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dans les poêles de Russie. Lorsque je venais à en ouvrir la porte, les vapeurs qui provenaient de la transpiration de ceux qui y étaient, frappées tout à coup par le froid de l'air extérieur, se changeaient en neige sur mon chapeau et mon habit. Dans nos climats, nous voyons quelque chose de semblable sur les vitres de nos chambres; car les vapeurs qui y sont renfermées s'y rassemblent en gouttes d'eau par la fraîcheur extérieure de l'air. La nature produit.les mêmes effets en grand dans la couche supérieure de l'atmosphère qui est toujours glaciale. L'air, par sa qualité spongieuse, aspire sans cesse en vapeurs les eaux de l'Océan, et il les expire en pluies et en neiges aux sommets des hautes montagnes, pour entretenir les lacs et les fleuves, qui tous y ont leurs sources. L'atmosphère est en quelque sorte un grand poumon mis en action par le soleil, et qui a des analogies avec le nôtre, mu par notre cœur.

hiver; et l'eau expire l'air par l'action de la chaleur, ainsi qu'on peut le voir dans un vase d'eau posé sur le feu. Ainsi, si l'air nous donne de l'eau et nous l'enlève, l'eau, de son côté, en fait autant par rapport à l'air. On peut tirer de leurs qualités élémentaires en opposition d'utiles résultats pour connaître l'harmonie du globe; car il s'ensuit qu'il y a deux atmosphères en congélation renfermées dans les deux océans glacés qui couvrent les pôles de la terre, et que les glaces qui en descendent dans leurs étés renouvellent à la fois les mers et l'atmosphère de la zone torride. Ce sont des châteaux d'eau et en même temps des éponges d'air. Il s'ensuit de plus qu'il y a un océan toujours en évaporation dans l'atmosphère de la zone torride, et que les nuages que les vents voiturent vers les pôles sont des éponges d'eau qui en renouvellent les neiges et les glaces.

L'air a encore des rapports avec l'eau par l'atJe vais observer ici que les propriétés des élé- traction de la terre, c'est-à-dire par sa pesanteur, ments manquent de termes pour être entendues, car la terre l'attire comme tous les corps. Il rétant elles ont été peu étudiées. Pourquoi ne dit- sulte de sa pesanteur des effets très intéressants on pas la spongiabilité de l'air, pour rendre la fa- pour l'étude de la nature et le mouvement de nos culté qu'il a de s'imbiber d'eau et de l'exprimer, machines. Homberg, célèbre chimiste, a trouvé comme on dit, son élasticité et sa condensation? que l'air contenu dans un ballon de treize pouces Pour moi, je préviens mes lecteurs que j'emploie de diamètre pesait une once. L'expérience était rai tous les termes qui me conviendront pour facile, car, en pompant l'air de ce ballon, le balrendre mes idées. Je me sers donc de ceux d'as-lon pesait une once de moins. Voici les effets qui pirer et d'expirer, faute de mieux, pour repré- résultent de la pesanteur de l'air sur l'eau. Si senter les effets de la spongiabilité de l'air par vous aspirez avec un chalumeau l'eau d'un vase, rapport à l'eau. Celui d'attirer ne lui convient elle monte aussitôt dans le chalumeau, parceque pas, car il ne s'agit point ici d'attraction, et celui l'atmosphère pèse sur l'eau de ce vase, et la force de pomper présente un résultat encore tout diffé-à monter dans le vide que vous avez formé. Le jeu

rent.

Si l'air aspire et expire l'eau, l'eau à son tour aspire et expire l'air : elle est en tout imprégnée. Vous le voyez sortir par de petites bulles du fond d'un vase qui est sur le feu ou sous la pompe pneumatique. L'air pénètre jusqu'au fond des mers; il y est respiré par les poissons, qui le dégagent de l'eau au moyen de leurs ouïes.

