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yeux le modèle vous montre ce que les objets doivent être. Le type est fidèle, il est tel que la chose : le modèle est bon; il faut faire la chose d'après lui. - Vous tirerez des espèces de copies du type par impression; vous en ferez du modèle par imitation. L'imprimeur ou typographe travaille sur des types: le sculpteur, comme le peintre travaille d'après des modèles. Type n'annonce que la vérité de la figure sans emporter l'idée de règle ou de modèle. Ainsi nous appelons types des figures symboliques qui n'ont d'autre rapport avec l'objet figuré qu'une sorte de ressemblance, et qui, loin d'être des modèles, ne sont que des signes très-imparfaits. L'agneau pascal est le type de JésusChrist; le serpent d'airain, celui de la croix, etc. (R.)

U

UN, UNIQUE. Un, employé comme dans cet exemple de l'Académie, Dieu est un, signifie seul et n'admettant pas de pluralité. Unique se dit de ce qui se trouve accidentellement être seul, quoique admettant la pluralité : « Fils unique; C'est son unique héritier ». (Acad.)

Non-seulement ce qui est un n'a pas d'égal, de pareil; mais il est impossible qu'il en ait. Ce qui est unique aurait pu ne pas l'ètre ou peut cesser de l'être au lieu d'un unique héritier, il aurait pu s'en trouver plusieurs; un fils unique cesse de l'être s'il lui vient un frère.

Unique signifie aussi, au figuré et par exagération, qui est infiniment au-dessus des autres, et auquel les autres ne peuvent être comparés : « Ce musicien est unique dans son genre ». (Acad.) V. Unique, seul.

UNANIMEMENT, A L'UNANIMITÉ. Unanimement marque communauté de sentiments et d'opinion: à l'unanimité exprime simplement le fait de l'accord de tous les suffrages entre plusieurs personnes qui ont donné leurs voix. Des hommes de partis différents sont loin de penser et d'agir unanimement; il peut se faire cependant qu'ils décident une question ou qu'ils prennent une résolution à l'unanimité.

UNI, PLAIN. « Ce qui est uni n'est pas raboteux : ce qui est plain n'a ni enfoncement ni élévation. Le marbre le plus uni est le plus beau un pays où il n'y a ni montagnes ni vallées est un pays plain.» (G.)

Plain est peu usité de nos jours, si ce n'est dans la locution composée de plain-pied: cependant l'Académie donne encore comme exemple de l'emploi de ce mot ces deux phrases: « La Beauce est un pays plain. La bataille s'est donnée en plaine campagne ».

UNION, JONCTION. L'union regarde particulièrement deux différentes choses qui se trouvent bien ensemble. La jonction regarde proprement deux choses éloignées qui se rapprochent l'une auprès de l'autre. Le mot d'union renferme une idée d'accord ou de conve

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nance. Celui de jonction semble supposer une marche ou quelque mouvement. On dit l'union des couleurs, et la jonction des armées; l'union de deux voisins, et la jonction de deux rivières. Ce qui n'est pas uni est divisé ce qui n'est pas joint est séparé. On s'unit pour former des corps de société. On se joint pour se rassembler et n'ètre pas seuls. Union s'emploie souvent au figuré; mais on ne se sert de jonction que dans le sens littéral. L'union soutient les familles et fait la puissance des États : la jonction des ruisseaux forme les grands *fleuves. (G.)

UNIQUE, SEUL. Une chose est unique, lorsqu'il n'y en a point d'autre de la même espèce. Elle est seule, lorsqu'elle n'est pas accompagnée. Un enfant qui n'a ni frère ni sœur est unique. Un homme abandonné de tout le monde reste seul. — Rien n'est plus rare que ce qui est unique. Rien n'est plus ennuyant que d'être toujours seul. (G.) V. Un, unique.

UNIR. V. Assembler, joindre.

UNIVERS. V. Monde.

UNIVERSEL. V. Général.

URGENT. V. Instant, pressant.

USAGE, COUTUME. L'usage, dans le sens propre du mot, regarde les choses usuelles, usitées, utiles, ou dont on se sert, dont on use avec des vues d'intérêt, de jouissance, en un mot d'utilité. · La coutume regarde particulièrement les choses que l'on fait assez souvent, fréquemment, les actions ordinaires, les habitudes, les manières surtout. - L'usage est une pratique constante: la coutume une habitude familière. L'usage soit par son universalité, soit par son ancienneté, soit par son utilité, a plus d'autorité, plus d'empire en général que la simple coutume. Il faut souvent obéir à l'usage, quand vous n'avez qu'à suivre la coutume. La coutume sera votre excuse, et l'usage votre justification. L'usage tient plutôt à la raison, aux facultés intellectuelles, aux causes morales: la coutume, à la nature, aux dispositions, aux habitudes, aux causes physiques. Un peuple policé a des usages: un peuple barbare a des coutumes. · L'usage vous détermine quelquefois malgré la raison, et la coutume vous entraîne malgré la nature. Les abus ne manquent pas de réclamer l'usage, comme la routine d'en appeler à la coutume. (R.)

