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ses condisciples le cours de philosophie | pêcha d'occuper sa chaire du Collège de que M. Thurot professait à la Faculté. Il France, et il s'en démit en 1837. La fut reçu agrégé dans les premiers mois de même année, il fut nommé professeur 1817; M. Royer-Collard, alors président titulaire à la Faculté, en remplacement de la commission de l'instruction publi- de La Romiguière (voy.). Sa santé le que, le nomma en même temps maître força encore d'interrompre son cours, et de conférences à l'École normale et sup- enfin lorsque M. Cousin fut appelé au pléant à la chaire de philosophie du ministère de l'instruction publique, il collége Bourbon. M. Jouffroy occupa ces désigna M. Jouffroy (1840) pour le remdeux places jusqu'en 1821, où la faiblesse placer dans le Conseil royal de l'Unide sa santé le força de résigner la sup- versité. pléance, et, en 1822, la suppression de l'École normale lui fit perdre l'autre place. En butte, dès ce moment, aux défiances du pouvoir, M. Jouffroy ouvrit chez lui des cours particuliers, qui ¦ furent très suivis, et d'où sortit le premier noyau des rédacteurs du Globe. Toutes les branches de la philosophie, la psychologie, la morale, l'æsthétique, la philosophie de l'histoire, fixèrent successivement l'attention du jeune professeur, et sur tous ces points essentiels, il établit avec netteté les bases de sa doctrine. En 1824, M. Jouffroy fonda, de concert avec MM. Dubois | et Damiron, le journal le Globe, qui comptait en outre, parmi ses rédacteurs, MM. Duchâtel, Vitet, Ch. de Rémusat, Magnin, Sainte-Beuve, etc. M. Jouffroy publia dans ce journal de nombreux articles sur divers sujets de philosophie, d'histoire et de littérature, jusqu'au mois d'août 1830, où le Globe devint l'organe des idées saint-simoniennes. Au mois de janvier 1829, M. Jouffroy était rentré dans l'enseignement; il avait été appelé à la Faculté des lettres de Paris comme suppléant de M. Milon, professeur d'histoire de la philosophie ancienne. Après la révolution de 1830, M. Cousin ayant succédé à M. Milon, M. Jouffroy succéda lui-même à son premier maître, en qualité d'adjoint de M. Royer-Collard dans la chaire d'histoire de la philosophie moderne. A la même époque, M. Jouffroy fut réintégré dans ses anciennes fonctions de professeur de philosophie à l'École normale. En 1832, le collége de France le présenta pour remplacer Thurot, et en 1833, l'Institut (Académie des Sciences morales et politiques) l'appela dans son sein. Un voyage en Italie (1835) devait raffermir la santé altérée de M. Jouffroy; mais après son retour encore, elle l'em- I

Encyclop, d. G. d. M. Tome XV.

M. Jouffroy avait été, en 1831, élu député de Pontarlier (Doubs), et il n'a pas cessé, depuis cette époque, de représenter cet arrondissement dans la Chambre, à la tribune de laquelle il apporta des opinions fermes, bien étudiées et rendues avec une netteté remarquable. Ses discours ont plus d'une fois excité l'attention publique. On se rappelle que, nommé rapporteur du projet de loi qui ouvrait un crédit de 10 millions destinés à augmenter les forces maritimes de la France dans le Levant (juin 1839), il exposa avec non moins de vigueur que de clarté la politique qu'elle devait suivre dans cette question, en déclarant pour elle que, quoi qu'il arrivât en Orient, la France n'admettrait pas qu'il pût en résulter pour personne une cause d'agrandissement. Après la fin déplorable de cette affaire, et presque à l'ouverture de la session de 1841, nommé rapporteur du projet de loi sur les fonds secrets que demandait le nouveau ministère du 29 octobre 1840 (voy. SoULT et Guizor), il engagea la Chambre à donner sa confiance à ce ministère, en blåmant la politique au dedans comme au dehors de celui du 1er mars (voy. THIERS). En même temps, il proclama la nécessité d'une majorité compacte dans la Chambre et d'une répression sévère des délits politiques dans la société, et recommanda le maintien de la législation de septembre, aussi bien que celui de la législation électorale. Ces deux rapports, développés ensuite dans de lumineux discours, firent une vive impression sur la Chambre; ils mirent l'orateur aux prises avec les partis, et lui concilièrent en revanche de nombreux suffrages dans le public éclairé.

