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à réduire en poudre ou en pâte : On broie du poivre; la meule broie le grain; les dents broient les aliments; on broie les couleurs en les mêlant avec de l'eau ou avec de l'huile.

Pulvériser signifie, littéralement, réduire en poussière. Au propre, il n'est guère employé qu'en parlant de substances que l'on n'est pas dans l'usage habituel de réduire en poudre le chimiste pulvérise un corps solide pour pouvoir plus facilement l'analyser ou pour le combiner avec d'autres corps.

Piler, c'est écraser ou broyer avec un pilon dans un mortier.

BRUSQUE, BRUTAL. V. Bourru.

BRUTE. V. Animal, au propre et figuré.

BURLESQUE, GROTESQUE. Burlesque, terme de littérature désignant un genre d'une bouffonnerie outrée : Poëme burlesque, vers burlesques, style burlesque. (Acad.) Il se dit, par extension, de ce qui est plaisant par sa bizarrerie: Accoutrement burlesque. Cet homme à une mine burlesque. (Id.)

Grotesque est un terme emprunté aux arts de dessin. « Il se dit, au propre, des figures bizarres et chargées imaginées par un peintre, et dans lesquelles la nature est outrée et contrefaite. Dans ce sens on l'emploie le plus souvent comme substantif et au pluriel: Faire des grotesques.» (Acad.) Au figuré, il signifie bizarre et ridicule ou extravagant: Un habit grotesque; mine grotesque; cet homme est grotesque; imagination grotesque.

Ce qui est burlesque, quoique bizarre et très-plaisant, n'est point ridicule ou contraire à la raison; il peut même renfermer un grand sens, témoin plusieurs pages de Rabelais et les farces de Molière. Le ridicule ou l'extravagance caractérisent essentiellement ce qui est grotesque.

BUT, VUES, DESSEIN. Le but est plus fixe; c'est où l'on veut aller: on suit les routes qu'on croit y aboutir, et l'on fait ses efforts pour y arriver. Les vues sont plus vagues; c'est ce qu'on veut procurer on prend les mesures qu'on juge y être utiles, et l'on tâche de réussir. Le dessein est plus ferme; c'est ce qu'on veut exécuter: on met en œuvre les moyens qui paraissent y être propres, et on travaille à en venir à bout. Le véritable chrétien n'a d'autre but que le ciel, d'autre vue que de plaire à Dieu, ni d'autre dessein que de faire son salut. On se propose un but; on a des vues; on forme un dessein. La raison défend de se proposer un but où il n'est pas possible d'atteindre, d'avoir des vues chimériques, et de former des desseins qu'on ne saurait exécuter. (G.)

BUTIN. V. Proie.

DICT. DES SYNONYMES.

C

CABALE, INTRIGUE. Ces deux mots se disent de moyens, de pratiques employées pour faire réussir ou pour faire manquer une affaire, un projet, un dessein, et en général pour atteindre un but. Ce but n'est jamais la perpétration d'un crime, ni un attentat contre la sûreté de l'Etat ou contre le gouvernement, et c'est là ce qui distingue la cabale et l'intrigue du complot, de la conspiration et de la conjuration. Cependant la cabale et l'intrigue supposent des intentions malveillantes, c'est pourquoi ces mots se prennent toujours en mauvaise part.

La cabale est essentiellement le fait de plusieurs personnes; l'intrigue peut n'être que le fait d'un seul individu. Celle-ci fortifie son action par la complication et la puissance des moyens qu'elle emploie pour atteindre son but; l'autre fortifie la sienne surtout par le nombre et l'autorité de ses adhérents.

La cabale agit presque toujours ouvertement; elle s'avoue: l'intrigue est toujours sourde, tortueuse, oblique; elle se cache. Il y a quelque chose de plus violent dans la première; il y a quelque chose de plus mystérieux et par conséquent de plus lâche dans la seconde.

CABANE, HUTTE, CAHUTE, CHAUMIÈRE. La cabane est une petite et chétive habitation construite en terre, en branchages, en roseaux, en bruyère, etc. La hutte est une simple loge, plus petite que la cabane et construite de la même manière; ce nom n'éveille d'autre idée que celle d'abri contre les intempéries de l'air. Cahute se dit par mépris de toute mauvaise et pauvre habitation. La chaumière est une petite maison couverte en chaume.

L'homme très-pauvre, dans les champs, et le bûcheron, dans la forêt, habitent une cabane; les sauvages ont des huttes; dans beaucoup de campagnes les cultivateurs habitent des chaumières.

