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er à la tribune pour y dépofer le fceau de l'état qu'il ne pouvoit plus garder.

Ex-miniftre de la juftice, nous n'effacerons pas les agnes que nous avons tracées plus haut (1) à votre fujet. Il faut qu'elles reftent pour la vérité de l'hiftoire. Celles attesteront que vous fites votre devoir, un peu tard peut-être.

Mais de plus grands intérêts réclament toute notre at tention. Deux décrets furent rendus, qui fans doute feront fanctionnés par la nation; ou plutôt la convention nationale de France déclara unanimement qu'il ne peut exifter de conftitution fans la libre acceptation du peuple en perfonne; & enfuite, elle proclama avec la même unanimité l'abolition définitive & éternelle de la royauté. Nous voilà donc enfin libres !

Cette proclamation, parvenue dans les 48 fections de Paris, fut répétée dans tous les carrefours au bruit du cor & au milieu des applaudiffemens univerfels. Tous les citoyens à l'envi illuminèrent le devant de leurs maifons, comme à l'occafion d'une grande victoire remportée sur le plus puiffant de nos ennemis.

Nous nous propofons de revenir, dans le numéro prochain, fur l'ouverture de la convention, dont nous fuivrons tous les travaux avec la même exactitude & la même imperturbabilité de jugement dont nous avons fait preuve à l'égard des deux premiéres affemblées nationales. Vol du garde-meuble.

Le 17 de ce mois, à une heure du matin, il a été ait au garde-neuble national un vol confidérable en bi joux, diamans, &c. Deux des voleurs ont été pris fur le fait. Le jour même & le lendemain quelques autres ont été arrêtés; une affez grande quantité des effets volés a été retrouvée. L'affemblée nationale a nommé des commiffaires pour entendre les dépofitions, & l'affaire fe pourfuit. La perte eft évaluée à 30 millions.

Comment ce vol a-t-il pu s'effectuer ? comment n'y avoit-il pas là une force fuffifante pour arrêter les voleurs? Pourquoi n'y a-t-il pas au garde-meuble, à la monnoie, à tous les dépôts publics des corps de garde

(1) Voyez ci-deffus, page 515, au premier article de

ce numéro.

de cavalerie, comme an tréfor national? Les volem travailloient-ils pour leur propre compte? Telles font les queftions qu'on le fait depuis cet étrange événement, Sans y répondre, nous citerons quelques fragmens de la lettre écrite le 18 par M. Roland à affemblée na tionale.

«Le vol extraordinaire du garde-meuble n'auroit poing » été commis fans doute, s'il y eût eu une garde plus » nombreuse, & fur-tout plus vigilante: cependant plu » fieurs réquifitions avoient été faites à ce sujet, & réitérées de la manière la plus prompte.

» La garde envoyée, au lieu de factionner au dehors, » s'eft tenue dans l'intérieur, & c'ett parce qu'elle y étoit renfermée que les voleurs ont pu grimper par l'exté rieur de la colonnade.

» Pourquoi les réquifitions n'ont-elles pas été fuivies » de plus d'effets? Telle eft la première question à faire, » ou la première chofe à réfléchir,

»Je fais que cette nuit même, après l'annonce faite hier des dangers qu'on pouvoit courir, les poftes de » l'allemblée nationale étoient généralement dégarnis, & j'ai été prévenu à deux heures du matin qu'on n'avoir trouvé depuis le lieu de vos féances jufqu'à la rue » de la Ferronnerie, qu'une feule patrouille de cinq citoyens.

» Je n'ignore pas que le premier fait a été expliqué par l'allégation du froid qui avoit, dit-on, fait rentrer » les hommes dans le corps de garde.

» Sans examiner fi l'excufe eft appuyée par l'exactitude » de l'allégation, je dirai qu'elle eft déteftable dans la difcipline militaire & inadmiffible dans les circonf

» tances.

»J'en conclurai, ainfi que des confidérations précé » dentes, qu'il faut à l'affemblée nationale une force ar "mée, continuellement à fa réquifition, & capable, par » fa conftance & fon activité, de maintenir à l'abri de » toute atteinte & les repréfentans de la nation, & fon tréfor, & fes archives, & fes enfans; car il ne faut pas qu'un feul individu puiffe craindre d'être troublé » dans fon repos par l'audace d'un feul brigand ».

