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rions ou que nous négligions. L'avis et le conseil ont aussi pour but l'instruction, mais avec un rapport plus marqué à une conséquence de conduite, se donnant dans la vue de faire agir ou parler avec cette différence entre eux, que l'avis ne renferme dans sa signification aucune idée accessoire de supériorité, soit d'état, soit de génie; au lieu que le conseil emporte avec lui au moins une de ces idées de supériorité, et quelquefois toutes les deux ensemble. Les auteurs mettent des avertissements à la tète de leurs livres. Les espions donnent avis de ce qui se passe dans le lieu où ils sont. Les pères et les mères ont soin de donner des conseils à leurs enfants avant que de les produire dans le monde. (G.)

L'avis et l'avertissement intéressent quelquefois celui qui les donne : le conseil intéresse toujours celui qui le reçoit. (D'Al.)

AVEU, CONFESSION. Déclaration d'une action, d'un acte ou d'une intention coupable. On fait l'aveu de ce que l'on niait d'abord, ou tout au moins de ce que l'on voulait tenir caché: on y est contraint par la force, par la crainte, ou bien on y est amené par l'interrogation, par l'espoir d'encourir une peine moins grave, ou par quelque autre motif d'intérêt personnel. La confession est une déclaration spontanée, volontaire; elle n'est sollicitée que par le repentir, si elle est sincère, et elle n'a pas d'autre objet que d'obtenir la paix de la conscience. AVEUGLÉMENT, A L'AVEUGLE; ÉTOURDIMENT, A L'ÉTOURDIE. 1o Celui qui agit à l'aveugle ne voit pas, faute d'intelligence, de connaissance, de lumière, ou faute d'attention, d'examen, de réflexion. Celui qui agit aveuglément ne veut pas voir ou ne peut pas voir, parce qu'il est aveuglé par quelque chose, parce qu'il se refuse à l'usage de sa raison, de ses lumières naturelles ou acquises, des moyens qu'il a d'en acquérir, et parce qu'il est déterminé, mené, entraîné par une puissance impérieuse. Le premier agit comme les aveugles le second est moralement aveugle. « A l'aveugle, dit Roubaud, détermine proprement et littéralement une manière d'agir, telle qu'elle serait si l'on était aveugle: il se dit plutôt, en matière légère et d'un acte simple. Aveuglément annonce rigoureusement le défaut ou l'habitude d'ètre aveuglé, fasciné, subjugué, gouverné, etc.: il se dit plutôt en matière grave et d'une suite d'actions. Dans le premier cas vous vous comportez comme si vous étiez aveugle; dans le second vous seriez aveugle. Sans raison, on agit à l'aveugle, on ne sait ce qu'on fait avec des passions impérieuses, on le fait aveuglément, on veut ce qu'elles veulent. Celui qui n'est pas instruit des formes nécessaires à la validité d'un acte, le signe à. l'aveugle: celui qui n'est pas en état de juger s'il a raison ou tort dans une affaire, se laisse aveuglément conduire ».

2o La même différence existe entre étourdiment et à l'étourdie. Agir étourdiment, c'est agir comme un étourdi que l'on est : agir à l'étourdie, c'est agir comme le ferait un étourdi, à la manière d'un étourdi.

L'adverbe tombe sur le fond de l'action; la phrase adverbiale sur la forme, et a rapport aux circonstances et à l'objet (61, page 20). AVIDITÉ. V. Concupiscence.

AVILIR. V. Abaisser.

AVIS. V. Avertissement et Sentiment.

AVIS (DONNER), et AVISER. V. Avertir.

AVOIR, POSSEDER. Il n'est pas nécessaire de pouvoir disposer. d'une chose, ni qu'elle soit actuellement entre nos mains, pour l'avoir; il suffit qu'elle nous appartienne. Mais pour la posséder, il faut qu'elle soit en nos mains, et que nous ayons la liberté actuelle d'en disposer ou d'en jouir. Ainsi nous avons des revenus, quoique non payés ou même saisis par des créanciers; et nous possédons des tré- On n'est pas toujours le maître de ce qu'on a; on l'est de ce qu'on possède. On a les bonnes graces des personnes à qui l'on plaît : on possède l'esprit de celle que l'on gouverne. Nous n'avons souvent les choses qu'à demi; nous partageons avec d'autres. Nous ne les possédons que lorsqu'elles sont entièrement à nous, et que nous en sommes les seuls maîtres. (G.)

sors.

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AVOIR COUTUME, AVOIR LA COUTUME. On a coutume de faire quelque chose de naturel, de simple, de commun, d'ordinaire : on a la coutume de faire quelque chose de ridicule, de bizarre, de déplacé, ou quelque chose de singulier, d'extraordinaire et qui frappe l'attention « Il y a en Amérique une tribu de sauvages qui ont la coutume de comprimer le dessus de la tête des enfants nouveau-nés. >> AVOIR ENVIE. V. Envier et Vouloir.

AVOIR ÉTÉ. V. Allé (étre).

