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qui appartient aux manières de vivre de la campagne, au caractère, aux occupations de ceux qui y vivent : « Travaux rustiques, air rustique, danse rustique ».

On dit vie rurale par opposition à la vie de la ville, et vie rustique pour signifier manière de vivre à la campagne.

RUSE. V. Adresse.

RUSTAUD. V. Rustre.

RUSTIQUE. V. Impoli et Ruraι.

RUSTRE, RUSTAUD. « Gens fort rustiques, qui ont toute la rusticité ou toute la grossièreté et la rudesse des gens de la campagne. Rustaud ne s'applique qu'aux gens de la campagne ou du peuple, qui ont conservé tout l'air et les manières de leur état, sans aucune éducation. Rustre s'applique même aux gens qui, ayant reçu de l'éducation et ayant vécu dans un monde bien élevé, ont néanmoins des manières semblables à celles du paysan ou de la populace qui a manqué totalement de culture. Le manant est rustaud ou rustre; le bourgeois ou autre est rustre et non rustaud. Ainsi, c'est faute d'éducation, faute d'usage qu'on est rustaud, c'est par humeur, par rudesse de caractère qu'on est rustre. Le rustaud ne se gène point; il est hardiment ce qu'il est le rustre ne ménage rien; il est rudement ce qu'il est. » (R.)

Les manières du rustaud sont ses formes; elles déplaisent, mais elles n'offensent pas les manières du rustre sont ses mœurs; elles choquent et elles offensent.

SACCAGER. V. Ravager.
SACERDOCE. V. Prêtrise.

S

SACRIFIER, IMMOLER. Sacrifier signifie rendre sacré, se dépouiller d'une chose pour la consacrer à la divinité, la dévouer de manière qu'elle soit perdue ou transformée. Immoler signifie offrir un sacrifice sanglant, égorger une victime sur l'autel, détruire ce qu'on dévoue : ce mot vient de mola, nom de la pâte sacrée qu'on mettait sur la tête de la victime avant de l'égorger. - Il y a différentes sortes de sacrifices; l'immolation est le plus grand des sacrifices. On sacrifie toute sorte d'objets: on n'immole que des victimes, des êtres animés. L'objet sacrifié est voué à la divinité: l'objet immolé est détruit à l'honneur de la divinité. Le sacrifice a généralement pour but d'honorer; et l'immolation a pour but particulier d'apaiser. Les persécuteurs du christianisme naissant obligeaient les chrétiens à sacrifier aux faux dieux, non en leur faisant immoler des animaux, mais seulement en exigeant d'eux un acte de culte, comme de brûler de l'encens, de goûter des viandes consacrées.

Si nous dérobons à ces termes leur idée religieuse, si nous en adoucissons la force dans un sens profane et figuré, ils conservent néan

moins encore leur différence. Vous sacrifiez tous les genres d'objets ou de choses auxquelles vous renoncez volontairement, dont vous vous dépouillez, que vous abandonnez pour quelque autre intérêt ou pour l'intérêt d'un autre; vous immolez, pour votre satisfaction ou pour la satisfaction d'autrui, des objets animés ou des êtres personnifiés, que vous traitez comme des victimes, que vous dépouillez de ce qu'ils ont de plus précieux, que vous vouez à la mort, à l'anathème, au malheur, etc. L'idée de sacrifier est plus vague, plus étendue; et celle d'immoler, plus forte et plus restreinte. Le poids du sacrifice tombe quelquefois tout entier sur celui qui le fait, mais l'action d'immoler pèse toujours sur la victime qu'on immole. Quand vous sacrifiez vos prétentions, vos droits, votre fortune, vous seul en souffrez : si vous immolez votre ennemi à votre vengeance, le mal est pour votre victime. Sacrifier n'exprime qu'un renoncement de votre part: immoler exprime la destruction ou la dégradation de l'objet. (R.)

SACRILEGE. V. Profanation.

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SAGACITÉ, PERSPICACITÉ. Sagire, sentir, voir, savoir finement, clairement, distinctement d'où sagacitas. Perspicere, voir à travers, pénétrer dans toute l'étendue, connaître pleinement, parfaitement; d'où perspicacitas. Ainsi le mot de perspicacité, beaucoup plus fort et plus expressif, marque la profonde pénétration qui donne la connaissance parfaite; et celui de sagacité, le discernement fin qui acquiert une connaissance claire. La sagacité voit bien la chose malgré tous les obstacles: la perspicacité voit parfaitement dans la chose, malgré sa résistance. La sagacité agit proprement sur les choses obscures ou embrouillées : la perspicacité sur les choses difficiles ou rebelles par elles-mêmes. Il faut surtout de la sagacité dans les affaires, et de la perspicacité dans les sciences. La perspicacité est toute intelligence: la sagacité sera quelquefois un goût ou un tact très-fin. En belles-lettres, le goût est une sorte de sagacité naturelle qui fait sur-le-champ distinguer le beau, le bon, de ce qui ne l'est pas le génie est la perspicacité d'une intelligence supérieure qui voit d'un coup d'œil ce que l'œil ordinaire ne saurait voir. Avec de la sagacité on démêle, on trie le fil d'une affaire, d'une intrigue embrouillée; avec de la perspicacité, on perce à travers les obstacles : l'une arrive au but par la ligne droite, l'autre l'atteint en suivant les replis. La perspicacité est plus prompte, l'autre est peut-être plus sûre. (R.)

