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dans Cléomene, c'est d'avoir, contre toute raifon & toute juftice, égorgé les Ephores pour faire réuffir fon entreprise conduite abfolument tyrannique, & indigne d'un Spartiate, & encore plus d'un Roi, & qui fembla autorifer les Tyrans qui depuis firent tant fouffrir Lacédémone. Auffi a-til été traité lui même par certains hiftoriens de Tyran, & ac'est à lui qu'ils ont commencé la fucceffion des Tyrans de Sparte.

304

Depuis trois ans que Cléomene avoit Polyb.quitté Sparte, on n'avoit point fongé lib. 4. pag. ày nommer des Rois, parce qu'on efpéroit toujours qu'il pourroit revenir, & qu'on confervoit pour lui une grande estime & un grand respect. Dès qu'ou eut appris fa mort, on proceda à l'élection des Rois. On nomma d'abord Agéfipolis, encore enfant, qui étoit de l'une des deux familles roiales, & on lui donna pour Tuteur Cléomene fon oncle. Enfuite on choi-. fit Lycurgue, dont aucun des ancêtres n'avoit régné, mais qui avoit gagné les Ephores, en leur donnant à chacun un talent. C'étoit mettre la roiau

a Poft mortem Cleomenis, qui primus Tyranaus Lacedæmone fuit. Liv. lib. 34. n. 26.

Mille

écus..

té à un bien vil prix. Ils eurent bientôt lieu de fe repentir de ce choix, qui étoit contre toutes les loix, & qui jufques-là n'avoit point eu d'exemple. Le parti des factieux, ouvertement oppofé à Philippe, & qui exerçoit dans la ville les derniéres violences,avoit préfidé à ce choix. Auffitôt après ils firent déclarer Sparte en faveur des Etoliens.

S. III.

Diverses expéditions de Philippe contre les ennemis des Achéens. Etrange abus qu'Appelle fon Miniftre fait de fa confiance. Irruption de Philippe dans l'Etolie: Therme pris d'emblée: excès qu'y commirent les foldats de Philippe: prudente retraite de ce Prince. Troubles dans le camp: punition de ceux qui en etoient les auteurs. Irruption de Philippe dans la Laconie. Nou velle intrigue des Conjurés: leur punition. On parle de paix entre Philippe &les Achéens d'un côté, & les Eto AN. M. liens de l'autre. Enfin elle fe conclut.

$784. Av... J. C.220.

Nous avons vû auparavant que Polyb. Philippe, Roi de Macédoine, appellé 294. 306. par les Achéens pour les fecourir,

lib. 4. pag.

étoit venu à Corinthe où fe tenoit leur Affemblée générale, & que là, d'un commun accord, on avoit déclaré la guerre aux Etoliens. Le Roi retour. na enfuite en Macédoine pour travailler aux préparatifs de la guerre.

Philippe engagea dans l'alliance des Achéens Scerdiléde. C'étoit, comme je l'ai déja dit, un petit Roi d'Illyrie. Les Etoliens, dont il étoit allié, lui avoient manqué de parole, en refufant de lui donner une certaine partie du butin qu'ils avoient fait dans la prife de Cynéthe comme ils en étoient convenus; il embraffa avec joie cette occafion de fe venger de leur perfidio.

lib. 3. pag.

171-174.

330.

Démétrius de Phare s'attacha auffi Polyb. à Philippe. Nous avons vû que les Romains, pour qui il s'étoit d'abord dé. Lib. 4. pag. elaré, l'avoient gratifié de plufieurs 285.305. des villes qu'ils avoient conquifes dans l'Illyrie. Comme le principal revenu de ces petits Princes avoit confifté jufques-là dans le butin qu'ils faifoient fur leurs voifins, quand les Romains furent éloignés, il ne put s'empêcher de piller les villes & les terres du pays qui étoient de leur domaine. D'ailleurs, Démétrius, auf

fi

Pour

fi bien que Scerdiléde, avoit, dans la même vûe, navigé au delà de la ville d'Iffus, ce qui étoit directement contaire au principal article du Traité conclu avec la Reine Teuta. toutes ces raifons les Romains déclarérent la guerre à Démétrius. Le Conful Emilius l'attaqua vivement, lui. enleva fes meilleures, places, l'affiégea lui-même dans fa ville de Phare. Ce ne fut qu'avec beaucoup de peine qu'il s'en fauva. La ville fe rendit aux Romains. Dépouillé de tous fes Etats, il fe réfugia vers Philippe, qui le re22. n. 33. çut à bras ouverts. Les Romains en furent fort indignés,& lui envoiérent des Ambaffadeurs pour redemander Démétrius. Philippe, qui rouloit dès lors dans fa tête le deffein qui éclata bientôt après, n'eut point d'égard à leur demande. Démétrius paffa le refte de fa vie auprès de lui. C'étoit un homme plein de courage & de hardieffe, mais téméraire & inconfidéré dans les entreprises, & dont le courage étoit abfolument deftitué de pru. dence & de jugement.

Eiv. lib.

Les Achéens, prêts de s'engager dans une guerre confidérable, envoiérent vers leurs alliés.

Ceux d'A

car

carnanie fe joignirent volontiers à eux quoiqu'ils couruffent grand rifque, étant les plus voifins de l'Etolie, & par conféquent les plus expofés aux incurfions de ce peuple. Polybe loue' extrêmement leur fidélité.

Les Epirotes ne marquérent pas tant de bonne volonté, & parurent vouloir demeurer neutres: cependant peu aprés ils fe déclarérent.

On envoia auffi des Députés au Roi Ptolémée, pour le prier de'ne point aider les Etoliens ni d'argent, ni de troupes.

Les Mefféniens, pour l'intérêt defquels d'abord on s'étoit engagé dans cette guerre, répondirent mal à la jufte efpérance qu'on avoit qu'ils la foutiendroient de toutes leurs forces.

Les Lacédémoniens s'étoient d'abord déclarés pour les Achéens: mais la faction contraire fit changer le decret, & ils fe joignirent aux Etoliens. C'est dans cette conjoncture, comme je l'ai déja dit, qu'on nomma pour Rois à Sparte Agéfipolis & Lycurgue. Aratus le jeune, fils du grand Aratus, exerçoit alors la prémiére magiftrature chez les Achéens, & Scopas chez les Etoliens.

Phi

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