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| d'amères critiques ont été présentées con-
tre la jurisprudence établie, qui n'est
cependant que la fidèle expression de
l'esprit de la loi.
P. G-Y.

La loi du 9 septembre 1835 est venue changer plusieurs dispositions relatives au jury. Ainsi le nombre de votes nécessaires a été abaissé à la simple majorité, et les votes doivent avoir lieu au scrutin secret. Cette loi décide encore, comme il a été dit plus haut, que lorsque la cour est unanimement convaincue que les jurés, tout en observant les formes, se sont trompés au fond, elle peut surseoir au jugement et renvoyer l'affaire à la session suivante.

Nous avons déjà vu au mot Cour d'AsSISES, la manière de procéder dans les

les autres pouvoirs. «La véritable sanction des lois politiques, dit-on, est dans les lois pénales: le jury qui apprécie les actions que ces lois punissent est donc le véritable maître de la société. » Étrange égarement! il faut pour faire la loi le concours des trois pouvoirs; pour la défaire, c'est-à-dire pour en décliner l'application, il suffira que douze hommes assemblés au hasard nient la vérité la plus évidente et dérobent le fait à la loi, au moyen d'un mensonge sous le sceau du serment, c'est-à-dire d'un parjure. C'est là ce qu'on a appelé l'omnipotence du jury. On ajoute que le jury ne doit compte à personne de sa décision, en sorte que la société resterait désarmée vis-à-vis de lui. « Les jurés, disait l'Assemblée constituante, sont des citoyens appelés à l'oc-jugements qui sont soumis au jury; mais casion d'un délit pour examiner le fait allégué contre le prévenu ou l'accusé, et décider, d'après leurs connaissances personnelles et les preuves qui leur sont fournies, si le délit existe et quel est le coupable. » De plus, elle disait formellement que leur mission n'a pas pour | objet la poursuite des délits et qu'ils ne sont chargés que de décider si l'accusé est coupable ou non. » Cet examen de la culpabilité implique sans doute l'obligation de s'occuper de la moralité du fait, mais nullement de la criminalité, en tant qu'il s'agirait de juger si le législateur a établi une peine méritée, ou si l'accusé doit être soustrait à l'application de la loi pour cause de prétendus torts du pouvoir. L'instruction affichée dans la chambre des délibérations dit que « les jurés manquent à leur premier devoir, lorsque, pensant aux dispositions des lois pénales, ils considèrent les suites que pourra avoir, par rapport à l'accusé, la déclaration qu'ils ont à faire. » Ce n'est donc qu'en violant le titre même de leur institution que les jurés peuvent s'abandonner aux perfides conseils d'une omnipotence que la loi ne leur reconnaît pas.

nous avons réservé l'explication des règles que celui-ci doit observer dans la chambre des délibérations. Une loi règlementaire sur le vote du jury, datée du 13 mai 1836, régit aujourd'hui cette matière. Le jury, y est-il dit, votera par bulletins écrits et par scrutins distincts et successifs, sur le fait principal d'abord, et, s'il y a lieu, sur chacune des circonstances aggravantes, sur chacun des faits d'excuse légale, sur la question de discernement, et enfin sur la question des circonstances atténuantes(voy.), que le chef du jury sera tenu de poser toutes les fois que la culpabilité de l'accusé aura été reconnue. A cet effet, chacun des jurés reçoit du chef du jury un bulletin timbré et ouvert sur lequel il écrit, ou fait écrire secrètement par un juré de son choix, le mot oui ou le mot non, sur une table disposée de manière que personne ne puisse voir le vote inscrit sur le bulletin. Il remet le bulletin écrit et fermé au chef du jury qui, en présence des jurés, fait le dépouillement des votes, et en consigne sur-le-champ le résultat en marge ou à la suite de la question résolue, sans néanmoins exprimer le nombre des En France, le jury ne juge jamais les suffrages, si ce n'est lorsque la décision questions de droit : le fait (voy.) seul est affirmative sur le fait principal a été soumis à son appréciation, et sa décision, prise à la simple majorité. Les bulletins complexe de sa nature, n'influe en rien sur lesquels aucun vote n'est exprimé, ou sur le droit de l'action civile, laquelle peut ceux que six jurés au moins déclarent illiêtre accueillie, même en cas d'acquitte-sibles, doivent être considérés comme fament, et en toute matière. A cet égard, vorables à l'accusé. Immédiatement après

les

le dépouillement de chaque scrutin, bulletins sont brûlés en présence des jurés.