USER, SE SERVIR, EMPLOYER. User exprime l'action de faire usage d'une chose, selon le droit ou la liberté qu'on a d'en disposer à son gré et à son avantage. Se servir exprime l'action de tirer un service d'une chose, selon le pouvoir et les moyens qu'on a de s'en aider dans l'occasion donnée. Employer exprime l'action de faire une application particulière d'une chose, selon les propriétés qu'elle a, et le pouvoir que vous avez d'en régler la destination. On use de sa chose, de son droit, de ses facultés, à sa fantaisie: on en use bien ou mal, selon qu'on en fait un emploi bon ou mauvais. On se sert d'un agent, d'un

instrument, d'un moyen comme on le peut, comme on le sait: on s'en sert bien ou mal, selon le talent ou l'habileté que l'on a, la manière dont on s'y prend, le rapport qu'a le moyen avec la fin. On emploie les choses, les personnes, ses moyens, ses ressources, comme on le juge convenable, eu égard à l'objet qu'il s'agit de remplir: on les emploie - bien ou mal, selon qu'ils sont propres ou non à faire une fonction déterminée, à produire l'effet que l'on désire, à procurer le succès qu'on en attend. Vous usez d'un bien, d'un avantage que vous avez. On se sert d'un domestique, d'un meuble, de ce qu'on a, dans quelque sens que ce soit, à son service. Vous employez un ouvrier, l'argent, toute sorte de choses à la fonction qui leur convient. (R.)

USURPER, ENVAHIR, S'EMPARER. Usurper, c'est prendre injustement une chose à son légitime maître par voie d'autorité et de puissance il se dit également des biens, des droits, et du pouvoir. Envahir, c'est prendre tout d'un coup par voie de fait quelque pays ou quelque canton, sans prévenir par aucun acte d'hostilité. S'emparer, c'est précisément se rendre maître d'une chose, en prévenant les concurrents, et tous ceux qui peuvent y prétendre avec plus de droit. - Il me semble aussi que le mot d'usurper renferme quelquefois une idée de trahison; que celui d'envahir fait entendre qu'il y a du mauvais procédé; que celui de s'emparer emporte une idée d'adresse et de diligence. n'usurpe point la couronne, lorsqu'on la reçoit des mains de la nation. Prendre des provinces après que la guerre est déclarée, c'est en faire la conquête et non les envahir. Il n'y a point d'injustice à s'emparer des choses qui nous appartiennent, quoique nos droits et nos prétentions. soient contestés. (G.)

On

UTILITÉ (L'), L'UTILE. L'AGRÉMENT, L'AGRÉABLE. Utilité signifie, suivant l'Académie, profit, avantage. L'agrément est la qualité qui fait qu'une personne plaît, qu'une chose fait plaisir et donne de la satisfaction, du bien-être. L'utile et l'agréable ne sont pas les noms d'être métaphysiques, comme le juste, le bon, le beau (68, page 25); ce sont des substantifs qui expriment le plus abstractivement qu'il est possible, l'utilité et l'agrément des choses. « L'agrément et l'utilité, dit Roubaud, constituent l'agréable et l'utile: l'utile et l'agréable ont en partage et en propre l'utilité et l'agrément. »

UTILITÉ, PROFIT, AVANTAGE. L'utilité naît du service qu'on tire des choses. Le profit naît du gain qu'elles produisent. L'avantage naît de l'honneur ou de la commodité qu'on y trouve. Un meuble a son utilité : une terre apporte du profit: une grande maison a sen avantage. (G.)

V

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VACANCES, VACATIONS. Ces deux noms pluriels marquent le temps auquel cessent les exercices publics.. Vacances se dit de la cessation des études publiques dans les écoles et dans les colléges; vacations, de la cessation des séances des gens de justice. — Le temps des vacances semble plus particulièrement destiné au plaisir; c'est un relâche accordé au travail afin de reprendre de nouvelles forces. Le temps des vacations semble plus spécialement destiné aux besoins personnels des gens de justice, c'est une interruption des affaires publiques accordée aux gens de loi, afin qu'ils puissent s'occuper des leurs. Les écoliers perdent le temps durant les vacances; les avocats étudient durant les vacations. On peut dire vacances, en parlant des séances des gens de justice; parce que ce temps étant abandonné à leur disposition, ils peuvent à leur gré l'employer à leurs affaires personnelles ou à leur récréation : dans le premier cas, ils sont en vacations; dans le second cas, ils sont en vacances. (B.)

