Page images
PDF
EPUB

toutes ces feuilles publiées dans chaque | sont soumises à aucune censure. Les plus

[ocr errors]

remarquables sont la Gazette de Leyde, le Nieuws en advertentieblad de La Haye, l' Allgemeene handelsblad d'Amsterdam, l'Arnhemsch Courant, l'Industriel, etc.

En Belgique, au contraire, la presse périodique n'a commencé à jouir de quelque influence que depuis la réunion de ce pays avec la Hollande. On vit alors se former une opposition puissante dont le Vrai Libéral, le Courrier de la Meuse et le Courrier des Pays-Bas se firent les organes, tandis que le National et le Courrier universel soutenaient le gouvernement. En 1830, fut fondé le Moniteur belge, journal officiel. L'Indépendant, le Courrier belge, l'Observateur et le Journal d'Anvers sont aujourd'hui les journaux belges les plus répandus.

ville un peu considérable et qui ne se lisent que dans leur province; mais on ne saurait passer sous silence la Gazette générale d'Augsbourg, à laquelle, au mot AUGSBOURG, nous avons même consacré un article spécial. Fondée en 1793, et transférée à Augsbourg en 1803, elle est la plus répandue et la plus importante de toutes les gazettes allemandes. Sans couleur politique, si ce n'est par rapport à la nationalité allemande (qu'elle soutient depuis 1840, non sans passion), elle accepte des articles de toutes mains et, plus d'une fois déjà, elle a servi d'organe à divers gouvernements étrangers. Sa correspondance est active et bien servie; ses suppléments littéraires sont souvent d'un haut intérêt. C'est sans contredit le journal le plus minutieusement complet, et sans doute aussi le plus véridique qui existe. Depuis 1837, la Gazette universelle de Leipzig, fondée par la maison Brockhaus, lui fait concurrence, mais sans se placer encore tout-à-fait à la même hauteur. Une vieille Gazette de Leipzig, fondée pendant la guerre de Trente-Ans, s'est obscurément soutenue jusqu'à nos jours. Le Correspondant de Nuremberg a perdu ses allures indépendantes. La Gazette de Baireuth, autrefois le journal le plus répandu de l'Allemagne, compte à peine aujourd'hui autant d'abonnés que la Gazette politique de Munich, le Mercure de Franconie ou la Gazette de Spire, etc. Le Mercure de Souabe, publié à Stuttgart, est au contraire beaucoup lu, ainsi que le Journal de la Haute-Allemagne, qui, fondé en 1841, soutient contre la France la nationalité allemande et l'intégrité du territoire. Autrefois le Courrier allemand se distinguait par sa tendance libérale. Enfin nous indiquerons encore le Börsenhalle de Hambourg, recherché des négo-cielle Post-och Inrikes Tidning est rédiciants, et le Journal francais de Francfort qui, défenseur de la légitimité, est souvent l'organe des puissances du Nord. Les gazettes hollandaises avaient jadis une importance qu'elles ont presque entièrement perdue depuis que la liberté de la presse a été établie en France, et que l'Angleterre a supplanté la Hollande dans le commerce du monde. Elles ne

|

Depuis quelques années, le nombre des gazettes a beaucoup augmenté en Suisse. A l'exception d'Uri et d'Unterwald, il n'y a pas de canton qui n'en ait au moins une, en français, en allemand ou en italien. Parmi les feuilles publiées en allemand, on doit citer le Journal d'Aarau, le Messager suisse, la Gazette de Berne, la Nouvelle gazette de Zurich. Le Courrier suisse et la Gazette du Tessin se publient en italien; la Gazette de Lausanne et le Nouvelliste vaudois, en français. La Gazette d'Appenzell, le Républicain suisse, l'Helvétie et la Sentinelle sont les organes du parti démocratique. Le Messager des villes forestières et la Gazette de Bále soutiennent l'aristocratie. Le Fédéral de Genève et le Conteur de Saint-Galles représentent le tiers-parti.

La Suède a, proportionnellement à la population, plus de journaux que la France. Il en paraissait 87 en 1840. Chaque grande ville a le sien. La gazette offi

gée par l'Académie. L'Aftonblad, ainsi que la Freya, héritière de l'Argus, se distingue par la vivacité de son opposition et la liberté de son langage. C'est un grand journal qui a, dit-on, 5,000 abonnés. Le journal ministériel, le Fädernesland, est beaucoup moins lu. La Svenska Minerva et la Svenska Biet mériteraient de l'être davantage. Enfin,

le Daglight Allehanda mérite encore d'être cité.