La Charte de 1830 (art. 69) a regardé l'application de l'institution du jury aux délits de la presse et aux délits politiques, comme une garantie nécessaire des libertés publiques.

Sous ce rapport, l'utilité du jury n'a jamais été contestée comme elle l'a été en matière de justice criminelle. C'est surtout à l'occasion de plusieurs jugements rendus dans les provinces rhénanes, qui, redevenues allemandes, continuent néanmoins à être régis par le Code Napoléon, qu'une longue controverse s'est établie sur ce point, controverse à laquelle ont pris part le docteur Paulus, Feuerbach, Grævell, Mittermaier et d'autres jurisconsultes distingués.

On peut consulter avec fruit sur l'institution du jury plusieurs Mémoires de Bourguignon (1804 à 1808) et les ou vrages suivants: Histoire du Jury, par Aignan, Paris, 1822, in-8°; Des pouvoirs et des obligations des Jurys, de Richard Philipps, traduit de l'anglais, par Ch. Comte, 2e édit., Paris, 1827, in-8°. M. Ch. Welcker, l'un des éditeurs du Staatslexikon, a enrichi cette encyclopédie politique d'un savant travail sur le jury et la procédure criminelle en général, t. IX, p. 28-180.

Quelques autres institutions portent encore le nom de jury: nous avons parlé du jury d'expropriation à l'art. ExPROPRIATION. C'est sur le rapport d'un jury choisi parmi les savants, les artistes et les industriels les plus notables que sont reçus, aux expositions publiques, les objets d'art et les produits de l'industrie qui sont présentés dans ce but, et que le roi accorde ensuite les récompenses et les distinctions méritées par chacun. Z.

JUSQUIAME (hyoscyamus, de 5, vos, et xúupos, fève de porc, ainsi nommée à cause de son action vénéneuse sur les cochons, au dire d'Élien). C'est une plante de la famille des solanées, si féconde en poisons, et qui appartient à la pentandrie monogynie de Linné. Les caractères du genre sont les suivants : calice d'une seule pièce, tubuleux, à cinq divisions; corolle monopétale en forme d'en

tonnoir dont le tube est court et le limbe ouvert et découpé obliquement en cinq segments obtus et inégaux; cinq étamines insérées au tube de la corolle et inclinées; un ovaire supérieur, surmonté d'un style avec un stygmate en tête. Le fruit est une capsule ovale sillonnée de chaque côté, ventrue à sa base, s'ouvrant horizontalement à son sommet, partagée horizontalement en deux loges contenant chacune beaucoup de graines.

Dès la plus haute antiquité, les jusquiames ont été connues comme des plantes vénéneuses, et employées comme médicaments. Parmi les nombreuses espèces, on distingue la jusquiame noire, plus particulièrement employée de nos jours, tandis que les anciens se servaient davantage de la blanche; la jusquiame dorée, la scopolie; la jusquiame physaloïde et la jusquiame datvia. Ces deux dernières sont plus abondantes et plus usitées dans l'Orient, où elles entrent dans des compositions propres à provoquer cette ivresse rêveuse et agréable que les Musulmans ne peuvent demander aux liqueurs spiritueuses. Voy. HACHISCH.

Les jusquiames d'ailleurs ont toutes des propriétés semblables à celles de la jus-. quiame noire, et qui dépendent de la présence de l'hyoscyamine, principe alcaloide découvert par la chimie moderne et qui s'y trouve à l'état de sel. Cette plante, commune dans l'Europé tempérée et méridionale, a été souvent l'occasion d'empoisonnements, sa racine, ses feuilles ou ses semences, ayant été confondues avec des parties semblables de plantes potagères. Sa racine épaisse, pivotante et blanchâtre (à peu près comme celle du panais) donne naissance à une tige cylindrique rameuse, feuillée, haute de 40 à 60 centimètres. Elle est chargée, ainsi que les feuilles, d'un duvet lanugineux abondant et doux au toucher. Ses feuilles sont grandes, ovales-lancéolées, sinuées, d'un vert pâle; celles de la tige, alternes, sessiles et amplexicaules; les radicales rétrécies en pétiole à leur base et étalées sur la terre. La plante entière exhale une odeur forte et désagréable. Les fleurs, assez grandes, d'un jaune pâle, veinées d'un pourpre foncé, sont sessiles, axillaires, et disposées sur les rameaux en épis terminaux, tour

nés d'un seul côté. Cette plante croit sur les bords des champs, dans les lieux incultes et dans les décombres, et fleurit dans les mois de juin et de juillet.