VACARME, TUMULTE. Vacarme emporte par sa valeur l'idée d'un plus grand bruit; et tumulte, celle d'un plus grand désordre. Une seule personne fait quelquefois du vacarme; mais le tumulte suppose toujours qu'il y a un grand nombre de gens. (G.)

Vacarme ne se dit qu'au propre; tumulte se dit au figuré, du trouble, de l'agitation de l'âme. On tient mal une résolution qu'on a prise dans le tumulte des passions. (Enc.)

VACATIONS. V. Vacances.
VACILLER. V. Chanceler.
VAGUER. V. Errer.

VAGUES. V. Ondes.

VAILLANCE, VALEUR; VAILLANT, VALEUREUX. La terminaison ance désigne proprement la manière d'être et la qualité permanente (26, page 8); la terminaison eur la manière d'agir et l'énergie de l'action. Ainsi la vaillance est la vertu ou la force courageuse qui règne dans le cœur, et qui constitue l'homme essentiellement vaillant : la valeur est cette vertu qui se déploie avec éclat dans l'occasion de s'exercer et qui rend l'homme valeureux dans les combats. La vaillance annonce la grandeur du courage, et la valeur, la grandeur des exploits. La veillance ordonne et la valeur exécute. Le héros a une haute vailloace et fait des prodiges de valeur. (R.)

VAIN, VANITEUX. Ces deux mots ne sont synonymes que quand ifs se disent des personnes. L'adjectif vain se dit d'une personne dont la vanité, quoique blàmable, a quelque raison d'être. Vaniteux, en vertu de sa terminaison qui exprime l'excès de la qualité (44, page 13), signifie qui a une grande vanité, une vanité puérile et ridicule, qui se montre sottement vain dans les plus petites choses.

VAIN (EN). V. Vainement.

VAINCRE, SURMONTER. Vaincre suppose un combat contre un ennemi qu'on attaque et qui se défend. Surmonter suppose seulement des efforts contre quelque obstacle qu'on rencontre et qui fait de la résistance. On a vaincu ses ennemis, quand on les a si bien battus qu'ils sont hors d'état de nuire. On a surmonté ses adversaires, quand on est venu à bout de ses desseins malgré leur opposition. Il faut du courage et de la valeur pour vaincre, de la patience et de la force pour surmonter. On se sert du mot vaincre à l'égard des passions;

et de celui de surmonter pour les difficultés. (G.)

VAINCU, BATTU, DÉFAIT. Une armée est vaincue, quand elle perd le champ de bataille. Elle est battue, quand elle le perd avec un échec considérable, c'est-à-dire en laissant beaucoup de morts et de prisonniers. Elle est défaite, lorsque cet échec va au point que l'armée est dissipée, ou tellement affaiblie qu'elle ne puisse plus tenir la campagne. On a dit de plusieurs généraux qu'ils avaient été vaincus sans avoir été défaits; parce que le lendemain de la perte d'une bataille, ils étaient en état d'en donner une nouvelle. On peut aussi observer que les mots vaincu et défait ne s'appliquent qu'à des armées ou à de grands corps: ainsi on ne dit point d'un détachement, qu'il a été défuit ou vaincu; on dit qu'il a été battu. (Enc.)

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VAINEMENT, EN VAIN, INUTILEMENT. Vainement est relatif au sujet; en vain est relatif à l'objet (61, page 20); inutilement, c'est sans utilité pour personne.

On a travaillé vainement lorsqu'on l'a fait sans succès, de sorte que l'on a perdu son temps et sa peine: on a travaillé en vain lorsqu'on l'a fait sans atteindre le but qu'on se proposait, à cause de la défectuosité de l'ouvrage. Si je ne puis venir à bout de faire ma besogne, je travaille vainement; je perds inutilement mon temps et ma peine. Si ma besogne faite n'a pas l'effet que j'en attendais, si je n'ai pas atteint mon but, j'ai travaillé en vain; c'est-à-dire que j'ai fait une chose inutile.

<< Si vous me parlez sans que je vous entende, vous parlez vainement; si vous parlez sans me persuader, vous parlez en vain. - Celui qui ne fait que des choses vides de sens et de raison, de vertu, consume vainement le temps; celui qui fait des choses utiles, mais inutilement ou sans qu'on en profite, l'emploie en vain. »(R.)

On dit aussi que quelqu'un a travaillé vainement, lorsqu'il n'est pas récompensé de son travail, ou que ce travail n'est pas agréé; car dans ce cas le travailleur a perdu son temps et sa peine, sans préjuger aucunement la valeur de son travail, qui peut d'ailleurs ètre fort bon. VAISSEAU, NAVIRE. V. Nef

VAISSEAU, VASE. V. Vase.

VALABLE. V. Valide.

VALETUDINAIRE, MALADIF, INFIRME, CACOCHYME.. Valétu

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