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au figuré, des personnes qu'un rien offusque; il est pris en mauvaise part. C'est le caractère de l'homme timide, que son ombre effraye. Le soupçonneux vit de soupçons et conjecture toujours le mal. L'ombrageux peut revenir, et lorsqu'il a touché l'objet, il se rassure; mais le soupçonneux est inquiet, quand il n'y a même rien qui puisse justifier ses craintes. Le premier se trompe en s'arrêtant à la surface; celui-ci néglige les apparences, et présume le mal lorsqu'il ne le voit pas. L'homme méfiant se tient en garde ce n'est pas de l'ombre, c'est de la personne, c'est de la chose qu'il a peur. (R.)

ONDES, FLOTS, VAGUES. Ces trois mots sont synonymes, si on les applique aux diverses élévations que forment les eaux agitées. Les ondes sont les moindres de ces agitations; elles sont l'effet naturel de leur fluidité, et s'élèvent peu au-dessus de leur surface. Une agitation accidentelle causée par les vents et les tempètes forme les flots, qui roulent avec impétuosité, se portent avec violence du côté où les poussent les vents, et se brisent contre les îles, les rochers, les rivages. Les vagues sont produites par une agitation plus violente encore; leur propre est de grossir et de s'élever considérablement. Les ondes laissent une idée de calme ou de cours paisible. (L.)

Onde ou ondes, au pluriel, se dit poétiquement pour désigner simplement l'eau, soit que l'on parle de la mer ou bien d'un fleuve ou d'une rivière. Flots désigne souvent aussi l'eau, mais l'eau courante d'une rivière ou d'un fleuve : « Les flots du Rhône, les flots de la Seine >>. ON DOIT. V. Il faut.

ON NE SAURAIT, ON NE PEUT. On ne saurait paraît plus propre pour marquer l'impuissance où l'on est de faire une chose. On ne peut semble marquer plus précisément et avec plus d'énergie l'impossibilité de la chose en elle-même. C'est peut-être par cette raison que la particule pas, qui fortifie la négation, ne se joint jamais avec la première de ces expressions, et qu'elle accompagne souvent l'autre avec grâce. - Ce qu'on ne saurait faire est trop difficile : ce qu'on ne peut faire est impossible. On ne saurait bien servir deux maîtres: On ne peut pas obéir en même temps à deux ordres opposés. On ne saurait aimer une personne dont on a lieu de se plaindre: on ne peut pas en aimer une pour qui la nature nous a donné de l'aversion. (G.)

OPINER. V. Délibérer.

OPINIATRE. V. Tétu.

OPINIATRETÉ. V. Fermeté.

OPINION. V. Sentiment.

OPPOSÉ. V. Contradictoire.

OPPRIMER et OPPRESSER. V. Accabler.

OPPROBRE. V. Infamie.

OPTER, OPTION. V. Choisir.

ORAGE, TEMPÊTE, OURAGAN, BOURRASQUE. L'orage est une violente agitation de l'air, accompagnée de pluie, d'éclairs, de ton

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nerres, et quelquefois de grèle. La tempête est une agitation de l'air encore plus violente, avec pluie ou sans pluie, ou avec du tonnerre et des éclairs. L'ouragan est un vent très-violent et étendu qui, s'élevant tout à coup, devient assez fort pour causer de grands ravages. La bourrasque est sur mer ce qu'on appelle ouragan sur terre. Orage et tempête s'emploient au figuré. On dit les orages des passions, les orages de la vie; les mécontents excitent des tempêtes dans les États.Bourrasque se dit au figuré des mouvements brusques et momentanés d'une personne colère ou qui exhale sa mauvaise humeur. (L.) ORAISON. V. Discours.

ORAISON FUNEBRE. V. Éloge.

ORDINAIRE, COMMUN, VULGAIRE, TRIVIAL. Le fréquent usage rend les choses ordinaires, communes, vulgaires et triviales: mais il y a à cet égard un ordre de gradation entre ces mots, qui fait que trivial dit quelque chose de plus usité que vulgaire, qui à son tour enchérit sur commun, et celui-ci sur ordinaire. Il me parait aussi qu'ordinaire est d'un usage plus marqué pour la répétition des actions; commun, pour la multitude des objets; vulgaire, pour la connaissance des faits; et trivial, pour la tournure du discours. - La dissimulation est ordinaire à la cour. Les monstres 1 sont communs en Afrique. Les disputes de religion ont rendu vulgaires bien des faits qui n'étaient connus que des savants. De tous les genres d'écrire, il n'y a que le comique où les expressions triviales puissent trouver place. Ces mots peuvent être considérés dans un autre sens que dans celui de fréquent usage: ils se disent souvent par rapport au petit mérite des choses; et ils ont encore un ordre de gradation, de façon que le dernier de ces mots est celui qui ôte le plus au mérite. Ce qui est ordinaire n'a rien de distingué : ce qui est commun n'a rien de recherché ce qui est vulgaire n'a rien de noble: ce qui est trivial a quelque chose de bas. (G.)

