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aussi : « La course d'un fleuve, d'un torrent. L'astre du jour va commencer sa course ». (Acad.) Ce qui les distingue, c'est que le mot cours comprend dans sa signification l'idée de la régularité du mouvement, et celle d'une direction déterminée; tandis que le mot course exprime simplement l'action de se mouvoir, de franchir un espace. On dira d'un fleuve qu'il se rend d'un cours paisible dans telle mer, où il termine sa course.

COURSIER, CHEVAL. Cheval est le nom simple de l'espèce, sans aucune autre idée accessoire. Le mot coursier désigne un grand et beau cheval, propre pour les batailles et pour les tournois. (Acad.) On n'emploie guère ce mot que dans la poésie et dans le style élevé, où il peut désigner tout cheval remarquable par ses qualités.

COURT. V. Bref.

COUTUME, HABITUDE. La coutume regarde l'objet; elle le rend familier. L'habitude a rapport à l'action même; elle la rend facile. L'une se forme par l'uniformité, et l'autre s'acquiert par la répétition. Un ouvrage auquel on est accoutumé coûte moins de peine. Ce qui est tourné en habitude se fait presque naturellement, et quelquefois mème involontairement. On s'accoutume aux visages les plus baroques par l'habitude de les voir; l'œil cesse à la fin d'en être choqué. Il n'en est pas de même des caractères aigres ou brusques : le temps use la patience. (G.)

COUTUME, USAGE. V. Usage.

COUTUME (AVOIR). V. Avoir coutume.
COUVENT. V. Cloitre.

COUVERT (A). V. Abri (à l').

CRAINDRE, APPRÉHENDER, REDOUTER, AVOIR PEUR. On craint par un mouvement d'aversion pour le mal, dans l'idée qu'il peut arriver. On appréhende par un mouvement de désir pour le bien, dans l'idée qu'il peut manquer. On redoute, par un sentiment d'estime pour l'adversaire, dans l'idée qu'il est supérieur. On a peur par un faible d'esprit pour le soin de sa conservation, dans l'idée qu'il y a du danger. Le défaut de courage fait craindre. L'incertitude du succès fait appréhender. La défiance des forces fait redouter. Les peintures de l'imagination font avoir peur. Le commun des hommes craint la mort; les épicuriens craignent davantage la douleur; mais les gens d'honneur. pensent que l'infamie est ce qu'il y a de plus à craindre. Plus on souhaite ardemment une chose, plus on appréhende de ne la pas obtenir. Quelque mérite qu'un auteur se flatte d'avoir, il doit toujours redouter le jugement du public. Les femmes ont peur de tout, et il est peu d'hommes qui, à cet égard, ne tiennent de la femme par quelque endroit. (G.)

CRAINTE. V. Appréhension.

CRÉANCE. V. Croyance.

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CRÉDIT, FAVEUR. Le crédit est la facilité de déterminer la volonté

de quelqu'un suivant vos désirs, en vertu de l'ascendant que vous avez sur son esprit, ou de la confiance qu'il a prise en vous. La faveur est la facilité que nous trouvons dans une personne disposée à faire tout ce qui nous est agréable, en vertu du faible qu'elle a pour nous, ou d'une bienveillance qu'elle nous prodigue. Le crédit est une faculté, une force, une puissance que nous exerçons sur autrui; il est dans nos mains: la faveur est un sentiment, un penchant, une faiblesse de celui qui se livre à vous; elle est dans son cœur. Les lumières, les talents, les services, les vertus acquièrent le crédit par la bonne opinion, l'estime, la considération, la confiance qu'ils inspirent. Les complaisances, les flatteries, les adulations, le dévouement servile gagnent la faveur par une sorte de gratitude, par le retour, l'affection, l'attachement, le besoin de nous, et tel autre sentiment qu'ils excitent. (R.)

CREUSER, APPROFONDIR. L'un et l'autre, dans le sens propre, marquent l'opération par laquelle on parvient à l'intérieur des corps en écartant les parties extérieures qui y font obstacle: mais approfondir, c'est creuser plus avant; parce que c'est creuser encore pour parvenir à donner plus de profondeur à l'excavation. Dans le sens figuré, il y a entre ces mots la mème analogie et la même différence; ils marquent tous deux l'opération par laquelle on parvient à découvrir ce qu'il y a dans une matière de plus abstrus, de plus compliqué, de plus caché : mais creuser a plus de rapport au travail et à la progression lente des découvertes; approfondir tient plus du succès, et désigne mieux le terme du travail. — On doit d'autant moins creuser les mystères de la religion, qu'il est impossible de les approfondir. (B.)

CREUX. V. Cavité.