Mais voici une observation bien remarquable qui prouve l'existence des lois harmoniques de la nature, et la nécessité de faire marcher ensemble l'étude de ses puissances. L'air aspire l'eau par l'action de la chaleur; l'eau, au contraire, aspire l'air par celle du froid; car c'est en se gelant qu'elle se remplit d'air, qu'elle occupe un plus grand volume, et qu'elle surnage d'un dixième environ de son épaisseur. D'un autre côté, l'air expire l'eau par l'action du froid, comme nous en voyons la preuve par les vapeurs d'une chambre qui s'attachent à ses vitres en

de nos pompes aspirantes est fondé sur la même loi. Vous formez un vide dans le corps de la pompe en tirant son piston, et l'eau y monte, parceque le poids de l'atmosphère qui la presse au dehors la force de remplir ce vide. L'eau ne peut s'y élever qu'à trente-deux pieds, ce qui a fait conclure avec raison qu'une colonne d'eau de cette hauteur pesait autant qu'une colonne d'air de la même base et de toute la hauteur de l'atmosphère, puisqu'elles se tiennent en équilibre. C'est par la pesanteur de l'atmosphère qu'un enfant tette sa mère, car il fait un vide dans sa bouche en aspiraut l'air lorsqu'il suce le mamelon: alors la mamelle, pressée par l'atmosphère, fait couler son lait pour remplir ce vide. Ainsi la nature donne à l'enfant le sentiment d'une loi dont les anciens philosophes n'ont tiré aucune conséquence. Aristote connaissait la pesanteur de l'air, cependant il soutenait que l'eau ne s'élevait dans un tuyau sans air que parceque la nature avait horreur du vide

Nous ne nous arrêterons ici qu'à tirer quelques | conséquences de la pesanteur de l'air, sans rapporter l'expérience si connue de Duperrier. Il s'ensuit de cette loi que la direction du vent se fait obliquement, de haut en bas par sa pesanteur, et de bas en haut par son élasticité. S'il soufflait horizontalement, comme la plupart des physiciens le supposent, les mers ne seraient pas sillonnées de flots, ni la terre nettoyée des vapeurs qu'il élève et soutient dans l'espace; il agirait toujours de niveau et parallèlement à la surface des eaux. Le vent donc souffle de haut en bas, et on en voit l'effet sur les navires, dont les voiles font le ventre dans leur partie inférieure, et dont les mâts de perroquet se courbent dans leur partie supérieure. D'un autre côté, la réflexion de l'air contre la terre élève les nuages, qui ne sont jamais à une plus grande élévation que quand il fait beaucoup de vent. C'est probablement l'impulsion du vent vers la terre, et sa répulsion vers le ciel, qui les élèvent, les pelotonnent et leur donnent ces belles courbes que nous leur voyons; car ils devraient flotter dans l'air en surfaces planes et indécises, comme des brouillards; ce qui leur arrive en effet dans le calme. La direction du vent paraît composée de son mouvement horizontal de progression et de son mouvement perpendiculaire de pesanteur; et en y joignant sa réflexion élastique vers le ciel, elle doit former une parabole renversée. C'est en effet la forme que j'ai cru voir au creux des vagues dans les tempêtes.

Je me suis souvent arrêté avec plaisir sur les bords d'une pièce d'eau, à voir les zéphirs en rider la surface. Mais rien, à cet égard, n'offre un spectacle aussi varié et aussi intéressant que la mer. Vous y voyez toutes les modulations du vent; et ces deux éléments, quoique transparents, produisent par leur contact des harmonies très visibles. J'ai fait à ce sujet, daus mes différents voyages maritimes, où j'étais fort oisif, quelques observations que je ne crois pas indignes de l'atten- | lion de mes lecteurs. Lorsque, par un air bien caline, la surface de la mer, unie comme un miroir, est semblable à l'huile, comme disent les marins, j'ai observé qu'il y avait toujours une boule ou mouvement onduleux, qui provient ou de l'agitation précédente de ses flots, ou plutôt de ses courants. En effet, cette houle est toujours la même après plusieurs jours de calme. Lorsqu'un vent léger commence à se faire sentir, vous voyez alors des rides sillonner la mer dans un des bords de l'horizon, et en parcourir çà et là toute la sur

