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aimera bien à dire la vérité : l'homme vrai ne peut que la dire. Dieu est vrai par essence : l'écrivain inspiré par lui est contraint d'ètre véridique. Les gens véridiques le sont dans leurs récits, dans leurs rapports, dans leurs témoignages: l'homme vrai l'est en tout, dans ses actions comme dans ses discours. L'homme vrai est le contraire de l'homme faux : l'homme véridique est le contraire du menteur. (R.)

VRAI VÉRITABLE. Véritable signifie proprement, non pas qui est essentiellement vrai, mais qui se montre à nous avec le caractère de la vérité. Une chose vraie l'est de sa nature et par elle-mème; c'est une chose qui a en elle le vrai: une chose véritable est celle que nous considérons, que nous présentons comme conforme à la vérité et ne nous trompant point.

La qualité de la chose vraie est dans cette chose même; elle ne dépend aucunement de nous : quand nous l'ignorerions ou quand nous ne le croirions pas, il n'en serait pas moins vrai que tout triangle est la moitié d'un parallelogramme. La qualité de la chose véritable n'existe que relativement à nous et par nous: une relation est véritable, parce que l'auteur l'a rendue conforme à la vérité. Je demande si le bruit qui court est vrai, c'est-à-dire si tel qu'il est et par lui-mème, il représente bien le fait réel; quelqu'un me répond : « Je vous garantis cela véritable »; c'est-à-dire que je puis admettre la réalité du fait, attendu que le bruit a été reconnu comme ayant tous les caractères de la vérité.

« Vrai, dit Condillac, ne se dit que du fond de la chose, et véritable se dit de la chose considérée sous quelque rapport. Par une vraie histoire, une vraie amitié, on entend seulement que ces choses sont ce qu'elles doivent être; par une véritable histoire, une véritable amitié, on entend que ces choses ne trompent point. C'est un véritable gentilhomme, c'est un vrai gentilhomme, ne signifient pas absolument la même chose. Le premier se dit de celui qui joint la noblesse des sentiments à la noblesse de la naissance, c'est-à-dire qui réunit en lui tout ce qu'on est en droit d'exiger d'un gentilhomme. >>>

Un vrai gentilhomme est celui dont les titres de noblesse sont incontestables il est gentilhomme dès sa naissance et par l'effet de sa naissance, sans aucun rapport à sa manière de vivre, de sentir, de penser et d'agir; si bien qu'un vrai gentilhomme peut fort bien ne pas ètre un véritable gentilhomme.

De même, un vrai ami est l'homme qui a toutes les qualités essentielles à la nature d'un parfait ami un véritable ami est un ami solide, qui nous a donné de fortes preuves de son amitié, un ami sur lequel nous pouvons compter et qui ne trompera point notre attente. VRAISEMBLABLE. V. Plausible.

VUE. V. Aspect.

VUES. V. But.

VULGAIRE. V. Ordinaire.

ZÈLE. V. Empressement.

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ZÉLÉ, ZÉLATEUR. Zélé est un adjectif et signifie qui est plein de zèle: zélateur est un substantif et se dit d'une personne qui agit avec zèle pour la patrie ou la religion. Zélé se prend quelquefois substantivement, dans le langage familier; mais il s'emploie alors d'une manière absolue, sans complément, à la différence de zélateur qui est du style noble, et exige toujours un complément : « C'est un zélé; Grand zéloteur de la gloire de Dieu ». (Acad.)

ZEPHYR, ZEPHIRE. On appelle zéphyr toute espèce de vents doux et agréables: « Un zéphyr rafraîchissant ». (Acad.) Zéphire est le nom que les anciens donnaient au vent d'occident, et au dieu mythologique personnification de ce vent: ce dieu était l'époux de Flore, déesse des fleurs.

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Paris.

Typographie de Cosson et Comp., rue du Four-Saint Germain, 43.

ACTE QUATRIÈME

SCÈNE I

Aux alentours du camp florentin.

Un des SEIGNEURS FRANÇAIS entre sur la scène, suivi de cinq ou six SOLDATS qui se mettent en embuscade.

LE CAPITAINE.—Il ne peut venir par d'autre chemin que par le coin de cette haie. Lorsque vous fondrez sur lui, servez-vous des termes ies plus terribles que vous voudrez; quand vous ne vous entendriez pas vousmêmes, peu importe; car il faut que nous fassions semblant de ne pas le comprendre; excepté un de nous, que nous produirons comme interprète.

UN SOLDAT.-Mon bon capitaine, laissez-moi être l'interprète.

LE CAPITAINE.-N'es-tu pas connu de lui? Ne connaît-il pas ta voix?

LE SOLDAT.-Non, monsieur, je vous le garantis.
LE CAPITAINE.-Mais quel jargon nous parleras-tu?
LE SOLDAT.—Celui que vous me parlerez.