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CRI, CLAMEUR. Le cri est une voix haute et poussée avec effort par une personne. La clameur est un grand cri, souvent tumultueux. Clameur ajoute à cri une idée de ridicule par son objet ou par son excès. Le plus grand usage de ce mot est au pluriel. La clameur publique est un soulèvement du peuple contre quelque scélérat. Le sage respecte le cri public et méprise les clameurs des sots. (Enc.)

CRIARD, CRIEUR. V. Braillard.

CRIME. V. Faute, péché.

CRITIQUE, CENSURE. La critique juge et blâme ou approuve : la censure condamne et supprime; la première fait ressortir ce qui est bien comme ce qui est mal : la seconde ne s'attache qu'à ce qu'elle juge répréhensible.

«Il me semble, dit Beauzée, qu'une critique est l'examen raisonné d'un ouvrage de quelque nature qu'il puisse être; et qu'une censure est la répréhension précise et modifiée de ce qui blesse la vérité ou la loi. Il faut critiquer avec goût et censurer avec modération. >>

CROIRE (FAIRE), FAIRE ACCROIRE. Accroire signifie croire à, croire à quelqu'un, à sa parole, à son témoignage, à son rapport. Faire accroire, c'est faire croire à quelqu'un tout ce qu'on lui conte, lui per

suader par sa propre autorité ce qu'on veut 1, lui faire ajouter foi à des choses qu'il ne doit pas naturellement croire, soit à cause du caractère de la personue qui les dit, soit à raison des choses mêmes qu'elle dit. Ainsi faire croire signifie simplement persuader une chose, obtenir la croyance de quelqu'un, lui inspirer de la confiance dans vos discours. Faire accroire veut dire persuader des choses non croyables, ou bien abuser du crédit que l'on a sur l'esprit d'une personne, de sa crédulité, de sa simplicité, de sa confiance, de sa bonne foi. On ne peut faire accroire que le faux ou ce qu'on croit faux; on peut faire croire également le faux et le vrai. (R.) Mais celui qui fait croire une chose fausse est de bonne foi; il la croit vraie lui - même, parce que la chose est vraisemblable.

Faire accroire ne peut s'attribuer qu'aux personnes, parce qu'il n'y a que les personnes qui puissent agir de propos délibéré et avec intention faire croire peut s'attribuer aux personnes et aux choses, parce que les personnes et les choses peuvent également déterminer la croyance, et que cette phrase fait abstraction de toute intention. Les personnes font accroire le faux; les choses le font croire faussement. (B.)

- CROISSANCE, CRUE. La terminaison ance marque la continuation d'une action ou d'un effet commencé (26, page 8): croissance exprime donc une action continue, successive et lente: « Age de croissance ; Arrêter la croissance d'un arbre » (Acad.). Crue exprime l'accroissement effectué, ou bien une augmentation subite, accidentelle; aussi le mot crue se dit-il principalement quand on parle des rivières, des ruisseaux, etc., grossis tout à coup par un orage, par la fonte des neiges, etc.

CROITRE, AUGMENTER (sens neutre). Croître, c'est proprement grandir ou s'élever, pousser ou acquérir plus de hauteur ou de longueur augmenter, c'est s'agrandir dans quelque sens que ce soit. Croître a par lui-même un sens déterminé et complet sans avoir besoin d'aucune addition quelconque pour être parfaitement entendu. Augmenter n'a qu'un sens incomplet et indéterminé : il faut expliquer dans quel sens ou sous quel rapport la chose augmente; on sait que la chose qui croit, augmente en hauteur, en solidité, en grosseur. Les plantes, les petits des animaux, croissent; vous les voyez, dans ce mot seul, devenir plus grands. Les denrées augmentent, c'est-àdire de prix le mal augmente, c'est-à-dire de force il faut donc une idée accessoire pour en donner le sens. - Dans le sens figuré, le mot croître convient particulièrement aux objets auxquels l'idée d'élévation et de hauteur s'applique naturellement : le mot augmenter est plus propre pour les objets qui réveillent plutôt l'idée contraire.

1. Ainsi dans faire accroire le sujet agit avec plus d'activité, avec une intention plus formelle (10 page 5).

La générosité ne fait que croître dans une grande åme; la lâcheté ne fait qu'augmenter dans une âme basse. A mesure que le luxe croît, la misère augmente. Les choses matérielles 1 croissent, dit l'abbé Girard, par la nourriture qu'elles prennent; elles augmentent par l'addition qui s'y fait des choses de la même espèce. La différence est dans la manière de croître et d'augmenter : l'accroissement s'opère par une addition intérieure et mécanique, et l'augmentation par une addition extérieure. Le mot croître annonce un développement successif, une crue progressive, un accroissement gradué. Le mot augmenter, sans exclure cette gradation et cette progression, ne l'exige pas et ne la suppose pas. Ainsi, le premier est très-bien employé, lorsqu'il s'agit de divers accroissements, d'accroissements déterminés, réguliers, périodiques, etc.; le second, lorsqu'il s'agit d'une augmentation simple, ou de diverses augmentations vagues, irrégulières, accidentelles, etc. La lune, les jours croissent et décroissent: le froid, les vents augmentent et diminuent. (R.)

