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et qu'il est constant, pour signifier qu'il n'a éprouvé aucune altération, qu'il n'a point diminué, qu'il est toujours aussi fort.

DURANT, PENDANT. Durant implique la simultanéité complète des choses, d'un bout à l'autre du temps dans lequel elles se font; pendant n'implique qu'une simultanéité partielle à un moment donné de ce temps. La chose qui se fait durant occupe toute la durée de l'autre chose avec laquelle elle coïncide dans le temps indiqué; la chose qui se fait pendant n'occupe qu'une partie de la durée de la chose correspondante. Nous trouvons dans H. de Balzac un très-heureux emploi de ces deux expressions : « Il est en quelque sorte deux jeunesses, la jeunesse durant laquelle on croît, et la jeunesse pendant laquelle on agit ». (M. Poitevin.)

DURCIR, ENDURCIR. « Durcir, c'est rendre dure une substance qui est molle. On fait durcir un œuf, on ne l'endurcit pas. Endurcir, c'est rendre plus dur, plus ferme, plus propre à résister, ce qui était déjà ferme, dur. Si la terre est molle, on dit que la chaleur la durcit; si elle a quelque consistance, on dit que la chaleur l'endurcit, c'est-àdire la rend plus dure. » (L.)

Ainsi endurcir enchérit sur durcir; il convient toutes les fois qu'il s'agit de quelque chose de remarquable et non d'une action commune, ordinaire (6, page 4). De plus, durcir ne s'emploie pas au figuré.

« Endurcir, dit Condillac, marque plus particulièrement le passage à un état de dureté. Comme il est ordinairement difficile de remarquer ce passage, dans les choses physiques, il faut d'ordinaire se servir de durcir dans le sens propre : Durcir le fer, le bois, etc. Ce n'est que dans le cas où ce passage peut s'observer, qu'endurcir est préférable: La plante des pieds s'endurcit à force de marcher. »

DURÉE, TEMPS. Ces mots diffèrent en ce que la durée se rapporte aux choses; et le temps aux personnes. On dit la durée d'une action, et le temps qu'on met à la faire.- La durée a aussi rapport au commencement et à la fin de quelque chose, et désigne l'espace écoulé entre ce commencement et cette fin; et le temps désigne seulement quelque partie de cet espace, ou désigne cet espace d'une manière vague. Ainsi on dit, en parlant d'un prince, que la durée de son règne a été de tant d'années, et qu'il est arrivé tel événement pendant le temps de son règne; que la durée de son règne a été courte, et que le temps en a été heureux pour ses sujets. (Enc.)

DU RESTE, AU RESTE. V. Demeurant (au).

E

ÉBAHI, ÉBAUBI, ÉMERVEILLÉ, STUPÉFAIT. Nous sommes ébahis par la surprise qui nous fait tenir la bouche béante, avec l'air de l'enfance ou de l'ignorance prompte à admirer. Nous sommes ébaubis par une surprise qui nous étourdit, nous déconcerte, nous laisse à peine balbutier, et nous tient comme suspendus dans le doute. Nous sommes émerveillés par une surprise qui nous attache avec une espèce de charme, ou avec une vive satisfaction, à la considération d'un objet qui nous paraît merveilleux, prodigieux, supérieur à notre intelligence. Nous sommes stupéfaits par une surprise qui nous rend immobiles et semble nous ôter l'usage de l'esprit et des sens, comme si nous étions stupides. Les badauds sont ébahis dès qu'ils voient quelque chose de nouveau. Une personne qui voit arriver un événement tout à fait contraire à son attente et qu'elle ne peut pas croire, dira :

J'en suis tout ébaubie, et je tombe des nues. (Molière.)

Celui qui voit une chose qu'il n'aurait jamais pu imaginer, et qui éprouve l'espèce d'admiration que peuvent inspirer les objets d'un genre supérieur et merveilleux dans leur genre en est émerveillé. Il faut quelque chose de bien étrange pour rendre stupéfait. (R.)

ÉBAUCHE. V. Esquisse.

ÉBOULER (S'), S'ÉCROULER. S'ébouler est, à la lettre, tomber en roulant comme une boule: s'écrouler est tomber en roulant avec précipitation et fracas. Une butte s'éboule, en se partageant par mottes, qui tombent en roulant sourdement sur elles-mêmes comme des boules: un rocher s'écroule en se brisant et roulant dans sa chute impétueusement et avec fracas. Les sables s'éboulent: les édifices s'écroulent. (R.) ÉCARTER, METTRE A L'ÉCART. V. Éloigner. ÉCHANGER et ÉCHANGE. V. Changer.

ÉCHAPPER A, ÉCHAPPER DE. Échapper à, dit l'Académie, signifie se soustraire, se dérober à, être préservé de : « Échapper à la poursuite des ennemis; Échapper a la tempête, à la mort ». Échapper de signifie cesser d'ètre où l'on était, sortir de : « Échapper du naufrage, du feu ». Ainsi vous échappez à un danger qui vous menace, à un mal qui va vous atteindre et auquel vous servez en quelque sorte de but. Vous échappez d'un péril qui vous enveloppait, qui vous tenait, comme vous échapperiez d'une prison : la préposition de exprime l'idée d'extraction, de sortie (75, page 27).