LE CAPITAINE.-Il faut qu'il nous prenne pour quelque bande d'étrangers à la solde de l'ennemi. N'oublions pas qu'il a une teinture de tous les langages des pays voisins: ainsi, il faut que chacun de nous parle un jargon à sa fantaisie, sans savoir ce que nous nous dirons l'un à l'autre. Tout ce que nbus devons' bien savoir, c'est le projet que nous avons en tête. Croassement de corbeau, ou tout autre babil, sera bon de reste.-Quant à vous, monsieur l'interprète, il faut que vous sachiez bien dissimuler.-Mais, ventre à terre! le voici qui vient, pour

T. IIL

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passer deux heures à dormir, et retourner ensuite débiter et jurer les mensonges qu'il forge.

(Entre Parolles.)

PAROLLES.-Dix heures! dans trois heures d'ici, il sera assez temps de retourner au quartier. Qu'est-ce que je dirai que j'ai fait? Il faut que ce soit quelque invention plausible pour se faire croire : on commence à me dépister, et les disgrâces ont dernièrement frappé trop souvent à ma porte. Je trouve que ma langue est trop téméraire mais mon cœur a toujours devant les yeux la crainte de Mars et de ses enfants, et il ne soutient pas ce que hasarde ma langue.

LE CAPITAINE, à part.-Voilà la première vérité dont ta langue se soit jamais rendue coupable.

PAROLLES. Quel diable m'engageait à entreprendre la reprise de ce tambour, en connaissant l'impossibilité, et sachant que je n'en avais nulle envie?--Il faut que je me fasse moi-même quelques blessures, et que je dise que je les ai reçues dans l'action; mais de légères blessures ne suffiraient pas pour persuader. Ils diront: « Quoi! vous en êtes échappé à si bon marché?»-Et de grandes blessures, je n'ose pas me les faire. Pourquoi? quelle preuve aura-t-on ?-Ma langue, il faut que je vous mette dans la bouche d'une marchande de beurre, et que j'en achète une autre à la mule de Bajazet1, si votre babil me jette dans les dangers.

LE CAPITAINE, à part.-Est-il possible qu'il sache ce qu'il est, et qu'il soit ce qu'il est?

PAROLLES.-Je voudrais qu'il me suffit de mettre mon habit en lambeaux, ou de briser mon épée espagnole. LE CAPITAINE, à part.—Ce moyen ne peut pas aller. PAROLLES.-Ou de griller ma barbe; et puis de dire que cela faisait partie du stratagème.

LE CAPITAINE.-Cela ne vaut pas mieux.

PAROLLES. - Ou de noyer mes habits, et puis de dire que j'ai été dépouillé.

LE CAPITAINE.-Cela ne peut guère servir.

1 Quelques-uns lisent mute pour traduire par muet du sérail.

PAROLLES.-Quand je jurerais que j'ai sauté par une fenêtre de la citadelle...

LE CAPITAINE, à part.--De quelle hauteur?
PAROLLES, continuant.-Trente brasses.

LE CAPITAINE.—Trois gros serments auraient encore peine à persuader cela.

PAROLLES.-Je voudrais avoir quelque tambour. des ennemis, et alors je jurerais que c'est le même que j'ai repris.

LE CAPITAINE, à part.-Tu vas en entendre retentir un tout à l'heure.

(Un tambour bat.)

FAROLLES, étonné.-Un tambour des ennemis !

LE CAPITAINE fondant sur lui avec sa troupe. movousus, cargo, cargo, cargo!

Thraca

TOUS ENSEMBLE. Cargo, cargo! villanda par corbo, cargo!

PAROLLES.-Oh! rançon, rançon !-Ne me bandez pas les yeux.

(Ils le saisissent et lui bandent les yeux.)

L'INTERPRÈTE.—Boskos thromuldo boskos.

PAROLLES.—Oui, je sais que vous êtes du régiment de Muskos, et je perdrai la vie faute de savoir cette langue. S'il est parmi vous quelque Allemand, quelque Danois, quelque Bas-Hollandais, Italien ou Français, qu'il me parle; je lui découvrirai des secrets qui perdront les Florentins.

L'INTERPRÈTE.-Boskos vauvado... Je t'entends, et je puis parler ta langue. Kerely bonto: songe à ta religion; car dix-sept poignards sont pointés contre ton sein. PAROLLES-Oh!

L'INTERPRÈTE. --Oh! ta prière, ta prière! Mancha revania dulche.

LE CAPITAINE.-Oschorbi dulchos volivorca.

L'INTERPRÈTE.

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Le général veut bien t'épargner encore, et, les yeux ainsi bandés, il te fera conduire pour recueillir de toi tes secrets: peut-être pourras-tu apprendre quelque chose qui te sauvera la vie.

PAROLLES.-Oh! laissez-moi vivre et je vous dévoilerai

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