CROIX. V. Affliction.

CROYANCE, CRÉANCE, FOI. « La croyance, dit Roubaud, est une opinion pure et simple; la créance est une croyance ferme, constante, entière. Par la croyance, vous croyez peut-être sans savoir pourquoi vous croyez par la créance, vous croyez parce que vous croyez avoir raison de croire. Le peuple donne sa croyance à des choses indignes de créance. »

Le mot créance est de nos jours peu usité; on le remplace ordinairement par le mot foi: « Le peuple donne sa croyance à des choses qui ne sont pas dignes de foi. » Le premier sens du mot foi, en latin fides, est fidélité, confiance: s'en remettre à la foi de quelqu'un, c'est se fier à lui. Ce mot indique aussi la persuasion qui naît d'un sentiment intime ou qui est déterminé par la seule autorité de celui qui a parlé : c'est en quelque sorte une croyance aveugle et sans réserve, une croyance uniquement fondée sur la confiance. Ajouter foi aux paroles d'une personne, c'est croire aveuglément, en toute confiance et sans autre motif que l'autorité de cette personne.

La croyance et la créance sont plutôt un acte de l'esprit, et la foi un acte du cœur, un sentiment.

Croyance signifie, particulièrement, ce qu'on croit dans une religion: « La croyance des chrétiens; la croyance des juifs ». (Acad.) La foi religieuse est la croyance ferme et entière aux dogmes et aux vérités révélées. On peut discuter ses croyances, mais la foi n'admet pas d'examen.

CRUAUTÉ. V. Barbarie.

CRUE. V. Croissance.

CULTIVATEUR. V. Agriculteur.

1. Il s'agit évidemment fci des végétaux et des minéraux.

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CUPIDITÉ. V. Concupiscence. CURE, GUÉRISON; INCURABLE, INGUÉRISSABLE. Cure (latin cura, soin), désigne proprement le traitement du mal; guérison exprime à la lettre le rétablissement de la santé. Le premier de ces mots annonce donc plutôt le moyen, et l'autre l'effet. Ainsi, le mal incurable est celui qui résiste à tous les remèdes ; et la maladie inguérissable, celle qui ne laisse aucun espoir de salut. La cure est l'ouvrage de l'art, ou elle est censée l'être : la guérison appartient bien autant à la nature qu'à l'art; elle s'opère quelquefois sans remède et même malgré les remèdes. La folie est un mal incurable, on ne la guérit pas; mais elle n'est point inguérissable, on en guérit. - Je dis plutôt d'un mal qu'il est incurable, et d'une maladie qu'elle est inguérissable, parce que le mal n'attaque quelquefois que des organes ou des fonctions qui ne sont pas nécessaires à la vie et même à la santé; au lieu que la maladie attaque la santé même, si ce n'est pas toujours la vie. Or la cure détruit bien le mal, mais c'est proprement la guérison qui rend la santé. Ainsi, le mal incurable n'est pas toujours funeste et mortel; il n'en est pas de même de la maladie inguérissable. On vit avec des maux incurables; quant à la maladie inguérissable, on en meurt. La cure regarde proprement le mal. elle le combat; la guérison regarde la personne, elle lui rend la santé. Ainsi, le mal est plutôt incurable et le malade inguérissable. (R.) CURIEUSEMENT. V. Soigneusement.

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D'AILLEURS. V. De plus.

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DANGER, PÉRIL, RISQUE. Danger vient de dam, dommage. Or le dam ou dommage exprime plutôt la perte, l'altération d'un bien, que l'épreuve, le ressentiment d'un mal. L'Académie a défini le dan- Péril ger, ce qui expose à un malheur, à une perte, à un dommage. vient de pereo, passer à travers, périr, s'évanouir, éprouver une grande peine. Le péril, latin periculum, est à la lettre ce à travers quoi il faut passer ce qui désigne une situation présente, une rude épreuve que l'on fait; car periculum signifie égalemeut épreuve, expérience; et cette expérience est telle que la chose peut périr, se perdre, s'évanouir, se dissiper. Risque vient du celte ricq, glisser, bas-breton ricgla et risca, languedocien resquia, dans le même sens. Il désigne donc une situation glissante, dans laquelle on peut tomber. Le risque est un hasard : le hasard a deux chances, une favorable, l'autre contraire; aussi l'on dit qu'un jeune homme court risque d'avoir cent mille livres de rente. Ainsi donc le danger est littéralement une disposition des choses telle, qu'elle nous menace de queique dommage; le péril est une rude épreuve par laquelle on passe avec un grand dan

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