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ran de Sparte attaquoit déja les terres des Achéens, dont il étoit tout voilin. Auffitôt les Achéens & leurs alliés députent vers Philippe, & le preffent de venir en Grece pour les défendre & les foutenir. Il ne tarda pas. Les Etoliens fous la conduite de Pyrrhias qui cette année avoit été nommé leur Général conjointement avec le Roi Attale, s'avancent à fa rencontre jufqu'à Lamia. Pyrrhias avoit avec lui les trou- Ville de Thef pes qu'Attale & Sulpitius lui avoient en-falte dans la voyées. Philippe le battit deux fois, & les Etoliens furent obligés de fe renfermer dans les murs de Lamia. Philippe fe retira à Phalare avec fon armée.

Ehthietide.

Ville auff Pendant le féjour qu'il y fit, il arriva de Theffalis des Ambaffadeurs de la part de Prolémée Roi d'Egypte, des. Rhodiens, des Athé niens, & des habitans de Chio. Ils étoient chargés de faire tous leurs efforts pour établir une paix. folide entre Philippe & les Etoliens. Ce n'étoit pas tant par bonne volonté pour ceux-ci, que par la peine qu'ils avoient de voir Philippe entrer fr fort dans les affaires de la Grece, ce qui pouvoit le rendre plus puiffant que leurs intérêts ne le demandoient.. Car fes conquê tes fur les Etoliens & fur leurs alliés lur facilitoient le moyen de devenir maître detoute la Grece, à quoi fes prédéceffeurs: avoient toujours. afpiré, & lui ouvroient même une entrée dans les villes que Ptolémée poffédoit hors de l'Egypte. Philippe renvoya. la délibération fur la paix à l'Af

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femblée prochaine des Achéens, & cependant accorda aux Etoliens une treve de trente jours. Quand il fe fut rendu à l'Affemblée, les Etoliens, par les propofitions déraisonnables qu'ils firent, ôterent - toute efpérance d'accommodement. Philippe indigné que les vaincus prétendiffent lui faire la loi, déclara qu'en venant à l'affemblée, il n'avoit point du tout compré fur la droiture & la fincérité des Etoliens; mais qu'il étoit bien aife de convaincre fes Alliés qu'il defiroit véritablement la paix, & que les Etoliens feuls y mettoient obftacle. Il partit de là, après avoir laiffé aux Achéens quatre mille hommes pour les foutenir, & fe rendit à Argos, où l'on étoit près de donner les Jeux Néméens, dont il étoit bien aife d'augmenter la célébrité par fa présence.

Pendant qu'il étoit occupé à la célébration de ces jeux, Sulpitius étant parti de Naupate, & ayant débarqué entre Sicyone & Corinthe, ravagea tout le plat pays. Philippe, fur cette nouvelle, quitta les Jeux marcha promptement contre les ennemis, & les trouvant chargés de butin, il les mit en fuite & les pourfuivit jufqu'à leurs vaiffeaux. De retour aux Jeux, il fut reçu avec un applaudiffement général, d'autant plus qu'ayant quitté fon diadême & fa pourpre Royale, il s'égaloit & fe confondoit avec tous les fpectateurs, fpectacle bien agréable & bien flatteur pour des villes libres. Mais autant que fes

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manieres fimples & populaires l'avoient fait aimer, autant bientôt fes débauches énormes le rendirent odieux. Il alloit de nuit dans les maisons en fimple particulier, & y exerçoit toutes fortes de licences. Il n'étoit pas fûr aux peres & aux maris de vouloir s'y oppofer, & ils couroient risque de leur vie.