Armée du centre. Enfin la jonction des généraux Kellermann & Dumourier s'eft opérée heureufement le 19

de ce mois. Dans la nuit du même jour le général Bour nonville marchoit fur eux à la tête de i mille hommes: Ainfi notre armée du centre eft composée actuellement de plus de 80 mille hommes, dont plus de 15 de cavalerie. Ainfi plus de doute que nous allons non-feulement arrêter l'ennemi, mais le chaffer de notre territoire qu'il a déjà trop long-temps fouillé, AR

Dans la nuit du 14 au 15, le général Dumourier a quitté fon camp de Grandpré pour le rendre au camp de Dammartin; fon arrière-garde a été atraquée. Ce n'eft pas un combat, mais une fuite de ro mille hommes devant 15 cents qui ont prouvé ce qué peut une terreur panique fur des hommes qui fuyent fans favoir pourquoi mi comment; car les 15 cents Autrichiens ou Pruffiens ne fongeoient pas même à les pourfuivre e'eft à peu près la même fcène que celle de Mons &Tournai, & le fuccès fera le même. Des fcélérats ont crié le fauve qui peut, le nous fommes trahis, la terreur et emparée des efprits; les vivanders, les conducteurs ont femé l'alarme, & le défordrer s'en eft fuivi; mais tous aujourd'hui font honteux de leur erreur, & ne demandene qu'à la réparer Le général Dumourier a purgé fon armée en chaffant les traîtres, en faifant rafer & déshabiller les fuyards; il a perdu quarante ou cinquante hommes a plus, & toute fon armée est toujours dans les meilleures difpofitions poffibles.

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Dans les journées des 15 & 16, les généraux Duval & Dubouquet ont enlevé quelques poffes à l'ennemi, qui a eu 50 à 60 homines tués, autant de prifonniers, 15 ou 20 déferteurs, & autant de chevaux pris.

Thionville. On a jeté dans cette place un fecours con fidérable qui y eft entré heureufement, & fans que l'en nemi l'ait fu que fix heures après. Rien n'égale le courage de la garnifon.

Maubeuge. L'ennemi ayant repouffé dans cette ville le pofte avancé de 1200 hommes commandé par M Lanoues, eft entré jufque dans un faubourg qu'il a pillé, puis il s'eft retranché en attendant une colonne qui vient de Philip peville. Il paroft que le plan eft d'attaquer à la fois cette den nière ville, Maubeuge & Valenciennes, mais tout ce qu' ly a de défenfeurs dans ces trois places eft bien réfolu de s'enfevelir fous leurs ruines.

Suite des lettres trouvées chez M. Delaporte intendant de la lifle civile.

Maubeuge, jeudi 9 au foir.

Je viens de recevoir le courrier de Daban....; il me tran quillife un peu fur les craintes que je vous exprimai ce matin dans une lettre que je vous envoie par cette occafion. La demande du miniftre d'Angleterre eft faite pour produire up grand effet; mais j'aurois autant aimé que la terreur vint à vos brigands par des adreffes des départemens. Comment ne les a-t-on pas engagés à s'exprimer fur la queftion qui alloit s'agiter, &c., comme ils l'avoient fait à l'époque du 20 juin? Leur conduite d'alors néceffite une opinion prononcée dans cette circonftance; de même contre la convention nationale, comme contre la déchéance ou fufpenfion. Je l'ai mandé, il y a trois jours, à Péronne, Amiens, Saint-Quentin, département de l'Aifne; j'avois mandé à Dup.... par Lafayette, n'ayant pas de voie sûre plus directe pour qu'il mit en mouvement Lebrun, du département de Verfailles; Roux par Tourret ou Liancourt, &c. Un fecond vœu national feroit un grand effet, & acheveroit de perdre la faction qui vous opprime. Je ferois bien fàché que l'aflemblée prît une détermination fà cheufe contre Lafayette, &c. &c.

N. B. Cette lettre eft écrite de la main de M. Alexandre La meth, adreffée à Théodore Lameth, fon frère; elle eft datée du 9 au foir, de Maubeuge, & elle s'eft trouvée le 10 dans le châ teau des Tuileries; ce qui prouve qu'elle a été apportée par un

courrier.

