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sition, la différence. Quant à moi, inspiré par un intérêt particulier, prend un air plus décidé, plus tranchant; pour moi, ne désignant aucun motif, n'a ni faste, ni prétention. Vous direz modestement et avec un air de doute: Pour moi, je penserais, je ferais; vous direz avec fermeté et d'une manière résolue quant à moi, je pense, je fais. On se met sur son quant-à-moi pour dire quant à moi; car pourquoi le quant-à-moi marquerait-il la fierté, la hauteur, la suffisance, si ce n'est par l'espèce de ton important ou d'autorité qu'on prend en disant quant à moi? (R.)

QUASI, PRESQUE. Quasi, mot purement latin, est dit elliptiquement pour qua ratione si, de même que si, de la même manière, comme si. Presque est la même chose que près de, près d'être. « Il est quasi homme », c'est comme s'il était homme; « Il est presque homme », il est près d'être homme. - Quasi marque donc la ressemblance; il suppose peu de différence entre un objet et un autre: presque marque l'approximation; il suppose peu de distance entre un objet et un autre. Quasi est un terme de similitude, et presque un terme de mesure. « Parmi les méchants, celui qui n'est pas méchant est quasi bon ou comme bon. Parmi ceux qui courent, ceux qui ont presque atteint le but, ou qui ont été près de l'atteindre, ne sont pas plus avancés que ceux qui n'ont pas couru. » Quasi désigne un rapport de mœurs, de traits, de manières, des tableaux comparés; et presque un rapport d'étendue, de quantité, d'avancement, des grandeurs comparées. Si l'on n'a point d'égard à ces caractères distinctifs, et qu'on les réduise à leur idée commune d'à peu près ou peu s'en faut, sans spécifier la nature des rapports, quasi ne laissera que la plus petite différence, tandis que presque laissera une différence toujours petite, mais plus ou moins. La raison de ce jugement est que quasi signifie de la même manière, et qu'il exige par conséquent une grande conformité; au lieu que près est susceptible de plus ou de moins, et que dès lors il ne saurait avoir, sans addition, un sens aussi étroit et aussi rigoureux. Ainsi ce qui n'arrive presque jamais, arrive rarement, très-rarement; ce qui n'arrive quasi jamais, arrive le plus rarement, si rarement que c'est comme s'il n'arrivait jamais. Un homme est presque mort, lorsqu'il est près de mourir ou qu'il a peu de temps à vivre; il est quasi mort, lorsqu'il est comme mort, mort ou autant vaut. Ce n'est presque rien ou pas grand'chose; ce n'est quasi rien ou comme rien. (R.)

QUELQUES, CERTAINS. Expressions vagues que l'on met devant des substantifs pour les désigner d'une manière indéterminée et sans les nommer: « Certaines gens pensent; quelques personnes prétendent». – Certains a plus de rapport à des qualités particulières des personnes ou des choses qu'on veut indiquer indéterminément; quelques en a davantage au nombre. Certaines personnes pensent, c'est-à-dire des personnes qui ont telle ou telle opinion, tel ou tel sentiment. Quelques personnes, c'est-à-dire une nombre indéterminé de personnes. (L.)

QUERELLE. V. Dispute.

QUERELLER, GRONDER. Ces deux mots signifient réprimander, reprocher à quelqu'un une faute qu'il a faite ou qu'on croit qu'il a faite; et c'est en ce sens qu'est pris ici le verbe quereller. Mais quereller suppose toujours de l'aigreur, de la malveillance, de l'envie d'humilier; et gronder, susceptible d'une grande extension, ne suppose souvent que l'intérêt qu'on prend aux gens, la tendresse que l'on a pour eux, le désir de les corriger, et tout au plus un peu d'humeur. - On gronde et on querelle ses domestiques, ses subordonnés; on ne querelle pas ses amis, on les gronde. Dès que la gronderie éclate en reproches amers, elle devient querelle. Un père gronde son fils pour unc faute qui peut se réparer; il le querelle pour une faute qui le déshonore. (L.)

QUERELLEUR. V. Hargneux.

QUESTIONNER, INTERROGER, DEMANDER. On questionne, on interroge, on demande pour savoir; mais il semble que questionner fasse sentir un esprit de curiosité, qu'interroger suppose de l'autorité; et que demander ait quelque chose de plus civil et de plus respectueux. Questionner et interroger font seuls un sens; mais il faut ajouter un complément à demander; c'est-à-dire que pour faire un sens parfait, il faut marquer la chose qu'on demande. L'espion questionne les gens. Le juge interroge les criminels. Le soldat demande l'ordre au général. (G.)

QUINTEUX. V. Fantasque.

QUIPROQUO. V. Malentendu.

QUOTIDIEN. V. Diurne.

R

RABAISSER. V. Abaisser.

RABATTRE. V. Abattre et Déduire,
RABÊTIR. V. Abétir. .

RACCOMMODER. V. Accorder.

