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LES

CARACTERES

DE THEOPHRASTË

TRADUITS DU GREC:
AVEC

LES CARACTERES

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A LYON,

Chez THOMAS A MAULRY,
rue Merciere, au Mercure Galant.

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AVEC PRIVILEGE DE SA MAIE STE

Admonere voluimus, non mordere : prodesse, non lædere: confulere moribus hominum,

non officere, Erafm...

DISCOURS

SUR

THEOPHRASTE.

E n'eftime pas que l'homme foit capable de former dans fon esprit un projet plus vain & plus chimerique, que de prétendre en écrivant de quelque art ou de quelque fcience que ce foit, échaper à toute forte de critique, & enlever les fuffrages de tous fes Lec

teurs.

Car fans m'étendre fur la difference des efprits des hommes auffi prodigieufe en eux que celle de leurs vifages qui fait goûter aux uns les chofes de fpeculation, & aux autres celles de pratique ; qui fait que quelques-uns cherchent dans les Livres à exercer leur imagination, quel ǎ ij

LYON

ques autres à former leur jugement, qu'entre ceux qui lifent, ceux-cy aiment à eftre forcez par la démonftration, & ceux-là veulent entendre délicatement, ou former des raifonnemens & des conjonctures; je me renferme feulement dans cette fcience qui décrit les mœurs, qui examine les hommes, & qui développe leurs caracteres ; & j'ofe dire que fur les ouvrages qui traitent de chofes qui le touchent de fi prés, & où il ne s'agit que d'eux-mêmes, ils font encore extrémement difficiles à con

tenter.

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Quelques Sçavans ne goûtent que les Apophtegmes des Anciens, & les exemples tirez des Romains, des Grecs, des Perfes, des Egyptiens; l'hiftoire du monde prefent leur est infipide; ils ne font point touchez des hommes qui les environnent & avec qui ils vivent, & ne font nulle attention à leurs mœurs. Les femmes au contraire, les gens de la Cour, & tous ceux qui n'ont que beaucoup d'efprit fans érudition, indifferens pour toutes les chofes qui les ont précedé, font avides de celles

nent,

qui fe paflent à leurs yeux,& qui font comme fous leur main; ils les examiils les difcernent, ils ne perdent pas de veue les perfonnes qui les entourent, fi charmez des defcriptions & des peintures que l'on fait de leurs contemporains, de leurs concitoyens, de ceux enfin qui leur reffemblent, & à qui ils ne croyent pas reffembler; que jufques dans la Chaire l'on fe croit obligé fouvent de fufpendre l'Evangile pour les prendre par leur foible, & les ramener à leurs devoirs par des chofes qui foient de leur gouft & de leur portée.

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La Cour ou ne connoift pas la ville, ou par le mépris qu'elle a pour elle neglige d'en relever le ridicule, & n'eft point frappée des images qu'il peut fournir ; & fi au contraire l'on peint la Cour, comme c'eft toûjours avec les ménagemens qui luy font dûs, la ville ne tire pas de cette ébauche de quoy remplir fa curiosité, & fe faire une jufte idée d'un païs où il faut même avoir vêcu pour le connoître.

D'autre part il eft naturel aux hommes de ne point convenir de la beau

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