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paroles offensantes; et discours, propos grossiers, paroles grossières, c'est-à-dire contraires à la bienséance, à la pudeur; langage grossier, rude, barbare, peu civilisé. Grossier signifie aussi malhonnète, incivil. GROSSIER, IMPOLI. V. Impoli GROTESQUE. V. Burlesque.

GROTTE. V. Antre.

GUÈRE. V. Peu.

GUÉRISON. V. Cure.

GUERRIER. V. Belliqueux.

GUETTER. V. Épier.

GUEULE. V. Bouche.

GUEUX. V. Pauvre.

GUIDER, CONDUIRE, MENER. Guider signifie, littéralement, faire voir, enseigner, tracer, montrer la voie, une voie inconnue, cachée. Conduire vient du radical ducere, qui signifie être à la tête, commander, tirer à soi, diriger la marche; et c'est le sens du mot conduire, auquel la préposition cum ajoute l'idée d'avec, ensemble union (4, page 3). Mener signifie conduire par la main ou comme par la main (de manus, main), faire aller, se faire suivre, entraîner avec soi, se rendre maître ou par force ou par manége. — L'idée propre et unique de guider est d'éclairer ou montrer la voie. L'idée de conduire est de diriger, régir, gouverner une suite d'actions. Celle de mener est de disposer de l'objet ou de sa marche. La lumière seule guide: on conduit par le commandement comme par l'instruction et par le concours l'autorité, la force, la supériorité, l'ascendant vous mènent. Le mot conduire partage avec guider l'idée d'enseignement, et avec mener celle d'empire. On guide celui qui ne saurait pas aller sans guide on conduit celui qui n'irait pas ou qui irait peut-être mal sans conducteur on mène celui qui ne peut pas, ne veut pas, ne doit pas aller seul, sans une main qui le tienne. Il y a dans le premier une pure ignorance; dans le second, de la soumission ou une défiance de soi-même; dans le dernier, de la dépendance, de l'impuissance ou de la faiblesse. Le sens ordinaire de ces mots est le mème au figuré. L'art guide le médecin; le médecin conduit le malade; et la nature mène le malade à la santé ou à la mort. La raison nous guide et nous conduit : elle nous guide en nous montrant ce qu'il faut faire; elle nous conduit, lorsqu'elle nous fait faire ce qu'elle juge convenable. Nos passions nous mènent, lorsqu'elles nous ravissent la raison, qu'elles nous entraînent avec violence, qu'elles disposent de nous sans nous. (R.) GUINGUETTE. V. Cabaret.

HABILE. V. Adroit et Capacité.

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HABILETÉ. V. Capacité et Dextérité.

HABIT, HABILLEMENT, VÊTEMENT. Vêtement se dit au singulier de toute pièce qui sert à couvrir le corps : la chemise est un vétement, le gilet est un vétement, la robe de chambre est un vétement commode. Vétement se dit aussi par opposition à nourriture et à logement : « Tout le nécessaire consiste dans la nourriture, le vétement et le logement »>. (Girard.)

L'Académie fait remarquer qu'habillement se dit quelquefois de l'action d'habiller, de pourvoir d'habits (19, page 6) : « L'habillement des élèves d'un collége ». Ce mot a toujours quelque rapport à l'action, même lorsqu'il s'emploie dans le sens de vêtement. L'habillement, dit Roubaud, est cet ensemble de vêtements par quoi on est habillé.

<< Outre l'essentiel de vêtir, le mot habillement renferme dans son idée un rapport à la forme et à la façon dont on est vètu; et son district1 s'étend non-seulement à tout ce qui sert à couvrir le corps, mais encore à la parure et à tout ce qui n'est que pur ornement, comme les rubans, les colliers, les pierreries: c'est par cette raison qu'on dit la description d'un habillement de cérémonie et de théâtre. Habit a un sens bien plus restreint que les deux autres mots; il ne signifie que ce qui est robe ou ce qui tient de la robe; en sorte que le linge, le chapeau et les souliers ne sont pas compris sous l'idée de ce mot: ainsi l'on ne s'en sert que pour marquer ce qui est l'ouvrage du tailleur ou de la couturière. Le justaucorps, la veste, la culotte, la robe, la jupe, le corset, sont des habits; mais la chemise et la cravate ne le sont point, quoiqu'ils soient vétements; et l'épée n'est ni habit ni vétement, quoiqu'elle soit de l'habillement du cavalier. (G.)

HABITER. V. Demeurer.

HABITANT, BOURGEOIS, CITOYEN. Habitant se dit uniquement par rapport au lieu de la résidence ordinaire, quel qu'il soit, ville ou campagne. Bourgeois marque une résidence dans la ville et un degré de condition qui tient le milieu entre la noblesse et le paysan. Citoyen a un rapport particulier à la société politique: il désigne un membre de l'État, dont la condition n'a rien qui doive l'exclure des charges et des emplois publics. (G.)