Indépendamment de ces travaux parlementaires, on doit à M. Jouffroy une

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histoire de la révolution grecque (1835). Notre Encyclopédie lui doit les articles des philosophes ioniens: ANAXAGORE, ANAXIMANDRE, ANAXIMÈNE, ARCHÉLAUS, DIOGÈNE d'APOLLONIE et HERACLITE.

La philosophie écossaise a été sa plus vive préoccupation, et l'objet des plus importants travaux de M. Jouffroy. Par les qualités et la tournure particulière de son talent, il offre plus d'un lien de parenté avec le chef de cette école, Thomas Reid. Chez tous deux on retrouve ce tact sûr, cette étendue de coup d'œil, cette intime pénétration des objets, qui les embrasse, les analyse et les éclaire jusqu'à leurs éléments les plus obscurs et les plus fugitifs. Mais M. Jouffroy n'a pas été simplement le continuateur, l'interprète docile de Reid et de Dugald-Stewart. Dans sa préface aux œuvres de ses deux prédécesseurs, en même temps qu'il éclaire et rend sensibles à tous les yeux les traits caractéristiques de la phi

série de publications dont nous devons faire connaître au moins les principales. D'abord parurent les Esquisses de philosophie morale, par Dugald-Stewart, qu'il avait traduites à l'École normale et qu'il fit précéder d'une introduction remarquable (Paris, 1826, in-8°; 3° édit., 1841). Elles furent suivies, en 1828, des CEuvres complètes de Reid: à la traduction des divers ouvrages du philosophe écossais, étaient joints des extraits des leçons professées par M. Royer-Collard sur les mêmes sujets, et le 6e volume, qui parut en 1836 et acheva cette publication, contient une préface aux œuvres de Reid, par M. Jouffroy, des notices biographiques sur les différents philosophes de l'école écossaise, et la traduction de la vie de Reid par Dugald-Stewart. Ses Mélanges philosophiques (Paris, 1833, in-8°; 2e édit., 1838) renferment les articles les plus importants que M. Jouffroy publia sous la Restauration, soit dans le Globe, soit en divers re-losophie écossaise, il en démêle les imcueils périodiques ou encyclopédiques, perfections, en découvre les lacunes, et et la première leçon de son cours sur la s'efforce de les combler. C'est ainsi qu'il destinée humaine. Les leçons professées à fixe le sens de ses définitions encore vala Sorbonne par M. Jouffroy, recueillies gues, qu'il limite avec précision l'objet de par des sténographes, ont été mises en la psychologie, et énumère le nombre des ordre et publiées par lui sous le titre de sciences dont elle renferme et doit donner Cours de droit naturel (Paris, 1834- la solution. C'est dans ce travail d'orga35, 2 vol. in-8°). Ces deux premiers nisation de la psychologie et des sciences volumes contiennent les prolégomènes du qui lui sont subordonnées, que condroit naturel; le troisième, qui est an- siste l'œuvre originale de M. Jouffroy. En noncé, donnera le système de morale classant tous les phénomènes de la nature propre à l'auteur. Dans cet ouvrage, d'a- humaine sous trois chefs distincts, psyprès lequel M. Jouffroy doit principale- |chologiques, physiologiques et mixtes, ment être jugé comme philosophe, il M. Jouffroy a, par cela même, établi établit l'existence d'une loi morale et son quels sont ceux qui relèvent de la psyprincipe, en définit les diverses appli- chologie ou de la physiologie, ou de toutes cations, et passe en revue les systèmes deux à la fois; et conséquemment quelle mystique, panthéiste, égoïste, sentimental, est la compétence relative de chacune de qui ont nié la loi morale, ainsi que les ces deux sciences. Ainsi se trouve rensystèmes rationnels qui ne l'ont pas en- versée l'opinion de Cabanis (voy.) et de visagée sous son vrai point de vue. Enfin l'école matérialiste, qui, voyant dans la M. Jouffroy a écrit sur diverses questions matière tout l'homme, refusait d'y de politique extérieure. Ses articles sur reconnaître un principe un et spirituel, les États-Unis d'Amérique dans la Re- indépendant des opérations matérielles. que des Deux-Mondes (1832); de la po- Car s'il existe, et c'est ce que M. Jouffroy litique de la France en Afrique (1838), a démontré jusqu'à l'évidence, s'il existe méritent encore de fixer l'attention. Nom- en nous des phénomènes que la phymons ensuite son Mémoire sur la dis-siologie ne peut atteindre et dont elle ne tinction de la psychologie et de la phy-saurait rendre compte, ces phénomènes siologie (id.), et ses Fragments d'une sont évidemment d'une autre nature et