SAGE (LE), LES SAGES. Dans le cas où l'adjectif est pris substantivement, le singulier s'emploie souvent pour indiquer l'être abstrait, idéal, qui réunit nécessairement et au plus haut degré la qualité exprimée par l'adjectif : ainsi le beau est ce qui a essentiellement et le plus possible le caractère de la beauté. De même, le sage est l'homme idéal que notre esprit se représente comme le type de la sagesse parfaite mais les sages sont des hommes qui existent ou ont

existé réellement, et qui ont pris pour modèle le vrai sage, le sage idéal : « La mort ne surprend point le sage. (La Fontaine.) Les sept sages de la Grèce ». (Acad.)

SAGESSE, PRUDENCE. La sagesse fait agir et parler à propos : la prudence empêche de parler et d'agir mal à propos. La première, pour aller à ses fins, cherche à découvrir les bonnes routes, afin de les suivre. La seconde, pour ne pas manquer son but, tâche de connaitre les mauvaises routes, afin de s'en écarter. Il semble que la sagesse soit plus éclairée, et que la prudence soit plus réservée. Le sage emploie les moyens qui paraissent les plus propres pour réussir; il se conduit par les lumières de la raison. Le prudent prend les voies qu'il croit les plus sûres; il ne s'expose point dans des chemins inconnus. (G.)

La sagesse propose ce qui est juste; la prudence détermine le choix des moyens. La sagesse, éclairée par la science, dicte des préceptes certains: la prudence, aidée de l'expérience, donne des règles approuvées par la raison. La sagesse voit bien et en grand : la prudence voit jusque dans les plus petits détails et prévoit; l'une pense bien, l'autre agit bien. La sagesse n'a que l'économie générale du savoir, tandis que la prudence est une sorte de providence humaine prète à tout événement. La prudence, souvent incertaine et souvent trompée, emploie la circonspection, la diligence, la finesse même, l'art, l'industrie, enfin toutes les ressources légitimes, quand la sagesse ne suffit pas. (R.) V. l'article suivant.

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SAGESSE, VERTU. Ces deux termes, également relatifs à la conduite de la vie, sont synonymes sous ce point de vue, parce qu'ils indiquent l'un et l'autre le principe d'une conduite louable: mais ils ont des différences bien marquées. - La sagesse suppose, dans l'esprit, des lumières naturelles ou acquises; son objet est de diriger l'homme par les meilleures voies. La vertu suppose dans le cœur du penchant pour le bien moral et de l'éloignement pour le mal; son objet est de soumettre les passions aux lois. (B.)

La sagesse consiste à se rendre attentif à ses véritables et solides intérêts, à les démêler d'avec ce qui n'en a que l'apparence, à choisir bien, et à se soutenir dans des choix éclairés. La vertu va plus loin: elle a à cœur le bien de la société; elle lui sacrifie au besoin ses propres avantages; elle sent la beauté et le prix de ce sacrifice; et par là ne balance point de le faire, quand il le faut. (Enc.)

SAIGNEUX, SAIGNANT. Saigneux signifie taché de sang, rempli de sang (44, page 13): saignant signifie qui saigne, qui dégoutte de sang (40, page 12).

SAIN, SALUBRE, SALUTAIRE. Pour qu'une chose soit saine, il suffit qu'elle ne nuise pas à la santé; pour qu'elle soit salubre ou salutaire, il faut qu'elle soit bonne pour la santé, qu'elle lui soit favorable. Voyons donc ce qui distingue salubre de salutaire.

Salubre, en vertu de sa terminaison, signifie qui porte en soi la santé (51, page 16): salutaire, qui a rapport à la santé (49, page 15). Ce qui est salubre contribue à la santé par une influence constamment hygiénique : l'air, l'eau, les aliments, le régime, sont ou ne sont pas salubres. Ce qui est salutaire a la vertu de rendre la santé à un malade « Remède, médicament salutaire ». (Acad.) Une eau que l'on boit habituellement est ou n'est pas salubre: une eau que l'on prend comme médicament est ou n'est pas salutaire. L'air pur est salubre: des médecins prétendent que l'air que l'on respire dans les étables à vaches est salutaire pour les poitrines faibles.

Salubre ne se dit qu'au propre salutaire s'emploie souvent au figuré dans le sens d'utile, avantageux : « Avis salutaire; doctrine salutaire ». (Acad.)

SALAIRE. V. Paye, solde.

SALUBRE. V. Sain.

