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PROLONGATION, PROLONGEMENT. Prolongation se dit du temps qu'on ajoute à la durée fixe de quelque chose : « Après la prolongation de la trêve ». (Acad.) Le prolongement est la continuation de quelque portion d'étendue : « Prolongement d'une ligne, d'un chemin, d'un mur ». (Id.)

PROLONGER. V. Allonger.

PROMENADE, PROMENOIR. Lieu ou l'on se promène.

<< Promenade signifie proprement l'action de se promener, et par extension le lieu où l'on se promène. La terminaison substantive ade désigne l'action de faire telle chose marquée, ou tel genre d'action, etc. (21, page 7). Promenoir signifie uniquement et à la lettre un lieu destiné pour la promenade » (36, page 11). (R.)

La différence essentielle qu'il y a entre ces deux mots, c'est que la promenade est un lieu public où tout le monde a le droit de se promener, tandis que le promenoir est un lieu particulièrement destiné à la promenade et non public.

PROMETTRE, S'ENGAGER, DONNER PAROLE. Ces trois expressions ont rapport à des obligations plus ou moins fortes que l'on contracte envers les autres. Promettre est la plus légère de ces obligations. C'est s'obliger par le discours à faire à un autre quelque avantage dont on lui donne l'espérance, sans cependant que rien puisse forcer à l'accomplissement. S'engager, c'est contracter une obligation par écrit de faire quelque chose, obligation en vertu de laquelle on peut être contraint. Donner sa parole, c'est promettre sur son honneur. Celui qui manque à ses promesses perd la confiance; celui qui manque à ses engagements perd le crédit; celui qui manque à sa parole perd l'honneur. (L.)

PROMOTEUR. V. Moteur.

PROMPT. V. Diligent.

PROMPTEMENT. V. Vite.

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PROMPTITUDE, CÉLÉRITÉ, VITESSE, DILIGENCE. La synonymie de ces termes consiste en ce que primitivement ils énoncent tous un mouvement expéditif. La promptitude fait commencer aussitôt; la célérité fait agir de suite; la vitesse emploie tous les moments avec activité; la diligence choisit les voies les plus courtes et les moyens les plus efficaces. La promptitude exclut les délais; la célérité ne souffre point d'interruption; la vitesse est ennemie de la lenteur; la diligence met tout à profit et fuit les longueurs. — Il faut obliger avec promptitude, faire ses affaires avec célérité, courir avec vitesse au secours des malheureux, et travailler avec diligence à sa propre perfection. (B.) PROMPTITUDE, VIVACITÉ. V. Vivacité.

PRONONCER. V. Proférer.

PRONONCIATION, PRONONCÉ. L'idée commune est celle que renferme le verbe prononcer; mais ces mots ne sont synonymes que quand cette idée est relative à un arrèt, à un jugement en justice,

La prononciation d'un jugement est l'action même de le prononcer (20, page 7): le prononcé du jugement est la décision du tribunal. Pendant la prononciation de l'arrêt faite par le président, un sténographe peut prendre le prononcé textuel; il le transcrit ensuite en caractères ordinaires.

PROPENSION. V. Aptitude.
PROPHÈTE. V. Devin.
PROPHÉTIE. V. Prédiction
PROPICE. V. Favorable.

PROPRE. V. Net.

PROPRE A, PROPRE POUR. Propre à désigne des dispositions plus ou moins éloignées, une aptitude ou une capacité nécessaire, mais peut-être insuffisante, une vocation ou une destination encore imparfaite. Propre pour marque des dispositions prochaines, une capacité plutôt qu'une aptitude entière et absolue, une vocation ou une destination immédiate. En deux mots, la première de ces locutions désigne plutôt un pouvoir éloigné; et la seconde, un pouvoir prochain. Ainsi l'homme propre à une chose a des talents relatifs à la chose: l'homme propre pour la chose a le talent même de la chose. Un savant en état de donner de bonnes leçons est propre pour une chaire; un jeune homme en état de recevoir ses instructions est propre aux sciences. On est tout formé à l'égard de la chose pour laquelle on est propre : il faudra se former à l'égard de la chose à laquelle on est propre. Le fer est propre à divers usages, c'est-à-dire qu'il peut recevoir différentes formes d'une utilité différente un couteau est propre pour couper,

c'est-à-dire qu'actuellement il peut couper. La locution propre pour laisse le sens actif au verbe qui la suit; tandis que la locution propre à donne après elle un sens passif au même verbe actif. Propre pour signifie propre pour faire, pour agir; propre à signifie propre à devenir, à être fait. Un bois est propre pour teindre ou donner la teinture : une étoffe est propre à teindre ou à recevoir la teinture. (R.) PROPRES TERMES. V. Termes propres.