HABITATION. V. Maison.
HABITUDE. V. Coutume.

1. Terme tout à fait impropre, employé plusieurs fois par l'abbé Girard, et notamment dans cette phrase de la grammaire : « Le district du pronom, la portion dont il est doté ». Voltaire cite, comme modèle de mauvais style, cette phrase et plusieurs autres du même auteur.

HABLEUR. V. Menteur.

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HAINE, AVERSION, ANTIPATHIE, RÉPUGNANCE. Le mot haine s'applique plus ordinairement aux personnes. Les mots d'aversion et d'antipathie conviennent à tout également. On ne se sert de celui de répugnance qu'à l'égard des actions, c'est-à-dire, lorsqu'il s'agit de faire quelque chose. La haine est plus volontaire, et paraît jeter ses racines dans la passion ou dans le ressentiment d'un cœur irrité et plein de fiel. L'aversion et l'antipathie sont moins dépendantes de la liberté, et paraissent avoir leurs sources dans le tempérament ou dans le goût naturel; mais avec cette différence, que l'aversion a des causes plus connues, et que l'antipathie en a de plus secrètes. Pour la répugnance, elle n'est pas comme les autres, une habitude qui dure; c'est un sentiment passager, causé par la peine ou par le dégoût de ce qu'on est obligé de faire.. La haine fait tout blåmer dans les personnes qu'on hait, et y noircit jusqu'aux vertus. L'aversion fait qu'on évite les gens, et qu'on en regarde la société comme quelque chose de fort désagréable. L'antipathie fait qu'on ne peut les souffrir, et nous en rend la compagnie fatigante. La répugnance empêche qu'on ne fasse les choses de bonne grâce, et donne un air gêné, qui fait voir que ce n'est pas le cœur qui commande ce qu'on exécute. - Il ne faut avoir de la haine que pour le vice; de l'aversion que pour ce qui est nuisible; de l'antipathie que pour ce qui porte au crime; et de la répugnance que pour les fausses démarches ou pour ce qui peut donner atteinte à la réputation. (G.)

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HAISSABLE, ODIEUX. « Haissable, dit Roubaud, est infiniment plus faible de baine que odieux. Si l'objet haïssable est digne de haine, l'objet odieux est digne de toute votre haine. La terminaison eux marque la plénitude, la force; et la terminaison able, la capacité, la disposition » (43 et 44, pages 13).

Cette distinction est fort juste; Laveaux la fait ressortir en ces termes :

« Haïssable se dit des défauts qui excitent simplement l'éloignement, le dégoût, l'humeur, l'impatience, et ne vont pas jusqu'à provoquer l'indignation, l'aversion, l'horreur. Celui qui a de vilains défauts est haïssable; celui qui se distingue par un fonds de méchanceté, de noirceur, de perversité, est odieux. Tout ce qui est contraire à la probité, à la justice, à l'humanité, est odieux ».

Remarquons en outre que haïssable ne se dit guère que des personnes ou de leurs manières, et dans le style ordinaire; tandis qu'oduux se dit, dans tous les styles, des personnes et des choses.

HALEINE, SOUFFLE, RESPIRATION. « Ces mots désignent particulièrement l'émission ou la sortie de l'air chassé des poumons. Ouvrez la bouche et laissez sortir cet air de lui-même ou par le mouvement seul des poumons et sans effort, c'est l'haleine: rapprochez les deux coins de la bouche et poussez l'air avec un effort particulier,

c'est le souffle. Le souffle, pressé et contraint, devient plus fort et plus sensible que la simple haleine libre et épandue. Produits d'une manière différente, ils produisent des effets différents : avec l'haleine vous échauffez; vous refroidissez avec le souffle: votre háleine fera vaciller la lumière d'une bougie; votre souffle l'éteindra. — L'haleine et le souffle appartiennent aussi aux vents: mais leur souffle est de même plus fort et plus sensible que leur haleine. Vous direz le souffle des aquilons, et l'haleine des zéphyrs. » (R.)

La respiration est l'action de respirer : l'haleine est l'air chassé dans cette action.

HANTER. V. Fréquenter.

HAPPER, PRENDRE, ATTRAPER. « Prendre, c'est en général s'emparer de quelque chose: happer, c'est saisir brusquement une chose. Un chien à qui l'on présente un morceau de viande le prend, lorsque son action n'est accompagnée d'aucun mouvement brusque ou violent : il le happe lorsqu'il se jette avidement dessus, et qu'il l'arrache, pour ainsi dire, à celui qui le présente. On prend un homme quand on l'arrête sans surprise; on le happe, quand on l'épiait et qu'on le saisit brusquement au moment où il s'y attendait le moins ». (L.)

