Regrettant mon amour et vostre fier desdain. Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain ; Cueillez dès aujourd'huy les roses de la vie. Deux camps de rouges fourmis En garnison sous ta souche: Les avettes ont leur couche. Le chantre rossignolet, Nouvelet, Courtisant sa bien aimée, Vient loger, Tous les ans, en ta ramée. Sur ta cyme il fait son ny Tout uny, De mousse et de fine soye, Où ses petits esclorront, Qui seront De mes mains la douce proye. Or, vy, gentil aubespin, Vy sans fin, Vy sans que jamais tonnerre, Ou les temps, Te puissent ruer par terre! CONTRE LES BUCHERONS. Quiconque aura, premier, la main embesongnée Qui coupa de Cérès le chesne vénérable, 10 20 30 Les bœufs et les moutons de sa mère engorgea, Qu'il puisse, pour venger le sang de nos forests, Que tousjours, sans repos, ne fasse en son cerveau Et de mauvais conseil qui les hommes renverse! Pour piller un butin de bien peu de valeur, Forest, haute maison des oiseaux bocagers! Plus le cerf solitaire et les chevreuls légers Ne paistront sous ton ombre, et ta verte crinière Plus l'amoureux pasteur sur un tronc adossé, Dont l'ombrage incertain lentement se remuë, Tu perdras ton silence, et Satyres et Pans, 10 20 30 Adieu, vieille forest, le jouet de Zéphyre, Je devins amoureux de sa neuvaine trope, Adieu, vieille forest, adieu, testes sacrées, De tableaux et de fleurs en tout temps révérées, Sans plus trouver le frais de tes douces verdures, Adieu, chesnes, couronne aux vaillans citoyens, Qui, premiers, aux humains donnastes à repaistre ; Que l'homme est malheureux qui au monde se fie! Et qu'en changeant de forme, une autre vestira! De Tempé la vallée, un jour, sera montagne, ΤΟ 20 A MARGUERITE. En mon cœur n'est point écrite C'est toi, belle Marguerite, Par qui j'ai cette couleur. 30 N'es-tu celle dont les yeux Ont surpris, Par un regard gracieux Mes esprits! Puisque ta sœur de haut prix, Ta sœur, pucelle d'élite, N'est cause de ma douleur, Que je pris cette couleur. Un soir ma fièvre naquit, Quand mon cœur Pour maîtresse te requit: Mais rigueur D'une amoureuse langueur Soudain paya mon mérite, Et ta vermeille couleur. Eh! quel charme pourrait bien Consumer Le souci qui s'est fait mien, Pour aimer? De mon tourment si amer, La jouissance subite Seule ôterait le malheur Que me donna Marguerite, Par qui j'ai cette couleur. PREFACE DE LA FRANCIADE. Homère, de science et de nom illustré, |