Quelques jours après la célébration des Jeux, Philippe, avec les Achéens, qui avoient pour Capitaine-Général Cycliade ayant paffé la riviere de Lariffe, s'avance jufqu'à la ville d'Elis, qui avoit reçu une garnifon Etolienne. Le premier jour il ravagea les terres voifines; puis il s'approcha de la ville en bataille rangée, & fit avancer quelques corps de cavalerie jufqu'aux portes, pour engager les Etoliens à faire une forties fortirent en effet; mais Philippe fut bien étonné de voir parmi eux des troupes Romaines. Sulpitius étant parti de Naupacte avec quinze gale- Plut. in P res, & ayant débarqué quatre mille hom-op. p. 360. mes, étoit entré de nuit dans la ville d'Elis.. Le combat fut rude. Démophante, Général de la cavalerie des Eléens, ayant apperçu Philopémen qui commandoit celle des Achéens, s'avança hors des rangs, & courut impétueufement contre lui. Celui-ci l'attendit de pied ferme, & le prévenant il le renverfa d'un coup de pique aux pieds de fon cheval. Démophante tombé, fa cavalerie prit la fuite. J'ai déja parlé de Philopémen, & bientôt je le ferai connoî

tre plus en détail. D'un autre côté, l'infante rie Eléene combattoit avec avantage. Le Roi voyant que les fiens commençoient à plier pouffe fon cheval au milieu de l'infanterie Romaine. Son cheval percé d'un coup de ja velot, le jette par terre. Alors le combat devint furieux, chacun de fon côté faisant des efforts extraordinaires, les Romains pour fe faifir de Philippe, les Macédoniens pour le fauver. Le Roi fignala fon courage en cette occafion, ayant été obligé de combattre longtems à pied au milieu de la cavalerie. Il fe fit dans ce combat un grand carnage. Enfin ayant été enlevé par les fiens, & mis fur un autre cheval, il fe retira. Il alla camper à cinq milles de là, & le lendemain ayant attaqué un Château où s'étoit retirée une grande multitude de payfans avec tous leurs troupeaux, il fit quatre mille prifonniers, & prit vingt mille bétes tant de gros que de menu bétail : avantage qui pouvoit le confoler de l'affront qu'il venoit de recevoir à Elis..

Dans ce moment il reçut nouvelles que les Barbares avoient fait une irruption dans la Macédoine. Il partit fur le champ pour aller défendre fon pays, ayant laiffé aux alliés deux mille cinq cens hommes de fon armée. Sulpicius avec fa flotte fe retira à Egine, où il fe joignit au Roi Attale, & y paffa l'hyver. Quelque tems après les Achéens livrerent un combat aux Etoliens & aux Elé...ns près de Meffene, où ils eurent l'avantage.

§. V.

Education & grandes qualités de Philopémen.

PHILOPÉMEN

dont il fera beaucoup Plut. in Phiparlé dans la fuite, étoit de Mégalopolis, ville top. p. 356de l'Arcadie dans le Péloponnefe. Il reçut une 361. excellente éducation par les foins de Caffandre de Mantinée, qui après la mort de fon pere, par reconnoiffance pour les fervices importans qu'il en avoit reçus, fervit au jeune Pupille de Tuteur & de Gouverneur.

Au fortir de l'enfance, il fut mis entre les mains d'Ecdémus & de Démophane, citoyens de Mégalopolis, qui avoient été dans l'école d'Arcéfilas, fondateur de la nouvelle Académie. Le but de la philofophie, dans ce tems-là, étoit de porter les hommes à fervir leur patrie, & de les former par fes préceptes au gouvernement de la République, & au maniement des grandes affaires. C'eft l'avantage inestimable que procurerent à Philopémen les deux Philofophes dont nous parlons, par où ils le rendirent le bonheur commun de la Grece. Auffi, comme on dit que les meres aiment plus leurs derniers enfans qu'elles ont dans un àge avancé, la Grece, comme ayant enfanté Philopémen dans fa vieilleffe, & après tous les grands perfonnages qu'elle avoit portés, l'aima finguliérement, & fe plut à augmenter fa puiffance à mesure qu'elle voyoit craître fa répu

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