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vré de la guerre contre Carthage, il crut devoir prévenir les entreprifes de ce nouvel ennemi, qui pouvoit devenir redoutable, fi on lui laiffoit le tems de fe for→ tifier. Le Sénat, après avoir répondu favorablement à tous ces Ambaffadeurs, chargea M. Valérius Lévinus Propréteur de s'ap procher de la Macédoine avec une flotte, pour examiner les chofes de plus près, & être en état de fecourir promptement les alliés.

Cependant on délibéroit férieufement à Ibid. ». Rome fur le parti qu'il falloit prendre. Dans le tems même que le Sénat étoit affemblé pour examiner cette importante affaire, arriva une feconde Ambaffade de la part des Athéniens, qui marqua que Philippe étoit prêt d'entrer en perfonne dans l'Attique, & qu'infailliblement il fe rendroit maître d'Athenes, fi l'on ne leur envoyoit un prompt fecours. On reçut auffi des Lettres de Lévinus Propréteur, & d'Aurélius fon Lieutenant, par lefquelles on apprit qu'on avoit tout à craindre de la part de Philippe, que le danger étoit trèspreffant, & qu'il n'y avoit point de tems à perdre.

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Ibid. 9. 14.

Sur ces nouvelles, il fut réfolu qu'on dé. AN.M.3804. clareroit la guerre à Philippe. Le Conful J.C.200. P. Sulpicius à qui la Macédoine étoit échue par le fort, fe mit en mer avec une armée, & y arriva bientôt. Les Ambaffadeurs Athéniens vinrent promptement l'y trouver, pour lui apprendre qu'Athenes

AN.M.3804.

Umm, 22-26.

étoit affiégée, & pour implorer fon fecours. Il détacha une efcadre de vingt galeres, commandée par Claudius Cento, qui partit fur le champ. Ce n'étoit pas Philippe en perfonne qui avoit formé le fiege d'Athenes. II y avoit envoyé un de fes Lieutenans. Pour lui, il avoit porté fes armes contre Attale & contre les Rhodiens.

§. I I. .

Expédition du Conful Sulpicius dans la Macédoine. Les Etoliens attendent l'événe→ ment pour fe déclarer. Philippe eft vaincus dans une bataille. Villius fuccede à Sulpicius. Pendant fon année, il ne fe paffe rien de confidérable. Flamininus prend fa place. Antiochus recouvre la Syrie qu'Ariftomene, Miniftre d'Egypte, lui avoit enlevée. Differentes expéditions du Conful dans la Phocide. Les Achéens, après une longue déli bération, fe déclarent pour les Romains.

CLAUDIUS CENTO, que le Conful avoit Av.J.C.200 envoyé au fecours d'Athenes, étant entré Liv. lib. 31 dans le Pirée avec fes galeres, rendit aux habitans le courage & la confiance. Il ne fe contenta pas de mettre la ville & tout le pays voifin en fûreté : mais ayant appris que la garnifon de Chalcis ne gardoit aucune regle ni aucune difcipline comme éloignée de tout danger, il partit avec fa flotte, arriva près de la ville avant le jour, & ayant trouvé les fenti

nelles endormies, y entra fans peine, mit le feu aux greniers publics remplis de bled & à l'arfenal qui étoit plein de machines de guerre, tailla en pieces toute la garnifon, & après avoir fait porter dans fes vaiffeaux le butin immenfe qu'il avoit amaffé, il retourna au Pirée d'où il étoit parti.