SALUT, SALUTATION. « Salut, en latin salus, signifie proprement santé, état dans lequel on se porte bien. Le salut pris pour l'action de saluer est donc le bonjour qu'on donne, le signe du souhait. Le salut est une démonstration extérieure de civilité, d'amitié, de respect, faite aux personnes qu'on rencontre, qu'on aborde, qu'on visite. La salutation est le salut particulier, tel qu'on le fait dans telle occasion, surtout avec des marques très-apparentes de respect ou d'empressement. » (R.)

Le mot salutation exprime beaucoup mieux que salut l'action et la manière dont elle est faite (20, page 7); aussi Roubaud dit-il avec raison que, tout en faisant le mème salut un homme ne salue pas comme un autre, et que des salutations particulières on peut tirer des inductions sur le caractère, l'éducation et les affections présentes des personnes.

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SALUTAIRE. V. Sain.

SALUTATION. V. Salut.

SANG-FROID, SENS RASSIS. Être de sang-froid, c'est être parfaitement calme et maître de soi-même; faire quelque chose de sangfroid, c'est la faire en sachant bien ce que l'on fait, et sans y ètre entraîné par aucun mouvement passionné. Être de sens rassis, c'est ne pas avoir le jugement troublé : le sens est, ici l'intelligence, l'esprit; c'est ainsi que l'on dit, perdre le sens, être dans son bon sens, etc.

Sang-froid se dit de tout ce qui intéresse le cœur; et sens rassis de tout ce qui a rapport à l'esprit. Un brave marche de sang-froid à la mort le bon général observe de sens rassis les mouvements inquiétants de l'ennemi.

On peut être en même temps de sang-froid et de sens rassis. « Cet homme, dit l'Académie, est toujours en colère, il n'est jamais de sens rassis »; c'est-à-dire que la colère de cet homme trouble son intelligence. On pourrait dire aussi qu'il n'est jamais de sang-froid;

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c'est-à-dire alors, que sa colère allume son sang, excite son indignation, et l'entraîne à faire ou à dire des choses qu'il ne ferait ni ne dirait, s'il était calme et maître de lui-même.

SANGLANT, ENSANGLANTÉ. Sanglant, simple adjectif, exprime l'état ce qui est sanglant est taché de sang, souillé de sang. Ensanglante, adjectif passif venant du verbe ensanglanter, signifie qui a été couvert, arrosé, rempli de sang (52, page 16). Ensuite, la préfixe en a dans ce mot une valeur augmentative qui donne à l'expression quelque chose d'emphatique et de redondant: aussi ensanglanté ne se ditil guère que dans le style au-dessus du familier et en parlant de choses qui offrent une certaine étendue; ainsi l'on dit : « Un mouchoir sanglant; votre cravate est toute sanglante » (Acad.), et non mouchoir ensanglanté, cravate tout ensanglantée.

SARDONIEN, SARDONIQUE. « Se disent l'un et l'autre d'une sorte de ris convulsif causé par une contraction dans les muscles du visage.» (Acad.)

Cette sorte de ris se produisait, dit-on, lorsqu'on mangeait une certaine herbe de l'île de Sardaigne, et on l'a appelé sardonien par rapport au lieu où cette herbe croissait : ainsi, ris sardonien signifie, littéralement, ris de Sardaigne. Sardonique qualifie par rapport au caractère, à la nature du ris. Au surplus, comme de nos jours on n'a plus à parler du ris causé par la plante, mais seulement d'un ris qui ressemble à celui-là, la locution est figurée, et on n'emploie pour cela que le mot sardonique.

SATIRIQUE. V. Caustique.

SATISFACTION, CONTENTEMENT. SATISFAIT, CONTENT. La satisfaction est, mot à mot, l'action de faire qu'on en ait assez (latin satis), que la chose soit à un degré suffisant, qu'on ait ce qu'on désire ainsi l'homme satisfait est celui qui a ce qu'il désirait; votre désir accompli fait votre satisfaction. Le contentement est, mot à mot, ce qui fait qu'on s'en tient avec ce qu'on a (de tenere et de cum, tenir avec, s'en tenir à), qu'on a de la joie à posséder l'objet, que sa possession empêche actuellement de former un nouveau désir: ainsi l'homme content est celui qui ne désire pas davantage : la jouissance de l'objet fait votre contentement. — La satisfaction suppose donc nécessairement le désir; le contentement n'exprime que le plaisir de posséder. Vous êtes satisfait d'obtenir ce que vous souhaitiez, ce que vous poursuiviez vous êtes content d'avoir ce que vous avez, soit que la chose ait rempli, soit qu'elle ait prévenu vos désirs et vos recherches. Votre satisfaction est d'obtenir ou d'avoir obtenu : votre contentement est de jouir, et de jouir en paix. La satisfaction mène au contentement; mais il faut que l'objet le procure. Vous êtes satisfait, quand on vous donne ce que vous vouliez vous êtes content, quand l'objet vous donne le plaisir que vous vous promettiez. Il faut en avoir assez, c'est-à-dire en raison de vos désirs, pour être satisfait. Il

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