PROROGER. V. Allonger.

PROSCRIT. V. Exilé.
PROSPÉRITÉ. V. Bonheur.

PROSTERNATION, PROSTRATION. Ces mots expriment l'action de se prosterner devant quelqu'un, ou de se baisser, par une profonde révérence, jusqu'à ses genoux, jusqu'à ses pieds. Le verbe latin sterne signifie étendre ou jeter par terre, coucher de son long, mettre bas. joncher. Mais la prosternation est proprement l'action par laquelle on se prosterne; la prostration, l'action par laquelle on est prosterné. Il résulte de là que prosternation n'indique qu'un acte de respect; et que prostration marque un état ou une posture plus ou moins durable de respect. Dans la prosternation simple, on s'incline profondėment et on se relève : dans la prostration, on reste profondément

incliné. Aussi le mot prostration sert-il à marquer une sorte de culte, tandis que celui de prosternation n'annonce qu'une humble révérence. Le premier se prend plutôt dans un sens religieux que le second. On salue avec prosternation: on adore avec prostration. (R.) PROTÉGER. V. Défendre.

PROUESSE, EXPLOIT. La prouesse n'est plus proprement que l'action d'un chevalier, d'un paladin : l'exploit est d'un grand capitaine, d'un général. Le roman racontera les prouesses d'Amadis et d'Esplandian; et l'histoire dira les exploits d'Alexandre et de César. Il n'y a qu'un aventurier qui fasse des prouesses, et qu'un homme ridiculement vain qui parle de ses prouesses: le héros, le conquérant fait des exploits; et c'est aux exploits que la renommée et la gloire s'attachent. (R.)

Prouesse est vieux et ne se dit que par plaisanterie. On le dit aussi figurément de certains excès, et toujours par plaisanterie. (Acad.) PROVENIR. V. Venir.

PROVERBE, ADAGE. Le proverbe est une sentence populaire ou un mot familier et plein de sens : l'adage est un proverbe piquant et plein de sel. Le proverbe annonce une vérité naïve, tirée de l'observation : l'adage donne à cette vérité une pointe pour la rendre plus pénétrante. Il n'y a que du sens et de la précision dans le proverbe; il y a de l'esprit et de la finesse dans l'adage. Le proverbe instruit; l'adage excite. Le proverbe qui joint à l'instruction des motifs d'agir est un adage. Tout ce qui reluit n'est pas or; nul n'est prophète dans son pays; tel maître, tel valet: voilà de simples proverbes, qui nous apprennent ce qui est, ce qui se passe, ce qu'on a observé, sans autre circonstance remarquable que la précision des phrases. Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée; un tiens vaut mieux que deux tu auras; la mélancolie ne paye pas les dettes; faites bien, bien vous vient: voilà des proverbes qui deviennent adages par une tournure singulière, par l'invitation qu'ils nous font, par la règle de conduite qu'ils nous donnent. (R.)

PROVOQUER. V. Harceler.

PRUDENCE. V. Sagesse.

PUANTEUR. V. Infection.

PUBLIC. V. Manifeste, notoire.

PUBLIC (EN), PUBLIQUEMENT. V. Secrètement.

PUBLIER. V. Découvrir, déceler.

PUBLIQUEMENT. V. Secrètement.
PUDEUR, HONTE. V. Honte.

PUDEUR, PUDICITÉ; IMPUDEUR, IMPUDICITÉ. Pudeur, pudicité: qualité d'une personne chaste et modeste dans les mœurs, dans les actions et dans les discours. Impudeur, impudicité: vice contraire à la pudeur, à la pudicité. — Il y a entre ces mots, pris deux à deux, à peu près la même différence qu'entre rigueur et rigidité. (V. Rigueur.)

La pudeur est active, elle se montre dans la conduite, on la voit dans ses effets la pudicité est inhérente à l'âme; elle est dans la nature, dans le caractère de la personne.

« La pudeur, dit Roubaud, est l'aversion marquée de la corruption, de tout ce qui est déshonnête et honteux; une honte chaste et naïve qui s'exprime ordinairement par la rougeur du visage; la modestie naturelle d'un cœur pur. La pudicité se manifeste, se défend et se conserve par la pudeur; c'est la qualité qui empêche de faire des choses dont on doive rougir: elle ne connaît que le plaisir honnète. » PUDIBOND, PUDIQUE. Celui qui est pudique a de la pudeur; il est chaste et modeste dans les mœurs, dans les actions et dans le discours: celui qui est pudibond a beaucoup de pudeur, est pudique à l'excès (53, page 17): voilà pourquoi ce mot ne se dit que par plaisanterie et dans le langage familier.

PUERIL. V. Enfant.

