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personnes; c'est un terme familier et légèrement méprisant. — Camus se dit aussi au figuré, en parlant de quelqu'un qui a été trompé dans l'attente de quelque chose.

CANDEUR. V. Naïveté.

CANONISATION. V. Béatification.
CAPABLE. V. Adroit et Capacité.

CAPACITÉ, HABILETÉ; CAPABLE, HABILE. Capacité a plus de rapport à la connaissance des préceptes; et habileté en a davantage à leur application. L'une s'acquiert par l'étude, et l'autre par la pratique. Qui a de la capacité est propre à entreprendre. Qui a de l'habileté est propre à réussir. · Il faut de la capacité pour commander en chef; et de l'habileté pour commander à propos. (G.)

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L'homme capable peut; il a les qualités requises pour faire : l'habile exécute parfaitement. Voyez l'art. Adroit, capable.

CAPITAL, PRINCIPAL. Capital se dit d'une manière absolue; principal exprime une idée relative: une affaire est capitale, c'est-à-dire grave par elle-même; une affaire est principale relativement à d'autres qui sont secondaires, accessoires, qui se rattachent à l'affaire principale.

Le capital est une valeur ou un ensemble de valeurs commerciales: le principal d'une dette est la partie essentielle, fondamentale de cette dette, celle qui a occasionné les frais ou qui produit les intérêts qui y sont ajoutés. Le commerce emploie dans ce sens le mot capital; mais La Fontaine a eu raison de dire:

Je vous pairai, lui dit-elle,
Avant l'oût, foi d'animal,
Intérêt et principal.

CAPRICE. V. Humeur.

CAPRICIEUX. V. Fantasque.

CAPTER, CAPTIVER. Capter, c'est employer auprès d'une personne l'adresse, l'artifice, tous les moyens, même condamnables, pour parvenir à quelque chose. Captiver, c'est séduire par la beauté, par le talent, par un mérite quelconque. On peut captiver involontairement dans la captation la volonté agit toujours fortement; elle s'efforce de circonvenir, de tromper, de faire tomber dans le piége. Ces considérations suffisent pour faire comprendre la différence qu'il y a entre capter la bienveillance et captiver la bienveillance de quelqu'un.

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CAPTIEUX. V. Fallacieux et Insidieux.

CAPTIF, PRISONNIER, ESCLAVE. Captif, en latin captivus, signifie littéralement qui a été pris et est retenu de force; prisonnier, qui est en prison. Comme l'a très-bien fait observer M. Guizot, «< Un homme qu'on vient de prendre est captif jusqu'au moment où le geólier l'a enfermé dans sa prison; alors il est de plus prisonnier. Un

oiseau pris à la main n'est que captif avant d'être mis en cage; du moment où il y est, il devient prisonnier ».

Contrairement au sens étymologique et primitif de ces deux mots, on dit prisonnier de guerre au lieu de captif. C'est que captif' ne se dit plus guère, au propre, que 1o des chrétiens pris par les Mahométans et réduits par eux à l'esclavage : « Racheter les chrétiens captifs. Ordre de la rédemption des captifs ». (Acad.) 2o En parlant des guerres de l'antiquité, et dans le style soutenu: « A Rome, les captifs suivaient le char du triomphateur. Louis IX captif inspira de l'estime à ses vainqueurs ». (Id.)

Prisonnier ne se dit pas au figuré : captif, au contraire, se dit fréquemment : « Dans son génie étroit il est toujours captif » (Boileau). La liberté dont les prisonniers et les captifs sont privés est celle d'aller où bon leur semble : la liberté que l'esclave n'a pas est d'une tout autre nature. L'esclave est privé de sa liberté d'homme, c'est-à-dire qu'il ne s'appartient plus, qu'il ne peut en aucun cas disposer de lui ni de rien qui lui appartienne : il est sous la domination absolue d'un maître qui l'achète, qui le vend comme sa chose propre; en un mot la condition de l'esclave est celle de l'animal domestique.

CAPTIVER. V. Capter.

CAPTIVITÉ. V. Servitude.

CAQUET, CAQUETAGE, CAQUETERIE. V. Babil.
CAQUETER. V. Causer.

CARESSER, FLATTER, CAJOLER, FLAGORNER. Caresser vient, suivant l'opinion générale, de carus, cher: c'est traiter comme un objet qu'on chérit, avec des démonstrations d'amitié, de tendresse, d'attachement ou de tout autre sentiment favorable. On caresse surtout les enfants en leur passant doucement la main sur le visage. - Flatter vient du son doux et coulant fl, spécialement employé à désigner les objets agréables et remarquables par leur douceur, et surtout le souffle. De là le latin flare, flatum. Les flatteurs, disent nos anciens vocabulistes, après Nicot, souflent toujours aux oreilles de ceux qui veulent les ouïr: ils remplissent de vanité et enflent de la bonne opinion de soimême ceux qui prêtent leurs oreilles et leur croyance à ce qu'ils disent. C'est donc proprement souffler aux oreilles des choses qui enflent la vanité, des louanges qui émeuvent l'amour-propre. Cajoler, autrefois cageoler, vient, suivant l'opinion généralement reçue, de cage, par une métaphore tirée des oiseaux qui chantent en cage, ou des moyens avec lesquels on les attire pour les prendre et les mettre en cage. Il signifie proprement jaser, babiller comme des oiseaux; mais il ne se prend plus que dans le sens de dire des douceurs, d'affecter des propos obligeants et agréables pour faire tomber quelqu'un dans le piége, sans paraître le mener à ce but. Flagorner, c'est proprement flatter comme ces gens qui font les bons valets, pour s'insinuer dans T'esprit d'un maître, en tâchant d'y détruire tous concurrents par de