En 1835, on comptait en Danemark 80 journaux, dont 7 seulement en langue danoise; mais dans ce nombre les recueils littéraires paraissent compris. La Russie, malgré son immense étendue, n'a que 38 journaux politiques publiés en 12 langues différentes, et ne paraissant pour la plupart que deux fois par semaine. Dans ce nombre, il est vrai, ne sont pas comptés les 5 journaux de la Finlande. Le Journal de Saint-Pétersbourg, journal de la cour et du gouvernement, est rédigé en français; l'Abeille du Nord, fondée par M. Gretsch (voy.), l'est en russe, ainsi que la Gazette de Moscou, journal recherché pour les annonces, et qui a, diton, près de 9,000 abonnés; enfin la Gazette de Saint-Pétersbourg, que publie l'Académie des Sciences, et la Gazette du commerce, le sont à la fois en russe et en allemand. Nous mentionnerons encore le Journal d'Odessa, rédigé en français, la Gazette de Tiflis et celle de Mitau.

Avant 1830, la Pologne possédait 37 journaux qui se publiaient presque tous à Varsovie. Le nombre s'en accrut encore pendant la révolution, mais il a beaucoup diminué depuis la victoire des Russes, et n'était plus que de 15 en 1840. Parmi ceux qui existent encore, on peut citer le Dziennik Powszalski, la Gazetta Codzienna krajowa i obka, le Courrier de Varsovie et la Gazette de Cracovie, quelque faible intérêt qu'ils offrent d'ailleurs.

|

par

la loi qui les assujettit à un cautionnement. Depuis 1834, le Sauveur soutient le gouvernement, dont il est soutenu de son côté, et la Minerve est l'organe de l'Opposition.

Aujourd'hui l'empire othoman a aussi ses journaux. Indépendamment du Journal et de l'Impartial de Smyrne, rédigés en français, il y parait le Moniteur ottoman, journal turc officiel, mais qu'on traduit aussi en français. Son vrai titre est Takwimi Wakayi. Quelques provinces, qui jouissent maintenant d'une ombre d'indépendance, ont d'ailleurs aussi leur feuille politique, par exemple le Journal de la Servie.

Si, pour examiner l'état de la littérature périodique dans les autres parties du monde, nous nous transportons maintenant à l'autre extrémité de l'Asie, nous trouvons en Chine un journal véritable, le Knig-Pao, vraisemblablement le plus ancien de tous ceux qui existent; journal qui sans doute ne ressemble aux nôtres ni pour le contenu, ni pour la forme, mais qui répond aux besoins de ses lecteurs. Purement officiel, il publie chaque jour les pétitions adressées à l'empereur, les réponses qui y ont été faites, les ordonnances impériales, les événements remarquables. Les abonnés de la capitale le reçoivent régulièrement chaque jour, mais il n'arrive que de temps en temps à ceux des provinces. D'autres feuilles chinoises, également officielles, sont connues en Europe sous les titres de Gazette de Peking, Gazette de Canton, etc.

On ne peut guère donner le nom de journal à un petit cahier composé de feuilles de quelques pouces de long sur deux pouces de large, que le gouvernement persan fait publier à des époques indéterminées; mais les publications pé

La Hongrie a plusieurs journaux rédigés soit en allemand, soit en magyare, soit en slavon. Nous citerons le Jelenkor (le Temps présent), le Hirnök (le Hérault), et la Gazette de Bude. La Gazette d'Agram appartient à l'Illyrie, et nous avons cité, à l'article consacré à la langue illy-riodiques qui se font dans l'Inde anglaise rienne, la Gazette nationale illyrienne, journal qui s'adresse à tous les Slaves et qui se publie aussi à Agram. Mais les pays slaves ou magyares ne jouissent pas d'une indépendance politique assez grande pour que la presse périodique s'y trouve dans un état florissant.

[merged small][ocr errors]

méritent ce titre à tous égards. En 1830, le nombre de ces publications, presque toutes en langue hindoue, s'élevait à 33. Les plus renommées sont le Sumbad Caumudi et le Bungo Dut qui se distinguent par leurs opinions libérales. Le Sunatchar Tehundrika est beaucoup moins estimé, à cause de ses préjugés religieux et du ton passionné de sa polémique.