AVOIR NOUVELLE, AVOIR DES NOUVELLES. Avoir nouvelle. c'est apprendre la chose, on l'ignorait auparavant. Avoir des nouvelles, c'est apprendre des circonstances et des particularités de la chose; on savait déjà la chose auparavant, mais on ignorait les détails. (B.) Exemple : « Nous avons nouvelle qu'on a découvert au sud un troisième continent; nous y prendrons plus de confiance quand nous en aurons des nouvelles plus détaillées». (Bh.)

AVOIR PEINE, HONTE, PITIÉ, HORREUR, DESSEIN, etc.; AVOIR DE LA PEINE, DE LA HONTE, DE LA PITIÉ, DE L'HORREUR, LE DESSEIN. Dans la phrase avoir peine, pitié, horreur, ces noms sont des noms d'espèce pris dans un sens indéfini sans extension et sans restriction, sans graduation et sans qualification. Dans la phrase avoir de la peine, de la pitié, de l'horreur, ces noms précédés de l'article sont pris dans un sens particulier ou individuel, et susceptible de restriction, d'extension, de qualification, en un mot, de modifications différentes. La phrase avoir peine, honte, etc., exprime uniquement l'espèce de sentiment qu'on a, le genre de disposition où l'on est. La phrase avoir de la peine, de la honte, etc., marque tel effet qu'on sent, certaine épreuve qu'on fait

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avec telle circonstance, dans un cas particulier ou particularisé. Vous avez peine à faire la chose à laquelle vous répugnez naturellement : vous avez de la peine à faire ce que vous ne faites qu'avec plus ou moins de difficulté. On a peine à croire ce que l'esprit rejette de luimême; on a de la peine à croire ce qu'on ne se persuade pas aisément. Dans le premier cas, il y a une répugnance ou un préjugé à vaincre; dans le second vous trouvez des difficultés ou des embarras à lever. — Il en est de même des autres exemples que j'ai cités. Ainsi, en général, j'aurai honte de choquer les bienséances; ce sentiment est en moi : j'ai de la honte à les voir choquer; c'est tel sentiment que j'éprouve à certain degré. Vous avez dessein de faire une entreprise; telle est la disposition de votre esprit. Vous avez le dessein de faire telle entreprise; c'est une résolution que vous avez formée. - En général, on a pitié du pauvre, horreur du crime, peur du mal, etc. En vertu de ce sentiment général, on a pitié d'un pauvre, horreur d'un crime, peur d'un mal particulier. Mais par le fait et selon les circonstances, on a pour un pauvre la pitié qu'il mérite, pour un crime l'horreur qu'il inspire, pour un mal la peur qu'il doit faire. (R.)

AVOIR PEUR. V. Craindre.

AXIOME, MAXIME, SENTENCE, APOPHTHEGME, APHORISME. L'axiome est une proposition, une vérité capitale, principale, si évidente par elle-même, qu'elle captive par sa propre force et avec une autorité irréfragable, l'entendement bien disposé : c'est le flambeau de la science. La maxime est une proposition, une instruction importante, majeure, faite pour éclaircir et guider les hommes dans la carrière de la vie c'est une grande règle de conduite. La sentence est une proposition, un enseignement court et frappant, qui, déduit de l'observation ou puisé dans le sens intime ou la conscience, nous apprend ce qu'il faut faire, ou ce qui se passe dans la vie : c'est une espèce d'oracle. L'apophthegme est un dit mémorable, un trait remarquable, qui, parti d'une âme ou d'une tête énergique, fait sur nous une vive impression: c'est un éclat d'esprit, de raison, de sentiment. L'aphorisme est une notion, un enseignement doctrinal, qui expose ou résume en peu de mots, en préceptes, en abrégé, ce qu'il s'agit d'apprendre c'est la substance d'une doctrine. Nous rappellerons, pour exemple, quelques axiomes: un corps est impénétrable à un autre corps; ou bien deux choses égales à une troisième sont égales entre elles. Nous citerons également quelques maximes: Considérez la fin, envisagez le but. Connais-toi toi-même, c'est l'inscription du temple de Delphes. Les propositions suivantes peuvent être regardées comme des sentences: Le malheur est le grand maître de l'homme, ou, comme dit l'adage grec : Ce qui vous nuit, vous instruit. Le trait suivant est rapporté parmi les apophthegmes: On demandait à Léonidas pourquoi les braves gens préfèrent l'honneur à la vie! Parce qu'ils tiennent la vie de la Fortune, l'honneur de la Vertu. La proposition suivante est un apho

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risme : Les maladies, selon la doctrine d'Hippocrate, sont guéries par la nature, et non par les remèdes ; et la vertu des remèdes consiste à seconder la nature. (R.)

B

BABIL, BAVARDAGE, CAQUET, CAQUETERIE, CAQUETAGE. Le babil est une abondance excessive de paroles, sans autre but que le plaisir de parler : il étourdit par sa volubilité et sa continuité. Le bavardage est un flux de paroles qui prend sa source dans la sottise : il ennuie et fatigue par le vide de la pensée ou par son impertinence. Le caquet est une intempérance de paroles qui provient de la vanité de l'esprit : il assomme par ses répétitions et son éclat. Caquet vient de caqueter, qui se dit, proprement, du bruit que fait la poule après qu'elle a pondu : nous disons que les pies et les perroquets caquettent. Un enfant a du babil; un fat a du bavardage; les commères ont du caquet.