ORDONNER, COMMANDER. Le commandement est la notification de l'ordre. Celui qui gouverne ordonne: celui qui fait exécuter commande. On ordonne, en vertu de l'autorité, à celui qui doit obéir : on commande, en vertu d'un pouvoir ou d'une charge, à celui qui doit exécuter. - Il faut la puissance, la force, pour ordonner; il faut une domination, une supériorité pour commander. Un maître ordonne, un chef commande. La loi, la justice ordonnent, la force en main : un général, un officier commande, par son grade, une armée, une troupe; comme une citadelle commmande une ville, ou une montagne la plaine, par son élévation. Un général ordonne un assaut à des troupes; l'officier principal le commande ou le conduit. L'action d'ordonner a toujours quelque chose d'absolu, de plus impérieux, de plus pressant que celle de commander. La même différence est sensible dans des appli

1. Monstre est pris ici dans le sens latin de monstrum, bête féroce.

cations éloignées du ton absolu de l'autorité. Le médecin qui gouverne un malade ordonne les remèdes; un particulier qui emploie un artisan lui commande un ouvrage. (R.)

ORDRE. V. Arrangement et Commandement.

ORDRE, ORDONNANCE. Disposition, arrangement.

L'ordre est

la disposition des objets placés au rang qui leur convient le mieux. L'ordonnance est la disposition arrêtée et suivie par celui qui a disposé; c'est un arrangement conçu par lui et qui n'a dépendu que de sa volonté. L'ordre peut ne pas exister, c'est alors du désordre : l'ordonnance, bonne ou mauvaise, dès qu'elle est produite, existe et constitue un état permanent de choses.

ORGUEIL, VANITÉ, PRÉSOMPTION. L'orgueil fait que nous nous estimons. La vanité fait que nous voulons être estimés. La présomption fait que nous nous flattons d'un vain pouvoir. — L'orgueilleux se considère dans ses propres idées; plein et bouffi de lui-même, il est uniquemer occupé de sa personne. Le vain se regarde dans les idées d'autrui; avide d'estime, il désire d'occuper la pensée de tout le monde. Le présomptueux porte son espérance audacieuse jusqu'à la chimère; hardi à entreprendre, il s'imagine pouvoir venir à bout de tout. (G.) ORGUEIL, SUPERBE. V. Superbe.

ORGUEILLEUX. V. Glorieux et Orgueil, vanité.
ORIENT. V. Levant.

ORIENTAL, DE L'ORIENT. V. Méridional.

ORIGINE, SOURCE. L'origine est le premier commencement des choses qui ont une suite; la source est le principe ou la cause qui produit une succession de choses. L'origine met au jour ce qui n'y était point; la source répand au dehors ce qu'elle renfermait dans son sein. Les choses prennent naissance à leur origine; elles tiennent leur existence de leur source. L'origine nous apprend dans quel temps, en quel lieu, de quelle manière les objets ont paru au jour; la source nous découvre le principe fécond d'où les choses découlent, procèdent, émanent, avec plus ou moins de continuité ou d'abondance. Il est curieux de savoir les origines, si elles peuvent nous éclairer. Il est bon de connaître les sources, si nous pouvons y puiser (R.)

OS, OSSEMENTS. Parties composant le squelette de l'homme et de certains animaux. - Les os sont ces parties considérées séparément, chacune ayant son nom et son caractère propre. Les ossements sont des os dépouillés de chair, ne formant plus un ensemble et considérés abstraction faite des corps auxquels ils ont pu appartenir. On dit les os et non les ossements d'un squelette; mais on dit très-bien un monceau d'ossements.

OSCILLATION. V. Vibration.
OSTENTATION. V. Parade.

OUEST, COUCHANT. V. Levant.

QUIR. V. Entendre, écouter,

OURAGAN. V. Orage.

OURDIR, TRAMER, MACHINER. Au propre, ourdir signifie disposer les fils pour faire une toile; et tramer passer les fils entre et à travers les fils tendus sur le métier. Ces termes ne se confondent point dans le sens propre : mais au figuré, on dit, sans avoir égard à leur idée rigoureuse, ourdir et tramer un mauvais dessein, une trahison, etc. Cependant il est bien sensible que tramer dit plus qu'ourdir: c'est un dessein plus arrêté, une intrigue plus forte, des mesures plus concertées, des apprêts plus avancés pour l'exécution. Ourdir, c'est commencer; on ourdit mème une trame : tramer, c'est avancer l'ouvrage de manière à lui donner la consistance convenable: la chose étant tramée, elle est toute prête. Nous disons aussi dans le même sens, machiner, qui marque quelque chose de plus artificieux, de plus profond, de plus compliqué, et même de plus bas ou de plus odieux. (R.)