PUERILITÉS. V. Enfantillages.
PUIS. V. Après.

PUISSANCE. V. Pouvoir.

PULVÉRISER. V. Broyer.

PUNIR et PUNITION. V. Châtier.

PURETÉ, PURISME. Ces deux mots se disent du style et signifient exactitude dans le choix et l'emploi des termes, correction.- La pureté est une qualité : le purisme est l'affectation d'un langage scrupuleusement correct; c'est un défaut (32, page 9). Le purisme, dit Voltaire, est toujours pauvre.

PURGER, PURIFIER, ÉPURER. Purger signifie agir pour rendre pur, travailler à ce qu'une chose soit pure, faire en sorte qu'elle le devienne. Purifier signifie donner ou rendre à la chose sa pureté, la faire par soi-même pure, exécuter et consommer l'action propre de sa purification. Épurer signifie rendre la chose toujours plus pure, à force de la dépouiller de ce qui l'empêche de l'être parfaitement. Ainsi l'action de purger tend à procurer ou à opérer la pureté; celle de purifier rend ou produit la pureté; l'action d'épurer tend à perfectionner ou à consommer la pureté. — Cherchons maintenant, dans les acceptions particulières de chacun de ces termes, l'idée propre et distinctive qui leur est affectée par l'usage. — Quelle est l'idée commune des différentes acceptions du mot purger? Celle de débarrasser ou de délivrer la chose de ce qui s'y trouve de sale ou de nuisible. Ainsi on purge, on se purge en évacuant, en expulsant du corps ce qui est contraire à la santé; on purge les laines dont on détache les ordures; on purge les métaux en les séparant des matières étrangères qui les dégradent; on purge un jardin des mauvaises herbes qu'on arrache pour qu'elles ne nuisent pas aux bonnes; on purge une terre des hypothèques qui la grèvent; on purge la mémoire d'un mort en la déchargeant de ce qui l'a flétrie; on purge une contrée, une société,

des voleurs, des fripons dont on la délivre; on purge sa conscience de ce qui la charge; on purge son esprit d'erreurs et de préjugés funestes ou pernicieux. On purge donc en ôtant ce qui gâte et nuit, mais surtout les matières étrangères qui forment un grossier alliage ou un désagréable mélange avec la chose. L'idée commune des différentes acceptions du mot purifier, est de dissiper ou de détruire ce qu'il y a de mauvais et de vicieux dans la substance de la chose. Le feu purifie les métaux qu'il met en fusion. Les vents purifient l'air qui se corrompt, comme l'eau, dans le calme. Les eaux, en se divisant et se filtrant, déposent les principes de leurs mauvaises qualités et se purifient. Le cœur se purifie par la pénitence qui le brise, le réforme, et l'anime d'un feu nouveau. Des principes purs et salutaires purifient les mœurs, les actions, les intentions, l'âme. Toutes ces applications ordinaires du mot purifier supposent une cause ou une vertu active, pénétrante, efficace, qui s'insinue dans les substances, consume ou dissipe ce qu'elles ont d'impur, les raffine, les subtilise, les spiritualise, les change en bien et en mieux.. L'idée propre à toutes les acceptions du mot épurer, est celle de donner un nouveau degré de pureté, de bonté, d'agrément, de netteté, de clarté, de finesse, de délicatesse, d'élévation, en un mot, de perfection: c'est donc en enlever non-seulement ce qui est impur ou mauvais, mais encore ce qui n'est pas assez pur, assez bon. Les métaux s'épurent par des fusions réitérées qui les raffinent de plus en plus. Les liqueurs deviennent plus claires, plus limpides, plus parfaites, à mesure qu'elles s'épurent. Une diction plus nette, plus châtiée, plus élégante, épure le style. Le langage qui s'épure, se polit. Le goût le plus épuré est le plus fin et le plus délicat. Le cœur, les sentiments, l'âme, les idées, la foi, s'épurent en s'ennoblissant, en se réformant, en se perfectionnant. Epurer ne désigne que l'effet sans le rapport déterminé que purifier marque avec la cause et les moyens de le produire. (R.)

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QUANT A MOI, POUR MOI. Quant à moi signifie autant que la chose me regarde ou me concerne, selon l'intérêt que j'y prends; c'est la phrase latine quantùm ad me spectat, attinet. Pour moi, c'est-àdire pour ce qui est de moi, de ma personne, ou pour en dire mon avis; c'est le latin ego verò, mais moi, or moi.

« La première de ces locutions marque donc littéralement un intérêt à la chose et un rapport établi, et la seconde n'indique qu'un jugement ou un fait. Ces locutions, en même temps qu'elles servent de liaisons ou de transitions, annoncent la division, le partage, l'oppo

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