face en très-peu de moments. J'en ai conclu que la vitesse du vent ne dépendait point de sa force, et qu'elle était beaucoup plus considérable que les physiciens ne le supposaient ordinairement. Il m'a paru, par les traces que ces vents passagers imprimaient sur la mer, qu'ils en traversaient un horizon nautique, c'est-à-dire quatre à cinq lieues en moins d'une minute. Lorsque ces vents ont de la tenue, et que leur force augmente par un courant d'air plus considérable, alors les rides qu'ils traçent çà et là sur la mer se succèdent immédiatement et se changent en sillous réguliers semblables à ceux d'une terre labourée; tels sont en général les flots formés par les vents alizés sur les mers de la zone torride. Le vent vient-il à augmenter, les vagues deviennent plus espacées, plus creuses, et leurs sommets moins épais que leurs bases étant poussés plus vite en avant, se roulent eux-mêmes et se précipitent en écume. Les marins disent alors que la mer moutonne, parceque ces écumes blanches, éparses sur les flots, ressemblent de loin à des moutons qui paissent sur cette grande plaine azurée; ce phénomène désigne un temps frais. Le temps vient-il à se renforcer, plusieurs de ces lames se joignent, leurs intervalles sont plus grands et leurs cavités plus profondes. Elles se brisent sur le rivage en formant de grandes volutes écumeuses, dont le dos mêlé d'air est couleur d'émeraude; c'est le gros temps. Je me suis amusé à Dieppe à voir leurs effets, et à entendre leurs bruits rauques sur les galets du pied de la plaine, au sein d'une petite grotte qui en retentissait comme le tympan d'une oreille. Lorsque le ciel est couvert de nuages bas et redoublés par un vent humide de nord-ouest, qui pèse sur la mer, alors les vagues creusées et mugissantes heurtent la poupe des vaisseaux à la cape, s'y brisent en gerbes d'écumes qui s'élèvent jusqu'à leurs huniers et passent jusque sur leur arrière : c'est une tempête. Telle est, entre autres, celle que j'éprouvai sur le cap Finistère, en allant à l'Ile-de-France. Un coup de mer passa sur la proue du vaisseau, enfonça son pont, et, le traversant en diagonale, emporta sa yole et trois matelots. Cependant tous ces effets du vent et de la mer, calculés par des physiciens qui ne donnent que sept à huit pieds à la hauteur des vagues, que dix à douze lieues par heure à la rapidité du vent, mais très bien rendus par notre peintre Vernet, ne sont pas comparables aux ouragans de ces belles mers des Indes. Plus elles sont étendues, plus leurs vagues sont élevées; et plus elles ont été tranquilles, plus leurs révolutions sont terribles.

Elles sont les images des sociétés humaines, ой chaque individu est comme une goutte d'eau qui tend à se mettre de niveau. Quand nous eûmes doublé le cap de Bonne-Espérance, et que nous vîmes l'entrée du canal de Mozambique, le 25 de juin, vers le solstice d'été, nous fûmes assaillis par un vent épouvantable du sud. Le ciel était serein; on n'y voyait que quelques petits nuages cuivrés, semblables à des vapeurs rousses, qui le tra versaient avec plus de vitesse que celle des oiseaux. Mais la mer était sillonnée par cinq ou six vagues longues et élevées, semblables à des chaînes de collines espacées entre elles par de larges et profondes vallées. Chacune de ces collines aquatiques était à deux ou trois étages. Le vent détachait de leurs sommets anguleux une espèce de crinière d'écume où se peignaient çà et là les couleurs de l'arc-en-ciel. Il en emportait aussi des tourbillons d'une poussière blanche, qui se répandait au loin dans leurs vallons, comme celle qu'il élève sur les grands chemins en été. Ce qu'il y avait de plus redoutable, c'est que quelques sommets de ces collines, poussés en avant de leurs bases par la violence du vent, se déferlaient en énormes voûtes, qui se roulaient sur elles-mêmes en mugissant et en écumant, et eussent englouti le plus grand vaisseau s'il se fut trouvé sous leurs ruines. L'état de notre vaisseau concourait avec celui de la mer à rendre notre situation affreuse. Notre grand mât avait été brisé la nuit par la foudre, et le mât de misaine, notre unique voile, avait été emporté le matin par le vent. Le vaisseau, incapable de gouverner, voguait en travers, jouet du vent et des lames. J'étais sur le gaillard d'arrière, me tenant accroché aux haubans du mât d'artimon, tâchant de me familiariser avec ce terrible spectable. Quand une de ces montagnes approchait de nous, j'en voyais le sommet à la hauteur de nos huniers, c'est-à-dire à plus de cinquante pieds au-dessus de ma tête. Mais la base de cette effroyable digue venant à passer sous notre vaisseau, elle le faisait tellement pencher, que ses grandes vergues trempaient à moitié dans la mer qui mouillait le pied de ses mâts, de sorte qu'il était au moment de chavirer. Quand il se trouvait sur sa crête, il se redressait et se renversait tout à coup en sens contraire sur sa pente opposée avec non moins de danger, tandis qu'elle s'écoulait de dessous lui avec la rapidité d'une écluse en large nappe d'écume. Nous restâmes ainsi entre la vie et la mort depuis le lever du soleil jusqu'à trois heures après midi.