OUTIL, INSTRUMENT. L'outil est une invention usuelle, simple, maniable, dont les arts mécaniques et simples se servent pour faire des travaux et des ouvrages simples et communs. L'instrument est une invention adroite, ingénieuse, industrieuse, dont les arts plus relevés et les sciences mème se servent pour faire des opérations et des ouvrages d'un ordre supérieur ou plus relevé. On dit les outils d'un menuisier, d'un charron; et des instruments de chirurgie, de mathématiques. L'agriculture a des outils et des instruments: la pioche est un outil; la grande charrue est un instrument. L'instrument est en lui-même un ouvrage supérieur à l'outil.— L'outil est, en quelque sorte, le supplément de la main; elle s'en aide : l'instrument est un supplément de l'intelligence ou de l'habileté. L'outil ne fait qu'obéir; l'instrument exécute avec art. Il y a des instruments qui, une fois mis en action, font tout par eux-mèmes : l'outil suit la main. La nécessité a inventé les outils: la science a imaginé les instruments. En perfectionnant les outils, on en vient aux instruments. (R.)

OUTRAGE. V. Affront.

OUTRAGEUX, OUTRAGEANT. Outrageant, participe présent du verbe outrager, converti en adjectif verbal, exprime l'action d'outrager, le fait, l'effet de cette action (40, page 12): elle outrage, on en est outragé, offensé cruellement. Outrageux, formé du substantif ou trage, espèce particulière d'offense, désigne la nature de la chose, sa propriété ou son caractère, l'effet qu'elle doit par elle-même produire; elle est faite pour outrager, c'est le propre de la chose d'offenser cruellement (44, page 13). Ce qui est outrageux est donc outrageant par soi-même il sera même bien outrageant, puisqu'il porte en soi l'outrage, et que sa vertu et son efficacité est d'outrager, selon la valeur de sa terminaison, qui sert même à indiquer l'habitude, la plénitude, l'excès. L'Académie observe qu'outrageant ne se dit que des choses, tandis qu'outrageux s'applique également aux personnes. Cette obser

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vation confirme la distinction précédente; car un homme outrageux a l'intention et le dessein, l'habitude et le défaut, le caractère et l'humeur qui porte à outrager. (R.)

OUTRÉ, IMMODÉRÉ. V. Immodéré.

OUTRE, INDIGNÉ. Ces deux mots indiquent également un sentiment vif et défavorable contre quelqu'un, causé par une offense excessive ou par une conduite très-coupable. Outré suppose, dans celui qui éprouve ce sentiment, une offense très-vive, qui a tellement surmonté toute espèce de modération, d'indulgence, de patience, que le ressentiment en est très-profond, et ne peut être apaisé par l'effet de ces vertus. Indigné suppose un sentiment de colère et de mépris qui provient d'une action ou d'une conduite contraire aux sentiments de la probité, de l'humanité, de l'honneur. On est outré de l'excès de l'offense; on est indigné des moyens. C'est l'excès de la méchanceté qui outre ; c'est l'excès de la perversité qui indigne. Nous ne sommes

outrés que de ce qui nous regarde personnellement; nous sommes aussi indignés de ce qui arrive aux autres. (L.)

OUTRE CELA. V. De plus.

OUTRE-PASSER. V. Dépasser.

OUVRAGE. V. OEuvre et Production.

OUVRAGE D'ESPRIT. V. Esprit (ouvrage ď).

OUVRIER. V. Artiste, artisan.

OUVRIER (JOUR), JOUR OUVRABLE. V. Jour ouvrier.

Р

PACAGE, PATURAGE, PATIS, PATURE. Le pacage est un lieu propre pour nourrir et engraisser du bétail. Le pâturage est un champ où le bétail pâture et se repaît. Le pâtis est une terre où l'on met paître le bétail. La pâture est un terrain inculte où le bétail trouve quelque chose à paître. On dit de bons pacages, de gras pâturages, un simple pâtis, une vaine pâture. Pacage désigne la qualité de la terre et la production propre dont elle se couvre : ainsi le bocage est un lieu couvert ou parsemé de bois, de bosquets. Pâturage marque et la propriété de la terre, et l'abondance de la production propre au bétail, et l'usage qu'on en fait; le bétail y påture, c'est-à-dire qu'il y prend la nourriture qui lui convient et qui lui suffit, l'herbe et sa réfection. Pâtis rappelle seulement l'action simple de paître; le bétail y trouve à paître, c'est-à-dire de l'herbe à brouter ou à manger sur pied. Pâture ne se prend, dans l'acception présente, que pour un lieu vain et entièrement négligé, qui ne peut donner qu'une herbe rare, courte et pauvre. Les prés et les prairies, ou ces grands prés fertiles, arrosés couverts d'herbes, forment naturellement des pacages. Ces

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