Les symptômes produits par l'usage intérieur des jusquiames sont : un délire plus ou moins violent, ordinairement gai, accompagné d'une ardeur brûlante de la bouche et de la gorge, de vertiges, de convulsions. La mort en a été fréquemment la suite, et les recueils scientifiques sont remplis d'histoires de familles entières, de communautés religieuses, ou de détache ments militaires qui ont été victimes d'accidents de ce genre. La jusquiame entrait dans les onguents dont se frottaient les sorciers pour aller au sabbat. Elle est au nombre des poisons narcotiques, et les maux auxquels elle donne lieu doivent être traités par les moyens appropriés à ce genre de poisons. Voy. EMPOISONNEMENT, NARCOTIQUES et POISONS.

Comme toutes les substances analogues, la jusquiame a pris place parmi les médicaments, et a été employée surtout dans les affections douloureuses, soit de concert avec l'opium, soit pour suppléer cette substance. Elle a été spécialement recommandée dans les névralgies (voy.) et elle y a procuré quelques guérisons, bien qu'elle ne jouisse pas de toute l'efficacité que lui attribuent certains auteurs. Outre l'emploi de la jusquiame en substance, qui est le moins certain de tous, on en a préparé plusieurs extraits à l'aide de l'eau ou de l'alcool; mais la substance alcaline qu'on en retire est effectivement la partie la plus active, et celle qu'on peut administrer avec le plus de précision et de certitude. Il faut procéder par doses faibles d'abord, surtout pour l'hyoscyamine, qui est très vénéneuse, ne serait-ce qu'à la dose d'un grain. La jusquiame entrait aussi dans une foule de médicaments composés qui sont aujourd'hui tout-à-fait hors d'usage.

F. R.

JUSSIEU (FAMILLE DE). Cette famille, qu'on a appelée la dynastie botanique, est originaire de Lyon, Elle a eu le rare et glorieux privilége de voir se perpétuer la même science parmi plusieurs de ses membres, dont chacun, continuant l'œuvre de son prédécesseur,l'enrichissait de ses propres découvertes.

LAURENT de Jussieu, apothicaire distingué de Lyon, y devint père d'une nombreuse famille. Trois de ses fils fixèrent tour à tour leur résidence à Paris, vers le commencement du XVIIIe siècle. L'aîné des trois frères, ANTOINE, né le 8 juillet 1686, après avoir terminé son cours d'humanités dans sa ville natale, se fit recevoir docteur en médecine à Paris, et étudia la botanique sous Tournefort, dont il fut l'un des savants disciples. Antoine explora le midi de la France et une grande partie de l'Espagne. On lui doit une bonne description des célèbres mines d'Almaden. Il entra à l'Académie des Sciences, en 1751, ayant à peine 25 ans. Peu après, nommé professeur au Jardin des Plantes, il développa avec succès la méthode de Tournefort (voy.), méthode qui réunissait alors en Europe le plus de suffrages. Admirateur passionné de ce grand botaniste, il ajouta un appendice à ses Institutiones rei herbariæ, et fit successivement paraître une suite de dissertations sur le café, le macer des anciens, le kali, le simaruba, le corispermum, etc. Il s'occupa aussi de déterminer la nature de diverses pétrifications curieuses. Considéré comme médecin, il compte parmi les plus philanthropes de son temps; il aimait les pauvres et les aidait de sa bourse, après leur avoir donné les soins les plus affectueux. Antoine mourut le 22 avril 1758.

BERNARD de Jussieu, son frère, un des plus savants botanistes du dernier siècle, et non moins célèbre par ses vertus privées que par son mérite scientifique, naquità Lyon, en 1699. De fortes études lui aplanirent la route dans la carrière des sciences. Appelé à Paris par son frère Antoine, il fut son compagnon pendant les voyages que fit celui-ci dans le midi de l'Europe, en 1716. Bernard avait à peine 17 ans; mais son aptitude était si grande qu'il retira un très grand fruit de cette exploration, où il avait pour maître et pour guide un frère, dont la parole était sur lui toute-puissante. De retour en France, Bernard de Jussieu se rendit à Montpellier, pour se faire recevoir docteur en médecine, en 1720.Son extrême sensibilité ne lui permettant pas d'exercer, il se fit botaniste et vint habiter définitivement Paris, où il remplaça Vaillant, en

