Page images
PDF
EPUB

LECTEUR.

'Ay laissé ici la même Préface qui étoit dans les deux éditions précédentes: à caufe de la justice que j'y rens à beau coup d'Auteurs que j'ay attaqués. Je croyois avoir affez fait connoiftre par cette démar che, où perfonne ne m'obligeoit, que ce n'eft point un efprit de malignité qui m'a fait écrire contre ces Auteurs; & quejay efté plûtôt fincere à leur égard, que médifant. M. Perrault neanmoins n'en a pas jugé de la forte. Ce galant Homme, au bout de prés de vingt-cinq ans qu'il y a que mes Satires ont été imprimées la premiere fois, eft venu tout à coup,

dans le temps qu'il fe difoit de mes Amis, réveiller des querelles entierement oubliées, & me faire fur mes Ouvrages un procez que mes Ennemis ne me faifoient plus. Il a compté pour rien les bonnes raifons que j'ay mises en rimes, pour montrer qu'il n'y a point de médifance à fe moquer des méchans écrits; & fans prendre la peine de refuter ces raifons, a jugé à propos de me traiter dans un Livre, en termes affez peu obfcurs, de Médifant, d'Envieux, de Calomniateur, d'Homme qui n'a fongé qu'à établir fa reputation fur la ruine de celle des autres. Et cela fonde principalement fur ce que j'ay dit dans mes Satires, que Chapelain avoit fait des versdurs,

qu'on étoit à l'aise aux fermons de l'Abbé Cotin. Ce font en effet les deux grands crimes qu'il me

re

reproche, jusqu'à me vouloir faire comprendre que jene dois jamais efferer de remission du mal que j'ay caufe, en donnant par là occafion à la pofterité de croire que fous le regne de Louis le Grand il y a eu en France un Poëte ennuyeux, & un Prédicateur affez peu fuivi. Leplaifant de l'affaire eft, que dans le Livre qu'il fait pour juftifier noftre fiecle de cette étrange calomnie, il avoue lui même que Chapelain eft un Poëte tres-peu divertissant, & fi dur dans fes expreffions, qu'il n'eft pas poffible de le lire. Il ne convient pas ainfi du defert qni eftoit aux prédica tions de l'Abbé Cotin, Au contraire, il affeûre qu'il efté fort preffé à un des fermons de cet Abbe: mais en même temps il nous apprend cette jolie particula rité de la vie d'un figrand Predicateur: que fans ce fermon, où beureusement quelques-uns de fes fuges fe trouverent, la fuftice, fur la requeste de fes parens, lui alloit donner un Curateur comme à un imbecille. C'est ainsi que M. Perrault fçait deffendre fes Amis, mettre en ufage les leçons de cette belle Rhetorique moderne inconnue aux Anciens, où vraifemblablement il a appris à dire ce qu'il ne faut point dire. Mais je parle affez, de la jufteffe d'esprit de Monfr. Perrault dans mes Reflexions critiques fur Longin; & il eft bon d'y renvoyer les Lecteurs.

Tout ce que j'ay ici à leur dire, c'eft que je leur donne dans cette nouvelle édition, outre mes anciens Ouvrages exactement reveûs, ma Satire contre les Femmes, l'Ode fur Namur, quelques Epigram: mes, mes Reflexions critiques fur Longin. Ces

Re

Reflexions que jay compofées à l'occafion des Dialogues de M. Perrault se font multipliées fous mamain beaucoup plus que je ne croyois, & font cause que jay-divifé mon Livre en deux volumes. Fay mis à la fin du fecond volume les traductions Latines qu'ont faites de mon Ode les deux plus celebres Profeffeurs en éloquence de l'Univerfité: je veux dire Monfieur Lenglet & Monfieur Rollin. Ces traductions ont efté generalement admirées, & ils m'ont fait en cela tous deux d'autant plus d'honneur, qu'ils fçavent bien que c'eft la feule lecture de mon Ouvrage qui les a excités à entreprendre ce travail. Fay aufi joint à ces traductions quatre Epigrammes Latines, que le Reverend Pere Fraguier Jefuite a faites contre le Zoile moderne. Il yen a deux qui font imitées d'une des miennes. On ne peut rien voir de plus poli ni de plus élegant que ces quatre Epigrammes; & il femble que Catulle y foit reffufcité pour vanger Catulle. J'espere done que le Public me fçaura quelque gré du prefent que jelui en fais.

Aurefte, dans le temps que cette nouvelle édition de mes Ouvrages alloit voir le jour, le Reverend Pere de la Landelle autre celebre Jefuite m'a apporté une traduction Latine qu'il a aussi faite de mon Ode, cette traduction m'a paru si belle, que je n'ay pû refifter à la tentation d'en enrichir encore mon Livre, où on la trouvera avec les deux autres à la fin du fecond tôme.

« PreviousContinue »