consolation d'un ami ou de lui en donner. Le vent était si violent, qu'on ne pouvait entendre les paroles même qu'on se disait à l'oreille en criant à tue-tête. L'air emportait la voix, et ne permettait d'ouir que le sifflement aigu des vergues et des cordages, et les bruits rauques des flots, semblables aux hurlements des bêtes féroces.

en

Quoique je craigne beaucoup la mer, Dieu, qui j'avais mis toute ma confiance, m'inspira du courage; car le matin je fus le premier à marcher pour carguer la voile de misaine, que le vent déchirait par lambeaux, non que je m'y crusse fort utile, mais pour donner l'exemple aux matelots effrayés, qui refusaient d'obéir aux ordres du capitaine. Ces pauvres gens étaient non seulement épouvantés à la vue de la proue que les lames couvraient sans cesse, mais aussi par le souvenir de leurs camarades, qu'un coup de mer avait enlevés à ce même poste, dans une tempête bien moins violente. Le seul sentiment qui me rassurait dans un danger auquel personne ne croyait échapper, c'est que j'étais à ma place et dans l'exercice de mon devoir; car j'étais passé à l'Ilede-France sans aucun dessein d'y faire fortune, mais avec des projets particuliers d'humanité par rapport aux noirs de Madagascar. J'avais été destiné à l'établissement du fort Dauphin dans cette île; mais je n'y fus point envoyé, et j'échappai moi-même aux malheurs de cette nouvelle colonie, qui y périt presque tout entière quelque temps après son arrivée. Ainsi, une Providence infiniment plus sage que ma volonté empêcha ma ruine par des événements que j'avais regar dés longtemps comme malheureux; mais ils ne sont pas du ressort des révolutions de l'air et de la mer.

Ces tempêtes, appelées aux Indes ouragans, et typhons à la Chine, arrivent tous les ans vers les solstices, tandisqu'elles n'ont lieu dans notre zone tempérée que vers les équinoxes. On aura peine à croire qu'elles fassent partie des harmonies de la nature; car elles font les plus grands ravages sur la terre comme sur mer; mais elles sont nécessaires dans les pays où il n'y a point d'hiver; elles y font périr une multitude d'insectes, qui multiplieraient à l'infini dans les climats chauds; les îles mêmes deviendraient inabordables, et leurs rivières seraient obstruées par des bancs énormes de madrépores que des insectes marins élèvent autour de leurs rivages, si les ouragans ne les brisaient en partie tous les ans. C'est de leurs débris que sont formés les lits de sable celcaire qui en

Il était alors impossible de recevoir quelque tourent toutes les îles entre les tropiques, et qui

contribuent sans doute à leur végétation et à leur accroissement.

Heureux qui n'étudie les harmonies aériennes de l'eau que sur la terre ferme! Il ne connaît de tempêtes que celles de son ruisseau. Cependant, sans sortir de sa place, il voit les nuages éleves de dessus les mers lointaines traverser son horizon pour aller fertiliser des terres inconnues. Souvent il les voit, au coucher du soleil, se rassembler sous les formes fantastiques de châteaux, de forêts, de montagnes escarpées, images fugitives de notre monde et de notre propre vie. Quelquefois elles se peignent à ses pieds au sein d'une onde trausparente, et il admire à la fois de nouvelles terres dans les cieux et de nouveaux cieux au fond des eaux; mais nous indiquerons ailleurs les accords de la lumière et des eaux aériennes. L'air a encore des rapports plus intéressants avec la terre, les végétaux, les animaux et les hommes, qu'avec les mers. Nous en allons parler dans les paragraphes suivants.