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faux rapports: cette dernière idée, quoique fort négligée dans le langage familier, auquel ce mot appartient, est consacré dans tous les dictionnaires. Les caresses sont des démonstrations d'un sentiment affectueux; les flatteries, des louanges mensongères, du moins par exagération; les cajoleries, des propos galants ou flatteurs et légers; les flagorneries, des flatteries ou plutôt des adulations basses et lâches, surtout par l'infidélité des rapports. On caresse ses enfants, ceux qu'on aime, jusqu'aux animaux, ou ceux qu'on feint d'aimer. On flatte tous ceux qui peuvent servir ou nuire, les grands surtout et les gens accrédités. On cajole des gens faciles à tromper et à gagner. On flagorne des maîtres, des supérieurs, des gens faits pour être courtisés par des valets. (R.)

CARNAGE. V. Boucherie.

CARNASSIER, CARNIVORE. « Carnassier, adjectif, qui se paît de chair crue, et qui en est fort avide. Dans ce sens il se dit des animaux : Les corbeaux, les loups et les vautours sont carnassiers. Carnivore, adjectif. Il se dit des animaux qui peuvent se nourrir de chair, par opposition à ceux qui ne mangent que des végétaux: Les animaux carnivores. L'homme est à la fois frugivore et carnivore ». (Acad.)

Ainsi, carnassier désigne une disposition naturelle à se nourrir de chair, une nécessité d'organisation, pour l'animal, de vivre de chair à l'exclusion ou de préférence à tout autre aliment. Carnivore ne désigne qu'un fait accidentel, que la faculté qu'a l'animal de pouvoir se nourrir même de chair.

L'Académie ajoute que carnassier se disant des hommes, signifie qui mange beaucoup de chair: « Les peuples septentrionaux sont fort carnassiers en comparaison des méridionaux ».

En histoire naturelle les deux mots s'emploient substantivement pour désigner des ordres, et des sous-ordres, ou des genres; mais souvent sans égard aux nuances qui distinguent ces mots dans la langue littéraire.

CAS. V. Occasion.

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CAS QUE (AU), EN CAS QUE. Au cas, pour à ce cas, signifie tel cas, ce cas-ci arrivant : en cas signifie en un cas, en certain cas; l'événement est moins particularisé et plus incertain. En cas suppose divers genres de cas possibles: au cas fait abstraction de tout autre cas que le cas présent. Ainsi lorsqu'il peut arriver plusieurs cas différents, lorsque vous avez diverses alternatives à considérer, vous direz en cas; et tout au contraire, vous direz au cas, lorsque vous n'aurez qu'un événement en vue. Deux personnes se font une donation mutuelle en cas de mort; en cas désigne la mort de l'un ou de l'autre. Une personne fait une donation à une autre, au cas qu'elle décède avant celle-ci; il ne s'agit là que d'un tel cas. Vous dites en cas de malheur, en cas d'accident: il est clair que cette locution vague embrasse toute sorte d'accidents ou de malheurs. Mais s'il faut particu

lariser tel malheur, tel accident, vous direz au cas que telle chose arrive. Au cas n'étant relatif qu'à un tel événement, l'incertitude est si la chose sera ou ne sera pas dans les circonstances données. En cas supposant la possibilité de divers genres d'événements, l'incertitude est s'il arrivera une chose ou une autre. (R.)

CASSANT. V. Fragile.

