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Voilà pourquoi de tous les fluides connus, l'alcohol eft celui qui fe confume le plus vite.

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Tous corps homogènes de dimenfions égales, à feu égal, mais chacun peint ou teint d'une couleur différente, s'échauffent fuivant les proportions des fept couleurs primitives. Le noir s'échauffe le plus vite, puis le violet, le pourpre, le verd, le jaune, l'orangé, le rouge, et enfin le blanc.

Par la même raifon le corps blanc garde plus longtemps fa chaleur, et le corps noir eft celui qui la perd le plus tôt.

On a trouvé depuis que dans les phénomènes où Sthal n'avait vu que la combinaison du phlogistique, il y avait dégagement d'un fluide aériforme, qu'on nomme air vital, air déphlogistiqué, et que ces phénomènes qu'il expliquait par le dégagement du phlogistique, étaient accompagnés d'une combinaison avec ce même fluide. Quelques chimiftes en ont conclu que le phlogistique n'exiftait point dans les corps: cette affertion nous paraît hasardée ; en effet, la lumière qui eft produite par l'inflammation appartenait, ou au corps enflammé, ou à cet air néceffaire pour que l'inflammation ait lieu : dans le premier cas, il faut reconnaître un principe particulier dans le corps inflammable; dans le second, il faut le reconnaître dans cet air vital; mais l'air vital ne paraît point se decomposer dans plufieurs de ces opérations: il femble donc plus probable que le phlogistique, c'est-à-dire, le principe auquel eft dû dans ces phénomènes l'apparition de la lumière, appartient aux corps inflammables, comme Sthal l'a imaginé.

On pourrait, d'après plufieurs expériences, regarder le fluide aériforme qu'on nomme air inflammable, et qui détonne avec l'air vital, comme étant le principe de Sthal; mais d'autres experiences paraissent prouver que la lumiere feule peut le combiner avec les corps, puifque la lune cornée étant expofee aux rayons du foleil et dans un flacon bouché, fe colore en violet. Il faudrait, il eft vrai, examiner fi cet effet fe produit dans le vide, ou fans que l'air du flacon foit diminué ou changé de nature. Voyez ci-apres la note 13.

Phyfique, &c.

V

On pourrait mettre pour neuvième loi, qu'il doit y avoir des variations dans la plupart des lois pré

cédentes.

Ces variations viennent de ce que les pores et la tiffure d'un corps, quelque homogène qu'il foit, ne font jamais également diftribués et difpofés. Concevez un corps divifé en cent lamines, et ayant mille pores, les cent lamines ne font pas toutes de la même épaiffeur, et les pores de ces lamines ne fe croisent pas de la même façon; c'eft cet arrangement inégal des pores, et cette épaiffeur différente des feuilles, qui font cause que certains rayons font réfléchis, et certains autres tranfmis; qu'une feuille d'or tranfmet des rayons bleus tirant fur le verd, et réfléchit les autres couleurs ; que la quatrième partie d'un millionième de pouce donne du blanc entre deux verres, l'un plat et l'autre convexe, fe touchant en un point, &c.

Or cette variation de tiffure, qui détermine les différentes actions du feu, en tant qu'il éclaire, ne doitelle pas auffi déterminer les différentes actions du feu, en tant qu'il échauffe et qu'il brûle?

C'est donc de la combinaison de toutes ces lois dont on vient de parler, que naît la proportion dans laquelle le feu pénètre les corps: il n'agit point en raison réciproque des pefanteurs ni des cohérences, ni en raison compofée de ces deux; car, par exemple, la cohéfion dans le fer eft environ quinze fois plus grande que dans le plomb (comme il eft prouvé par les poids égaux suspendus à des barres de plomb et de fer de pareil volume) la pefanteur fpécifique du plomb eft à celle du fer comme onze est à sept; cependant le plomb acquiert en temps égal, à feu égal, à peu

près le double de chaleur du fer; ce qui n'a aucun rapport ni à leurs pefanteurs, ni à leurs cohérences.

La raison dans laquelle le feu agit, eft non-feulement composée de ces deux raisons de pefanteur et de cohésion; mais de tous les rapports ci-deffus mentionnés.

Il n'eft guère poffible que nos lumières et nos organes, auffi bornés qu'ils le font, puiffent jamais parvenir à nous faire connaître cette proportion qui réfulte de tant de rapports imperceptibles; nous en faurons toujours affez pour notre usage, et trop peu pour notre curiofité.