HARMONIES AÉRIENNES

DE LA TERRE.

portions du Rhône, du Rhin et de leurs glaciers; et voilà les grèves de leurs rivages, en voyant ces tourbillons de sable que les vents du nord et de l'est élèvent en été sur nos chemins, et sur les bords de nos mers. D'où viendraient même les sables marins qui composent en partie la terre végétale, si ce n'est de l'action des vents qui les apportent de fort loin? Il y a des pluies de terre comme des pluies d'eau. Je ne citerai ici ni les orages de sable de la Libye, qui engloutissent des caravanes entières; ni les tourbillons de poussière des provinces septentrionales de la Chine, qui obligent les habitants de Pékin à se couvrir le visage d'un crêpe lorsqu'ils sortent de leurs maisons; ni ceux des bords de la mer Caspienne, dont le sable est si subtil que les Turcs disent en proverbe qu'il pénètre à travers la coque d'un œuf; ni ceux que j'ai éprouvés moi-même au cap de Bonne-Espérance, où, malgré les doubles châssis des fenêtres de chaque maison, le sable s'introduit dans l'intérieur des appartements, et se fait sentir dans tout ce qu'on mange. Nous pouvons ici nous former une idée de l'abondance de cette poussière volatile, par ses effets dans les chambres qui ne sont pas habitées. Quelque bien fermées qu'elles La terre a aussi des espèces de fluides en har- soient, en peu de temps les meubles en sont tout monie avec l'air : ce sont ses sables. Les sables couverts. C'est cette poussière qui se dépose au sont des débris de marnes, de roches, de coquilla- haut de nos murs, sur les corniches des tours les ges, de cailloux ou galets, que l'Océan réduit sans plus élevées, s'engage dans les fentes de leurs cesse en poudre par le roulement perpétuel de ses pierres, et y entretient la végétation des mousses, flots au fond de son bassin, et surtout sur ses ri- des pariétaires, des mufles-de-veau, des giroflées vages. C'est là que vous voyez les grèves immen- jaunes, et quelquefois même celle des arbres. La ses, grises, jaunes, rouges, blanches, et de toutes nature avait sans doute prévu ces résultats, lorscouleurs, qui sont les principes des matières di- qu'elle a donné des ailerons et des volants aux severses que la terre renferme dans son sein, mences des érables, des ormes et de quantité de même de l'humus qui la couvre, comme les eaux végétaux saxatiles, et des noyaux indigestibles à maritimes le sont de toutes les eaux douces qui celles des merisiers des prairies, afin de les transl'arrosent. C'est l'atmosphère qui en est le véhi-porter au sommet des roches par les estomacs et cule. Si le vent porte au sommet des montagnes par les ailes des oiseaux. les nuages dont se forment les sources des rivières, il y voiture de même les terres que les eaux en dégradent sans cesse. Il est aussi aisé au vent de charrier des montagnes de sable, grain à grain, des bords de la mer jusqu'au sommet des Alpes, que d'y transporter, du sein de ses eaux, goutte à goutte, les glaces énormes qui les couronnent, et les grands fleuves qui en découlent. Des puissances invisibles gouvernent le monde au physique comme au moral, et ne se rendent apparentes que par leurs effets. Si nous étions attentifs aux harmonies générales de la nature, nous pourrions dire, à la vue des nuages que les vents de l'ouest et du sud voiturent en hiver au haut des airs: Voilà des

et

La terre réagit aussi sur l'air par ses montagnes; ce sont leurs différents plans qui causent la grande variété des vents, par les divers entonnoirs de leurs vallées. Il y a plus, c'est que, lorsqu'elles sont échauffées du soleil, et qu'elles ont dilaté l'air qui les environne, les vents se dirigent vers elles et ne cessent d'y souffler pendant une partie du jour. Ces effets se remarquent principalement le long des rivages de la mer, dans la zone torride. Deux ou trois heures après le lever du soleil, lorsque la terre commence à être échauffée de ses rayons, les vents généraux de l'Océan se détournent de leurs cours, et soufflent vers elle pour en rafraîchir l'atmosphère. On ap

elles sur différents plans. Nous donnerons une idée de leurs diverses espèces aux harmonies ter

aux harmonies sociales ou morales.

pelle ces vents maritimes des brises du large; ils se font sentir tout le long de la côte d'Afrique et autour des îles situées entre les tropiques ; ils ap-restres de la terre, et une idée de leur ensemble portent dans leur climat brûlant, non seulement un air frais de la mer, mais les pluies nécessaires au renouvellement de leurs fleuves et à leur végétation. C'est ainsi que la nature a balancé par des réactions les effets de ses lois générales, afin que toutes les latitudes participassent aux harmonies des éléments. Elle a opposé à la condensation de l'atmosphère glaciale du pôle qui pèse vers l'équateur, la dilatation de l'atmosphère ardente de la zone torride qui l'attire; et au cours général des vents alizés qui en résultent en pleine mer, les cours particuliers des vents qui soufflent le long des terres. La nature est consonnante avec ellemême. Le soleil donne par sa chaleur, à l'atmosphère comme à l'Océan, des courants généraux, qui sont les vents alizés, et des marées en sens souvent contraires, qui sont les brises.