ÉCHAPPER, RÉCHAPPER. Se tirer d'un péril, en être délivré. Échapper se dit de toutes sortes de dangers : réchapper suppose plus d'efforts (5, page 3): il ne s'emploie donc qu'en parlant d'un grand péril, et ne se dit guère que d'une maladie où il y avait danger de

mort.

DICT. DES SYNONYMES.

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ÉCHAPPER (S'), S'ÉVADER, S'ENFUIR. Ces mots diffèrent en ce que s'évader se fait en secret, s'échapper suppose qu'on a déjà été pris ou qu'on est près de l'être, s'enfuir ne suppose aucune de ces conditions. On s'évade d'une prison; on s'échappe des mains de quelqu'un; on s'enfuit après une bataille perdue. (Enc.)

Il faut de l'adresse et du bonheur pour s'évader, de la présence d'esprit et de la force pour s'échapper, de l'agilité et de la vigueur pour s'enfuir. (B.)

ÉCHAUFFER. V. Chauffer.

ÉCLAIRCIR, EXPLIQUER, DÉVELOPPER. On éclaircit ce qui était obscur, parce que les idées y étaient mal présentées : on explique ce qui était difficile à entendre; parce que les idées n'étaient pas assez immédiatement déduites les unes des autres: on développe ce qui renferme plusieurs idées réellement exprimées, mais d'une manière si serrée qu'elles ne peuvent être saisies d'un coup d'œil. (Enc.)

Les éclaircissements répandent de la clarté; les explications facilitent l'intelligence; les développements étendent la connaissance. (B.) ÉCLAT, BRILLANT, LUSTRE. L'éclat enchérit sur le brillant, et celui-ci sur le lustre. Les couleurs vives ont plus d'éclat que les couleurs påles: les couleurs claires ont plus de brillant que les couleurs brunes les couleurs récentes ont plus de lustre que les couleurs usées. Il semble que l'éclat tienne du feu, que le brillant tienne de la lumière, et que le lustre tienne du poli. On ne se sert guère du mot de lustre que dans le sens littéral, pour ce qui tombe sous la vue; mais on emploie quelquefois celui d'éclat et encore plus souvent celui de brillant dans le sens figuré, pour le discours et les ouvrages de l'esprit. Étant considérés dans ce sens, il me paraît que c'est par la vérité, la force et la nouveauté des pensées, qu'un discours a de l'éclat; qu'il a du brillant par le tour et la délicatesse de l'expression; et que c'est par le choix des mots, la convenance des termes et l'arrangement de la phrase, qu'on donne du lustre à ce qu'on dit. (G.)

ÉCLAT, LUMIÈRE. V. Lumière.

ÉCOLIER. V. Élève.

ÉCONOMIE, MÉNAGE, ÉPARGNE, PARCIMONIE. L'économie est le système du gouvernement général d'une fortune, considéré dans tous ses rapports d'intérêt, d'affaire, d'administration, et sagement concerté,concilié avec les jouissances les plus convenables, la conservation, la bonification, l'amélioration de la chose, autant qu'il est possible. Le ménage est une partie de l'économie, ou l'économie particulière qui dirige, calcule, surveille, règle les consommations intérieures de la famille, l'entretien de la maison, de manière à prévenir ou à empècher tout excès, tout abus, toute perte, et à maintenir une juste proportion entre les besoins, les jouissances et les moyens. L'épargne est une branche de l'économie, qui consiste à modérer, baisser, restreindre les dépenses, en s'abstenant des unes, en se contenant à l'égard des

autres, en cherchant dans toutes le bon marché, de façon que la dépense n'épuise pas les fonds à dépenser, et même qu'il reste dans les mains un excédant libre. La parcimonie est cette petite économie soigneuse, minutieuse, rigoureuse, qui entre dans les plus petits détails, épluche les plus petits intérêts, réduit jusqu'aux plus petites dépenses au plus petit terme possible, pour faire de petites épargnes. (R.)

ÉCORNIFLEUR. V. Parasite.
ÉCOUTER. V. Entendre.

ÉCRIVAILLEUR. V. Écrivassier.

ÉCRIVAIN, AUTEUR. Ces deux mots s'appliquent aux gens de lettres qui donnent au public des ouvrages de leur composition. Le premier ne se dit que de ceux qui ont donné des ouvrages de belleslettres, ou du moins il ne se dit que par rapport au style. Le second s'applique à tout genre d'écrire indifféremment : il a plus de rapport au fond de l'ouvrage qu'à la forme; de plus il peut se joindre par la particule de aux noms des ouvrages. Racine et Voltaire sont d'excellents

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écrivains Descartes et Newton sont des auteurs célèbres. L'auteur de la Recherche de la vérité est un écrivain du premier ordre. (Enc.)