Caqueterie et caquetage expriment l'un et l'autre l'action de caqueter. Au pluriel, caquets et caqueteries désignent des discours futiles ou des propos malins sur le compte d'autrui; mais il y a entre ces mots la différence du plus au moins caqueteries, signifie une pluralité, une suite de caquets (22, page 7), ou bien des caquets qui se font entendre, qui ne restent pas secrets.

Quant à caquetage, qui ne s'emploie pas au pluriel, c'est un ensemble de caquets (24, page 8). Ce mot est plus compréhensif que caqueterie, il dit encore plus : des caqueteries forment du caquetage et non des caquetages.

BABILLARD, BAVARD. Le babillard parle trop et dit des riens comme un enfant; le bavard en dit trop, et parle sans pudeur et sans égards comme un grand enfant. Il faut que le babillard parle : il faut que le bavard tienne le dé de la conversation. Le babillard est incommode; le bavard est fâcheux. — Le babillard a quelquefois de l'esprit; il plaît, il amuse quelque temps: c'est un gazouillement agréable. Le bavard n'est pas sans sottise; il ne tarde pas à le prouver et à déplaire : c'est au moins un bourdonnement insupportable. Il y a un joli babil : mais il n'y a qu'un sot bavardage. (R.)

BABILLER. V. Causer.

BABIOLE. V. Minutie.

BADIN. V. Folâtre.

BADINAGE, BADINERIE. Le mot badinage indique particulièrement la nature, le génie, l'esprit de l'action ou de la chose, ce qu'elle est en elle-mème et dans son ensemble (24, page 8): badinerie exprime plutôt un trait particulier de badinage décoché en passant, et l'esprit ou l'intention de la personne qui fait l'action ou la chose. Des

badineries forment un badinage et non des badinages. La badinerie est un trait de badinage sans conséquence. (R.)

BAFOUER. V. Honnir.
BAGATELLE. V. Minutie.

BAISSER. V. Abaisser.

BALANCER, HÉSITER. Le doute, l'incertitude, la prudence, font balancer; la crainte, la timidité, la faiblesse, font hésiter. Dans le premier cas, on flotte incertain, on penche tantôt d'un côté, tantôt de l'autre; en un mot, on ne sait que faire : dans le second cas, on n'ose faire; on a bien pris une détermination, mais on n'a pas la force ou le courage de l'exécuter. L'homme sage, prudent, circonspect, balance: l'homme paresseux, mou, timide, défiant, lâche ou peureux, hésite. BALBUTIER, BÉGAYER. BREDOUILLER. Balbutier, c'est ne parler que du bout des lèvres, c'est laisser en quelque sorte tomber ses paroles en affaiblissant diverses articulations. Bégayer, c'est parler sans suite, en s'arrêtant à certaines articulations qu'on a de la peine à prononcer, et en répétant plusieurs fois, en remâchant celles qui les précèdent. Bredouiller, c'est rouler précipitamment les paroles ou les syllabes les unes sur les autres, et les confondre dans un bruit sourd; c'est parler avec volubilité et d'une manière peu distincte.

BALIVERNE, SORNETTE. Une baliverne est une chose de peu d'importance; ce mot s'emploie le plus souvent au pluriel pour signifier une occupation futile, un passe-temps puéril: S'occuper de balivernes. (Acad.) Sornette ne s'emploie guère qu'au pluriel, et il signifie discours frivole, vide de sens et de raison: Il ne dit que des sornettes. (Acad.) Baliverne se dit aussi au singulier et au pluriel de propos tenus, de paroles émises; mais il fait entendre que ces propos consistent en des propositions qui, sans être déraisonnables et dépourvues de sens, n'ont cependant rien d'utile ou de vrai.

BALUSTRE, BALUSTRADE. Assemblage de petits piliers servant de clôture. Le balustre est un de ces piliers façonnés : la balustrade est une suite, une rangée de plusieurs balustres portant une tablette d'appui et servant d'ornement ou de clôture (21, page 7). Mais balustre se dit aussi dans le sens de balustrade pour désigner une clôture dans une église ou dans une chambre : « Le balustre d'autel; le balustre du lit du prince ». (Acad.)

BANDE. V. Troupe.

BANNI. V. Exilé.

BANQUEROUTE, FAILLITE. La faillite est simplement l'état d'un commerçant qui a suspendu ses paiements: ce n'est ni un crime, ni même un délit. La banqueroute est une faillite avec des circonstances qui rendent le commerçant plus ou moins coupable, telles que des livres mal tenus, des détournements de valeurs au détriment de ses créanciers, des pertes supposées, etc. Selon le plus ou moins de gravité de ces circonstances, la banqueroute est simple ou elle est fraudu

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