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Pommereul François Rene' Jean

D U

GÉNÉRAL BUONAPARTE

EN ITALIE,

PENDANT LES ANNÉES IVe ET Ve
DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.

PAR UN OFFICIER GENERAL.

TOME I.

A PARIS,

Chez BERNARD, Libraire, Quai des Augustins.

2234 P778

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CAMPAGNE

DU

GÉNÉRAL BUONAPARTE

EN ITALIE.

Es vœux impuiffans & timides d'un petit nombre d'Italiens éclairés appelaient les républicains français au-delà des Alpes, quand tous les gouvernemens de cette prefqu'isle confpiraient à leur en fermer les paffages. La neutralité de Gênes & de Venife n'était que l'attitude de la faibleffe qui craint d'agir l'ariftocratie de leurs fénats était encore plus oppofée aux principes français que les cabinets des monarques. L'inaction y était confidérée comme un principe de fûreté : tant on y redoutait toute espèce de mouvement, que cés corps, dans un temps d'effervefcence, favent trop bien n'être pas toujours certains de diriger à leur gré. La neutralité nouvelle de la Tofcane n'avait guère de motifs plus nobles, ni plus de fincérité : il s'y joignait feulement l'avantage de pouvoir devenir momentanément le centre de tout le commerce de l'Italie, elle pouvait efpérer de garder l'équilibre entre la France & l'Angleterre.

Toutes les autres puiffances de l'Italie étaient réunies à la coalition, & préfentaient une maffe de forces assez impofante.

Malgré la défaite récente du général de Vins, les Autrichiens n'avaient encore `perdu que la côte du territoire de Gênes qui s'étend de Savone à Voltri, & la facilité très-peu importante, quoique les Anglais la leur fiffent trop eftimer, de pouvoir communiquer avec leur flotte. Les Français n'avaient pas donné à leurs dernières victoires les fuites qu'on en pouvait & devait attendre, & l'Empereur avait eu le temps de renforcer fon armée, qu'il venait de confier au général Beaulieu.

Les forces autrichiennes s'élevaient, à l'ouverture de la campagne, au nombre de.

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L'armée de ligne du roi

de Sardaigne était de

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Ses milices armées & fur

pied, de

80,000hommes.

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60,000

30,000

Le pape avait raffemblé 30,000
Le roi de Naples pou-

vait difpofer de .

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Il en avait 40,000 dans deux camps raffemblés fur fa frontière,tandis que 2,400 hommes de fa cavalerie s'étaient réunis aux Autrichiens en Lombardie.

80,000

Le duc de Parme, & fur-tout celui de Modène, donnaient à la coalition en argent & munitions ce qu'ils ne pouvaient ou n'ofaient fournir en troupes, & Venife & Gênes n'étaient ni moins perfides ni moins généreufes.

L'Italie offrait donc une force armée de 280,000 hommes, prête à repouffer l'agref. fion des Français.

D'autres obftacles les attendaient audelà des monts: la chaleur & l'infalubrité d'un climat qui leur avait été tant de fois fi funefte; l'oppofition & l'influence d'un clergé nombreux & puiffant fur un peuple affervi par la fuperftition, qu'il avait eu le temps & le foin de prévenir contre les Français, & fur-tout contre leurs opinions, plus redoutables encore pour lui que leurs

armes.

Il fallait donc que le nouveau Brénnus fût auffi politique, auffi fage que valeureux. Il fallait qu'il fût vaincre & pardonner; qu'il pût enivrer de gloire fon armée, & défendre l'Italie de l'avidité d'une troupe condamnée depuis deux ans aux plus difficiles privations fur les ftériles rochers de la rivière de Gênes.

La France avait befoin d'un autre Céfar, & elle le trouva dans un jeune officier. d'artillerie de vingt-huit ans. Le directoire de la république françaife nomma au com

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