1722, comme sous-démonstrateur au Jar- | frère Bernard, parAntoine qui était la prodin des Plantes. Trois ans après, il donna | vidence de la famille. Médecin instruit et une nouvelle édition de l'Histoire des plantes qui croissent dans les environs de Paris, ouvrage de Tournefort, que le nouvel éditeur compléta, en y ajoutant des notes et un supplément. La publication de ce livre, et diverses communications faites successivement à l'Académie des Sciences, le firent admettre dans cette compagnie, en 1725. A cette époque, un très petit nombre de personnes se livraient à l'étude des sciences naturelles, et peu d'efforts étaient nécessaires pour arriver à l'Académie des Sciences: un ou deux mémoires d'un intérêt médiocre et beaucoup d'ardeur pour l'étude suffisaient pour obtenir cet honneur. Antoine en fut jugé digne à 25 ans, Bernard à 26, Antoine-Laurent à 27, et tous trois avant qu'ils eussent publié les travaux auxquels ils doivent leur célébrité.

En 1758, à la mort d'Antoine, Bernard fut chargé de réunir à Trianon (voy.) les plantes cultivées en France. Cet ordre, émané directement de Louis XV, fut exécuté avec un grand empressement. Le nouveau jardin fut classé, d'après la méthode naturelle, en 65 familles suivant une disposition linéaire fort analogue à celle qui est aujourd'hui adoptée au Jardin des Plantes de Paris.

Bernard de Jussieu écrivit peu, et pourtant il exerça une influence marquée sur les progrès de la botanique (voy. T. III, p. 741). Il sut rendre la science aimable et ouvrit une route nouvelle dans laquelle les jeunes gens studieux s'élancèrent avec ardeur. Il a cependant publié plusieurs travaux importants sur les polypes d'eau douce; ce fut lui qui constata le premier l'efficacité de l'ammoniaque pour neutraliser le venin de la vipère; ses mémoires botaniques, plus nombreux qu'étendus, avaient un grand intérêt à l'époque de leur apparition. Il mourut le 6 novembre 1777, deux mois avant Linné (voy.) dont il s'était fait un ami. On a dit de Bernard de Jussieu que, pendant le cours d'une longue vie, il ne trouva qu'un rival et en obtint l'estime, et pas un seul ennemi dont il mérita la haine.

JOSEPH de Jussieu naquit à Lyon, en 1704; il fut appelé à Paris, comme son

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botaniste habile,il quitta l'étude des sciences médicales et celle des sciences naturelles pour se livrer aux mathématiques. Il devint un ingénieur habile. Ce fut la grande variété de ses connaissances qui le fit choisir pour accompagner, au Pérou, La Condamine (voy.) et les astronomes français chargés au nom de l'Académie de mesurer un degré du méridien. Cette belle expédition terminée, Jussieu laissa partir les académiciens : il resta au Pérou 36 ans, oubliant toujours de revenir en Europe. Un vaisseau français mettait-il à la voile, il se disposait aussitôt à partir; mais préoccupé par des travaux importants qui n'étaient jamais entièrement terminés, il demeurait,nepouvant se résoudre à s'éloigner d'un pays si fertile en productions curieuses et pour la plupart inconnues. Il parcourut le Pérou dans toutes les directions, dressant des cartes et des plans, et recueillant une foule d'observations singulières. L'exercice de la médecine lui tint lieu de fortune; les Péruviens, grands admirateurs de ses talents, le tyrannisèrent à force d'estime et s'opposèrent plusieurs fois à son départ, qui pourtant eut lieu à la fin, en 1771. Joseph espérait pouvoir mettre en ordre ses manuscrits pendant le peu d'années qui lui restaient encore à vivre; mais, de retour en Europe, ses facultés intellectuelles ne tardèrent pas à l'abandonner; il perdit la mémoire, et mourut le 11 avril 1779, dans un état complet de caducité; il était depuis plus de 40 ans associé de l'Académie des Sciences.

ANTOINE-LAURENT de Jussieu, fils de Christophe, frère aîné des trois précédents, naquit à Lyon, le 12 avril 1748; il venait d'achever ses études dans sa ville natale, lorsque son oncle Bernard l'appela auprès de lui, à Paris, en 1765; à peine avait-il atteint l'âge de 17 ans. En 1770, AntoineLaurent qui s'était fait recevoir docteur en médecine, fut proposé à Buffon pour suppléer Lemonnier, à qui ses fonctions de premier médecin du roi ne permettaient plus de professer. Le jeune Jussieu, pris à l'improviste, étudiait la veille ce qu'il devait enseigner le lendemain ; mais bientôt il parvint à dominer sa matière