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compris qu'une des faces de la question, entrevu et défini qu'un des côtés de la vérité. Et c'est pourquoi le sens commun, qui a vaguement la conscience de tous les éléments du vrai, n'a répudié aucune de ses croyances, et a repoussé également les prétentions exclusives de toutes les philosophies. Aujourd'hui donc, prenant pour base ces croyances du sens commun, vraies puisqu'elles ont leur principe dans la conscience, la philosophie doit les comprendre, les pénétrer toutes, pour obtenir la pleine manifestation de la vérité. Aux résultats de l'observation directe elle peut joindre, pour arriver plus rapidement à son but, l'étude de l'histoire des philosophies sur les points spéciaux qui les ont successivement occupées. La psychologie une fois faite, la science de l'esprit humain sera constituée, puisque toutes les questions qui se rattachent à la nature spirituelle de l'homme y trouveront leur solution logique et définitive.

procèdent d'un autre principe que les | Seulement chacune n'a, jusqu'à ce jour, phénomènes matériels. C'est en partant de cette donnée, que M. Jouffroy explique et réfute les causes de la double erreur qui entraîna les matérialistes et les spiritualistes exclusifs à nier finalement, ceux-ci l'existence de l'âme, et ceux-là l'existence de la matière. Les uns et les autres n'avaient étudié qu'un ordre de phénomènes, n'avaient interrogé qu'une face de la réalité phénoménale; et de cette considération exclusive, incomplète, ils ont déduit un système de vues et d'idées philosophiques faux et incomplet comme elle. Tout au contraire, M. Jouffroy, d'accord en cela avec le sens commun, reconnaît expressément dans l'homme deux natures de phénomènes, les uns physiologiques et qui tombent sous les sens, les autres psychologiques dont nous avons conscience, et dont le psychologue doit se proposer l'étude et la constante observation. M. Jouffroy, de même que les philosophes écossais, pense que la seule base possible, incontestable, de la philosophie, réside dans la psychologie, c'est-à-dire dans l'étude approfondie des phénomènes de conscience. Or, pour les connaître, il faut les observer. Il faut enfin substituer aux conceptions à priori, aux vaines méthodes de l'hypothèse et de l'analogie, qui n'ont produit que des systèmes, la méthode de l'observation dont les sciences physiques se sont emparées, et qui leur a fait faire, depuis Bacon, de si rapides progrès. C'est par l'emploi de la même méthode que la science philosophique, comme les sciences physiques, pourra enfin se constituer, et arriver à des résultats également sûrs, également incontestables. M. Jouffroy ne se dissimule pas les périls, les nombreux obstacles de ce mode d'observation; mais il ne les croit pas insurmontables aux expériences patientes, minutieuses, réitérées du psychologue. D'ailleurs, l'histoire de la philosophie peut être, à son avis, d'un merveilleux secours pour les progrès et la sûreté de la science psychologique. Car, dit-il (et en cela consiste l'éclectisme particulier de M. Jouffroy, parfaitement défini dans son article intitulé: De la philosophie et du sens commun), aucune philosophie ne s'est totalement trompée.

Telles sont les principales idées, qu'à' la suite des philosophes écossais, M. Jouffroy a de nouveau posées et plus précisément formulées. C'est en les appliquant qu'il nous a donné de précieuses analyses psychologiques sur les facultés de l'âme, sur l'amour, sur l'amitié et l'amour de soi, le sommeil, etc. En procédant du point de vue psychologique, M. Jouffroy a examiné aussi différentes questions de morale et d'æsthétique, et tracé les règles de la philosophie de l'histoire. Malheureusement ses leçons sur le beau n'ont pas été recueillies; et en morale, comme nous l'avons dit plus baut, les idées de M. Jouffroy attendent encore leur complément. AL. D-1.

JOUG (du latin jugum, dérivant du grec Cuyov, plus tard vyòs). C'est une pièce de bois avec laquelle on attelle les bœufs à la charrue ou aux voitures (voy. ATTELAGE); elle passe au-dessus de leur front et s'attache à leurs cornes.

Dans l'histoire, le mot joug a une signification différente.