ÉCRIVASSIER, ÉCRIVAILLEUR. Mauvais écrivain (37, page 11). Écrivassier désigne l'homme qui, ne sáchant pas écrire, a cependant la manie de faire des livres : écrivailleur désigne simplement le mauvais écrivain que le besoin seul porte à faire le métier d'auteur. ÉCROULER (S'). V. Ébouler (s').

ÉCUMEUX, ÉCUMANT. Écumant signifie simplement qui écume ou qui jette de l'écume : « La mer écumante, un coursier écumant ». (Acad.) Ce qui est écumeux est chargé de beaucoup d'écume ou en jette une grande quantité (44, page 13); il ne se dit guère qu'en poésie : « Flots écumeux ». (Acad.)

ÉDIFICE. V. Bâtiment.

ÉDIFIER. V. Construire.

EFFACER, RATURER, RAYER, BIFFER. Ces mots signifient l'action de faire disparaître de dessus un papier ce qui est adhérent à sa surface. Les trois derniers ne s'appliquent qu'à ce qui est écrit ou imprimé; le premier peut se dire d'autre chose, comme des taches d'encre, etc. Rayer est moins fort qu'effacer, et effacer que raturer. On ruie un mot en passant simplement une ligne dessus; on l'efface, lorsque la ligne passée dessus est assez forte pour empêcher qu'on ne lise ce mot aisément : on le rature, lorsqu'on l'efface si absolument qu'on ne peut plus lire, ou même lorsqu'on se sert d'un autre moyen que la plume, comme d'un canif, d'un grattoir, etc. — Effacer est du style noble et s'emploie au figuré: Effacer le souvenir. ( Enc.)

EFFARE, EFFAROUCHÉ. Une personne effarée est troublée par une cause quelconque, et elle l'est au point que son air et ses yeux ont quelque chose de hagard. Une personne effarouchée éprouve un trouble moins grand, causé par la crainte ou par la peur. La première est hors

d'elle-même, ne pense à rien, ne voit rien, et reste souvent immobile et comme stupide; la seconde ne perd pas de vue la cause du trouble qu'elle éprouve; elle la fuit, l'évite ou la combat par la méfiance.

L'air calme et tranquille est le contraire de l'air effaré; l'air confiant et familier est l'opposé de l'air effarouché. - Effarouché se dit des personnes et des animaux; effaré ne se dit que des personnes.

EFFECTIF, POSITIF, RÉEL, VRAI. Effectif, qui se fait effectivement. Un payement effectif est celui qui se fait véritablement et en deniers comptants. Positif est opposé à négatif : il veut dire qui suppose l'existence et la réalité, au lieu que negatif sert à détruire la supposition de l'existence ou de la réalité. Ainsi le mot égal est positif, et le mot inégal est négatif. - Réel, qui est en effet; il est opposé à apparent. On dit un droit réel, pour exprimer un droit fondé sur des titres incontestables, et un droit apparent, pour dire un droit fondé sur des titres incertains et sujets à contestation. Vrai, qui est conforme à la

vérité. Il est opposé à faux. (L.)

-

EFFECTIVEMENT, EN EFFET. Ces deux expressions s'emploient : 1o Dans les cas ordinaires, pour marquer qu'une chose est réellement, ou qu'elle est véritablement telle qu'on la dit; 2o dans un raisonnement, pour annoncer une preuve à l'appui d'une assertion.

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1o « Je crois, dit Roubaud, qu'effectivement peut très-bien être opposé à fictivement, comme effectif l'est à fictif. Les exemples suivants le prouvent une armée de trente mille hommes, selon les rôles, n'est souvent pas effectivement de vingt mille. Mon portrait, c'est moi; mais ce n'est pas moi effectivement, ce n'est que ma représentation. - Effectivement est donc opposé à la fiction ou à la feinte; il marque la réalité physique ou l'existence effective. En effet peut s'opposer à l'apparence; il indique alors le fond des choses, leur état interne ou caché. Ainsi l'on dit que l'hypocrite, vertueux en apparence, vicieux en effet ou dans le fond. »>

est

« Effectivement est formé d'effectif, ive, qui effectue, réduit en acte, exécute, accomplit, etc.: il désigne donc proprement la production, la réalité, l'existence, l'exécution, l'accomplissement, la chose comme effective ou la chose comme effectuée. En effet signifie proprement dans le fait, selon le fait, véritablement. Je vous demande si en effet vous êtes guéri de votre maladie, c'est-à-dire s'il est vrai que vous soyez guéri vous me répondez que vous êtes effectivement guéri, c'est-à-dire que votre guérison est effectuée et réelle. >>

Concluons effectivement a plus rapport à la réalité; on pourrait, sans altérer le sens, le remplacer par réellement en effet a rapport à la vérité; on pourrait le remplacer par véritablement.

2o Dans un raisonnement, on doit préférer l'adverbe effectivement, lorsqu'on s'appuie sur des faits; et la locution adverbiale en effet, lorsqu'on s'appuie sur des axiomes ou des vérités démontrées. C'est aussi l'opinion de Beauzée : « La première, dit-il, est plus propre au

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