et put remplir sa tâche avec distinction. En 1773, il fut nommé membre de l'Académie des Sciences, après avoir appuyé sa candidature de la présentation d'un mémoire sur les renonculacées. Ce fut en composant ce travail que Jussieu se sentit, disait-il, vraiment botaniste. L'importance relative et subordonnée des caractères naturels y fut démontrée jusqu'à l'évidence et avec une grande profondeur de vues. Peu après, ce botaniste, toujours préoccupé de ses projets de réforme, proposa à l'Académie le plan d'une méthode nouvelle, d'après laquelle le Jardin du Roi à Paris devait être replanté, la méthode de Tournefort paraissant insuffisante. Bernard de Jussieu approuva ses dispositions, et son neveu se chargea seul de l'exécution avec le jardinier en chef, André Thouin,

Ces travaux pratiques n'empêchaient pas Antoine-Laurent de s'occuper avec une ardeur soutenue du perfectionnement de la méthode naturelle; il préparait dans le silence de la méditation un ouvrage destiné à servir de base à la science et à fixer l'opinion du monde savant sur le mérite de la nouvelle classification.

Ce grand travail parut en 1789, sous le nom de Genera plantarum (voy. HisTOIRE NATURELLE, T. XIV, p. 78). L'impression, commencée en 1788, dura plus d'une année, et elle offrit cette particularité que le manuscrit ne fut jamais écrit en entier; l'auteur, qui le composait au fur et à mesure des exigences de l'imprimeur, n'eut jamais que deux ou trois feuillets d'avance sur la composition typographique.

Pendant la révolution, de 1790 à 1792, Jussieu fut administrateur des hôpitaux de Paris. En 1793, il s'occupa de la réorganisation du Jardin des Plantes qui prit le nom de Muséum d'histoire naturelle. Cet illustre savant contribua beaucoup à porter cet établissement au degré de splendeur qu'il a atteint de nos jours. Déjà, en 1777, Antoine-Laurent de Jussieu avait été nommé administrateur du jardin. Il fut compris dans la formation de l'Institut, et, en 1804, il entra à la Faculté de médecine de Paris, en qualité de professeur de matière médicale. En 1808, il fut nommé conseiller à vie de l'Université.

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La restauration lui fit perdre ces places, et il abandonna sa chaire de botanique, au Jardin du Roi, à son fils (voy. plus loin). Il s'éteignit paisiblement le 17 septembre 1836. Ses derniers instants furent pleins de calme et de résignation. M. Flourens a prononcé son éloge à l'Académie des Sciences, le 13 août 1838. Ce grand botaniste n'a point laissé de seconde édition du Genera; mais il y a suppléé en donnant une longue série d'articles dans le grand Dictionnaire des sciences naturelles, et dans les Annales du Muséum, en 1802. Là, reprenant successivement chacune des familles fondées par lui, il est devenu pour lui-même un juge sévère et éclairé, une sorte de postérité impartiale et désintéressée. Il proposa plusieurs modifications qu'avaient rendues nécessaires les perfectionnements de la science, et ce serait un travail intéressant et tout-à-fait digne du fils d'un Jussieu, de se servir de ces documents précieux pour publier une seconde édition de ce livre important, sur lequel nous reviendrons au mot MÉ

THODE NATURELLE.

Antoine-Laurent, qui écrivait le latin avec élégance et facilité, aimait beaucoup la botanique des anciens; il se plaisait à exercer sa sagacité sur les textes, afin d'arriver à la dénomination des plantes désignées dans les classiques grecs ou latins.

M. ADRIEN de Jussieu, fils d'AntoineLaurent, est né le 23 décembre 1797; il commença sa carrière, comme tous ses illustres parents, par des études médicales qu'il dirigea plus spécialement aussi vers les sciences qui font la gloire de sa famille. Il a publié plusieurs ouvrages sur les plantes, et en 1826, il succéda à son père au Muséum. L'Académie des Sciences l'a appelé dans son sein en 1831*. A. F.

JUSTE (LE) et L'INJUSTE est ce qu'il est permis de faire ou de ne pas faire; ce qui est bien et ce qui est mal, ce qui produit pour l'homme le mérite ou le démérite.

(*) M. ALEXIS de Jussieu, ancien préfet de la Vieune, et qui, en 1837, fut nommé directeur de la police au département de l'intérieur, appartient à la même famille, ainsi que M. LAURENT de Jussieu, secrétaire général de la préfecture de la Seine et député du 10 arrondis

sement de Paris, élu en 1839. L'un et l'autre se sont fait connaître par des écrits.

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