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CONCLUSION.

Nous croyons avoir étudié dans un esprit de justice et d'impartialité la doctrine psychologique d'Aristote. Nous nous sommes efforcé en l'exposant de n'y ajouter aucun commentaire hasardé; nous l'avons ensuite examinée en elle-même, abstraction faite de tous les jugements dont elle a pu être l'objet. Il nous reste à présenter en quelques mots les principaux résultats de ce travail,

La doctrine psychologique d'Aristote ressemble à son système. Là comme partout, Aristote n'est ni un pâle reflet de Platon, ni un avant-coureur de Locke, de Hobbes ou de Spinoza, auxquels on l'a souvent comparé, bien à tort suivant nous. Aristote est luimême et ne se comprend que par lui-même : c'est le génie de la science et de la méthode dans l'antiquité; il aspire à la science universelle et pratique une méthode synthétique; mais il sait aussi consulter l'expérience. Son système n'est proprement ni le sensualisme ni l'idéalisme; il se tient à égale distance des extrêmes, et garde en quelque sorte le milieu que luimême recommande dans sa théorie des vertus morales. Il a su démêler les deux termes de la connaissance humaine, et il n'a consenti à sacrifier ni l'un ni l'autre : mais avec la même sagesse il a reconnu la supériorité de l'intelligible sur le sensible, et il a constamment subordonné les sens à la raison.

Aristote n'a point fait de la psychologie une science à part; il ne paraît pas en avoir compris l'importance générale et il ne l'a pas étudiée pour elle-même. Il a bien un système arrêté sur la nature et les facultés de l'âme humaine, mais ce système est disséminé dans tous ses écrits, et ce n'est qu'un fragment d'une doctrine plus vaste, qui comprend toute âme et s'applique à tout être vivant.

Aristote a étudié l'âme humaine tantôt en naturaliste et tantôt en métaphysicien, mais non en psychologue. Il a mêlé cette étude avec celle du corps, et confondu en une même science la physiologie et la psychologie. Enfin, au lieu de la méthode d'observation intime qui convient à cette dernière science, il a pratiqué une méthode synthétique qui remplace l'induction par la déduction, ou bien il n'a employé qu'une observation extérieure et indirecte, portant sur les actions d'autrui ou sur le langage. C'est de là que dérivent suivant nous les principales erreurs que nous avons cru découvrir dans la psychologie d'Aristote: de là en effet une définition de l'âme qui confond la nature morale de l'homme avec sa nature physique; de là ces théories qui effacent ou compromettent l'unité et la simplicité de l'âme, sa spiritualité, son activité même; de là encore la conscience méconnue comme faculté spéciale; de là enfin la volonté réduite au désir, et le libre arbitre à une manière de penser.

A ces erreurs, dont quelques-unes ne sont qu'en germe dans Aristote, il faut opposer de nombreux et incontestables mérites, d'excellentes règles de méthode qui corrigent heureusement la méthode générale, et

surtout des analyses précieuses dont plusieurs sont des chefs-d'œuvre : la théorie de la sensation, celle de la mémoire et de la réminiscence, l'étude de l'état de rêve, celle de l'opinion et de la science, la théorie immortelle du raisonnement, l'analyse délicate et vraie du plaisir et de la peine, des passions, de l'habitude et de tant d'autres faits importants de l'âme humaine.

Tels sont les principaux défauts et les mérites les plus saillants que nous avons essayé de mettre en lumière dans cette seconde partie de notre travail. Puissions-nous, dans cette faible critique d'un si grand maître, n'avoir pas oublié un seul instant le profond respect qui est dû au plus beau génie scientifique de l'antiquité, à l'auteur des Analytiques et de l'Histoire des animaux!

FIN.

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De l'étude de l'âme.
De l'âme en général.

Des parties de l'âme.

De la partie nutritive.
- De la partie sensitive.

CHAP. VI. - Des sens en général et de leurs objets.

CHAP. VIL Du toucher.

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CHAP. XIV. -Théorie générale des connaissances générales. 109

CHAP. XV. - Du plaisir et de la peine.

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CHAP. III. De la nature et des facultés de l'âme.

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CHAP. VI. De l'activité volontaire et libre..

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