Les camées parisiens

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R. Pincebourde, 1866 - Paris (France) - 237 pages
 

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Popular passages

Page 31 - Elle eut la majesté d'une reine. Et, en réalité, elle fut reine du royaume le plus difficile à conquérir, le plus périlleux à gouverner, le plus impossible à conserver : reine de ce Paris épique, magnanime, railleur, excellent, qui fabrique la poésie de notre siècle et tout ce qui se nomme Esprit dans le monde entier. L'esprit ! ne semblait-il pas qu'elle l'avait inventé, qu'elle en était la souveraine maîtresse et que, par pure bonté d'âme, elle en dispensait à ses amis la part...
Page 13 - Une tête merveilleusement charmante, la peau d'une pâleur chaude et couleur d'ambre, les sourcils droits et soyeux. L'œil enflammé, noyé, à la fois humide et brûlant, perdu dans la rêverie, n'y voit pas, mais est délicieux à voir. La bouche voluptueuse, songeuse, empourprée de sang, la barbe douce et enfantine, l'abondante chevelure brune, l'oreille petite et délicate, concourent à un ensemble fièrement viril, malgré la grâce féminine.
Page 99 - Érinnye» no manque pas au premier devoir du poète , qui est d'être beau. Sa tête a un aspect guerrier et dominateur, et tant par la ferme ampleur que par le développement des joues, indique les appétits d'un conducteur d'hommes qui se nourrit de science et de pensées, comme il eût mangé sa part des bœufs entiers...
Page 40 - Telle fut sans doute aussi cette mystérieuse Tahoser, que le poète nous montre coiffée d'un casque formé par une pintade aux ailes déployées, et portant sur la poitrine un pectoral composé de rangs d'émaux, de perles d'or et de grains de cornaline. Judith Walter a écrit, et cette strophe délicieuse et savante évoque son image, bien mieux que je n'ai su le faire : Derrière les treillages de sa fenêtre, une jeune femme qui brode des fleurs brillantes sur une étoffe de soie, écoute les...
Page 116 - ... arrondi et projeté en avant fait tout de suite songer à la célèbre phrase du poète : Mon âme voltige sur les parfums comme l'âme des autres hommes voltige sur la musique .'La bouche est arquée et affinée déjà par l'esprit, mais à ce moment pourprée encore et d'une belle chair qui fait songer à la splendeur des fruits. Le menton est arrondi, mais d'un relief hautain, puissant comme celui de Balzac. Tout ce visage est d'une pâleur chaude, brune, sous laquelle apparaissent les tons...
Page 70 - ... naturellement en tignasse idéale et en divine crinière de Déesse, à la façon de la chevelure de Diane de Poitiers emmêlée par Jean Goujon, qu'il n'ya qu'à y fourrer le poing et à y planter une épingle pour leur imposer la plus élégante et la plus compliquée de toutes les coiffures. Que Henri Heine ne...
Page 86 - Contes d'Espagne et d'Italie, et d'où il sortit célèbre. Sans barbe alors, et tout resplendissant d'une grâce juvénile, ce nez aquilin trop long et trop busqué, d'un caractère si étrange et hardi, ces yeux ingénus et profonds, cette petite bouche aux lèvres amoureuses, faites pour les baisers, ce puissant menton byronien, et surtout ce large front modelé par le génie, et cette épaisse, énorme, violente, fabuleuse chevelure blonde, tordue et retombant en onde frémissante, lui donnent...
Page 122 - Goppée aurait ressemblé, s'il l'avait voulu ; mais avec la délicatesse d'un lyrique dont l'âme répugne à toute allusion trop attendue, il a résolument coupé ses longs cheveux droits, pour éviter ce lieu commun. Le nez un peu fort, aux arêtes accentuées, aurait occupé Grandville, qui, à toute force, voulait trouver dans chaque homme la ressemblance d'un animal, car il aurait évoqué dans son cerveau l'idée d'un svelte et fringant cheval arabe.
Page 29 - Taille, 1 mètre 54 centimètres, cheveux châtain foncé, yeux bleu clair, nez aquilin, bouche moyenne, menton rond, visage ovule, teint clair. La seconde, plus littéraire mais non moins précise, est cet artistique « camée » de Théodore de Banville : Une joie, une gaieté, un délire, une raillerie, une chanson, vingt ans éternels, la fatuité de Lauzun, l'esprit de Richelieu, la curiosité de Don Juan ! Ces regards savent tout; si elles le voulaient, ces lèvres minces et longues pourraient...
Page 14 - La bouche voluptueuse, songeuse, empourprée de sang, la barbe douce et enfantine, l'abondante chevelure brune, l'oreille petite et délicate, concourent à un ensemble fièrement viril, malgré la grâce féminine. Avec ce physique invraisemblable, Alphonse Daudet avait le droit d'être un imbécile ; au lieu de cela il est le plus délicat et le plus sensitif de nos poètes.

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