Al'exemple des anciens peuples italiens, les Romains faisaient passer sous le joug, c'est-à-dire sous une espèce de porte basse, formée de deux piques fichées en terre et jointes par une troisième qui les surmon

tait horizontalement, les ennemis qu'ils avaient vaincus à la guerre. Eux-mêmes avaient été soumis à cette cérémonie ignominieuse dans la guerre des Samnites, aux Fourches Caudines (voy. CAUDIUM). Des jugements criminels appliquaient aussi la même flétrissure: dans ce cas, celui qui était condamné à cette humiliation devait passer sous deux poteaux surmontés d'une espèce de linteau.

Le mot joug, emprunté au harnais des bœufs, est passé dans le langage figuré, pour désigner une certaine servitude. Z.

dans le camp russe. De retour dans le monde paisible de l'étude et de l'imagination, M. Joukofskii devint membre de l'Académie impériale Russe (qu'il ne faut pas confondre avec l'Académie impériale des Sciences), puis conseiller de cour et lecteur de l'impératrice; les honneurs, en allant le chercher dans sa retraite, n'altéraient rien de la simplicité affectueuse de son caractère, ne diminuaient rien de son ardeur pour le travail. Les ballades de M. Joukofskii, en grande partie originales, en partie traduites des meilleurs lyriques allemands, portent l'empreinte d'un goût très vif pour les beautés étincelantes de l'école romantique; mais il y unit un respect délicat pour toutes les croyances générales et consolantes qui forment le meilleur patrimoine de l'humanité.

Goethe, Schiller et Hebel (voy.) sont les auteurs favoris de M. Joukofskii; sa traduction de la tragédie Die Jungfrau von Orleans a, dans la langue russe, le mérite que les Anglais admirent dans la version de Wallenstein, par Coleridge. Le mètre employé par M. Joukofskii daus la composition de ce drame est plus vil, plus simple, mieux approprié au dialogue, que les vers alexandrins précédemment usités en Russie, à l'exemple de la poésie française, pour les pièces de théâtre du genre héroïque et même pour la haute comédie. M. Joukofskii tient aussi, comme auteur élégiaque, un rang distingué parmi les écrivains de notre temps. En 1816, ses OEuvres poétiques formaient déjà 4 vol. qui ont été réimprimés en 1824.

JOUKOFSKII (VASSILII-ANDRÉIEVITCH), poëte russe d'un talent remarquable, est né à Toula, en 1783. Après avoir reçu, au collège des nobles dépendant de l'université de Moscou, une bonne éducation classique, il alla s'établir à Saint-Pétersbourg, et ne tarda pas à y prendre un rang distingué dans un cercle d'hommes de lettres qu'une longue communauté d'efforts pour la gloire poétique de leur patrie unissait dès lors. La Russie doit beaucoup à ces hommes qui se sont appliqués à la faire participer aux trésors de l'intelligence acquis par les autres nations, en lui apprenant en même temps à connaître les richesses de son propre fonds, à les développer par une culture soutenue, à garder l'énergie native et la féconde souplesse de son caractère particulier, à choisir avec discernement entre les modèles étrangers, et à se montrer, en imitant, capable de créer à son tour. Avant de s'adonner presque exclusivement à la poésie, M. Joukofskii avait | traité, en prose, un assez grand nombre de sujets. Dans sa traduction de Don Quichotte, il est clair, piquant, animé; dans ses Nouvelles et ses morceaux de critique, il réunit beaucoup d'exactitude dans les idées à un pathétique na-l'Étoile polaire (Sévernaïa Zviez-la) des turel et vrai. Il servit comme volontaire dans la mémorable campagne de 1812. Les Odes patriotiques que lui inspirèrent les grands événements de cette lutte qui a décidé du sort de la Russie et changé la face de l'Europe, produisirent une impression extraordinaire dans toutes les classes de la société russe, et contribuèrent au mouvement national qu'elles célébraient. Ces poésies ont été rassemblées dans un volume intitulé: Le chantre

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Depuis cette dernière époque, la sphère de M. Joukofskii s'est considérablement agrandie, mais ne l'a pas empêché de fournir au recueil périodique intitulé

compositions lyriques d'un grand prix. Nommé conseiller d'état, et plus tard conseiller privé, il a été chargé d'une part importante dans l'éducation du grand-duc Alexandre Nicolaïévitch, héritier présomptif du trône de Russie. Dans cette position, M. Joukofskii a pu mettre au service de l'avenir les résultats de ses méditations et les élans d'un cœur ferme autant que généreux. On trouve l'expression de ces qualités dans le mor

les minutes en 60 secondes, etc. Malgré quelques essais, le système décimal attend encore son application dans la mesure du temps.