On voit que la littérature périodique,

30

en Asie, n'a pas une bien grande importance. Elle en a moins encore en Afrique. Depuis 1828, Méhémet-Ali a fondé au Caire un journal intitulé Événements de l'Egypte, qui se publie, en langue arabe, deux ou trois fois par semaine, et qui ne contient guère que des extraits des feuilles françaises et des annonces. Un an auparavant, des Français avaient établi à Tripoli l'Investigateur africain. Depuis la conquête, Alger a un Moniteur algérien. Si à ces trois journaux, on ajoute le South african commercial advertiser, qui se publie au Cap depuis 1824, et le Conteur, écrit en langue caffre, et qui depuis 1838 paraît une fois par mois, on aura, sauf omission, un état complet des journaux paraissant en Afrique.

Les États-Unis sont de tous les pays celui où le journalisme est le plus productif; on peut dire qu'il est la partie la plus essentielle de la littérature anglo-américaine. La première gazette des États-Unis fut publiée à Boston en 1704. En 1775, il n'y en avait encore que 37; on en compte aujourd'hui plus de 1,200, dont 50 quotidiens, 550 hebdomadaires, et les autres paraissant deux ou trois fois par semaine. En tenant compte de toute la presse périodique, on a trouvé, pour l'année 1840, 1,500 journaux ou recueils paraissant en anglais, et 70 en allemand; il y faut ajouter un petit nombre d'autres écrits en français et dans d'autres langues. On estime à 60 millions le nombre des numéros imprimés chaque année. Les journaux ne sont soumis à aucun droit de timbre, et comme les frais de poste sont très modiques, le prix en est modéré. En général, ils s'occupent peu de discussions politiques, quoique, le cas échéant, ils sachent soutenir énergiquement leur parti. Anglais, Irlandais, Allemands, Français, les Noirs mêmes et les Indiens ont leurs gazettes. Celle des Noirs se publie à New-York, l'une des villes où la presse périodique est le plus active, sous le titre de Rights of all, et celle des Indiens à New-Echota (Géorgie), sous celui de Cherokee Phoenix, depuis le 21 février 1828.

Dans le Canada et les autres colonies anglaises de l'Amérique du Nord, le nombre des journaux a considérablement

[ocr errors]

augmenté depuis 1829, année où lord Bentinck a supprimé les entraves qui avaient été opposées à la presse. Leur nombre s'élève aujourd'hui à 44; quelques-uns de ces journaux sont en français.

Les républiques de l'Amérique du Sud et le Brésil sont plus avancés sous le rapport de la littérature périodique que l'Espagne et le Portugal. Il est vrai que leurs journaux sont si mal rédigés qu'on peut à peine les lire, à l'exception du Mercure du Chili. Le prix en est fort élevé, ainsi que dans l'ile de Cuba, où il s'en publie dix.

Il n'y a pas jusqu'à l'Australie qui n'ait ses journaux, comme, par exemple, le Sidney Monitor. On en compte 8 dans la seule terre de Van Diemen, et 29 dans la Nouvelle-Galles méridionale.

Les journaux marquent une ère nouvelle dans la littérature et dans la civilisation. Ils facilitent la circulation des idées et créent en quelque sorte un niveau de culture auquel tous les pays s'élèvent plus ou moins complétement. Ils remplacent jusqu'à un certain point la vie de la place publique, et associent au gouvernement la multitude que la loi en exclut, mais qui, par leur moyen, prend part à la constitution de l'opinion publique. Les journaux sont, pour ainsi dire, la petite monnaie des livres qu'ils contribuent à faire négliger, d'abord par l'intérêt plus actuel qui leur est propre et que les livres ont rarement, et ensuite par le temps que leur lecture réclame déjà tous les jours; mais d'un autre côté ils contribuent aussi à augmenter le nombre des lecteurs de ces mêmes livres, en répandant le goût des occupations intellectuelles et les notions premières qui font naître le désir de s'en procurer d'autres, et de plus solides. Ce sont les journaux que l'on veut désigner en parlant de la presse et de sa puissance. En France, l'influence de la presse périodique est telle qu'on l'a appelée le quatrième pouvoir, venant après le roi et les deux chambres. La révolution de Juillet (voy.) a été préparée par elle, et ce fut elle aussi qui la commença, de même que ce fut contre elle que les ordonnances de juillet avaient été surtout dirigées.