RACCOURCIR. V. Accourcir.

RACE, LIGNÉE, LIGNAGE, FAMILLE, MAISON. Race a trait particulièrement à une souche, à une extraction commune lignée, à la filiation, à la descendance commune; famille, à une vie, à une existence commune; maison, à un berceau, à des titres communs. - La race rappelle son auteur, son fondateur; la lignée, les enfants, les descendants; la famille, les chefs et les membres; la maison, l'origine et les ancètres. Nous disons la race des Héraclides, issus d'Hercule; la race des Capétiens, issus d'Hugues Capet: indice de la source. Nous disons la lignée d'Abraham, la lignée de Saint-Louis, dans la généalogie de leurs descendants en ligne directe: indice d'une succession suivie. Nous disous la maison royale, la maison de Lorraine, la maison de

Saxe, pour distinguer les grandes familles sorties du même lieu, de la même maison: indice d'une habitation commune et paternelle, relevé par une idée accessoire de grandeur. Il y a toutes sortes de races: je veux dire que race est susceptible de toute sorte de qualifications morales ou civiles, honorables ou injurieuses. Il y a de bonnes et de mauvaises races, des races patriciennes ou plébéiennes, mais surtout des races anciennes et illustres. On se sert quelquefois du mot race pour qualifier une espèce de gens qui, par un caractère distinctif, semblent avoir été jetés dans le même moule et frappés au même coin: race d'usuriers, race de pédants, race de vipères, etc. — Lignée ne se dit que dans le sens propre : un homme laisse une lignée nombreuse : un autre ne laisse point de lignée. On disait autrefois un grand, un haut lignage, une grande, une haute lignée. Lignage est inusité aujourd'hui; lignée subsiste encore, surtout en généalogie. Le mot lignage diffère de celui de lignée, en ce que sa terminaison marque ce qui fait la ligne; et celle de lignée, le résultat du lignage, ou la ligne formée par la succession des personnes. Le mot de famille a diverses acceptions si connues, qu'il serait inutile de s'y arrêter. Dans l'ordre civil, il y a des familles notables, honnêtes, bonnes, bourgeoises, roturières, plébéiennes, tout comme des familles nobles, grandes, illustres, puissantes. Il n'y a que des maisons illustres ou trèsnobles: il n'y a de maisons que dans les sociétés civiles où il se trouve une grande inégalité de conditions. (R.)

RACONTER. V. Conter.

A

RADIEUX, RAYONNANT. D'abord le corps radieux est tout rayonnant de lumière. L'effusion abondante de la lumière rend le corps radieux; et l'émission de plusieurs traits de lumière le rend rayonnant. Vous distinguez les rayons du corps rayonnant; dans le corps radieux, ils sont tous confondus. Le soleil est radieux à son midi : à son coucher il est encore rayonnant. L'éclat suppose la sérénité; mais des rayons épars ne l'exigent pas. Ainsi l'objet rayonnant n'a pas besoin d'être serein, comme l'objet radieux doit l'être; et au figuré, cette sérénité, signe de la satisfaction et de la joie, c'est précisément ce qui éclate dans l'air, dans le visage, sur le front radieux. proprement parler, les rayons émanent du corps radieux; et ils environnent un corps rayonnant. En optique, le point radieux jette de son sein une infinité de rayons le cristal frappé d'une vive lumière est tout rayonnant. Enfin le mot radieux marque la propriété, la qua lité de la chose; et le mot rayonnant, une circonstance de la chose; le fait présent. - Nous disons familièrement d'un homme qui a un air de bonne santé, de contentement, de jubilation, qu'il est radieux : nous disons de quelqu'un qui vient de remporter un avantage honorable, un grand prix, une victoire, qu'il est tout rayonnant de gloire. Le premier est plein de satisfaction ou de joie : les hommages, les honneurs environnent le second. (R.)

RADOUCIR. V. Adoucir.

RAILLERIE. V. Moquerie.

RAISON. V. Esprit.

RALE, RALEMENT. Ces deux mots, véritables onomatopées, imitent parfaitement le bruit ou les sons rauques qui sortent de la gorge, lorsque les canaux de l'expiration sont obstrués ou embarrassés, surtout dans l'agonie.

<< Râle exprime le bruit que l'on fait en rålant, et rålement marque la crise qui fait qu'on râle, qui donne le râle (19, page 6). Un agonisant a le râle, et il est dans le râlement. Vous entendez le râle; et vous voyez la poitrine oppressée, la gorge embarrassée, l'expiration troublée par le râlement. » (R.)

RAMAS, RAMASSIS. Assemblage de diverses choses. Ramas se dit d'objets que l'on regarde comme étant de peu de valeur ou réunis sans goût, sans discernement : « Il a fait un ramas de toutes sortes de vieux livres ». (Acad.) Le ramassis est un assemblage de choses sans valeur aucune et ramassées sans choix (25, page 8): « Un ramassis de papiers inutiles ». (Id.)