CABARET, TAVERNE, GUINGUETTE. Le cabaret est un lieu où l'on vend du vin en détail, soit que l'acheteur l'emporte ou qu'il le boive dans le lieu même. Taverne se disait autrefois d'un mauvais cabaret fréquenté par la crapule; aujourd'hui on entend généralement par ce mot des restaurants où l'on fait la cuisine anglaise, ou bien des estaminets à l'instar de ceux d'Allemagne. La guinguette est un cabaret restaurant situé hors de la ville, et où le peuple va boire et manger les jours de fête.

CACHER, DISSIMULER, DÉGUISER, VOILER, FEINDRE. Cacher, au figuré, c'est simplement ne pas faire connaître. « On cache, par un profond secret, ce qu'on ne veut pas manifester ». (G.) Cacher est le le terme général.

Dissimuler, dit l'Académie, c'est cacher ses sentiments et ses des

seins. On dissimule, par une conduite réservée et artificieuse, ce qu'on ne veut pas laisser apercevoir en soi-même.

Déguiser, c'est cacher sous des apparences trompeuses. On déguise ce qu'on veut dérober à la pénétration d'autrui, comme lorsqu'on dissimule; mais quand on déguise, on se sert d'apparences qui donnent le change: quand on dissimule, on ne s'en sert pas; seulement on tient profondément caché ce qu'on a dans le cœur ou dans l'esprit.

Voiler, c'est aussi cacher sous l'apparence, mais sous l'apparence réelle des choses. « On voile ses défauts, dit M. Guizot, des apparences de quelques qualités louables qui y tiennent et qu'on peut posséder en effet. On déguise ses intentions en affectant des intentions différentes de celles qu'on a ».

Feindre, c'est faire semblant, se servir d'une fausse apparence pour tromper. On feint d'ètre malade et l'on se porte bien; on feint de ne pas avoir entendu ce que l'on a entendu parfaitement.

La dissimulation ne laisse rien voir; la feinte montre simplement ce qui n'est pas; le déguisement montre ce qui n'est pas afin de cacher ce qui est; le voile cache, sous quelque chose qui est, quelque autre chose qui est réellement.

CACHER, TAIRE. V. Taire.

CACHÉ, SECRET, OCCULTE. Ce qui est caché est dérobé à notre vue ou à notre connaissance par quelque chose qui le couvre ou qui l'enferme; nous pouvons d'ailleurs en savoir ou en ignorer l'existence. Ce qui est secret n'est connu que d'un très-petit nombre de personnes, ou est très-peu connu: Affaire secrète. Les articles secrets d'un traité. La nature agit par des voies secrètes. (Acad.) Ce qui est occulte existe mystérieusement pour nous; c'est-à-dire que nous croyons à son existence, que nous l'admettons, sans cependant nous en rendre raison: Causes occultes, propriétés occultes.

On découvre ce qui était caché; on apprend ou l'on parvient à connaître et l'on divulgue ce qui était secret; on voudrait savoir le pourquoi et le comment de ce qui est occulte.

CACOCHYME. V. Valétudinaire.

CADUCITÉ, DÉCRÉPITUDE. Caduc et décrépit, d'où caducité et décrépitude, sont des mots latins formés : le premier du verbe cado, choir, déchoir, tomber, tomber en décadence, en ruine; le second du verbe crepo, craquer, rompre, crever, jeter son dernier éclat ou son dernier soupir. La caducité désigne donc la décadence, une ruine prochaine; et la décrépitude annonce la destruction, les derniers effets d'une dissolution graduelle. Décrépitude se dit proprement de l'homme, et ne peut se dire que des ètres animés. Caducité se dit mème de certaines choses inanimées: on dit la caducité d'un bâtiment, d'une fortune, d'une succession, etc. Caduc se prend pour fragile, frèle, qui n'a qu'un temps, qui tire à sa fin, qui n'a point d'effet. Nous disons

une santé caduque, c'est-à-dire frêle, chancelante; et nous ne dirons pas une santé décrépite, car la décrépitude est une maladie manifestée dans toute l'habitude du corps décrépit.—L'usage emploie proprement ces termes pour distinguer deux âges ou deux périodes de la vieillesse. Il y a une vieillesse verte, une vieillesse caduque, une vieillesse décrépite. La caducité est une vieillesse avancée et infirme, qui mène à la décrépitude: la décrépitude est une vieillesse extrême et pour ainsi dire agonisante, qui mène à la mort. (R.)

CAGOTISME, CAGOTERIE; BIGOTISME, BIGOTERIE. Le mot cagotisme enchérit sur bigotisme : « Le cagot, dit l'abbé Roubaud, charge le rôle de la dévotion, dans la vue d'ètre impunément méchant ou pervers ». Le bigot s'attache superstitieusement aux moindres pratiques extérieures de la religion, et les met au-dessus des devoirs de la vraie piété : il peut d'ailleurs être de bonne foi, avoir de la probité : il n'en est pas de mème du cagot.