L'article JOURNALISME sera consacré à apprécier la nature de l'influence des

nients.

chanson du chevalier de Boufflers, où une petite princesse d'Allemagne était ridiculisée. On jugea du moins à propos de donner un mentor à la feuille audacieuse ce fut l'académicien Suard, déjà censeur royal, qui, pour la sauver, voulut bien accepter un traitement dont elle dut faire les frais, plus un honnête intérê dans les bénéfices.

journaux, ses avantages et ses inconvéJ. H. S. JOURNAL, v. LIVRES DE COMMERCE. JOURNAL DE PARIS. Il est, non pas le plus ancien des journaux de France (car la Gazette de France, le Mercure et quelques autres lui contesteraient à bon droit cette priorité), mais du moins le premier et le plus ancien des journaux quotidiens. Le privilége en fut accordé, à la fin de 1776, pour l'exploiter en commun, à Dussieux, homme de lettres, Corancez, imprimeur, Cadet, célèbre pharmacien, et Romilly. Le premier numéro parut le 1er janvier 1777.

Quoique la nouvelle feuille dût rester étrangère à toute question politique, et ne pût même, par respect pour le privilége de la Gazette, son aînée, publier les noms des personnes qui avaient eu l'honneur de monter dans les carrosses du roi, etc., etc., son apparition journalière fut une agréable innovation pour la classe aisée de la capitale. Elle lui faisait connaitre, chaque matin, la publication des livres nouveaux, les faits intéressant les sciences et les arts; elle lui donnait le programme des spectacles du jour, l'analyse des nouveautés dramatiques, le tout sans compter une foule d'autres petits articles qui n'étaient pas moins curieux pour une nombreuse classe d'amateurs, tels que les prix des marchés, la hauteur de la rivière et du baromètre, etc. Aussi la spéculation fut-elle des plus lucratives pour les quatre associés. Chaque année, ils eurent plus de 100,000 livres de bénéfices à se partager, et cela sans frais considérables... même d'esprit dans la rédaction. Ce fut l'àge d'or du Journal de Paris.

Plus tard, cependant, ce journal colora son innocence primitive de quelques teintes de malice. Diverses questions littéraires ou musicales lui fournirent des textes féconds de polémique. On sait que Monsieur, depuis Louis XVIII, ne dédaigna pas de contribuer aussi aux succès du journal par quelques articles sur de prétendues découvertes, où il se joua plus d'une fois de la crédulité parisienne.

Cette prospérité du Journal de Paris ne fut pas cependant sans quelques nuages. En 1785, entre autres, il faillit être supprimé pour avoir inséré une jolie

La révolution de 1789 amena de nombreuses concurrences pour cette feuille quotidienne, jusque-là unique en France. Toutefois, elle soutint la lutte avec succès, et suivit une honorable ligne politique, grâce au talent et au courage de ses principaux rédacteurs de cette époque, André Chénier et Régnauld de Saint-Jeand'Angely. Le 10 août et la Terreur vinrent les proscrire, au lieu de leur répondre.

Sous l'empire, le Journal de Paris devint la propriété de deux hommes d'état auxquels la littérature n'était point étrangère, Maret et Ræderer. Quelques autres feuilles y furent réunies, particulièrement le fameux Journal du soir des frères Chaigneau. Plusieurs littérateurs estimés, tels que l'abbé Lécuy, Sévelinges, Fabien Pillet, etc., en furent les rédacteurs habituels. Passé ensuite entre les mains d'une société d'actionnaires, on a vu successivement défiler dans les rangs de ses écrivains un assez grand nombre de gens de lettres, Colnet, Salgues, Martainville, MM. Viennet, Lingay, Aubert de Vitry, Guillois, Ourry, etc., jusqu'au moment où M. de Villèle, l'inventeur de l'amortissement des journaux, s'en rendit acquéreur pour le supprimer.

La révolution de 1830 opéra néanmoins sa résurrection: il reparut sous le titre de Journal de Paris et des Départements. Dirigé quelque temps par M. Léon Pillet, il subit depuis plusieurs changements de propriété et, par suite, d'opinion, avant d'aboutir à une seconde mort qui, vu sa fusion dans une autre feuille, paraît lui laisser peu d'espoir d'une résurrection nouvelle. M. O.

