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2 daquin

& il cherche celui d'entrer & de fortir plus commodement que par la porte.

Il y a déja long-temps que l'on improuve les Medecins, & que l'on s'en fertile theatre & la fatyre ne touchent point à leurs penfions; ils dotent leurs filles, placent leurs fils aux Parlemens & dans la Prélature & les railleurs eux-mefmes fourniffent l'argent. Ceux qui fe portent bien deviennent malades, il leur faut des gens dont le métier foit de les affeurer qu'ils ne mourront point : tant que les hommes pourront mourir & qu'ils aimeront à vivre, leMedecin fera raillé & bien payé.

,

Un bon Medecin eft celuy qui a des remedes fpecifiques, ou s'il en manque, qui permet à ceux qui les ont, de guerir fon malade.

La temerité des Charlatans, &t leurs triftes fuccez qui en font les fuites, font valoir la Medecine & les. Medecins : fi ceux-cy laiffent mourir les autres tuent.

L'on fouffre dans la Republique les Chiromantiens & les Devins, ceux qui font l'horofcope & qui tirent la gure, ceux qui connoiflent le paflé

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le mouvement du Sas, ceux qui font voir dans un miroir ou dans un

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vafe d'eau la claire verité ; & ces gens font en effet de quelque ufage ils prédifent aux hommes qu'ils feront fortune, aux filles qu'elles épouferont leurs amans, confolent les enfans dont les peres ne meurent point; & charment l'inquietude des jeunes feinines qui ont de vieux maris : ils trompent enfin à tres-vil prix ceux qui cherchent à eftre trompez.

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¶ Que penfer de la magie & du fortilege? La theorie en eft obfcure les principes vagues,incertains, & qui approchent du vifionnaire: mais il y a des faits embaraffans, affirmez par des hommes graves qui les ont vus, ou qui les ont appris de perfonnes qui leur reffemblent; les admettre tous, ou les nier tous, paroît un égal inconvenient, & j'ofe dire qu'en cela, comme dans toutes les chofes, extraordinaires & qui fortent des communes regles, qu'il y a un parti à trouver entre les ames credules & les efprits forts.

L'on ne peut gueres charger l'enfance de la connoiffance de trop de

langues, & il me femble que l'on devroit mettre toute fon application à l'en inftruire: elles font utiles à toutes les conditions des hommes, & elles leur ouvrent également l'entrée ou à une profonde, ou à une facile & agreable érudition. Si l'on remer cette étude fi penible à un âge un peu plus avancé, & qu'on appelle la jeuneffe ou l'on n'a pas la force de l'embraffer par choix ; ou l'on n'a pas celle d'y perfeverer; & fi l'on y perfevere, c'eft confumer à la recherche des langues le mefme temps qui eft confacré à l'ufage que l'on en doit faire; c'eft borner à la fcience des mots un âge qui veut déja aller plus loin, & qui demande des chofes,c'eft au moins avoir perdu les premieres & les plus belles années de fa vie. Un fi grand fond ne fe peut bien faire, que lorfque tout s'imprime dans l'ame naturellement, & profondement; que la memoire eft neuve promte, & fidelle; que l'efprit & le cœur font encore vuides de paffions,de foins & de defirs & que l'on eft déterminé à de longs travaux par ceux de qui l'on dépend. Je fuis per

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fuadé que le petit nombre d'habilles, ou le grand nombre de gens. fuperficiels viét de l'oubli de cette pratique.

L'étude des textes ne peut jamais eftre affez recommandée; c'eft le chemin le plus court, le plus feur & le plus agreable pour tout genre d'éru dition: ayez les chofes de la premiere main, puifez à la fource,maniez, remaniez le texte ; apprenez-le de memoire ; citez-le dans les occafions; fongez fur tout à en penetrer le fens dans toute fon étendue & dans fes circonftances; conciliez un auteur original, ajuftez fes principes, tirez vous-mefine les confequences, les premiers Commentateurs fe font trouvez dans le cas où je defire que vous foyez ; n'empruntez leurs lumieres,& ne fuivez leurs vûës, qu'où les vôtres feroient trop courtes; leurs explications ne font pas à vous, & peuvent aisément vous échaper; vos. obfervations au contraire naiffent de vôtre efprit & y demeurent, vous les retrouvez plus ordinairement dans la converfation, dans la confultation & dans la difpute: ayez le plaifir ne voir que vous n'étes arrêté dans la

lecture que par les difficultez qui font invincibles, où les Commenta. teurs & les Scoliaftes eux-mefmes demeurent courts fi fertiles d'ailleurs, fi abondans & fi chargez d'une vaine & faftueuse érudition dans les endroits clairs, & qui ne font de peine ny à eux ny aux autres achevez ainfi de vous convaincre par cette methode d'étudier, que c'est la parelle des hommes qui a encou ragé le pedantifine à groffir plutôt. qu'à enrichir les bibliotheques, à faire perir le texte fous le poids des Commentaires ; & qu'elle a en cela agi contre foy-mefine & contre fes plus chers interefts , en multipliaut les lectures, les recherches & le travail qu'elle cherchoit à éviter.

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