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pronias, Proconful, avec dix mille hommes d'infanterie, mille chevaux, & trente-cinq vaiffeaux de guerre, ce qui étoit un fecours fort confidérable. Il leur fut fort mauvais gré d'avoir conclu cette paix fans le confentement des Romains, contre la teneur expreffe du Traité d'alliance. Les Epirotes auffi, las d'une fi longue guerre, envoyerent des Députés, avec la permiffion du Proconful, vers Philippe qui étoit retourné en Macédoine, pour le porter à conclure une paix générale, lui faifant entendre qu'ils fe tenoient comme affurés que s'il confentoit à avoir une entrevue avec Sempronius, ils conviendroient facilement des conditions. Le Roi reçut cette propofition avec joie, & fe rendit en Epire, Comme de part & d'autre, on, fouhaitoit la paix, Philippe afin de mettre ordre aux affaires de fon Royaume, les Romains pour être en état de pouffer plus vigoureufement la guerre contre Carthage, le Traité fut bientôt conclu. Le Roi y fit comprendre Prufias, Roi de Bithynie, les Achéens, les Béotiens, les Theffaliens, les Acarnaniens les Epirotes les Romains de leur côté y comprirent ceux d'Illium, le Roi Attale, Pleurate, Nabis Tyran de Sparte qui avoit fuccédé à Machanidas, les Eléens les Mefféniens, les Athéniens. Ainfi fut terminée cette guerre des Alliés, par une paix qui ne fut pas de longue durée.

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4. VIII.

Expéditions glorieufes d'Antiochus vers l'Orient dans la Médie, la Parthie, l'Hyrcanie,& jufqu'à l'Inde. De retour à Antioche il apprend la mort de Ptolémée Philopator.

L'HISTOIRE des guerres de la Grece nous AN.M.3792. a fait interrompre le récit de ce qui fe Av. J.C.212. paffoit en Afie. Il faut maintenant retourner fur nos pas.

Antiochus ayant employé quelque tems après la mort d'Achéus, à mettre ordre à fes affaires dans l'Afie Mineure, marcha vers l'Orient, pour réduire les provinces qui avoient fecoué le joug de l'Empire de Syrie. Il commença par la Médie, que les Par thes venoient de lui enlever. Leur Roi étoit Arface, fils de celui qui avoit fondé cet Empire. Il avoit profité de l'embarras que caufoit à Antiochus la guerre de Prolémée & celle d'Achéus, & avoit fait la conquête de la Médie.

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Polyb. !. 10.

P.597-602..

Ce pays, dit Polybe, eft le plus puiffant Royaume de l'Asie, foir par fon étendue foit par le nombre & la force des hommes & par la quantité de chevaux qu'on y trou ve. C'eft la Médie qui en fournit toute l'Afie, & fes pâturages font fi bons, que les Rois voifins y mettent leurs haras. Ecbatane en eft la capitale. Les richeffes & la magnificence des édifices de cette ville paffent tout ce que l'on voit dans les autres..

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Le Palais du Roi a fept cens toifes de tour.Quoique tout ce qu'il y avoit en bois fût de cedre & de cyprès, on n'y avoit rien laiffé à nud. Les poutres, les lambris, & les colonnes qui foutenoient les portiques & les périftiles, étoient révêtues les unes de lames d'argent, les autres de lames d'or. Toutes les tuiles étoient d'argent. La plupart de ces richeffes furent enlevées par les Macédoniens du tems d'Alexandre: Antigone & Séleucus Nicator pillerent le ref te. Cependant, lorfqu'Antiochus entra. dans ce Royaume, le temple d'Ena étoit encore environné de colonnes dorées, & on trouva dedans quantité de tuiles d'argent, quelque peu de briques d'or, & beaucoup de briques d'argent. On fir de tout. cela de la monnoie au coin d'Antiochus, laquelle monta à la fomme de quatre mille talens, c'eft-à-dire, de douze millions.

