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כן

DARIUS pour obtenir de lui une grace injufte, il les refufa. Je les accepterois, lui "dit Cléandre l'un de fes Officiers, fi j'étois à votre place. Et moi de même, répliqua le Général, fi j'étois à la » vôtre.

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Il ne lui reftoit donc d'autre reffouree que d'aller à la porte des Généraux & des Lieutenans du Roi leur en demander, comme avoit fait Lyfandre. Or c'est à quoi il étoit moins propre qu'aucun homme du monde. Nourri & élevé dans l'amour de la liberté, plein de grands & de nobles fentimens, infiniment éloigné de toute flaterie & de toute baffeffe, il étoit convaincu dans le fond du cœur qu'il feroit moins trifte & moins deshonorant pour les Grecs d'être battus par les Grecs, que d'aller faire honteufement la Cour & mandier à la porte de ces barbares, qui n'avoient d'autre mérite que leur or & leur argent. En effet, toute la nation étoit flétrie & deshonorée par une fi lâche prostitu

tion.

per

Cicéron, dans fes Offices, peint deux caractéres bien différens de fonnes emploiées dans le gouvernement, & en fait l'application aux

deux Généraux dont nous parlons ici. NOTHUS. Les uns, dit-il, a amateurs zélés de la vérité, & ennemis déclarés de toute fraude, fe piquent de fimplicité & de candeur, & ne croient pas qu'il convienne jamais à un homme de bien de tendre des piéges, ni d'ufer d'artifice. D'autres, préparés à tout faire & à tout fouffrir, ne rougiflent pas des derniéres baffèffes, pourvû que, par ces moiens indignes, ils puiffent efpérer venir à bout de leurs deffeins. Cicéron met dans le premier rang Callicratidas, & il range dans le fecond Lylandre, à qui il donne deux épithétes qui ne lui font pas beaucoup d'honneur, & qui ne conviennent guéres à un Spartiate, en l'appellant très-rufé S très-patient, ou plutôt très-complaifant. Cependant Callicratidas, forcé par la néceffité, alla en Lydie, fe rendit d'abord au palais de Cyrus, & pria qu'on dît à ce Prince que l'A

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dum, quod velint, con-
fequantur. Quo in ge
nere verfutiffimum &
patientiffimum Lace-
demonium Lyfandrum
accepimus , contraque
Callicratidam. Offic. lib.

I. n. 109.

>

*

DARIUS miral de la flote des Grecs étoit vema pour lui parler. On lui dit que Cyrus étoit à table dans une partie de plaifir. Il répondit d'un ton & d'un air modefte qu'il n'étoit point preffé, & qu'il attendroit que le Prince fût forti. Les Gardes fe mirent à rire, admirant la fimplicité de ce bon étranger qui avoit peu les airs du monde; & il fut obligé de fe retirer. Il y vint une feconde fois, & fut refusé de même. Pour lors il s'en retourna à Ephéfe, chargeant d'imprécations & de malédictions ceux qui les premiers avoient fait la Cour aux barbares, & qui par leurs flateries & leurs baffelles. leur avoient appris à tirer de leurs richeffes un titre & un droit d'infulter au refte des hommes. Et s'adressant à ceux qui étoient auprès de lui, il jura dès qu'il feroit de retour à Sparte, il mettroit tout en œuvre pour réconcilier les Grecs entre eux, afin que déformais ils fuffent eux-mêmes redoutables aux barbares, & qu'ils n'euffent plus befoin de leur fecours, pour s'attaquer & fe ruiner les uns les au

que

Le Grec, dit à la lettre qu'il bûvoit. wird, Les Perfes fe piquoient de beize beaucoup, & c'était

chez eux une gloire, comme on le verra dans la lettre de Cyrus aux Lacédémoniens.

Hes. Mais ce généreux Spartiate, qui NOTHUS avoit des pensées fi nobles & fi dignes de Lacédémone, & qui par fá justice, fa par fa magnanimité, & par fon courage, s'étoit rendu comparable à tout ce que les Grecs avoient eu de plus excellent & de plus parfait, n'eut pas le bonheur de retourner dans fa patrie pour travailler à un fi grand ouvrage, & fi digne de lui.

S. V.

Callicratidas eft défait par les Athéniens près des Arginules. Les Athéniens condannent à mort plufieurs de leurs Généraux pour n'avoir pas enlevé les corps de ceux qui étoient morts dans le combat. Socrate feul a le courage s'opposer à un Jugement si injuste.

de

444, 452.

201. & 217

CALLICRATIDAS, après avoir Xenoph. Hel remporté plufieurs victoires contre les len. lib. 1. p. Athéniens, avoit en dernier lieu pour. Diod. lib. fuivi Conon, l'un de leurs Chefs, 13. pag. 198. dans le port de Mityléne, & l'y te- 222. noit bloqué. C'étoit la vingt-fixiéme année de la guerre du Péloponnéfe. Conon fe voiant affiégé par terre & par mer, fans espérance de fecours, & fans vivres, trouva le moien de

DARIUS faire favoir à Athénes l'extrême dan

ger

où il étoit. On fit des efforts extraordinaires pour le déga er, & en moins d'un mois on équipa une flote de cent dix galéres, où l'on embarqua tous ceux qui étoient en état de porter les armes, tant libres qu'efclaves, avec plufieurs cavaliers. Quand elle fut arrivée à Samos, quarante galéres des alliés s'y joignirent, & toutes ensemble firent route vers les îles Arginules, fituées entre Mityléne & Čumes. Callicratidas l'aiant appris, laiffa Etéonice au fiége avec cinquante galéres, & fe mit en mer avec les fix-vingts autres pour faire face à l'ennemi, & empêcher le fecours. Du côté des Athéniens l'aîle droite étoit commandée par Protomaque & Thrafyle, qui avoient chacun quinze galéres: ils étoient foutenus par une feconde ligne avec pareil nombre de vaiffeaux, conduits par Lyfias & Ariftogéne. L'aile gauche, pareille à la premiére, & rangée auffi fur deux lignes, étoit commandée par Ariftocrate & Diomédon, qui étoient fouteC'étoit le nus par Erafinide &* Périclès. Le fils du grand corps de bataille, composé à peu près Péricles. de trente galéres, parmi lesquelles

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