Philippe, qui étoit pour lors à Démétriade, à la premiere nouvelle qu'il reçut du défaftre de cette ville alliée, accourut dans l'efpérance de furprendre les Romains. Mais ils n'y étoient plus, & il fembla n'être venu que pour être témoin du trifte fpectacle de cette ville encore fumante & à demi ruinée. Il voulut rendre la pareille à Athenes, & en feroit venu à bout, fi un de ces coureurs qu'on appelloit hémérodromes * , ayant apperçu de la hauteur où il étoit placé les troupes du Roi, n'en avoit porté promptement la nouvelle à Athenes, où tout étoit endormi. Philippe arriva peu d'heures après, mais avant le jour. Voyant que la rufe lui avoit mal réuffi, il réfolut d'attaquer la ville de vive force. Les Athéniens avoient rangé leurs troupes en bataille hors de l'enceinte des murailles, à la porte Dipyle. Philippe marchant à la tête de fon armée, les attaqua vigoureufement, & en ayant tué plufieurs de fa main, les repouffa dans la ville, où il ne jugea pas à propos de les fuivre. Il déchargea fa colere fur les mai

* On let appelloit ainfi, parce qu'en un jour ils faifoient la course beaucoup ds chemin.

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fons de plaifance, fur les lieux publics d'e xercice comme le Licée, & fur tous les temples qui fe trouvoient hors de la ville mettant le feu par-tout, & ruinant tout ce qui fe rencontroit fans épargner ni les tombeaux, ni ce qu'il y avoit de plus facré. II partit de là pour furprendre Eleufis, où il manqua auffi son coup. Puis il marcha vers Corinthe, & ayant appris que les Achéens tenoient leur affemblée à Argos, il s'y rendit.

On y délibéroit au fujet de Nabis, Tyran de Sparte, qui avoit fuccédé à Machanidas, & qui infeftoit tout le pays par fes courfes. Philippe offroit de fe charger feul de cette guerre. Cette propofition fut reçue avec un applaudiffement général. Il y ajouta une condition qui rabattit bien de cette joie, c'étoit de lui fournir autant de troupes qu'il en falloit pour garder Orée, Chalcis, & Corinthe, & pour ne point laiffer fes derrieres fans défense, pendant qu'il iroit combattre pour eux. On fentit que fon deffein étoit de tirer du Péloponnese la jeuneffe des Achéens pour s'en rendre maître, & pour l'engager dans la guerre contre les Romains. Cycliade, qui préfidoit à l'affemblée, éluda la propofition, en marquant qu'il n'étoit pas permis felon leurs loix de délibérer d'autre chofe que de ce qui avoit fait le fujet de l'affemblée. Ainfi l'on fe fépara, après avoir réfolu la guerre contre Nabis, & Philippe vit encore fon espérance fruftrée.

. Il fit une nouvelle tentative contre Athenes, qui ne lui réuffit pas mieux que la premiere, fi ce n'eft qu'il acheva de détruire ce qui étoit refté dans le pays de temples, de ftatues, & d'ouvrages précieux. Après cette expédition, il fe retira dans la Béotie.

Le Conful, qui campoit entre Apollonie Liv. lib. 31¿ & Dyrrachium, envoya en Macédoine un ". 37-32. détachement affez confidérable fous la conduite du Lieutenant Apuftius, qui ravagea le plat pays, & fe rendit maître de plufieurs petites villes. Philippe, qui étoit retourné en Macédoine travailloit fortement auffi de fon côté aux préparatifs de la guerre.

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La grande attention des deux peuples étoit d'engager dans leur parti les Etoliens. Leur affemblée générale alloit fe tenir. Philippe, les Romains, & les Athéniens y envoyerent leurs Ambaffadeurs. Celui de Philippe prit le premier la parole. Il fe borna à demander que les Etoliens s'en tinffent aux conditions de la paix qu'ils avoient conclue trois ans auparavant avec Philippe, ayant éprouvé alors combien l'alliance avec les Romains leur étoit inutile. II rapporta l'exemple de plufieurs villes dont ces derniers s'étoient rendus maîtres fous prétexte de les fecourir, Syracufe, Tarente, Capoue; de cette derniere fur-tout, qui n'étoit plus Capóue, mais le tombeau des Campaniens, un cadavre de ville, fans Sénat, fans Peuple, fans Magiftrats,

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