Page images
PDF
EPUB

tr'eux, & devient l'Avocat de leurs ennemis, par lefquels il s'étoit laiffé corrompre. De retour en Achaïe, il fut fi bien y répandre la terreur du nom Romain, & intimida tellement le peuple, qu'il fe fit choisir pour Capitaine Général. Il n'eut pas plutôt cette dignité, qu'il rétablit dans leur patrie les Exilés de Lacédémone & de Mefféne.

Polybe loue fort ici l'humanité des Romains, leur fenfibilité aux plaintes des malheureux, & leur promtitude à réparer les injuftices qu'ils ont pu commettre, quand on les leur fait connoitre. Je ne fai s'il n'y a pas beaucoup à rabattre de ces louanges qu'il leur donne. Il faut fe fouvenir qu'il écrit à Rome fous les yeux des Ro mains, & après que la Grèce et reduite en fervitude. On ne doit pas attendre, d'un Hiftorien dépendant & foumis, une véracité telle qu'il auroit pu l'avoir dans un Etat & dans des tems libres; & l'on ne doit pas auffi fe prêter avec une crédulité aveugle à tout ce qu'il avance de cette forte: les faits parlent plus haut & plus clairement que lui. Les Romains ne fe preffoient pas de faire eux-mêmes l'injufti

AN. M

182.

ce, quand ils pouvoient emploier pour cela un ministére étranger, qui leur procuroit le même avantage, & fervoit de voile à leur injufte politique. Euméne cependant étoit en guerre contre Pharnace roi du Pont. Celui- 3822. Av. J. C. ci fe rendit maître de Sinope, ville du Pont très-forte, dont fes fuccef. Polyb. feurs demeurérent toujours en poffef- in Legat. fion après lui. Plufieurs villes en por- . 51. 53. térent leurs plaintes à Rome. Ariara- 55. 59. the roi de Cappadoce y envoia auffi fes Ambaffadeurs: il étoit uni d'inté rêts avec Eumene. Le peuple Romain emploia à diverfes reprifes fa médiation & fon autorité, pour faire ceffer entr'eux les fujets de guerre: mais Pharnace agiffoit de mauvaise foi, & manquoit à toutes les paroles qu'l donnoit. Malgré la foi des Traités il mit fes armées en campagne. Les Rois alliés y oppoférent les leurs. Il y eut quelques entreprises de part & d'autre. Quelques années s'étant ainfi écoulées, le Traité de paix fut enfin conclu.

Jamais les Ambaffades ne furent plus fréquentes que dans le tems dont nous parlons. On ne voioit de toutes parts qu'Ambaffadeurs, foit des pro

vince

AN. M. 3824.

Av. J. C

180.

vinces à Rome, foit de Rome aux provinces, foit des alliés & des FeuPolyb. ples entr'eux. Les Achéens envoiéin Legat. rent en cette qualité vers Ptolémée p. 57. Epiphane roi d'Egypte Lycortas, Polybe fon fils, & le jeune Aratus, pour le remercier des préfens qu'il avoit déja faits à leur Republique, & des offres nouvelles qu'il y avoit ajoutées. Mais cette Ambaffade ne fortit pas de l'Achaïe, parce que, lorfqu'elle fe difpofoit à partir, on apprit la mort de Ptolémée.

AN. M.

3824.

180.

Daniel.

Ce Prince, après avoir foumis les rebelles au dedans de fon roiaume, Av. J. C. comme je l'ai marqué auparavant, Hieron, in conçut le deffein d'attaquer Séleucus roi de Syrie. Lorfqu'il commençoit à fe former un plan de cette guerre, un de fes principaux Officiers lui demanda où il prendroit de l'argent pour l'exécuter. Il répondit, que fes amis étoient fon argent. Les principaux de fa Cour conclurent de cette réponse, que, regardant leur bourfe comme le feul fonds qu'il avoit pour cette guer re, ils alloient tous être ruinés. Pour prévenir ce malheur, auquel ils étoient plus fenfibles qu'à leur devoir, ils fisent empoisonner le Roi, & terminé

rent

rent en même tems fon projet & fa vie, après qu'il eut régné vingt- quatre ans, & vécu vingt neuf. Ptolémée Philométor fon fils, ágé de fix ans, lui fuccéda. Cléopatre fa mere fut dé clarée Régente.

ARTICLE SECOND.

CET ARTICLE fecond renferme l'efpace de vingt années, depuis l'an du Monde 3821. jufqu'à 3840. Dans cet efpace font comprises:

Les vingt premiéres années du rẻ: gue de Ptolémée Philométor en Egypte, qui en régna en tout trentequatre.

Les cinq derniéres de Philippe, qui régna en Macédoine pendant qua rante ans, & qui eut pour fucceffeur Perfée qui en régna onze.

Les huit ou neuf derniéres années du régne de Séleucus Philopator en Syrie, & les onze du régne d'Antiochus Epiphane qui lui fuccéda, & qui exerça d'horribles cruautés contre les Juifs.

On réserve les onze années du ré gne de Perfée en Macédoine pour le Livre fuivant, quoi qu'elles concou

rene

AN. M.

3821.

183.

47.

rent avec une partie de l'hiftoire raportée dans cet Article.

§. I.

Plaintes contre Philippe portées à Rome. Démétrius fon fils qui y étoit, eß renvoié vers fon pere avec des Ambaffadeurs. Complot fecret de Perfée contre fon frere Démétrius au sujet de la fucceffion au trône. Il Paccufe devant Philippe. Plaidoier de l'un de l'autre. Philippe, fur une nouvelle accufation, fait mourir Démétrius. Il reconnoit quelque tems après fon innocence, le crime de Perfée. Dans le tems qu'il fongeoit à punir celui-ci, il meurt. Persée lui fuccéde.

DEPUIS que le bruit s'étoit répan du chez les peuples voifius de la MaAv. J. C. cédoine, que ceux qui alloient à RoLiv. lib. me fe plaindre de Philippe y étoient 39.2. 46 écoutés, & que plufieurs s'étoient bien trouvés de l'avoir fait, grand nombre de villes, & même de particuliers, y portérent leurs plaintes contre un Prince dont le voifinage leur étoit fort à charge à tous, dans l'efpérance ou d'être effectivement foulagés des torts qu'ils prétendoient avoir reçus, ou.da

« PreviousContinue »