Arface s'attendoit bien qu'Antiochus viendroit jufqu'à ce temple: mais il ne pouvoit s'imaginer que ce Prince auroit la hardieffe de traverfer avec une fi- grande. armée un pays défert tel que celui qui eft proche, & où fur-tout on ne trouve point d'eau. En effet, for la furface de la terre on n'en voit point du tout. Il est vrai qu'il y a fous terre des ruiffeaux & des puits, mais il faut connoître le pays pour les découvrir. Sur cela les habitans du: pays débitent une chofe qui eft vraie ;. que les Perfes, lorfqu'ils fe rendirent maitres de l'Afie, donnerent à ceux qui feroient

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→venir de l'eau dans les lieux où il n'y en auroit point eu auparavant, l'ufufruit de ces lieux-là mêmes jufqu'à la cinquieme génération inclufivement. Les habitans, animés par cette promeffe, n'épargnerent ni travaux ni dépenfes pour conduire fous terre des eaux depuis le mont Taurus, d'où -il en découle une grande quantité, jufques dans ces déferts de forte que même à préfent, dit Polybe, ceux qui fe fervent de ces eaux ne favent pas où commencent les ruiffeaux fouterrains qui les leur fourniffent.

Il feroit à fouhaiter que Polybe, qui pour l'ordinaire eft affez diffus, fût defcendu ici dans un plus grand détail, & nous eût expliqué comment ces canaux fouterrains avoient été conftruits, ce qu'il faut entendre par les puits dont il parle, & comment Arface s'y prit pour les faire boucher. Ce qu'il dit des travaux immenfes & des dépenfes extraordinaires qu'il fallut faire pour venir à bout de cet ouvrage nous donne lieu de croire qu'on conduifit l'eau dans toute l'étendue de ce vaste défert par des aqueducs de maçonnerie bâtis fous terre, qui d'efpace en efpace avoient des ouvertures, que Polybe appelle des puits.

J

Lorfqu'Arface vit qu'Antiochus traver- Ax.M^293) foit le défert malgré les difficultés qu'il Av.J.C. croyoit devoir l'arrêter, il donna ordre qu'on bouchât les puits. Antiochus, qui l'avoit prévu, envoya un détachement de Ma cavalerie, qui fe pofta auprès de cès puits, & battit le parti qui venoit les bou

entra

&

cher. L'armée traverfa le défert,
dans la Médie, en chafla Arface,
regagna toute cette province. Antiochus
y paffa le refte de l'année à rétablir l'ordre,
& à faire les préparatifs néceffaires pour
continuer la guerre.

AN.M.3794. Il entra de fort bonne heure l'année Av.J.C.210. fuivante dans le Pays des Parthes, où il eut le même fuccès qu'il avoit eu en Médie l'année précédente. Arface fut obligé de fe retirer en Hyrcanie, où il crut qu'en s'affurant de quelques paffages dans les montagnes qui la féparent de la Parthie, il feroit impoffible à l'armée de Syrie de le venir inquiéter.

AN.M.3795. Mais il fe trompa. Car, dès que la faiAv. J.C.09.Ton le permit, Antiochus fe mit en campagne, & après avoir effuyé des difficultés incroyables, il fit attaquer tous ces poftes en même tems par toutes les forces, dont il forma autant de Corps qu'il y avoit d'attaques à faire, & les eut bientôt forcés. Enfuite il les réunit toutes dans le plat pays, & alla former le fiege de Séringis, qui étoit comme la capitale d'Hyrcanie. Il y fit au bout de quelque tems,, grande breche, & prit la ville d'affaut. Les habitans fe rendirent à difcrétion.

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Arface cependant fe donnoit de grands mouvemens. En fe retirant il raffembloit des troupes, dont il forma enfin une armée de cent mille hommes d'infanterie, & de vingt mille de cavalerie. Alors il fit tête à l'ennemi, & arrêta fes progrès avec

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