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,cérémonie; fi le Traité conclu pour ,,lors eft folide & réel; fi vous vou

lez conferver avec nous de bonne ,,foi l'alliance & l'amitié, fur quoi ,,donc eft fondée cette diftance infi,,nie que vous mettez entre vous Ro,,mains & nous Achéens. Je ne m'in,,forme point du traitement que vous avez fait à Capoue après l'avoit prife: pourquoi vous informez-vous ,,de celui que nous avons fait aux La,,cédémoniens après les avoir vain,cus? On en a tué quelques uns: je ,,fuppofe que ce foit nous. Eh quoi!

n'avez vous pas fait mourir fous la ,,hache les Sénateurs Campaniens? ,,Nous avons démoli les murs de

Sparte. Mais vous, ce n'eft pas feu»,lement leurs murs que vous avezôtés ,,aux Campaniens, c'eft leur ville & ,,leurs terres. A cela je fens bien què

Vous me direz que l'égalité expri,,mée par les Traités entre les Ro,,mains & les Achéens n'eft qu'appa,,rente, & feulement de ftile: que

réellement nous n'avons qu'une fi,,berté précaire & empruntée, au lieu >que l'empire & l'autorité eft chez les Romains. Je ne le fens que trop, Appius. Mais, puifqu'il faut le fouffrit

,,frir, je vous prie au moins, quelque différence que vous vouliez éta,,blir entre vous & nous, que vous ne ,,mettiez pas de niveau vos ennemis ,,& les nôtres, avec nous qui fommes ,,vos alliés; & même que vous ne ,,leur faffiez pas un meilleur parti ,,qu'à nous. Ils veulent qu'en nous ›ɔ,parjurant, nous caffions & annul,,lions tout ce que nous avons ordon,,né avec ferment, & que nous révo,,quions ce qui étant infcrit dans nos Rêgîtres, & gravé fur le marbre pour en conferver éternellement la ,,mémoire, eft devenu un monument ,,facré, auquel il ne nous eft plus permis de toucher. Nous vous ref ,,pectons, Romains, & fi vous le ,,voulez, nous vous craignons aufft: ,,mais nous faifons gloire de refpec,,ter & de craindre encore plus les ,,dieux immortels.

Le plus grand nombre applaudità tce difcours, & tous convinrent qu'il avoit véritablement parlé en Magiftrat; de forte qu'il faloit, ou que les Romains agiffent avec vigueur, ou qu'ils fe réfoluffent à perdre leur autorité. Appius, fans entrer dans au cune difcuffion, leur confeilla, pendant

dant qu'ils étoient encore libres & n'avoient point reçu d'ordres, de fe faire un mérite auprès du peuple Romains, en ordonnant d'eux-mêmes ce qui pourroit dans la fuite leur être enjoint. Cette parole les affligea, mais leur apprit à ne pas s'opiniatrer dans le refus d'exécuter ce qu'on fouhaitoit d'eux. Ils fe reftraignirent à demander que les Romains décernaf-` fent à l'égard de Lacédémone tout ce qu'il leur plairoit, mais qu'on n'obligeât pas les Achéens à violer la religion du ferment, en caffant eux. mêmes leur Décret. Pour ce qui regarde le jugement porté récemment contre Arée & Alcibiade, il fut abrogé fur le champ.

Rome prononça l'année fuivan. Liv. lib. te. Les principaux articles de l'O£, 38. n. 48. donnance furent: que ceux que les Achéens avoient condannés, feroient rétablis; que tous les jugemens qui regardoient cette affaire, feroient caffés; que Sparte demeureroit unie à la Ligue des Achéens. Paufanias ajoute un In Aarticle, dont Tite-Live ne parle point, chaic.pag. qui eft que l'on rebâtiroit les murs qui avoient été détruits. Q. Marcius fut nommé Commiffaire pour aller

régler

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régler les affaires de la Macédoine, & celles du Péloponnése où il y avoit beaucoup de troubles, fur tout entre les Achéens d'un côté, & les Mefféniens & les Lacédémoiens de l'autre. Ils avoient tous envoié des AmPolyb. in baffadeurs à Rome. Il paroit que le Legat. c. Sénat ne fe mettoit pas fort en peine de mettre fin à leurs difputes. Il ré. pondit aux Lacédémoniens, que le peu. ple Romain ne vouloit plus deformais fe mêler de leurs affaires. Les Achéens demandoient que le peuple Romain leur fournit du fecours contre les Mefféniens conformément auTraité ou que du moins il ne permit pas qu'on envoiât d'Italie aux Mefféniens des armes ou des vivres. On leur répondit, que fi quelques villes fe retroient de la Ligue des Achéens, le Sénat ne croioit point devoir entrer dans ces difputes: ce qui étoit ouvrir une porte à des ruptures & à des divifions, & même en quelque forte les autorifer.

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On reconnoit dans ces procédés la politique jaloufe & artificieufe des Romains, qui ne tendoit qu'à affoi blir Philippe & les Achéens qui leur faifoient ombrage, & couvroit leurs

def

deffeins ambitieux du prétexte de fecourir les foibles opprimés.

S. X.

Philopémen attaque Mefféne. Il eft pris par les Meffeniens, & mis à mort. Meléne fe rend aux Achéens. Célébre convoi de Philopemen, dont les cendres font portées à Mégalopolis. Suite de l'affaire des Bannis de Sparte. Mort de Ptolémée Epiphane. Philométor fon fils lui fuccede.

DINOCRATE le Meffénien, ennemi AN. M. particulier de Philopémen, avoit dé- 3821.Av. J. C. 181. taché Mefféne de la Ligue des Achéens, Liv. lib. & fongeoit à s'emparer d'un pofte con- 39 n. 48. fidérable près de cette ville, nommé Plut. in Corone. Philopémen, âgé pour lors Philop. p. de foixante-dix ans, & Général des 366-368. Achéens pour la huitiéme fois, étoit Polyb. in Legat.c. actuellement malade. Dès qu'il eut 52. 53. appris cette nouvelle, il partit malgré fon incommodité, fit une marche forcée, & s'avança vers Mefféne avec un efcadron peu nombreux, mais compofé de l'élite des jeunes gens de Mégalopolis. Dinocrate, qui étoit venu à fa rencontre, fut d'abord enfoncé & mis en fuite: mait cinq cens che

vaux,

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