Dans un ramas, il peut se trouver de bonnes choses; tout est mauvais dans un ramassis. Le contraire paraît avoir lieu quand ces mots se disent des personnes : « Un ramas de bandits, de vagabonds. La population de ce quartier est un ramassis d'étrangers >>. (Acad.) RAMOLLIR. V. Amollir.

RANCIDITÉ, RANCISSURE; PUTRIDITÉ, POURRITURE. Rancidité, rancissure. Ces termes désignent la corruption des graisses et des huiles qui ont contracté un goût fort et âcre, une odeur puante et désagréable, et ordinairement une couleur jaune, soit en vieillissant, soit par la chaleur. La terminaison ité marque la qualité, ure marque l'effet (29 et 23, pages 9 et 8). La rancidité est donc la qualité du corps rance; la rancissure est donc l'effet éprouvé par le corps ranci. La rancidité gît dans les principes qui vicient le corps; la rancissure est dans les parties qui sont viciées. Il faudrait combattre la rancidité comme on combat la putridité, cause du mal; il faut ôter la rancissure, s'il est possible comme on ôte la pourriture, produit du mal (R.)

RANCUNE. V. Inimitié.

RANG, RANGÉE. Disposition de plusieurs objets sur une même ligne. Rang se dit des personnes et des choses; et rangée, seulement des choses. (Acad.) Ces mots, ne peuvent donc être synonymes que dans le sens que nous avons d'abord indiqué.

Rang exprime la ligne considérée en elle-même : « Une écurie à un ou plusieurs rangs de chevaux. Remettez un livre à son rang ». (Acad.) c'est-à-dire sur la ligne où il se trouvait d'abord. Rangée présente la ligne avec l'idée des choses qui y entrent, qui forment un tout bien ordonné (28, page 9). Aussi rangée ne s'emploie-t-il qu'avec les noms

DICT. DES SYNONYMES.

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désignant les objets qui la composent : « Une rangée d'arbres, une rangée de maisons » (Acad.); tandis que rang s'emploie très-bien seul et absolument : «Garniture à deux rangs ». (Id.)

RANGE. V. Réglé.

RANGER, ARRANGER. Ranger c'est simplement mettre des objets en rang ou une chose à sa place. Arranger signifie littéralement ranger à côté (10, page 5), et exprime par conséquent un rapport. On arrange quand on classe les objets, quand on les dispose bien relativement à leur nature, quand on leur assigne la place qui leur convient. Arranger sa bibliothèque c'est réunir d'une part tous les livres d'histoire, d'autre part les livres de science, etc., et fixer la place qu'ils devront occuper on les range ensuite, en mettant en rang, sur des rayons, les livres ainsi classés.

RAPIDITÉ. V. Vélocité.

RAPIÉCER, RAPIÉCETER, RAPETASSER. Rapiécer, c'est mettre des pièces ou remettre une pièce, sans modification. Rapiéceter, c'est remettre sans cesse de nouvelles pièces ou mettre beaucoup de petites pièces; et marque dans ce verbe la réduplication ou un diminutif. Rapetasser, c'est mettre grossièrement de grosses pièces et les entasser. On rapièce un bas, du linge, un meuble, auquel on met proprement une pièce on rapiécète les meubles, le linge, les vêtements qu'on est toujours à rapiécer, où l'on ne voit que pièces et petites pièces. On rapetasse de vieilles hardes, de vieux effets qui ne sont plus que des lambeaux recousus ensemble ou appliqués les uns sur les autres. (R.)

RAPINE. V. Vol, volerie.

RAPPORT, ANALOGIE. Les choses ont rapport l'une à l'autre par une sorte de liaison, soit de conséquence, d'hypothèse, de motif, ou d'objet. Elles ont de l'anàlogie entre elles par une simple ressemblance dans quelqu'une de leurs propriétés, soit dans la forme, dans l'origine, dans l'usage, ou dans la signification. (G.)

RAPPORT A, RAPPORT AVEC. Une chose qui a rapport à une autre s'y rattache, en dépend, s'y rapporte ou y tend comme vers un but, vers une fin : « Les effets ont rapport aux causes », ils en dépendent; « Cette pièce a rapport à votre affaire », elle s'y rattache, elle en dépend. Une chose qui a rapport à nous se rapporte à nous, nous concerne, nous regarde; nous sommes en quelque sorte le terme où tend cette chose.

Une chose qui a rapport ou du rapport avec une autre, a de l'analogie, de la ressemblance, de la conformité ou de la proportion avec cette autre; ces deux choses sont ou peuvent être comparées l'une avec l'autre «La langue italienne a un grand rapport avec la langue latine » (Acad.); c'est-à-dire qu'il y a entre elles une grande analogie, beaucoup de ressemblance. « Ses dépenses sont en rapport avec ses sont en proportion avec ses revenus. « Ce que vous dites

revenus »,

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