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L'homme est mortel, Les hommes sont mortels. La première annonce la certitude infaillible de la mort; et c'est une vérité que l'on peut prendre comme principe dans un sermon ou dans un traité de morale. La seconde annonce l'incertitude du moment et de la manière de la mort, les uns mourant plus tôt, les autres plus tard; ceux-ci subitement, ceux-là par une maladie longue : c'est une vérité d'où l'on peut partir dans les traités, pour s'autoriser à prendre dans le moment même les précautions convenables.» (B.)

celui

HOMME DE BIEN, HOMME D'HONNEUR, HONNÊTE HOMME. << Il me semble que l'homme de bien est celui qui satisfait exactement aux préceptes de la religion : l'homme d'honneur, celui qui suit rigoureusement les lois et les usages de la société; l'honnête homme, qui ne perd de vue, dans aucune de ses actions, les principes de l'équité naturelle. L'homme de bien fait des aumônes; l'homme d'honneur ne manque point à sa promesse; l'honnête homme rend la justice même à son ennemi. » (Enc.)

Puisque l'homme de bien satisfait exactement aux préceptes de la religion, il fait tout ce que la religion commande: ainsi non-seulement il fait des aumônes aux nécessiteux et du bien à son prochain; mais encore il est juste, loyal, fidèle : il est donc aussi homme d'honneur et honnéte homme.

HOMME DE SENS, HOMME DE BON SENS. Il y a bien de la différence, dans notre langue, entre un homme de sens et un homme de bon sens. L'homme de sens a de la profondeur dans les connaissances, et beaucoup d'exactitude dans le jugement; c'est un titre dont tout homme peut être flatté. L'homme de bon sens, au contraire, passe pour un homme si ordinaire, qu'on croit pouvoir se donner pour tel sans vanité c'est celui qui a assez de jugement et d'intelligence pour se tirer à son avantage des affaires ordinaires de la société. (Enc.) HOMME SAVANT. V. Savant homme.

HONNÊTE, CIVIL, POLI, GRACIEUX, AFFABLE. Nous sommes honnêtes par l'observation des bienséances et des usages de la société. Nous sommes civils par les honneurs que nous rendons à ceux qui se trouvent à notre rencontre. Nous sommes polis par les façons flatteuses que nous avons, dans la conversation et dans la conduite, pour les personnes avec qui nous vivons. Nous sommes gracieux par des airs prévenants pour ceux qui s'adressent à nous. Nous sommes affables par un abord doux et facile à nos inférieurs qui ont à nous parler. — Il faut être honnéte sans cérémonie, civil sans importunité, poli sans fadeur, gracieux sans minauderie, et affable sans familiarité. (G.) HONNÊTE HOMME. V. Homme de bien.

HONNÊTETÉ. V. Probité.

HONNEUR. V. Gloire.

HONNIR, BAFOUER, VILIPENDER. Honn signifie, en allemand, déshonorer, et c'est dans ce sens qu'on a dit honnir. Mais est-ce l'idée

pure et entière de déshonorer que ce mot présente? Je ne le crois pas. Son idée propre est de faire honte à quelqu'un, de s'élever et de se récrier contre lui, de le poursuivre de traitements humiliants et flétrissants. Réservé au style comique ou familier, il indique les manières vulgaires de traiter honteusement, surtout par des cris injurieux. Bafouer, c'est proprement huer quelqu'un à pleine bouche, s'en jouer sans ménagement, s'en moquer d'une manière outrageante, l'accabler d'affronts et d'injures. Vilipender, mot latin formé de vilis, vil, et de pendere, estimer. C'est traiter quelqu'un de vil ou comme vil, d'une manière avilissante, avec un grand mépris; le décrier, le dénigrer, détruire sa réputation. Honnir est le cri du soulèvement et de l'indignation; bafouer est l'action de la dérision et de l'avanie; vilipender, terme familier, est l'expression du mépris et du décri. Vous honnissez celui que vous voulez perdre d'honneur et couvrir de honte. Vous bafouez celui que vous voulez immoler à la risée et couvrir de confusion. Vous vilipendez celui que vous voulez ravaler et fouler aux pieds. (R.)

HONORAIRE ou D'HONNEUR (CONSEILLER ou PRÉSIDENT). Ces qualiñcations conviennent à des personnes qui ont le titre et les prérogatives honorifiques de conseiller ou de président, sans en exercer les fonctions.

Un conseiller honoraire est un conseiller qui, après avoir rempli quelque temps cette charge, s'en est démis et n'en conserve plus que le titre. Conseillers d'honneur se disait autrefois des conseillers privilégiés qui avaient séance et voix délibérative dans certaines compagnies, quoiqu'ils n'eussent point de charge. Ce droit leur était accordé pour leur faire honneur, ou parce que leur personne faisait honneur à la compagnie. Nous disons encore dans ce dernier sens président d'honneur, et nous disons président honoraire dans le même sens que conseiller honoraire.