JOURNAL DES DÉBATS, voy.

DÉBATS.

JOURNAL DES SAVANTS, voy. SAVANTS.

JOURNALISME, mot qu'on ne trou

[merged small][ocr errors]

moyens de communication de plus en plus rapides, le journal est une chaire élevée dont l'auditoire est partout, dans les cercles les plus brillants comme dans les plus humbles tavernes ; il va trouver le riche au sein de sa demeure somptueuse, et le pauvre dans sa modeste retraite; il met en contact les populations les plus éloignées, il transmet aux extrémités du monde le résultat des méditations des sages; ce qui se passe sur un point du globe devient aussitôt commun à tous les autres points de sa surface. Aussi quel mouvement, quelle vie il entretient dans le corps social! C'est la puissance des chemins de fer appliquée à la pensée.

Le journalisme est une puissance nouvelle; c'est le régime représentatif qui l'a mis au monde. Organe de l'opinion, de cette puissance redoutable qui aspire à se constituer sous les gouvernements libres, le journalisme doit son ascendant immense à la publicité dont il dispose. Révéler les besoins du pays, proclamer les vérités nouvelles, dénoncer les abus, empêcher le gouvernement de faire fausse route, quelle grande et belle mission! Quel rôle glorieux est réservé à celui qui saura la comprendre! Le journalisme n'a pu naître et vivre que sous un régime de liberté, où le droit de penser tout ce que l'on veut et de dire tout ce que l'on pense appartient à chaque citoyen. En France, il a été définitivement émancipé le jour où furent écrits dans la Charte ces mots : « La censure ne sera pas rétablie. » Cette dé- | claration des droits de la pensée, qu'estce autre chose que l'avènement de l'opi-tifier dans les cœurs le sentiment du beau nion publique par le journalisme?

L'enseignement que dispense le journal doit-il se réduire à préparer notre éducation politique? Sans parler ici de l'importance littéraire conquise par la presse périodique en d'autres temps (car de nos jours elle est bien déchue sous ce rapport), il y a en nous d'autres besoins à satisfaire : notre nature morale réclame aussi sa culture. Que la presse montre sa sollicitude pour épurer les mœurs, pour raffermir les nobles croyances, pour for

et de l'honnête, alors ses leçons pourront vraiment fructifier. Cette classe moyenne à laquelle elle s'adresse, se compose en grande partie de ceux qui n'iraient pas chercher ailleurs une instruction qui leur est pourtant bien nécessaire. Si donc le journal s'attachait à ne répandre que des idées saines, à laisser dans les âmes des impressions salutaires, à moraliser ces populations dont la vie spirituelle est par trop abandonnée, le bien qu'il produirait alors ferait bénir partout son heureuse influence. Que le journaliste s'essaie à cet art que Franklin pratiqua avec tant de succès, de populariser les vérités utiles, de présenter les conseils de la morale pratique sous des formes attrayantes et accessibles au grand nombre, de transformer en petite monnaie à l'usage de la foule les labeurs que le savant ou le penseur

Dans toute conquête récente, il est difficile de se préserver de l'abus: l'exercice de ce droit nouveau n'a donc pas été exempt d'excès; on en a usé sans règle et sans mesure. Écho de la tribune politique, le journalisme la contrôle, et souvent avec amertume; mêlé à tous les mouvements de la vie constitutionnelle, il en est un des ressorts les plus actifs, et quelquefois aussi les plus désordonnés. Son action a été d'abord toute critique. Jusqu'ici, la presse périodique n'a existé que dans des intérêts de partis : il faut l'organiser dans l'intérêt social. C'est une arme offensive, dont on n'a usé que pour l'attaque: il faut en faire une force gouvernementale, c'est-à-dire un enseigne ment public, un moyen d'éducation constitutionnelle. Que le journalisme doive être aujour-solitaire enfante au fond de son cabinet ! d'hui un enseignement public, c'est ce qui ne paraît pas encore suffisamment compris par la presse. Quand on veut diriger l'opinion, il faut d'abord l'éclairer. Grâce à la prompte circulation qu'établissent des

Peut-on user avec trop de discrétion de cette puissance redoutable, qui se charge de penser pour la multitude et de lui fournir une opinion toute faite sur les questions du jour? Que l'on songe aux

« PreviousContinue »