les

Comme les marées ont un flux et reflux, brises ont aussi le leur. Les brises soufflent de la mer vers la terre pendant le jour, et pendant la nuit elles soufflent de la terre vers la mer. Les unes et les autres varient suivant le cours du soleil; mais cette théorie des mouvements de l'air nous mènerait ici beaucoup trop loin. Contentonsnous d'ajouter qu'il y a des montagnes caverneuses qui envoient des vents, comme si elles les produisaient dans leurs flancs. Tels sont les monts Eoliens d'Italie. Leurs effets sont aisés à expliquer par l'action du soleil qui les échauffe, dilate l'air qu'ils renferment, et l'oblige d'en sortir pendant le jour; mais cet air y rentre ensuite condensé par la fraîcheur de la nuit. Nous verrons qu'il y a ailleurs qu'en Italie des monts Éoliens qui ne sont pas caverneux ; ils produisent des vents par la configuration de leurs vallons et la densité de leur atmosphère, sur laquelle le soleil agit comme sur celle des pôles. Il y a aussi des montagnes à glace, par le moyen desquelles le soleil produit des courants généraux et des flux et reflux dans les lacs qui sont à leur pied, comme il en produit dans l'Océan par le moyen des glaces polaires. Les montagnes ne sont pas de simples débris de la terre, ou des ouvrages des eaux faits au hasard, comme on le prétend; mais il y en a d'harmoniées positivement et négativement avec les éléments; il y en a de solaires et d'hyémales, de vulcaniennes, d'éoliennes; d'hydrauliques, qui attirent les eaux; de littorales, qui les repoussent, les unes maritimes, les autres fluviatiles; de métalliques, de végétales, etc.; elles sont aussi combines entre

L'air produit une infinité d'harmonies, non seulement à la surface de la terre, mais dans son intérieur. Les arbres par leurs racines, et les animaux par leurs travaux, l'y font pénétrer à de grandes profondeurs. Les vers de terre, les scarabécs, les taupes, les lapins, etc., y creusent une multitude de souterrains; la vigne y fait descendre ses radicules à travers les carrières de pierres les plus dures. Non seulement les racines des arbres y font communiquer l'air, mais elles l'y pompent; car, sans lui, elles ne pourraient y végéter. En effet, l'air y est renfermé dans les bancs des pierres calcaires, toutes remplies de petits trous et de coquillages qui en contiennent dans leurs cavités. Mais c'est surtout dans les couches de sable qu'il est en abondance; il remplit les interstices qui sont entre ses grains. Ce n'est que par le moyen de cet air que l'eau y pénètre en tout sens, comme dans des tuyaux capillaires. Les sables sont des éponges à la fois remplies d'air et d'eau, qui entretiennent la circulation de ces deux éléments dans l'intérieur du globe. L'inflammation des pyrites, à de grandes distances de sa surface, ne peut avoir lieu que par l'action de l'air qui les décompose et les enflamme. Il n'y a point de feu sans air. C'est à l'ac tion de cette atmosphère souterraine qu'il faut attribuer les volcans des bords de la mer, les tremblements de terre qui proviennent de sa dilatation, la circulation des eaux intérieures, les compositions et décompositions minéralogiques, enfin la température du globe, qu'on trouve de dix degrés environ au fond de toutes les mines, et qui est la même que celle qui est au fond des mers. C'est par cet air souterrain que la chaleur du soleil pénètre la terre dans toutes ses parties, et qu'elle se manifeste même sous les glaciers, d'où il sort toujours en hiver des courants d'eau, et qui en été fondent principalement par leurs bases.

J'ai vu quelquefois, dans de fortes gelées, les pavés, et même les seuils des portes, se soulever de manière à perdre tout à fait leur niveau. Cet effet est produit par la dilatation de l'eau ou du sol, occasionnée par le développement de l'air qu'elle renferme lorsqu'elle vient à se geler. Il est certain que l'eau, en se gelant, augmente de volume; mais, d'un autre côté, comme l'eau augmente encore de volume en se dilatant par la chaleur, comme on le voit aux tubes de nos ther

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