ceau intitulé: Souvenirs de l'inaugura- | se divisé généralement en 24 heures égation de la colonne d'Alexandre. Le | les entre elles, les heures en 60 minutes, style de cette composition est noble et brillant. La traduction en vers russes de l'Ondine, du baron de Lamotte-Fouqué, est le dernier, et peut-être le plus gracieux des ouvrages de M. Joukofskii, qui, au milieu du fracas des événements et du mouvement des cours, a su nourrir en lui les idées spiritualistes, et trouver toujours, sur les cordes de sa lyre, des sons purs et harmonieux imprégnés de cette mélancolie naturelle à l'homme qui, ange déchu, n'oublie pas sa céleste origine. C. DE C-C-T.

JOUR (du latin jubur, éclat lumineux des astres, ou plutôt de dies, diurnum, dont les Italiens avaient fait giorno), voy. ANNÉE, CALENDRIER et Chronologie. On appelle jour naturel le temps pendant lequel le soleil achève sa révolution complète d'orient en occident, ou le temps écoulé entre deux midis consécutifs, c'est à-dire le temps qu'il faut au soleil pour reparaître au même méridien. Quelques peuples, comme les Assyriens et les Juifs, ont pris le commencement du jour naturel au lever du soleil; d'autres l'ont pris au coucher, comme en Bohême, en Italie, etc.; plus généralement, comme en France et dans presque tous les états européens, le jour commence à minuit, et l'intervalle compris entre deux minuits consécutifs forme le jour civil. Les astronomes et les navigateurs préfèrent commencer le jour à midi, parce que le passage du soleil au méridien est un phénomène facile à observer : c'est là le jour astronomique ou jour vrai. Comme la terre ne met pas toujours le même temps à parcourir les différents arcs de son orbite, par suite de perturbations qui résultent de sa distance au soleil, de l'obliquité de l'écliptique et des attractions des corps du système solaire, il s'ensuit que le jour vrai varie beaucoup dans une année; c'est pourquoi les astronomes ont pris le temps que la terre met à parcourir son orbite entière (l'année) pour le diviser en jour moyen, qui est toujours d'égale durée : c'est ce jour que doivent marquer les horloges bien réglées; c'est lui qui règle tout notre comput chronologique. Il (*) En prose, Saint-Pétersbourg, 1834.

On donne le nom de jour artificiel au temps, opposé à la nuit, pendant lequel le soleil, au-dessus de l'horizon, nous envoie sa lumière : on sait qu'il varie dans nos climats en raison inverse de la nuit qui est d'autant plus courte qu'il est plus grand; deux fois par année, seulement, le jour et la nuit se trouvent d'égale longueur, aux équinoxes (voy.).

Le jour sidéral est celui qu'on observe par le passage d'une étoile au même méridien. Le mouvement de la terre sur son axe s'accomplissant dans des temps toujours parfaitement égaux, le jour sidéral est invariablement de 23 h. 56′ 4′ du temps moyen. La lune met un peu plus de temps à revenir au même méridien; le jour lunaire moyen est de 24 h. 54' de notre temps civil. L. L.

JOURDAIN. Ce fleuve de Palestine (voy.) ou de Judée a deux sources, peu distantes l'une de l'autre, au pied des montagnes de l'Anti-Liban, près de Césarée. L'une de ces sources s'appelait Jor et l'autre Dan. Réunies, elles forment le Jourdain (Jor-Dan), qui, dans la direction du sud, traverse le petit lac Samochonite, et de là descend vers la mer de Galilée ou lac de Génézareth (voy. TIBÉRIADE). Après l'avoir aussi traversé, il continue son cours, toujours vers le sud, dans toute la longueur de la vallée appelée Avó, ou Magnus campus, et se jette enfin dans le lac Asphaltite ou mer Morte (voy.). La distance des sources du Jourdain au lac de Génézareth est d'environ 48 kilom., et de sa sortie de ce lac à son embouchure dans la mer Morte on en compte près de 92. Entre ces deux lacs, la largeur moyenne du fleuve varie de 33 à 100 mètres. Ses eaux sont limpides et excellentes, excepté lorsqu'elles sont troublées par les torrents qui y affluent avec violence au printemps, excepté aussi aux approches de la mer Morte qui lui communique un goût saumâtre. Sous la conduite de Josué (voy.), les Israélites la passèrent à la hauteur de Jéricho, non loin de son embou

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