CASSER, ROMPRE, BRISER. Mettre de force un corps solide en divers morceaux ou pièces. L'action de casser détruit la continuité d'un corps, de manière que deux ou plusieurs parties ne sont plus adhérentes les unes aux autres. L'action de rompre détruit la connexion de certaines parties, de manière qu'elles ne sont plus liées les unes aux autres. L'action de briser détruit la masse et la forme du corps, de manière que les différentes parties tombent toutes en pièces, en morceaux, en poussière. Ainsi, à la rigueur, on ne casse que les corps dont les parties, au lieu de s'entrelacer et de se maintenir les unes les autres, ne sont qu'adhérentes ou comme collées les unes contre les autres, et sont si raides et si dépourvues d'élasticité, qu'elles se quittent ou se séparent les unes des autres plutôt que de ployer ou de se relâcher. On casse le verre, la glace, la porcelaine, la faïence, le marbre et autres corps fragiles; mais on ne les rompt pas. · On rompt les corps dont les parties s'entrelacent, s'engrènent, s'enchaînent les unes les autres, si bien que, pour en séparer les parties susceptibles de plus ou moins de tension et de relâchement, il faut pour ainsi dire les arracher les unes aux autres, en déchirant les liens qui les retiennent ensemble. On rompt le pain, l'hostie, un bâton, des nœuds, des fers et autres corps pliants; on ne les casse point; ou si on en casse quelques-uns, c'est dans des cas particuliers que nous expliquerons bientôt. En général, on rompt ce qui lie et ce qui plie. On brise toute sorte de corps solides, dès qu'on les met en pièces par une action violente. Ainsi on brise une glace, comme on brise ses liens : on brise une glace qu'on casse en mille morceaux; on brise les liens que l'on rompt de manière qu'il n'en reste pas la moindre attache. Mais dans l'application de ces mots, on a surtout égard à la manière d'opérer qu'ils désignent. Le choc casse; les efforts pour ployer rompent; les coups violents ou redoublés brisent. — On casse en frappant, en choquant, en heurtant. Un peu de plomb, comme dit Voiture au prince de Condé, casse la plus importante tête du monde. En frappant fortement sur une table vous la cassez. — - On rompt en faisant céder, fléchir, enfoncer, ployer sous le poids, la charge, l'effort, plus que la chose ne le comporte. Vous romprez le pain, lorsqu'en appuyant fortement d'un côté, vous le détacherez de l'autre : un fleuve rompt sa digue en l'enfonçant; les arbres rompent de la surcharge des fruits qui font ployer leurs branches. Un essieu casse et se rompt: il casse, lorsque trop rigide pour ployer, une secousse, un cahot violent le fait éclater et fendre comme un verre (le fer aigre est cassant);

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il se rompt, lorsqu'après avoir fléchi sous la surchage autant qu'il se pouvait, il faut que ses parties faibles et souffrantes se séparent. Un fil, une corde, un nœud, une soupente cassent plutôt qu'ils ne rompent, quoique très-flexibles; par la raison que, loin de manquer parce qu'on les aura trop ployés, ils sont devenus, à force d'ètre trop tendus, si faibles et si semblables à des corps fragiles, qu'ils cassent comment eux au moindre choc, à la première secousse. On brise en frappant de grands coups ou coup sur coup, en écrasant, en divisant d'une manière violente. Un navire jeté sur un rocher par un vent impétueux, se brise. — L'action de casser a l'effet ultérieur de rendre la chose cassée vaine, inutile, impuissante, ou du moins insuffisante pour le service qu'on en tirait ou l'effet qu'elle produisait: un pot cassé ne sert plus ou sert mal. Cette idée n'est point dans le mot rompre on rompt un gâteau pour le manger; on rompt ses fers pour reprendre sa liberté; on rompt le fil de l'eau pour ne pas être entraîné; il est alors utile de rompre. L'action de rompre a pour effet ultérieur d'empêcher la suite, la continuation, l'enchaînement, la durée des choses, soit en les faisant tout à fait cesser, soit par une simple interruption. Au figuré, on rompt des traités, des alliances, des engagements, tout ce qui lie, de manière qu'on se délie, et qu'on n'est plus ou qu'on ne veut plus être obligé. Briser s'arrête à l'idée physique de réduire en pièces, morceaux, brins, débris, sans aucun autre rapport particulier. Ce mot n'a donc pas de caractère moral ou d'effet ultérieur désigné : aussi n'a-t-il guère, au figuré, d'emploi décidé, que dans quelques phrases: brisons là; ce qui marque fort bien qu'on ne veut plus absolument entendre parler d'une chose. On est brisé, quand on est si fatigué qu'on est dans l'impuissance de se remuer, comme si l'on avait le corps brisé. (R.)

CASSER, ANNULER. V. Annuler.

CATASTROPHE. V. Dénoûment.

CAUSER, PRODUIRE. Causer, c'est faire naître; produire, c'est donner naissance. Ce qui cause une chose est simplement l'occasion de cette chose, la procure, y donne lieu : ce qui produit fait éclore une chose dont le germe était en lui; c'est-à-dire que la chose effectuée découle, tire son origine de l'objet producteur, qui renfermait en luimème cette chose. Un ouragan cause un grand dommage: le dommage est bien le fait de l'ouragan; mais il n'était pas d'abord en germe dans l'ouragan. La graine produit la plante: la plante naît de la graine où elle était en germe.

L'enlèvement d'Hélène causa une terrible guerre entre les Grecs et les Troyens, et cette guerre produisit de grands maux. Cet enlèvement donna lieu à la guerre; mais cette guerre n'était pas renfermée, contenue dans l'enlèvement: l'enlèvement fit simplement naître la guerre.

Cette guerre, qui elle-même est un mal, donna naissance à de grands

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