L'expérience feule peut nous apprendre en quel rapport le feu détruit les divers corps, fluides, minéraux, végétaux, animaux.

L'on ne peut fixer rien d'exact fur cela que pour le climat que nous habitons, et pour une température déterminée de ce climat: car les rayons du foleil en moindre ou plus grand nombre, ou dardés plus ou moins obliquement, les vents, les exhalaisons, altèrent la tiffure de tous les corps.

Sur-tout le reffort et la pefanteur de l'air par leurs variétés augmentent et diminuent l'action du feu. Plus l'air eft pefant, plus les corps acquièrent de chaleur à feu égal; trois onces de plus de pefanteur dans la colonne de l'atmosphère rendent l'eau bouillante plus chaude d'un neuvième.

On fait déjà par le pyromètre qu'un philosophe excellent vient d'inventer, les dilatations comparatives des métaux à feu égal, en temps égal, le baromètre étant à telle hauteur.

On fait par le thermomètre de Fahenrheit, le philofophe des artifans, les degrés comparatifs de la chaleur de plufieurs liqueurs, et les termes de leur chaleur.

Or, dans une température d'air déterminée, tout a fon degré de chaleur déterminé. Les liqueurs bouillantes, les métaux en fufion, les minéraux calcinés, les végétaux ardens, comme les bois, &c. acquièrent un degré de chaleur, paffé lequel on ne peut les échauffer.

Ce dernier degré abfolu et les degrés comparatifs de chaleur des fluides, des minéraux, des végétaux peuvent, je crois, être connus à l'aide du feul thermomètre conftruit fur les principes de M. de Réaumur.

Il n'y a qu'une feule précaution à prendre, c'est que l'esprit de vin ne bouille pas dans le thermomètre. Pour cet effet je ne plonge qu'à moitié la boule du thermomètre dans les liqueurs bouillantes.

Je mets le même thermomètre à une telle distance de chaque métal en fufion, que le métal le plus ardent fait monter l'efprit de vin plus haut fans le faire bouillir. Je fais une table en trois colonnes: la première colonne marque le temps où la liqueur bout en un vase égal, à feu égal: la feconde marque le degré où eft monté le thermomètre, dont la boule est à moitié plongée dans la liqueur bouillante la troifième colonne marque le temps dans lequel le thermomètre eft monté depuis la marque o, ayant foin d'avoir toujours de la glace auprès de moi. Une autre table fert pour les métaux en fufion. La première colonne marque le temps qu'il a fallu pour fondre les divers métaux à feu égal, en vase égal.

:

La feconde, les degrés où s'eft élevé le thermomètre depuis la marque o, à égale distance des métaux fondus. Je fais la même opération pour les calcinations.

A l'égard des plantes, je fais couper en un même jour des branches de tous les arbres d'une pépinière; j'en fais tourner au tour des morceaux d'égale dimension, et les

rangeant tous fur une plaque de fer poli, également épaiffe, rougie au feu également, j'obferve avec une pendule à fecondes les temps où chaque morceau eft réduit en cendre, et il y a entre ces temps des différences très - confidérables.

J'en fais autant avec les légumes.

Mais s'il eft utile de favoir quel degré de feu eft néceffaire pour détruire, il ne l'eft pas moins de favoir quel degré il faut pour animer, et quel feu et quel froid peuvent foutenir les animaux et les plantes, par exemple, quel degré de feu peut faire mûrir le blé, et en combien de temps quel degré de feu le fait périr.

C'eft de quoi je prépare encore une table, et je joindrai toutes ces tables à ce petit effai, fi meffieurs de l'académie le jugent digne de l'impreffion, et s'ils pensent que l'utilité de ces opérations puiffe fuppléer aux défauts de l'écrit. (10)

ARTICLE IV.

De la communication du feu ; comment et en quelle proportion le feu fe communique d'un corps à un

autre.

Les lois du mouvement doivent toujours nous fervir de règle. Un corps en mouvement, qui choque un corps en repos, perd de fon mouvement autant qu'il en donne; il en eft ainfi du feu qui échauffe un corps quelconque.

Tout corps échauffé communique fa chaleur également, et en tout fens aux corps environnans, c'eft-à-dire, leur

(10) M. de Voltaire n'a point publié les tables qu'il annonce ici; ce fut vers ce temps qu'il renonça aux fciences phyfiques.

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