HONORAIRES. V. Gages.

HONORER. V. Adorer.

HONTE, PUDEUR. Les reproches de la conscience causent la honte. Les sentiments de modestie produisent la pudeur. Elles font quelquefois, l'une et l'autre, monter le rouge au visage; mais alors on rougit de honte, et l'on devient rouge par pudeur. Il ne convient point de se glorifier, ni d'avoir honte de sa naissance, ce sont des traits d'orgueil; mais il convient également au noble et au roturier d'avoir honte de leurs fautes. Quoique la pudeur soit une vertu, il y a néanmoins des occasions où elle passe pour faiblesse et timidité. (G.)

HONTE (AVOIR), AVOIR DE LA HONTE. V. Avoir peine.
HORMIS. V. Hors.

HORREUR (AVOIR), AVOIR DE L'HORREUR. V. Avoir peine.
HORRIBLE. V. Affreux.

HORS, HORMIS, EXCEPTÉ. Hors, autrefois fors, du latin foras,

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opposé à dans, désigne seulement ce qui n'est pas dans le cas présent, ce qui est dans un autre cas; la séparation est bien marquée par le mot, mais sans aucun signe d'exclusion. Hormis, autrefois hors-mis, c'est-à-dire mis hors, exprime formellement cette dernière idée, celle d'un cas ou d'un objet particulier qui est ou doit être mis hors de la classe dont il s'agit. Excepté, du latin exceptum, tiré ou distrait de, indique bien qu'il faut distinguer tel objet des autres, et ne pas les confondre ensemble. Hors annonce donc la séparation qui existe entre tel objet et les objets collectivement énoncés: hormis, l'exclusion qu'il faut donner à un objet particulier, naturellement compris dans la proposition collective: excepté, la distraction particulière qu'il faut faire de la proposition générale. Le citoyen libre a le pouvoir civil de tout faire pour ses intérêts, hors l'injustice: l'injustice est évidemment et par elle-même hors du pouvoir civil de l'homme; il ne s'agit point là d'exclure positivement ce qui ne peut être inclus ou renfermé dans la généralité. Le mahométisme permet toutes sortes d'aliments, hormis le vin, et non pas hors le vin, comme le dit l'abbé Girard; car la loi de Mahomet met le vin hors de cette permission, le défend expressément sans quoi il aurait été permis comme tout le reste. A la venue du Messie, tout était dieu, excepté Dieu même. Il faut là distraire Dieu de la proposition générale qui le renfermait. — Hors explique la proposition générale ou collective, et détermine les objets qu'elle n'embrasse pas, quelquefois jusqu'à la réduire à une proposition particu lière. Ainsi dans ce vers si connu: Nul n'aura de l'esprit, hors nous et nos amis, Molière explique par le dernier membre de sa phrase, à qui effectivement ses personnages refuseront de l'esprit, à qui ils en accorderont; il s'agit de deux partis séparés, qui se balancent et se combattent l'un l'autre. Hormis restreint la proposition, et la corrige par des soustractions expresses. Ainsi dans cette phrase, le testateur appelle sès proches à sa succession, hormis tels et tels qui n'ont pas besoin de ses bienfaits ou qui en étaient indignes, la proposition, vague d'abord, est resserrée dans des bornes fixes par l'exclusion exprimée à la fin, detels ou tels parents qu'elle aurait compris sans cette addition. Excepté suppose toujours une règle ou une proposition générale qu'elle rend en quelque sorte conditionnelle. Ainsi vous dites que, dans une ville où il y a toutes sortes de ressources pour ceux qui ne travaillent pas, tout le monde est à son aise, excepté ceux qui travaillent: l'exception signifie, ceux-ci étant exceptés, ou si vous exceptez ceux-ci. La proposition reste générale malgré l'exception; et la règle est vraie par l'exception même ou avec cette condition. (R.)

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HOTEL, HOTELLERIE. V. Auberge.
HUMAIN. V. Benin.

HUMANITÉ. V. Benin et Bonté.

HUMEUR, FANTAISIE, CAPRICE. Ces trois mots désignent en général un sentiment vif et passager dont nous sommes affectés sans

sujet; avec cette difference que caprice et humeur tiennent plus au caractère, et fantaisie aux circonstances ou à un état qui ne dure pas, et qu'humeur emporte outre cela avec lui une idée de tristesse. Une coquette a des caprices; un hypocondre, un misanthrope, ont de l'humeur; un enfant a des fantaisies. — Fantaisie a rapport à ce qu'on désire; caprice, à ce qu'on dédaigne; humeur, à ce qu'on entend ou qu'on voit. De ces trois mots, fantaisie est le seul qui s'applique aux animaux: humeur, le seul qui s'applique aux hommes; caprice, le seul qui s'applique aux êtres moraux. On dit les caprices du sort. (D'Al.)