Lettre trouvée chez M. Delaporte, à M. le duc de Brissas.

Rép. le 18 mars.

M. le duc, recevez, je vous prie, mes excufes & mes regrets de ce que ma fanté ne me permet pas d'aller vous faire ma cour & folliciter moi-même une place d'officier dans la nouvelle maifon du roi, en faveur de M. Martinet de la Groze, ancien garde-du-corps dans la compagnie de Luxembourg. J'ai l'honneur de vous le préfenter comme un bon & loy: gentilhomme qui fera fidèle à fon pofte, & très-attaché à la perfonne du roi. Il a eu à combattre des préjugés, & un efprit de corps malheureuse, ment mal combiné, avant que de prendre fon parti. Il n'en fera, que plus exact à fes devoirs, ayant fur tout l'avantage de vous avoir pour modèle, M. le duc.

Deux exemplaires de la confeflion générale d'un député, que j'ai eu l'honneur de vous envoyer dans le temps, doivent vous affurer de mes principes. J'aime le roi autant par devoir que par inclination; il faut être un monftre pour ne pas l'adorer. Jugez, Monfieur, combien dans les circonstances pénibles où nous trouvons, un galant homme doit fouffrir. Mon état ne m'ayant pas N°. 167. Tome 1380

D

neus

permis de lui offrir mes fervices perfonnels, je m'en confole, dans l'efpérance de lui préfenter un galant homme en la perfonne en faveur de qui j'ai l'honneur de m'intéreffer, & fur laquelle il vous fera facile de prendre toutes les informations.

» J'ai l'honneur d'être avec refpe&t, M. le duc, votre trèshumble & obéiffant ferviteur, De CouLMIER, ancien député. » Rue de Rochechouard, faubourg Montmartre

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ce 12 mars

A Paris, le 26 juillet 1792. Demain mercredi, entre une heure & deux : marqué que je n'ai reçu le billet qu'aujourd'hui.

«Je vous ferois obligé, Monfieur, de me donner un rendezvous pour vous faire part d'un objet qui vous regarde, ou votre place. J'ai prié de fufpendre l'envoi à l'affemblée nationale, des motifs de réclamation contre la lifte civile. Je crois vous devoir cette attention par des raifons de reconnoiffance à des perfonnes qui vous appartiennent....

» Agréez mon hommage & mon refpect. DELAGONTÉ.

Rue d'Anjou-Dauphine, n°. 9 ".

Antre lettre.

22 juillet 1792.

« Je n'ai point de vos nouvelles, mon cher Pouteau, & cela me fait bien de la peine. Je crains le découragement; & il n'en faut pas dans cette quinzaine, qui va amener le grand choc. Nos maîtres font fous la protection divine. Je n'en faurois douter, & cela entretient mon espérance, que leur état actuel foit un effet de la malice démoniaque. L'événement arrivé à Aranjues le 20 juin, en eft la preuve. Un coup de tonnerre, parti de la région inférieure, y fait du vacarme, y caufe du défordre, fans heanmoins tuer ni offenfer perfonne. On avertifloit le roi d'Efpagne que le coup porté à fa maison, le même jour aux Tuileries, partit d'en bas, & non d'en haut, & on le raffuroit fur les fuites; mais où le philofophe d'Aranda eft lumière, tout doit être aveugle. Il n'y a que pour nous que le fait foit clair profitons - en pour redoubler de confiance & d'efforts du genre de ceux que nous pouvons faire, Vous craignez peut-être toujours les infidélités de la pofte. J'adreffe ce billet-ci à mon fils, par un de nos propriétaires d'ici, qui va à Paris. Allons, mon cher ami, prenez courage; nos malheurs touchent préfque à leur terme. Ceffez de gémir fur la méprifable indifférence des Parifiens; ils en feront punis de toutes les manières. Ectivez-moi un mot. Aimezmoi. Je n'ai pas le temps de vous le dire davantage ».

Autre lettre.

Du 5 novembre 1791.

«Je vous envoie, mon ami, un petit fupplément à donner par deffus le marché dans notre feuille à deux liards,

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