Cagotisme et bigotisme, comme l'indique la terminaison (32, page 9). expriment l'esprit, le caractère, la manière de penser du cagot et du bigot. Cagoterie et bigoterie désignent les actions du cagot et du bigot, ou l'habitude de ces actions (22, page 7).

CAHOT, CAHOTAGE. Espèce de saut que fait une voiture en roulant sur un chemin pierrenx ou mal uni. (Acad.) Cahot exprime simplement l'idée de cette espèce de saut : le cahotage, comme le dit trèsbien l'Académie, est le mouvement fréquent causé par les cahots. La forte secousse d'un cahot effraie ou peut faire verser; le cahotage fatigue, parce que ce sont des secousses continuelles (24, page 8). CAHUTE. V. Cabane.

CAILLÉ, COAGULÉ, FIGÉ. Tous trois se disent d'un liquide qui s'est épaissi; mais caillé est le terme usuel; coagulé est un terme didactique : l'un et l'autre se disent surtout du lait et du sang.

Quant à figé, il se dit d'un liquide gras qui s'est épaissi par le froid, par le refroidissement. « La graisse se fige, le beurre fondu se fige, l'huile se fige, le bouillon se fige». (Acad.) On dit aussi de certains poisons qu'ils figent le sang dans les veines : c'est que l'action de ces poisons est considérée comme celle du froid; ils refroidissent le sang, ils l'épaississent en détruisant sa chaleur naturelle.

CAJOLER. V. Caresser.

CALAMITÉ. V. Malheur.

CALCULER, SUPPUTER, COMPTER. Calculer, c'est faire des opérations arithmétiques ou des applications particulières de la science des nombres, pour parvenir à une connaissance, à une preuve, à une démonstration. Supputer, c'est assembler, combiner, additionner des nombres donnés pour en connaître le résultat ou le total. Compter, c'est faire des dénombrements, des énumérations, ou des supputations, des calculs ou des états, des mémoires, etc., pour connaître une quantité: terme vague et générique. Vous comptez dès que vous nombrez: un enfant

compte d'abord sur ses doigts, un, deux, trois : il ne suppute pas encore tant qu'il ne peut pas dire un et deux font trois, un et trois font quatre, etc.; plus forte raison, il est loin de calculer par des divisions, des multiplications, des soustractions. Le calcul est savant; il y a des méthodes savantes de calcul. Le calcul est une science : l'astronome calcule le retour des comètes; le géomètre calcule l'infini: on dit calculs astronomiques, algébriques; calcul intégral, différentiel, etc. Le compte est surtout économique, je veux dire relatif aux affaires d'intérêt, d'administration, de commerce, de finance on compte la recette et la dépense; on dit les comptes d'un marchand, d'un régisseur, d'un caissier. La supputation entre dans les calculs et les comptes: c'est une opération déterminée et bornée de calcul. C'est pourquoi un chronologiste suppute les temps, en partant des termes connus pour arriver à un terme incertain: de même l'astronome suppute sur des tables pour fixer le temps, le moment du retour d'un phénomène. On fait des supputations de temps, de dépenses, pour en avoir le résultat. Supputer ne se dit guère qu'au propre. On dit quelquefois calculer pour combiner, raisonner, réduire à la force du calcul, etc. Compter signifie encore fairé état de croire, se proposer, estimer, réputer, ainsi que faire fond. (R.)

CALENDRIER, ALMANACH. On entend par calendrier un système de division du temps par années solaires ou lunaires, composées chacune d'un certain nombre de jours, et subdivisées en mois, etc.: calendrier Julien, calendrier grégorien, calendrier républicain, calendrier des Égyptiens, des Chaldéens, des Turcs, etc. Ce mot se dit aussi d'un tableau qui donne simplement l'indication des mois, des jours et des fètes de l'année, d'après un de ces systèmes. On fait des tableaux qui présentent la concordance du calendrier grégorien, qui est le nôtre, avec le calendrier julien, que suivent les Russes, avec le calendrier des Turcs, etc.

A l'indication des mois, des jours et des fêtes de l'année, l'almanach ajoute des observations astronomiques, l'annonce des éclipses, des instructions sur des choses usuelles, quelquefois aussi de prétendues prédictions, des anecdotes, etc. L'almanach est ou un livre, ou simplement un tableau collé sur carton et portant le titre d'Almanach de cabinet.

CALME. V. Tranquille et Tranquillité.

CALMER. V. Apaiser.

CAMARADE. V. Compagnon.

CAMARD. V. Camus.

CAMPAGNE (LA). V. Champs (les).

CAMUS, CAMARD. Qui a le nez court et plat. Camard exprime l'excès du défaut (41, page 12): le camard, suivant la définition de l'Académie, a le nez plat et de plus écrasé. Camus se dit des personnes et des animaux: Un chien camus. (Acad.) Camard ne se dit que des

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