Attraper signifie se saisir de quelque personne ou de quelque animal que l'on poursuivait ou que l'on guettait; mais il n'exprime pas une action brusque et soudaine comme happer: le chien fait lever un lièvre, le poursuit et l'attrape.

HARANGUE. V. Discours.

HARASSÉ. V. Las.

HARCELER, AGACER, PROVOQUER. Harceler, c'est exciter vivement jusqu'à importuner, jusqu'à tourmenter. Agacer, c'est exciter par des paroles ou par des gestes, et le plus souvent dans l'intention manifeste de plaisanter : il dit moins que harceler. Provoquer, au contraire, dit beaucoup plus : c'est attaquer sérieusement quelqu'un et le mettre dans la nécessité de se défendre.

Pour faire agir un homme naturellement paresseux et indolent, il faut souvent le harceler. On agace quelqu'un par des railleries. Vous vous retenez pour ne pas battre un homme qui vous provoque par des injures.

HARDES. V. Nippes.

HARDIESSE, AUDACE, EFFRONTERIE. Il y a dans la hardiesse quelque chose de måle; dans l'audace, quelque chose d'emporté; et dans l'effronterie, quelque chose d'incivil. La hardiesse marque du Courage et de l'assurance. L'audace marque de la hauteur et de la témérité. L'effronterie marque de l'impudence. Une personne hardie parle avec fermeté; ni la qualité, ni le rang, ni la fierté de ceux à qui elle adresse le discours, ne ia démontent point. Une personne audacieuse parle d'un ton élevé; son humeur hautaine lui fait oublier ce qu'elle doit à ses supérieurs. Une personne effrontée parle d'un air

insolent; son peu d'éducation fait qu'elle n'observe ni les usages de la politesse, ni les devoirs de l'honnêteté, ni les règles de la bienséance. (G.)

L'homme effronté est sans pudeur; l'homme audacieux, sans respect ou sans réflexion; l'homme hardi, sans crainte. — La hardiesse avec laquelle on doit toujours dire la vérité ne doit jamais dégénérer en audace, et encore moins en effronterie. (Enc.)

HARGNEUX, QUERELLEUR. « Hargneux, du vieux mot hargner, qui signifie exciter à gronder, à disputer. Querelleur qui cherche querelle à propos de rien. L'homme hargneux a l'humeur aigre et difficile: tout l'offusque, il s'offense de tout; quoi qu'on dise ou quoi qu'on fasse, il est toujours prèt à gronder, à s'emporter, à murmurer. Le querelleur ne saurait vivre en paix avec les autres; quand il n'a de querelle avec personne, il en cherche, il en excite » (L.)

L'homme hargneux est mécontent de tout le monde et de lui-même: aussi est-il toujours un peu triste. Le querelleur n'est mécontent que des autres; et il peut avoir l'humeur gaie, lorsqu'il ne trouve aucun prétexte de quereller quelqu'un.

HASARD, FORTUNE, SORT, DESTIN. Le hasard ne forme ni ordre ni dessein on ne lui attribue ni connaissance ni volonté ; et ses évé· nements sont toujours très-incertains. La fortune forme des plans et des desseins, mais sans choix : on lui attribue une volonté sans discernement, et l'on dit qu'elle agit en aveugle. Le sort suppose des différences et un ordre de partage: on ne lui attribue qu'une détermination cachée, .qui laisse dans le doute jusqu'au moment qu'elle se manifeste. Le destin forme des desseins, des ordres, et des enchainements de causes: on lui attribue la connaissance, la volonté et le pouvoir; ses vues sont fixes et déterminées. Le hasard fait : la fortune veut : le sort décide: le destin ordonne. (G.)

Le destin a un caractère bien plus imposant que le sort. On résiste au sort, on peut échapper au sort; mais on se soumet au destin, on n'échappe pas au destin. On dit les coups du sort et les arrêts du destin. Le sort parait tellement subordonné au destin, qu'on pourrait, je crois, hasarder de dire que les événements du sort sont écrits dans le livre du destin. (Enc.)

- A

HASARDER, RISQUER. Le premier de ces mots n'indique que l'ir certitude du succès le second menace d'une mauvaise issue. chances égales, on hasarde; avec du désavantage, on risque. Vous hasardez en jouant contre votre égal: vous risquez contre un joueur plus habile. - L'homme froid et prudent hasarde peu; l'homme ardent et intrépide risque beaucoup. Dans le cours ordinaire des choses, qui ne hasarde rien n'a rien, dit le proverbe : dans les cas extrèmes, selon une autre façon de parler proverbiale, on risque le tout pour le tout. Le mot hasarder n'indique pas un succès, un événement plutôt que l'autre; tandis que risquer sert à indiquer dans la phrase tel genre

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