, l'an premier de la république, PRUDHOMME 3. de la Convention Nationale. RÉVOLUTIONS DE PARIS, DÉDIÉES A LA NATION, AN PREMIER DE LA RÉPUBLIQUE, QUATORZIÈME TRIMESTRE, Des mœurs républicaines. L1 nom d'un roi ne fouille plus le frontispice de nos établiffemens publics. Le iceau de l'état a fubftitué la pique aux lys, & le bonnet de la liberté à la couronne des defpotes: par-tout le mot de république remplace celui de monarchie, & le titre de citoyen efface toutes les autres qualifications. On penfe même à donner des N°. 170. Tome 14. A formes plus heureufes à notre coftume qui en a befoin. Mais il eft plus facile de changer d'habits que d'habitudes. Nous voilà républicains de droit; le tommes-nous de fait? En avons-nous les mœurs; car les loix feules ne conftituent pas une république ? Allons nous redevenir, aux lumières près qu'ils n'avoient pas, ces francs Gaulois, ces fiers Germains, nos premiers ancêtres dont Tacite nous a laiflé une peinture fi touchante laquelle il eft bon de recourir en ce moment? Comme eux, nous fomines encore terribles dans un premier effort; comme nous, ils étaient incapables d'un travail long & foutenu. En cela nous ne perfifterons pas à vouloir leur reffembler; mais peut-être feroit-il à propos de nous montrer auffi jaloux qu'eux de conferver dans toute fa pureté le fang français, & de nous interdire toute alliance avec l'étranger, au moins tant que nous ferons les feuls en Europe parfaitement libres. Les fruits de la terre étoient les feuls tréfors qui euffent du prix aux yeux des Germains ; & ils eftimoient davantage leurs vales d'arg le que c ux d'or & d'argent bien travaillés, avec lesquels on chercha plufieurs fois, mais en vain, à éblouir leurs généraux d'armée ou leurs ambaffadeurs, Rome même ne dédaigna pas d'ufer avec eux de ce ftratagême; mais fes dons furent toujours repouflés avec dédain: l'or ne vint pas à bout de dompter ceux qui ne l'avoient pas été par le fer. L'agriculture n'étoit . pas fort avancée chez eux: le foin des troupeaux étoit feur principale, leur plus chère occupation en temps de paix, ce qui ne contribua pas peu à leur conferver cette heureufe fimplicité, compagne de l'indépendance, & mère des bonnes mœurs. Leurs foldats, fans cuiraffe & même fans cafque, ne fe piquoient point d'élégance fur leurs habits de combat. Des javelots bien acérés, des piques qui avoient le fil, étoient toutes leurs pa ures. A l'armée, ils avoient un général moins pour leur donner des ordres que des exemples. Son autorité étoit fondée fur l'eftime qu'on portoit à fes vertus, & la confiance qu'infpiraient fes talens mais ils n'euffent point mis à leur tête un capitaine de mauvaises mœurs, eût-il eu d'ailleurs toute la capacité requife. Nous ferions invincibles comme eux, fi, comme eux, nous pouvions mener avec nous nos familles à la guerre. Du champ de bataille ils entendoient les cris aigus de leurs femmes, de leurs enfans; & en outre chaque peloton armé étoit compo é de guerriers tous parens, du moins tous amis & habitant le même canton. On conduifoit les bleflés & les mourans à leurs époufes, à leurs foeurs, habiles dans l'art de panfer les plaies & de les fucer, ce dont elles s'acquittoient, non pas feulement fans répugnance & fans crainte de la contagion, mais encore avec une force & une conftance égales à l'héroïsme de leurs défenfeurs. Loin d'accroître les embarras du voyage, leurs femmes, leurs filles, leurs foeurs arrêtèrent plus d'une fois une déroute, &, par leurs reproches ou leurs encouragemens pathétiques, firent retourner au combat leurs maris & leurs frères, Les Gaulois alloient tous à la guerre, fans exception d'âge ni de condition. Ils coupoient la tête à leurs ennemis, & la portoient, ainfi qué nous, au bout d'une pique. Un Gerinain n'étoit armé que quand fes concitoyens ne le jugeoient pas indigne de porter les armes; & de ce moment il ne les quittoit plus. Le jeune homme non encore agréé pour fervir fa patrie, étoit présenté par fon père dans l'affemblée du peuple; & là il recevoit folennellement la pique nationale. Chaque général étoit ordinairement accompagné partout d'une foule de jeunes gens, plus ou moins confidérable, felon fa réputation. Ce n'étoient point les pages d'un defpote, ou la clientelle armée d'un dictateur; c'étoient des élèves de Mars qui faifoient leur apprentif fage fous un chef expérimenté ; & l'honneur de cette troupe confiloit à périr tous jufqu'au dernier, avant de laiffer leur général aux mains de l'ennemi. Les Germains, nos prémiers pères, auroient rougi de s'enfermer dans une ville ceinte de fortes murailles, ou défendue par un camp retranché ; & les Romains ne vinrent pas plus tôt à bout pour cela de les fubjuguer. Dans leurs affemblées nationales, compofées de tous les citoyens en perfonne, l'avis d'un homme fans reproche avoit la préférence fur les confeils d'un opinant de mœurs fufpectes, fuffent-ils d'ailleurs mieux motivés. Si leur police criminelle fe fentoit de la rudefle de leurs ufages, elle étoit remarquable par un grand caractère d'équité & de convenance; ils étouffoient dans un bourbier Tes poltrons, les fainéans & les corrupteurs du sexe. |