HUMEUR (ÊTRE EN). V. Être d'humeur.

HUMILIER. V. Abaisser.

HUTTE. V. Cabane.

HYMEN, HYMÉNÉE. Hymen annonce purement et simplement le mariage: hyménée lé désigne dans toute son étendue, ses suites, ses dépendances et ses rapports (28, page 9). L'hymen, c'est la célébration du mariage et les noces; les époux sont sous les lois de l'hyménée : le premier forme les nœuds, le second les tient indissolublement serrés. (R.)

HYPOCONDRE, HYPOCONDRIAQUE. V. Colère, colérique.
HYPOTHÈSE. V. Supposition.

I

IDÉE, NOTION, PENSÉE. « L'idée est, selon le sens propre du mot, l'image, la représentation des objets, intimement unie à l'âme ou gravée dans son entendement. C'est par l'idée ou la représentation immédiate des choses, que l'esprit les aperçoit et les connaît: c'est par cette idée conservée dans la mémoire, que la mémoire nous les rappelle. Chez les Orientaux et les Grecs, id signifie idée, image, modèle. L'idée représente l'objet; la notion en représente quelques détails. Si l'idée, dit Leibnitz, représente ce que l'objet a de commun avec les autres individus de son espèce, c'est alors une notion; et en effet elle en considère et compare alors les qualités communes. La notion déploie l'idée de la chose, mais d'une manière succincte et imparfaite. Nous appelons notions communes ces vérités élémentaires, ces principes naturels du sens commun ou du bon sens, que tout le monde conçoit de la même manière. En général la notion emporte une explication, mais courte; un développement, mais léger. Not signifie connaissance 1. Quelques idées d'une chose en forment une notion or nous pourrons recevoir cette notion, comme nous pouvons

1. Notion, en latin notio: le verbe est noscere, connaître, dont le supin est

notum.

:

la donner des notions sont de légères connaissances, du moins quant à la forme. La notion peut être considérée comme une image; elle est même un petit tableau puisqu'elle expose divers traits de la chose. La notion peut donc quelquefois s'appeler idée; mais moins parce que ce dernier mot signifie image, que parce que dans une acception secondaire, une idée se prend souvent pour un court exposé ou pour un assemblage de rapports considérés dans la chose: ainsi l'on donne une idée, un petit précis, une légère notice d'une affaire. Dans le sens de notion, le mot idée est plus vague, et la notion sert plutôt à faire connaître la chose par ses éléments, tandis que l'idée la représente par divers traits. Une définition est une notion rigoureuse et non pas une simple idée de la chose; l'idée en serait plutôt une légère description.» (R.)

« Pensée, dit l'Académie, opération de l'intelligence ». En effet, la pensée est le résultat de la faculté qu'a l'esprit de peser, d'apprécier les idées, et de les mettre en rapport 1. L'Académie ajoute : « Pensée signifie aussi l'acte particulier de l'esprit, ce que l'esprit a pensé ou pense actuellement ». Roubaud dit de son côté : « La pensée est une action quelconque de l'esprit, ou un travail qu'il fait sur ses idées : considération, réflexion, comparaison, combinaison, décomposition, jugement, etc. Ainsi pensée se prend pour idée; mais c'est une idée produite par l'esprit. Pensée se prend pour opinion; mais c'est une opinion moins méditée, moins approfondie, moins réfléchie, moins raisonnée, moins appuyée, moins arrêtée. Pensée se prend pour dessein; mais le dessein est plus combiné, plus concerté, plus décidé, plus achevé, etc. » IDÉE (DANS L'), DANS LA TÊTE. V. Dans l'idée.

IDIOME. V. Langage.

IDIOT. V. Animal, au figuré.
IGNOMINIE. V. Infamie.

IGNORANT. V. Ane.

IL FAUT, IL EST NÉCESSAIRE, ON DOIT. La première de çes expressions marque plus précisément une obligation de complaisance, de coutume, ou d'intérêt personnel : « il faut hurler avec les loups; il faut suivre la mode; il faut connaître avant que d'aimer ». La seconde marque plus particulièrement une obligation essentielle et indispensable: « il est nécessaire d'aimer Dieu pour être sauvé; il est nécessaire d'être complaisant pour plaire ». Le troisième est plus propre à désigner une obligation de raison ou de bienséance : « on doit dans chaque chose s'en rapporter aux maîtres de l'art; on doit quelquefois éviter dans le public ce qui a du mérite dans le particulier ». (G.)

ILLISIBLE, INLISIBLE. Qu'on ne peut lire. La préfixe il est la même

1. Pensare, en latin, signifie peser, au propre; et au figuré, examiner, apprécier, etc.; et c'est de là que vient pensée.

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